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L'avenir de l'Église dépend de la liturgie
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Le 30 juillet 2024 -
E.S.M.
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Le pontificat de Benoît XVI restera dans l'histoire parce que
ce théologien cultivé et raffiné, certainement le plus significatif
du XXe siècle, aura contribué à une réflexion plus sérieuse et,
dirais-je, définitive sur la liturgie et ses conséquences dans la
vie de l'Église. Extrait du livre publié par le Cardinal Robert
Sarah "Il nous a tant donné".
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Qui a vidé les églises ? -
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L'avenir de l'Église dépend de la liturgie
(Texte publié dans Il Timone de février 2023)
En tant que protagoniste et interprète suprême du Concile Vatican II et de
ses documents, Benoît XVI a mûri la profonde conviction que
« la liturgie est la source et le sommet de la vie de l'Église »
(Sacrosanctum Concilium,10).
Tout au long de sa continuelle réflexion théologique, cette conviction
s'est accrue de plus en plus. Dans les années de maturité, il a pu écrire
que l'avenir de l'Église dépend de la liturgie : « Que l'Église soit ou ne
soit pas, cela dépend de la liturgie. » En effet, la présence crédible de
l'Église dans le monde dépend de la façon dont elle vit cette relation
vitale avec sa
lex orandi. (« la loi de ce qui est prié [est] la loi de ce qui est
cru » )
La puissante réflexion théologique de Benoît XVI sur la lex credendi s'est
entremêlée avec une réflexion non moins significative sur la lex orandi
de
l'Eglise. En tant que Pasteur de l'Église universelle, il a fait de son
pontificat une liturgie continue, aussi bien dans les célébrations
liturgiques que dans les différents moments où, par des paroles et des
gestes, il était appelé à témoigner de la foi de l'Église et à l'annoncer.
Son magistère a été imprégné par la liturgie célébrée et expliquée à la
manière des anciens Pères de l'Église, qui transformaient chacune de leurs
célébrations en une mystagogie vivante pour initier et former à la foi
d'innombrables générations de chrétiens.
Benoît XVI a compris qu'on ne peut séparer la foi reçue dans l'acte de
croire de la foi exprimée dans la prière, et de la foi réalisée dans les
œuvres de la vie. Il y a inséparabilité de la foi crue, de la foi priante et
de la foi vécue. Il a essayé de nous faire comprendre que plus la foi se
fait prière, plus elle est solide. Plus la foi se fait orante, dans la ligne
de la tradition pérenne de l'Église, plus on y adhère avec rectitude et
force
Devenu Pontife et Pasteur universel de l'Église, Benoît XVI a rappelé à
l'Église la beauté, la centralité et le caractère sacré de la liturgie dans
la vie chrétienne, en particulier dans celle des prêtres. Une centralité qui
est Présence, qui parle d'un Autre, du véritable Protagoniste de l'action
liturgique, qui parle du véritable centre de l'Église et de sa liturgie,
c'est-à-dire
le Christ, Dieu incarné, Dieu présent parmi nous, et non pas l'homme ou la
communauté.
Une réalité vécue
Benoît XVI s'approchait de la liturgie avec foi, étonnement, profond respect
et sens du sacré, