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Ouverture du site
19 Avril 2005
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LA
FAMILLE FONDÉE SUR LE MARIAGE |
Années
►
2008
-
2007 -
2006
Pour ce qui est de la famille fondée sur le mariage indissoluble
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ROME, Lundi 6 juin 2005 – Le pape Benoît XVI encourage le diocèse italien de Vérone à la fidélité à la messe dominicale et la famille fondée sur le mariage,
il invite
les fidèles et les prêtres à «
prendre toujours plus soin de la qualité des célébrations eucharistiques
».
Benoît XVI nous rappelle que « l’eucharistie est le cœur de l’Eglise et de la vie chrétienne », car « le Christ y est réellement présent au milieu de nous ».
Or, cette présence n’est pas « statique », mais « dynamique », insistait le pape: « Le Christ nous attire à lui, il nous fait sortir de nous-mêmes pour faire de nous tous une seule chose avec lui ». Voilà pourquoi « l’Eglise vit de l’eucharistie ».
« Notre vie spirituelle dépend essentiellement de l’eucharistie, insistait le pape. Sans elle, la foi et l’espérance s’éteignent, la charité se refroidit. C’est pourquoi, chers amis, je vous exhorte à prendre toujours plus soin de la qualité des
célébrations eucharistiques, spécialement de celles du dimanche, afin que le dimanche soit vraiment le Jour du Seigneur et confère une pleine signification aux événements et aux activités de tous les jours ».
Pour ce qui est de la famille, au cœur du synode de Vérone, l’augmentation des divorces et des unions irrégulières « constitue pour les chrétiens un appel urgent à témoigner
totalement de l’Evangile de la vie et de la famille », « fondée sur le
mariage indissoluble
».
« En dépit des difficultés et des conditionnements sociaux et culturels du moment historique actuel, disait le pape, que les époux chrétiens ne cessent pas d’être par leur vie un signe de l’amour fidèle de Dieu; qu’ils collaborent activement avec les prêtres pour la pastorale des fiancés, des jeunes couples, des familles et l’éducation des jeunes générations ».
Commentaires personnels:
Les catholiques qui avaient espéré un changement de discours
avec l'avènement d'un nouveau pape seront déçus. Se prononçant sur le sujet pour
la première fois depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a condamné, lundi
(6 juin), le divorce, les unions libres, le contrôle artificiel des naissances
et le mariage homosexuel.
Le pape Benoît XVI a condamné sans appel les simulacres de mariages homosexuels, qu’il a qualifiés d’unions factices et d’expression de "liberté anarchique" susceptible de menacer l’avenir de la famille.
" Les diverses formes contemporaines de dissolution du mariage, d’unions libres, de mariages à l’essai ainsi que de soi-disant mariages entre personnes du même sexe ne sont que l’expression d’une liberté anarchique qui essaie faussement de se faire passer pour une authentique libération de l’homme ", a déclaré le pape.
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Discours du pape Benoît XVI sur la famille prononcé le 6 juin
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Texte intégral
ROME, Mercredi 8 juin 2005 – Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé pour introduire les travaux du congrès ecclésial du diocèse de Rome, dans la basilique Saint-Jean-de-Latran,
le lundi 6 juin
Chers frères et sœurs,
J'ai accueilli bien volontiers l'invitation à inaugurer par une réflexion notre Congrès diocésain, avant tout parce que cela me permet de vous rencontrer, et d'avoir un contact direct avec vous, mais également parce que je peux vous aider à approfondir le sens et le but du chemin pastoral que l'Eglise de Rome parcourt actuellement.
Je salue avec affection chacun de vous, évêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses et en particulier vous, laïcs et familles qui assumez de façon consciente ces devoirs d'engagement et de témoignage chrétien qui trouvent leur racine dans le sacrement du baptême et, pour ceux qui sont mariés, dans celui du mariage. Je remercie de tout cœur le cardinal-vicaire et les époux Luca et Adriana Pasquale pour les paroles qu'ils m'ont adressées au nom de tous.
Ce congrès, ainsi que l'année pastorale dont il fournira les lignes directrices, constituent une nouvelle étape du parcours que l'Eglise de Rome a commencé,
sur la base du synode diocésain, avec la mission dans la ville voulue par notre bien-aimé pape Jean-Paul II, en préparation au grand Jubilé de l'An 2000. Dans cette mission, toutes les réalités de notre diocèse,
- paroisses, communautés religieuses, associations et mouvements - se sont mobilisées, non seulement pour une mission s’adressant au peuple de Rome, mais pour être elles-mêmes un « peuple de Dieu en mission », appliquant de façon concrète l'heureuse expression de Jean-Paul II, « paroisse, cherche-toi, et trouve-toi hors de toi-même »: c'est-à-dire dans les lieux où vivent les personnes. Ainsi, au cours de cette mission dans la ville, plusieurs milliers de chrétiens de Rome, en grande partie des laïcs, sont devenus missionnaires et ont apporté la parole de la foi d'abord dans les familles des divers quartiers de la ville, puis dans les divers lieux de travail, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans les Universités, dans les domaines de la culture et du temps libre.
Après l'Année Sainte, mon bien-aimé prédécesseur vous a demandé de ne pas interrompre ce chemin et de ne pas disperser les énergies apostoliques suscitées et les fruits de grâce recueillis. C'est pourquoi, depuis 2001, l'objectif pastoral fondamental du diocèse a été celui de donner une forme permanente à la mission, en conférant un sens missionnaire plus fort à la vie et aux activités de la paroisse et de toute autre activité ecclésiale. Je voudrais vous dire avant tout que j'entends confirmer pleinement ce choix: en effet, celui-ci se révèle toujours plus nécessaire et sans alternative, dans un cadre socioculturel dans lequel sont à l'œuvre de multiples forces qui tendent à nous éloigner de la foi et de la vie chrétienne.
Depuis désormais deux ans, l'engagement missionnaire de l'Eglise de Rome s'est concentré surtout sur la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale est aujourd'hui confrontée à de multiples difficultés et menaces, et a donc particulièrement besoin d'être évangélisée et soutenue de façon concrète, mais également parce que les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l'éducation à la foi, l'édification de l'Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales. Nous poursuivrons également ces orientations au cours de
la prochaine année pastorale, c'est pourquoi le thème de notre congrès est: «
Famille et communauté chrétienne: formation de la personne et transmission de la foi
».
Le présupposé dont il faut partir, pour pouvoir comprendre la mission de la famille dans la communauté chrétienne et ses devoirs de formation de la personne et de transmission de la foi, reste toujours celui de la signification que le mariage et la famille revêtent dans le dessein de Dieu, créateur et sauveur. Cela constituera donc le noyau de ma réflexion de ce soir, en me référant à l'enseignement de l'Exhortation apostolique Familiaris consortio (deuxième partie, nn. 12-16).
Le fondement anthropologique de la famille
Mariage et famille
ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l'homme et la femme puise ses racines dans l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu'à partir de là. C'est-à-dire qu'elle ne peut être séparée de la question ancienne et toujours nouvelle de l'homme sur lui-même: qui suis-je? Qu'est-ce que l'homme? Et cette question, à son tour, ne peut être séparée de l'interrogation sur Dieu: Dieu existe-t-il? Et qui est Dieu? Quel est son visage véritable? La réponse de la Bible à ces deux questions a valeur d'unité et de conséquence:
l'homme est créé à l'image de Dieu, et Dieu lui-même est amour.
C'est pourquoi la vocation à l'amour est ce qui fait de l'homme l'authentique image de Dieu: il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu'un qui aime.
De ce lien fondamental entre Dieu et l'homme en découle un autre: le
lien indissoluble entre esprit et corps: l'homme est en effet une âme qui s'exprime dans le corps et un corps qui est vivifié par un
esprit immortel. Le corps de l'homme et de la femme revêt donc également, pour ainsi dire, un caractère théologique; ce n'est pas uniquement un corps, et ce qui est biologique chez l'homme n'est pas seulement biologique, mais est l'expression et la réalisation de notre humanité. De même, la sexualité humaine n'est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient. Ce n'est que lorsque la sexualité est intégrée dans la personne qu'elle réussit à acquérir un sens.
Ainsi, des deux liens, celui de l'homme avec Dieu et, dans l'homme, celui du corps avec l'esprit, en découle un troisième: celui entre personne et institution. La totalité de l'homme inclut en effet la dimension du temps, et le « oui » de l'homme est un dépassement du moment présent: dans son intégrité,
le « oui » signifie « toujours », et constitue l'espace de la fidélité. Ce n'est qu'au sein de celui-ci que peut croître la foi qui donne un avenir et qui permet que les enfants, fruits de l'amour, croient en l'homme et en son avenir en des temps difficiles. La liberté du « oui » se révèle donc comme une liberté capable d'assumer ce qui est définitif: la plus grande expression de la liberté n'est alors pas la recherche du plaisir, sans jamais parvenir à une véritable décision. Apparemment, cette ouverture permanente semble être la réalisation de la liberté, mais ce n'est pas vrai: la
véritable expression de la liberté est la capacité à se décider pour un don définitif, dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement soi-même.
De façon concrète, le « oui » personnel et réciproque de l'homme et de la femme ouvre les portes à l'avenir, à l'authentique humanité de chacun, et, dans le même temps, est destiné au don d'une nouvelle vie. C'est pourquoi ce « oui » personnel ne peut être qu'un « oui » publiquement responsable, à travers lequel les conjoints assument la responsabilité publique de la fidélité qui garantit également l'avenir de la communauté. En effet, aucun de nous n'appartient exclusivement à soi-même: c'est pourquoi chacun est appelé à assumer au plus profond de soi sa responsabilité publique. Le mariage comme institution n'est donc pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, l'imposition d'une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie; il s'agit au contraire d'une exigence intrinsèque du pacte de l'amour conjugal et de la profondeur de la personne humaine.
Les diverses formes actuelles de dissolution du mariage, comme les unions libres et le « mariage à l'essai », jusqu'au pseudo-mariage entre personnes du même sexe, sont au contraire l'expression d'une liberté anarchique, qui se fait passer à tort pour la véritable liberté de l'homme. Une telle pseudo-liberté repose sur une banalisation du corps, qui inclut inévitablement la banalisation de l'homme. Son présupposé est que l'homme peut faire ce qu'il veut de lui-même: son corps devient ainsi une chose secondaire, manipulable du point de vue humain, qui peut être utilisé comme bon lui semble. Le libertinage, qui se fait passer pour la découverte du corps et de sa valeur, est en réalité un dualisme qui rend le corps méprisable, le plaçant pour ainsi dire en dehors de l'être authentique et de la dignité de la personne.
Mariage et famille dans l'histoire du salut
La vérité du mariage et de la famille, qui puise ses racines dans la vérité de l'homme, a trouvé sa réalisation dans l'histoire du salut, qui a en son centre la parole: « Dieu aime son peuple ».
La révélation biblique, en effet, est avant tout l'expression d'une histoire d'amour, l'histoire de l'Alliance de Dieu avec les hommes: c'est pourquoi l'histoire de l'amour et de l'union d'un homme et d'une femme dans l'alliance du mariage a pu être assumée par Dieu comme symbole de l'histoire du salut. Le caractère inexprimable, le mystère de l'amour de Dieu pour les hommes, reçoit sa forme linguistique du vocabulaire du mariage et de la famille, dans le sens positif et négatif: le rapprochement de Dieu de son peuple est en effet présenté à travers le langage de l'amour sponsal, tandis que l'infidélité d'Israël, son idolâtrie, est désignée comme l'adultère et la prostitution.
Dans le Nouveau Testament, Dieu
radicalise son amour
jusqu'à devenir Lui-même, dans son Fils,
chair de notre chair, vrai homme. De cette façon, l'union de Dieu avec l'homme a assumé sa forme suprême, irréversible et définitive. Et ainsi, la forme définitive de l'amour humain également, est tracée, ce «
oui
» réciproque qui ne peut être révoqué: cette forme n'aliène pas l'homme, mais le libère des aliénations de l'histoire pour le ramener à la vérité de la création. Le caractère sacramentel que le mariage revêt dans le Christ signifie donc que le don de la création a été élevé au niveau de la grâce de la rédemption. La grâce du Christ ne vient pas s'ajouter de l'extérieur à la nature de l'homme, elle ne lui fait pas violence, mais la libère et la restaure, précisément en l'élevant au-delà de ses propres limites. Et, de même que l'incarnation du Fils de Dieu révèle sa véritable signification dans la croix, ainsi, l'authentique amour humain est don de soi, il ne peut exister s'il veut se soustraire à la croix.
Chers frères et sœurs, ce lien profond entre Dieu et l'homme, entre l'amour de Dieu et l'amour humain, trouve une confirmation également dans certaines tendances et développements négatifs, dont nous ressentons le poids. L'avilissement de l'amour humain, la suppression de l'authentique capacité d'aimer se révèle en effet, à notre époque, l'arme la plus adaptée et la plus efficace pour chasser Dieu de l'homme, pour éloigner Dieu du regard et du cœur de l'homme. De façon analogue, la volonté de « libérer » la nature de Dieu conduit à perdre de vue la réalité même de la nature, y compris la nature de l'homme, en la réduisant à un ensemble de fonctions dont on peut disposer à souhait pour édifier un monde supposé meilleur et une humanité supposée plus heureuse; au contraire, on détruit le dessein du Créateur et, ainsi, la vérité de notre nature.
Les enfants
En ce qui concerne la procréation des enfants, le mariage reflète également son modèle divin, l'amour de Dieu pour l'homme. Chez l'homme et chez la femme, la paternité et la maternité, comme le corps et comme l'amour, ne se laissent pas cerner par la biologie: la vie n'est donnée entièrement que lorsqu'à la naissance sont également donnés l'amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C'est précisément de ce fait qu'apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l'amour humain, à la vocation profonde de l'homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et plus encore de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.
Cependant, aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l'amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu'un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l'individu peut se donner lui-même sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l'Esprit Saint, a créée dans l'histoire des hommes, c'est-à-dire à l'Eglise. Il reconnaît ici à l'œuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l'avenir. C'est pour cette raison que l'édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l'Eglise, qui la soutient et l’emmène avec elle et qui garantit le fait qu'elle a un sens et qu'à l'avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l'Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que «
le mariage chrétien... constitue le lieu naturel où s'accomplit l'insertion de la personne humaine dans la grande famille de l'Eglise
» (n. 15).
La famille et l'Eglise
Une conséquence évidente découle de tout cela:
la famille et l'Eglise, concrètement, les paroisses et les autres formes de communautés ecclésiales, sont appelées à la plus étroite collaboration pour la tâche fondamentale qui est constituée, de manière indissociable, par la formation de la personne et par la transmission de la foi.
Nous savons bien que pour une œuvre d'éducation authentique il ne suffit pas d'une théorie juste ou d'une doctrine à transmettre. Il faut quelque chose de beaucoup plus grand et humain, de la proximité, quotidiennement vécue, qui est propre à l'amour et qui trouve son milieu le plus propice avant tout dans la communauté familiale, mais ensuite également dans une paroisse, ou un mouvement ou une association ecclésiale, où se rencontrent des personnes qui prennent soin de leurs frères, en particulier des enfants et des jeunes, mais également des adultes, des personnes âgées, des malades, des familles elles-mêmes car elles les aiment dans le Christ. Le grand patron des éducateurs, saint Jean Bosco, rappelait à ses fils spirituels, que l'«
éducation est une chose du cœur et que Dieu seul en est le patron
» (Epistolario, 4, 209).
Au centre de l'œuvre éducative, et en particulier dans l'éducation à la foi, qui est le sommet de la formation de la personne et son horizon le plus adapté, se trouve de manière concrète la figure du témoin: il devient un point de référence précisément dans la mesure ou il sait rendre raison de l'espérance qui soutient sa vie (cf. 1 P 3, 15), il est personnellement concerné par la vérité qu'il propose. D'autre part, le témoin ne renvoie jamais à lui-même mais à quelque chose, ou mieux à Quelqu'un plus grand que lui, qu'il a rencontré et dont il a éprouvé la bonté à laquelle on peut faire confiance. Ainsi, chaque éducateur et témoin trouve son modèle inégalable en Jésus Christ, le grand témoin du Père, qui ne disait rien de lui-même, mais qui parlait comme le Père le lui avait enseigné (cf. Jn 8, 28).
C’est la raison pour laquelle à la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouvent nécessairement la prière, l'amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. Cela vaut évidemment pour tout notre engagement missionnaire, en particulier pour la pastorale de la famille: que la Famille de Nazareth soit donc pour nos familles et pour nos communautés l'objet d'une prière constante et confiante, ainsi qu'un modèle de vie.
Chers frères et sœurs, et en particulier vous, chers prêtres, je connais la générosité et le dévouement avec lesquels vous servez le Seigneur et l'Eglise. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, en lien étroit avec les sacrements de l'initiation chrétienne, ainsi que pour la préparation au mariage et pour l'accompagnement des familles dans leur chemin souvent difficile, en particulier dans la grande tâche de l'éducation des enfants, est la route fondamentale pour régénérer continuellement l'Eglise et également pour vivifier le tissu social de notre bien-aimée ville de Rome.
La menace du relativisme
Continuez donc, sans vous laisser décourager par les difficultés que vous rencontrez. Le rapport éducatif est de par sa nature quelque chose de délicat: il met en effet en jeu la liberté de l'autre, que l’on provoque toujours, même si c’est avec douceur, à prendre une décision. Ni les parents, ni les prêtres ou les catéchistes, ni les autres éducateurs ne peuvent se substituer à la liberté de l'enfant, de l'adolescent ou du jeune auquel ils s'adressent. Et la proposition chrétienne interpelle de manière particulièrement profonde la liberté, l'appelant à la foi et à la conversion.
Aujourd'hui, un obstacle particulièrement menaçant pour l'œuvre d'éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l'apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l'un de l'autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre « Moi ».
Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n'est donc pas possible
: en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres
.
Il est donc clair que nous devons non seulement chercher à surmonter le relativisme dans notre travail de formation des personnes, mais que nous sommes également appelés
à nous opposer à sa domination destructrice dans la société et dans la culture. A côté de la parole de l'Eglise, le témoignage et l'engagement public des familles chrétiennes est donc très important, en particulier pour réaffirmer le caractère inviolable de la vie humaine de sa conception jusqu'à son terme naturel, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives et administratives qui soutiennent les familles dans leur tâche d'engendrer et d'éduquer les enfants, tâche essentielle pour notre avenir commun. Je vous remercie cordialement également pour cet engagement.
Sacerdoce et vie consacrée
Un dernier message que je voudrais vous confier concerne le soin pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée: nous savons tous combien l'Eglise en a besoin! Pour que ces vocations naissent et parviennent à maturation, pour que les personnes appelées restent toujours dignes de leur vocation, la prière est tout d'abord décisive, une prière qui ne doit jamais manquer dans chaque famille et communauté chrétienne. Mais le témoignage de vie des prêtres, des religieux et des religieuses, la joie qu'ils expriment pour avoir été appelés par le Seigneur sont également fondamentaux. L'exemple que les enfants reçoivent au sein de leur propre famille et la conviction des familles que, pour elles aussi, la vocation de leurs enfants est un grand don du Seigneur est également essentiel. Le choix de la virginité par amour de Dieu et des frères, qui est demandé pour le sacerdoce et la vie consacrée, accompagne en effet la valorisation du mariage chrétien: l'un et l'autre, de deux manières différentes et complémentaires, rendent d'une certaine façon visible le mystère de l'alliance entre Dieu et son peuple.
Chers frères et sœurs, je vous confie ces réflexions comme contribution à votre travail au cours des soirées du congrès et, ensuite,
pendant la prochaine année pastorale.
Je demande au Seigneur de vous donner du courage et de l'enthousiasme, afin que notre Eglise de Rome, chaque paroisse, chaque communauté religieuse, association ou mouvement participe plus intensément à la joie et aux efforts de la mission et, ainsi, que chaque famille et toute la communauté chrétienne redécouvre dans l'amour du Seigneur la clef qui ouvre la porte des cœurs et qui rend possible une véritable éducation à la foi et à une formation des personnes. Que mon affection et ma bénédiction vous accompagnent aujourd'hui et à l'avenir.
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La famille fondée sur le mariage, pour le visage humain de la société
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ROME, Jeudi 9 juin 2005 – « Afin de conférer un visage véritablement humain à la société, aucun peuple ne peut ignorer le bien précieux de la famille, fondée sur le mariage », affirme le pape Benoît XVI dans cette Lettre pour la
Ve Rencontre mondiale des Familles prévue en juillet 2006 en Espagne
.
«
Le mariage et la famille dans le dessein de Dieu sont irremplaçables et n'admettent pas d'alternative
», écrit encore le pape, selon le titre choisi par L’Osservatore Romano hebdomadaire en langue française du 7 juin qui publie cette traduction intégrale de l’espagnol.
A l'occasion de la prochaine Rencontre mondiale des familles, qui aura lieu au cours de la première semaine de
juillet 2006
à Valence (Espagne), le Pape Benoît XVI a en effet envoyé cette Lettre au Card. Alfonso López Trujillo, Président du Conseil pontifical pour la Famille.
A Monsieur le Cardinal
Alfonso LOPEZ TRUJILLO
Président du Conseil pontifical pour la Famille
Le vénéré Saint-Père Jean-Paul II a convoqué, le 22 février de cette année, la V Rencontre mondiale des Familles à Valence, en Espagne, choisissant pour thème: "La transmission de la foi dans la famille" et indiquant comme date la première semaine de juillet de l'année 2006.
Je suis heureux de renouveler la convocation de cette importante Rencontre mondiale des Familles. A ce sujet, je me propose d'encourager, comme l'a fait Jean-Paul II, "la merveilleuse nouveauté" (Familiaris consortio, n. 51 Lire le texte:
(1)
),
"L'Evangile de la Famille
", dont la valeur est centrale pour l'Eglise et pour la société. J'ai moi-même eu l'opportunité d'être le Rapporteur général de l'Assemblée spéciale du Synode des Evêques sur la Famille, qui s'est déroulé à Rome en 1980. Le fruit de cette Assemblée a été l'Exhortation apostolique Familiaris consortio, qui analyse sous tous ses aspects l'identité et la mission de la famille, qu'elle définit comme "église domestique" et sanctuaire de la vie.
Afin de conférer un visage véritablement humain à la société, aucun peuple ne peut ignorer le bien précieux de la famille, fondée sur le mariage. "L'alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation de enfants" (can. 1055), constitue le fondement de la famille, patrimoine et bien commun de l'humanité. C'est pourquoi l'Eglise ne peut se lasser d'annoncer que, conformément aux desseins de Dieu (cf. Mt 19, 3-9),
le mariage et la famille sont irremplaçables et n'admettent pas d'alternative.
La famille chrétienne a, aujourd'hui plus que jamais, une mission très noble, qu'elle ne peut éluder, qui est de transmettre la foi, qui implique de se donner à Jésus Christ, mort et ressuscité, et de s'insérer dans la communauté ecclésiale
. Les parents sont les premiers évangélisateurs des enfants, don précieux du Créateur (cf. Gaudium et spes, n. 50), en commençant par l'enseignement des premières prières. C'est ainsi que l'on construit progressivement un univers moral enraciné dans la volonté de Dieu, où l'enfant grandit dans les valeurs humaines et chrétiennes qui confèrent tout son sens à la vie.
En cette circonstance, je suis heureux d'adresser mon salut cordial à Mgr Agustín García-Gasco Vicente, Archevêque de Valence, Eglise particulière qui prépare cette Rencontre ecclésiale et qui accueillera les familles du reste de l'Espagne et d'autres pays.
Dès à présent, je confie au Seigneur et je bénis les familles qui participeront ou qui s'uniront spirituellement à cette Rencontre. Que la Vierge Marie, notre Mère, qui accompagna son Fils aux Noces de Cana, intercède pour toutes les familles du monde!
Du Vatican, 17 mai 2005.
Benedictus PP. XVI
(©L'Osservatore Romano - 7 juin 2005)
(1)
Pour lire le texte
DE SA SAINTETE LE PAPE JEAN-PAUL II
:
Familiaris-Consortio
- Jean-Paul II - Exhortation Apostolique (22
...
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Canada:
Sauver le mariage comme institution fondamentale reconnue par l'État -
13.07.2005
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ROME, Mercredi 13 juillet 2005 – Au nom de la Conférence des évêques catholiques du Canada, le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat de l'Église au Canada, et Mme Hélène Aubé, de Gatineau, ont présenté un mémoire sur le projet de loi C-38 (redéfinition du mariage) aux membres du Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles
(cf.
http://www.cecc.ca/PublicStatements.htm?ID=1688).
Mémoire de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Présenté au Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles le 13 juillet 2005
Au nom de la Conférence des évêques catholiques du Canada, je tiens d’abord à remercier les honorables membres du Sénat pour cette occasion qui nous est offerte de présenter notre vision du mariage et de la famille dans le cadre des débats entourant le projet de loi C-38. Inspirée de convictions humaines et spirituelles communes à l’ensemble de la population canadienne, cette vision se défend sans recours à la religion.
Depuis novembre 2002, nous sommes intervenus à temps et à contre-temps pour convaincre les membres du Parlement de ne pas redéfinir l’institution du mariage au profit des personnes d’orientation homosexuelle qui méritent, par ailleurs, en tant qu’êtres humains le respect de tous leurs concitoyens.
Contrairement à ceux qui cherchent à nous renvoyer dans la sphère religieuse chaque fois que nous prenons la parole, nous sommes convaincus que le débat actuel est avant tout un débat social sur la nature et la valeur du mariage. C’est pourquoi nous avons fait valoir des arguments fondés sur la loi naturelle et sur le sens commun, et nous les survolerons rapidement dans ce mémoire.
Alors que nous arrivons au terme d’un processus politique qui risque fort de dénaturer le mariage et d’entraîner des conséquences largement imprévisibles mais assurément négatives sur la société canadienne, nous nous tournons vers vous dans l’espoir que vous freinerez l’adoption de cette loi injuste.
UN PROJET DE LOI QUI DIVISE PROFONDÉMENT LE PAYS
Au pays, des voix nombreuses se sont élevées pour dénoncer le projet gouvernemental qui ne correspond pas aux besoins réels ni aux attentes légitimes de la population du Canada. Beaucoup estiment qu’il est fondé sur une fausse compréhension de l’égalité fondamentale entre les personnes. Sur une fausse compréhension de la dignité humaine. Sur une fausse compréhension des droits des minorités. Sur une mauvaise interprétation de la Charte canadienne des droits et libertés. Et sur une compréhension tronquée de la liberté de religion. Nous sommes de ceux-là.
Cet immense malentendu risque d’entraîner le Canada sur une pente glissante, contraire au bien commun de ses citoyennes et citoyens, car il menace l’institution naturelle qui est le fondement le plus solide de la famille, elle-même unité de base de la société. Nous ne parlons pas d’une réalité anodine, mais de la pierre angulaire de notre structure sociale.
Ni l’État ni les religions n’ont inventé le mariage ni déterminé ses composantes naturelles. Ils n’ont fait que réglementer une réalité qui existait bien avant eux, reconnaissant par-là que les caractéristiques inhérentes à cette réalité
- la stabilité du couple, ainsi que la procréation et l’éducation des enfants - assuraient le bien commun de la société.
Aujourd’hui, les enjeux du projet de loi C-38 ne portent pas seulement sur la définition et les fondements du mariage tels que célébrés depuis des temps immémoriaux et reconnus par toutes les cultures. C’est aussi l’avenir du mariage comme institution sociale fondamentale qui est remis en cause, de même que l’importance pour la société du rôle irremplaçable d’un mari et d’une épouse dans la conception et l’éducation des enfants. Or, leur alliance garantit un environnement stable à la vie de famille, une continuité entre les générations et des modèles parentaux impliquant un père et une mère.
UNE DÉFINITION TRONQUÉE QUI DÉNATURE LE MARIAGE
En bonne logique, toute définition comporte un genre et une différence spécifique. Aristote définit l’homme, par exemple, comme un animal (genre) raisonnable (différence spécifique). Or, la définition du mariage comme une «union de deux personnes à l’exclusion de toute autre» exclut la différence spécifique du mariage qui est son constitutif essentiel à savoir la différence sexuelle, l’union d’un homme et d’une femme. C’est une définition tronquée, applicable peut-être aux anges qui sont de purs esprits, mais pas adéquate pour les êtres humains qui sont par nature sexués et complémentaires.
La redéfinition proposée par le projet de loi C-38 ne favorise pas l’évolution du mariage, mais rompt irrévocablement autant avec l’histoire humaine qu’avec le sens et la nature même du mariage. Ne nous faisons pas d’illusions : il s’agit d’une distorsion de l’institution naturelle du mariage. Si ce projet de loi est adopté, on appellera mariage ce qui ne sera qu’un pseudo-mariage, une fiction, une imitation et, pour employer les mots de l’honorable sénatrice Hervieux-Payette, une imposture.
On aura beau, pourtant, semer la confusion en modifiant indûment la définition des mots, cela ne changera rien à la réalité objective du mariage —une institution hétérosexuelle dans son essence.
Pour nous et pour une majorité de Canadiens, le mariage demeurera une alliance d’amour pour la vie entière entre un homme et une femme, à l’exclusion de toute autre personne. Une union possédant la capacité naturelle d’engendrer de nouvelles vies et dont les buts sont le bien du couple, ainsi que la procréation et l’éducation d’enfants. Une relation qui satisfait, certes, des besoins individuels, mais qui est ordonnée au bien commun et qui, à cause de cela, mérite la préférence et la protection de l’État. Le gouvernement porte en effet la responsabilité de privilégier et d’encourager ce type d’union, puisque le mariage d’un homme et d’une femme assure un avenir à la société et constitue l’environnement idéal pour l’épanouissement des enfants.
UNE FAUSSE INTERPRÉTATION DE LA CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS
En s’appuyant sur la Charte canadienne des droits et libertés et sur les décisions de la Cour suprême et de tribunaux inférieurs, les promoteurs du projet de loi C-38 prétendent que la définition universelle du mariage viole le droit à l’égalité de la minorité canadienne composée de partenaires de même sexe, bafoue leur dignité et engendre une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Mais qu’en est-il vraiment?
Pour répondre à cette question, nous reprendrons ici une réflexion de Gérard Lévesque, philosophe québécois et chercheur autonome en Éthique et en Philosophie du droit : « La fausse conception de l’égalité que se font les tribunaux les amène à une fausse conception de la discrimination : le fait de concevoir l’égalité comme étant une parfaite identité fait percevoir toute différence comme anormale et discriminatoire. Cette fausse perception de la discrimination empêche de faire de la Charte la lecture qui convient ».
« L’on ne doit pas considérer comme discriminatoire et injuste le fait d’accorder à quelqu’un un traitement ajusté à sa situation véritable. Et pas non plus le fait d’accorder à des personnes un traitement ou un statut différents en raison de différences réelles. Au contraire, en agissant ainsi, on agit en toute justice et de façon équitable. Une application sensée de la Charte canadienne des droits et libertés permet de légiférer en conformité avec ces principes. Par exemple, l’article 15 de cette Charte interdit (…) la discrimination fondée sur la race, la religion, le sexe, l’âge, l’état mental. Et la même Charte stipule que tout citoyen canadien a le droit de vote. Néanmoins, l’article 3 de la Loi canadienne des élections n’accorde pas ce droit de vote à ceux qui ne sont pas considérés avoir atteint l’âge de faire des choix politiques importants (…). Par où l’on voit que, si l’interprétation de la Charte devait ignorer des différences qui s’imposent, son application se ferait sans discernement et, qui plus est, de façon contraire au bien commun » (document privé, février 2005).
Il faut donc comparer l’union hétérosexuelle et l’union homosexuelle pour voir si elles sont parfaitement identiques ou si elles présentent des caractéristiques qui justifient qu’on les traite et qu’on les nomme différemment. Personne ne met en doute que des partenaires de même sexe puissent s’aimer véritablement et vouloir partager leur vie ensemble. Si l’on réduit le mariage à une relation intime entre adultes consentants, il n’y a aucune raison de le leur refuser. Et il ne suffit pas qu’un groupe pense ainsi le mariage pour que ses membres aient un droit à une reconnaissance légale et donc publique.
Le mariage, nous l’avons vu, est beaucoup plus qu’une relation d’interdépendance entre adultes consentants. Il vise bien davantage que le bien et l’épanouissement des partenaires. Il possède un autre élément constitutif, soit le potentiel procréateur de l’homme et de la femme qui s’y engagent. Or, la relation sexuelle entre deux hommes ou entre deux femmes n’est pas équivalente à la relation sexuelle entre un homme et une femme, puisqu’elle ne possède pas la capacité biologique d’engendrer de nouvelles vies. Il faut ajouter aussi qu’on ne peut attribuer raisonnablement la même valeur aux deux types d’union du point de vue de l’éducation des enfants. Les enfants ont un droit prioritaire à naître d’un acte d’amour de leurs parents et à vivre en communion profonde avec un père et une mère.
Il n’est donc pas injuste ni discriminatoire de nommer et de traiter différemment deux réalités aussi intrinsèquement différentes aux plans anatomique et psychoaffectif. Au contraire, il serait injuste et discriminatoire à l’égard des couples hétérosexuels mariés de les traiter de façon identique. L’État doit accorder un traitement privilégié à l’homme et à la femme qui se marient. Non pas à cause de l’exclusivité, de la dépendance, de la durée ou de la nature sexuelle de leur union, mais à cause de sa fonction vitale de procréation et de sa fonction de socialisation qui encourage la complémentarité entre homme et femme pour le plus grand bien de leurs enfants.
« En privilégiant le mariage entre un homme et une femme, l’État affirme que c’est dans le meilleur intérêt de la société que les enfants naissent et grandissent dans une communauté familiale où ils découvrent que leur identité biologique et historique est issue de l’union amoureuse de leurs parents, qui chacun place les besoins des autres avant les siens. En faisant la promotion du mariage comme union exclusive d’un homme et d’une femme, l’État protège les droits des enfants et encourage les valeurs d’engagement, de maîtrise de soi et de diversité nécessaires pour préserver la société » (commentaire du professeur R.M.R. Schmid de l’Université Oxford, publié dans Zenit, 12 juillet 2004, trad. de la CECC).
Si les partenaires de même sexe sont exclus du mariage, ce n’est pas à cause de leur orientation sexuelle, mais à cause de l’absence entre eux de la complémentarité sexuelle qui définit la différence spécifique du mariage. Pour cette raison, ils sont naturellement inaptes à la procréation et moins aptes à l’éducation de la prochaine génération de citoyens —critère déterminant de l’intérêt public.
Affirmer l’existence d’une différence entre l’union hétérosexuelle et l’union homosexuelle n’est pas une discrimination injuste contre les partenaires de même sexe. C’est ce que reconnaissait la Commission des droits humains de l’ONU en 2002 en refusant d’entendre une plainte contre la Cour d’appel de Nouvelle-Zélande qui venait de réfuter l’idée (Quilter v. New Zealand (A.G.) (1997) ICHRL 129) que l’interdiction de discrimination basée sur l’orientation sexuelle impliquait un droit au mariage entre partenaires de même sexe. La Cour d’appel avait déterminé que « toute différence de traitement n’est pas discriminatoire ».
Par ailleurs, l’argumentaire des promoteurs du « mariage » homosexuel en faveur de l’égalité des droits repose aussi sur une fausse conception du respect de la dignité humaine. L’égalité et la dignité des personnes ne dépendent pas de leur race, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur état civil. Leur dignité et leur égalité se fondent sur le simple fait qu’elles appartiennent à la race humaine. Pour respecter leur dignité, ni l’État ni la société ne sont obligés d’entériner légalement leur «style de vie» qui n’a pas de raison d’être reconnu publiquement comme valeur sociale.
Un maître de la philosophie politique, Pierre Manent, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris l’explique bien : «Il est possible, dans notre régime, de satisfaire la plupart des revendications des homosexuels, ou de ceux qui s’expriment en leur nom. Mais pas toutes. Ou plutôt une seule est impossible à satisfaire. Il est impossible que le corps politique «reconnaisse» leur «style de vie» : aucun «style de vie» n’est «reconnu» par notre régime. C’est pourquoi il est libéral. Mais il «reconnaît» le «mariage hétérosexuel» ? Certes, et pour une bonne raison : ce mariage produit des enfants, c’est-à-dire des citoyens, et cela relève de l’intérêt public» (Cours familier de philosophie politique, Gallimard, 2001, 324-5).
Pour ce qui est de la protection des droits d’une minorité, il faut rappeler qu’une minorité n’a pas de droits pour l’unique raison qu’elle est une minorité. Ce sont les membres de cette minorité qui ont des droits, et ces droits sont soit absolus, soit conditionnels. Citons comme exemple de droit absolu, le droit à la vie. Et comme exemple de droit conditionnel, celui de pratiquer la médecine à condition d’avoir obtenu un diplôme en médecine. Le droit au mariage, reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme, est aussi un droit conditionnel. Il est réservé aux personnes qui remplissent les conditions naturellement requises et rattachées à ce droit, dont la complémentarité sexuelle.
À l’heure où le gouvernement s’apprête à redéfinir le mariage en invoquant la nature évolutive de la Constitution canadienne, sans doute faut-il aussi rappeler un principe fondamental qui doit présider à l’élaboration des lois pour qu’elles soient justes et méritent ainsi l’appui et le respect des citoyennes et citoyens.
Les lois sont établies pour faire respecter l’ordre social. Or, un ordre social n’est valable que s’il respecte l’ordre inscrit dans la nature humaine elle-même. À partir du moment où des lois contredisent cet ordre naturel, elles deviennent injustes et risquent alors de provoquer divisions et dissensions, engendrant plutôt un désordre social.
La Charte canadienne des droits et libertés se réfère justement dans son préambule à « la suprématie de Dieu et la primauté du droit ». Cette référence n’est d’aucune façon confessionnelle. Elle s’inscrit dans le cadre de la tradition classique du droit qui reconnaît un droit supérieur établissant ce qui est dû à chaque personne humaine du fait qu’elle est humaine. Ce droit trouve sa source dans la nature humaine et ne découle pas de la volonté des juges et des gouvernements. Il s’agit du droit naturel —un droit dont les composantes sont plus universelles et immuables que les réalités sociales et culturelles, qui changent avec le temps.
Le droit au mariage dont parle la Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 16) se fonde sur le droit naturel et n’évolue pas avec les mentalités. L’évolution du droit positif ne peut être considérée comme un progrès de civilisation que lorsqu’elle respecte le droit naturel. Une saine interprétation de la Charte exige cette référence au droit naturel qui découle de son préambule.
CONSÉQUENCES NÉFASTES SUR LES ENFANTS
Nous sommes également très préoccupés par l’impact prévisible d’une redéfinition du mariage sur les citoyens les plus vulnérables : les enfants canadiens. On ne peut faire fi de leurs besoins et de leurs droits en s’imaginant que la société de demain n’en subira pas le contre-coup. Avant de procéder à une telle réingénérie sociale, considérons l’impact qu’a eu le divorce sur quelques générations d’enfants.
Issus de l’union d’un homme et d’une femme, les enfants ont besoin d’un père et d’une mère, ils ont le droit de connaître leurs parents biologiques et d’être éduqués par eux. On sait trop bien la souffrance de ceux qui sont privés de cette possibilité; pourquoi, alors, créer volontairement d’autres situations contraires au bien-être des enfants, qui ont besoin de la double figure de l’homme et de la femme, qui jouent auprès d’eux des rôles différents et complémentaires cruciaux dans leur processus de croissance et dans la structuration de leur personnalité.
L’adoption du projet de loi C-38 créerait deux catégories d’enfants : ceux qui auraient droit à une éducation assurée par leurs deux parents biologiques et ceux qui se verraient privés volontairement de ce droit. Une telle discrimination n’est ni juste ni souhaitable. Dans une opinion datée du 22 janvier 2004 et intitulée « Homosexual Parenting : Is It Time for Change? », l’American College of Pediatricians (ACP) conclut que « la littérature scientifique concernant le parentage homosexuel est limité. L’environnement au sein duquel les enfants grandissent est absolument critique dans leur développement. À la lumière des recherches disponibles, l’ACP croit qu’il est inapproprié, potentiellement périlleux pour les enfants et dangereusement irresponsable de changer la prohibition séculaire relative au parentage homosexuel que ce soit par adoption, famille d’accueil ou par manipulation reproductive. Cette prise de position s’enracine dans les meilleures recherches scientifiques disponibles ». Pour sa part, l’Association espagnole de pédiatrie vient d’affirmer, en se basant sur un rapport faisant état de centaines d’études à travers le monde, que « le noyau familial composé de deux pères ou de deux mères est clairement dangereux pour l’enfant ».
Imposer l’uniformité au nom de l’égalité serait poursuivre l’érosion du mariage et de la famille en diminuant l’importance de l’union d’une femme et d’un homme, d’une épouse et d’un époux, d’une mère et d’un père. La société doit faire tout ce qui est possible pour que les enfants puissent avoir un père et une mère qui vivent ensemble dans une relation empreinte de stabilité et d’amour.
Par ailleurs, l’impact éducatif des lois sur les mentalités est indéniable. Si la loi canadienne devait désormais enseigner que le mariage est l’union de deux personnes, une majorité de Canadiennes et de Canadiens risqueraient de voir leurs libertés de conscience, de religion et d’expression sérieusement menacées par l’imposition d’une « orthodoxie » contraire à leurs valeurs.
Il est vrai que la version amendée du projet de loi C-38 affirme à l’article 3.1 « que nul ne peut être privé des avantages qu’offrent les lois fédérales ni se voir imposer des obligations ou des sanctions au titre de ces lois pour la seule raison qu’il exerce, à l’égard du mariage entre personnes de même sexe, la liberté de conscience et de religion garantie par la Charte canadienne des droits et libertés, ou qu’il exprime, sur la base de cette liberté, ses convictions à l’égard du mariage comme étant l’union entre un homme et une femme à l’exclusion de tout autre personne ».
Mais, cet article du projet de loi C-38 concerne uniquement les lois fédérales. Rien ne nous assure que toutes les provinces verront à le faire appliquer sur leur territoire, puisque les lois sociales et les lois qui concernent l’éducation sont de leur ressort. On peut même en douter, car bien que la Charte protège déjà les libertés de conscience et de religion, on assiste dans les provinces qui reconnaissent la validité du mariage entre partenaires de même sexe à des poursuites contre des personnes et des groupes qui ne partagent pas cette vision des choses imposée par les tribunaux. Faudra-t-il se résoudre à être victimes de discrimination lorsqu’on tient à la définition universelle du mariage et que l’on veut éduquer, enseigner et prêcher en accord avec notre foi et notre conscience? Faudra-t-il que les parents acceptent comme inévitable que l’école et les médias transmettent une vision du mariage contraire à la leur?
MENACE CERTAINE POUR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE ET DE RELIGION
Le projet de loi C-38 affirme que la liberté religieuse sera protégée et que, dès lors, les célébrants et commissaires au mariage n’auront pas à célébrer des mariages qui vont à l’encontre de leurs convictions. Non seulement savons-nous qu’il faudra compter sur la bonne volonté des provinces pour assurer ce droit, mais il ressort clairement des débats entourant la possible redéfinition du mariage que le concept de liberté religieuse est incompris par une majorité d’intervenants.
En effet, la liberté religieuse ne se limite pas à la liberté de célébrer ou non des mariages entre partenaires de même sexe. La liberté de religion, qui est intrinsèquement liée à la liberté de conscience et d’expression, ne concerne pas seulement les autorités religieuses, mais l’ensemble des citoyens. Et ces libertés doivent pouvoir s’exprimer sur la place publique dans leur vie de tous les jours.
Or, on a pu constater un phénomène extrêmement préoccupant au cours des dernières années. Ce phénomène est particulièrement bien décrit par le professeur Schmid, qui constate que quiconque manifeste son désaccord avec le mariage entre partenaires de même sexe se voit taxer d’homophobie : « Faudra-t-il se résoudre à ce que l’existence d’unions homosexuelles signifie la disparition du droit à la liberté de conscience face aux actes homosexuels? Verrons-nous les objecteurs de conscience marginalisés dans la vie publique?
« Déjà, on accuse d’homophobie quiconque s’objecte en conscience au « mariage » homosexuel; on ridiculise sa peur pathologique et sa soi-disant irrationnalité. Parce que la condamnation du comportement homosexuel concerne les actes et non les personnes, il est complètement faux de conclure que toute opposition aux unions homosexuelles indique un manque de respect et de considération pour les personnes.
« Si l’on affirme que l’homosexualité est à ce point inhérente à la personne humaine qu’il est impossible de désapprouver moralement des actes homosexuels sans discriminer contre la personne, il faut aussi reconnaître que l’objection de conscience est à ce point inhérente à la personne humaine qu’on ne peut la rejeter sans discriminer contre la personne.
« Affirmer que les croyances religieuses ne doivent pas mener à la discrimination à l’égard des personnes en leur refusant le droit de se marier, c’est poser un faux problème. Car tous les arguments apportés par les croyants ne peuvent être réduits à leurs croyances religieuses. La contribution des croyants au débat public sur les unions homosexuelles ne peut pas être rejetée sous prétexte qu’elle est fondamentalement irrationnelle et biaisée. Cela reviendrait à leur nier leur égalité en tant que citoyens.
« On ne peut pas permettre que dans les débats politiques certaines personnes accusent les opposants au mariage homosexuel d’être irrationnels, de mauvaise foi et haineux. Si, au nom de la vérité, les arguments rationnels peuvent être rejetés parce qu’ils sont synonymes d’objections de conscience, et si, au nom de la justice, on fait taire l’objection de conscience, alors la liberté n’est pas pour tous » (ib.)
Ces tentatives d’intimidation à l’égard des personnes qui ne partagent pas la vision étatique du mariage risquent bien de se multiplier après l’adoption du projet de loi C-38. Lorsque l’État aura imposé une norme nouvelle affirmant que la conduite sexuelle homosexuelle est un bien social, ceux qui s’y opposeront pour des motifs religieux ou pour des motifs de conscience, seront considérés comme bigots, anti-gais et homophobes. Ils risqueront alors des poursuites judiciaires.
Je cite ici encore Pierre Manent : «Précisément parce que notre régime est un régime de liberté, et pour qu’il puisse le rester, nous n’avons pas le droit d’exiger de nos concitoyens qu’ils approuvent nos «styles» ou «contenus de vie» : ce serait tyrannie» (Ib. 326).
En réclamant le mariage, les personnes de même sexe recherchent une reconnaissance sociale. Or, nous le répétons, la reconnaissance sociale dépend du service que rend un citoyen à l’État. Contrairement au partenaires de même sexe, les couples hétérosexuels transmettent naturellement et le plus souvent la vie. En donnant de nouveaux citoyens à la société, ils rendent un service essentiel à l’État, ce qui justifie un statut spécial pour leur union.
En accordant le droit au mariage aux partenaires de même sexe, on leur demanderait de s’afficher socialement de façon différente à ce qu’ils sont réellement. Ce serait affirmer qu’il leur faut ce statut pour être jugés dignes de considération, ce qui irait tout à fait à l’encontre de l’objectif du projet de loi C-38.
L’État n’a aucun intérêt à reconnaître et même institutionnaliser les relations adultes consensuelles fondées sur l’orientation sexuelle, les préférences sexuelles, les pratiques culturelles et les convictions religieuses des citoyens et citoyennes. Il se doit cependant par souci de l’intérêt public de protéger l’institution du mariage et de la famille qui est la pierre angulaire de la société et la meilleure garantie de son avenir.
CONCLUSION
En conclusion, nous réitérons avec force qu’il serait injuste et contraire au bien commun de redéfinir le mariage dans le sens du projet de loi C-38. Une telle loi dénature le mariage et détruit la reconnaissance publique que l’État doit accorder, dans l’esprit de la Charte et par respect du droit naturel, à l’union d’un homme et d’une femme à l’exclusion de toute autre personne.
En réclamant le mariage, les personnes de même sexe recherchent une reconnaissance sociale qu’il serait injuste de leur accorder de cette manière, puisque leur union ne remplit pas la condition essentielle de complémentarité sexuelle et d’ouverture naturelle à la procréation des enfants qui caractérise l’institution matrimoniale.
Vouloir à tout prix cette reconnaissance légale et sociale au détriment des valeurs communes du mariage et de la famille dans la société canadienne entraînerait des conséquences désastreuses qu’on expérimente déjà et qui mettent en danger non seulement la liberté de conscience et de religion mais aussi la qualité future de l’éducation publique et privée.
L’État doit protéger le droit prioritaire à la liberté de religion non seulement pour les ministres du culte mais pour toute la population. Il doit faire respecter le droit et la justice concernant les personnes et les unions homosexuelles, mais sans céder aux mouvements culturels excessifs qui menacent les valeurs fondamentales du mariage et de la famille.
Nous comptons sur vous, honorables sénateurs qui pouvez voter en toute liberté de conscience, et nous faisons appel à vous au nom d’une majorité de canadiens et canadiennes : Sauvez l’institution fondamentale du mariage ! Votre institution parlementaire en sortira plus crédible et plus fidèle à la Charte canadienne des droits et libertés qui est susceptible d’une interprétation plus juste que celle soutenue par ce projet de loi.
Marc Cardinal Ouellet
Archevêque de Québec et Primat du Canada
Au nom de la Conférence des évêques catholiques du Canada,
Comité sénatorial sur le projet de loi C-38 concernant certaines conditions de fond du mariage civil
13 juillet 2005
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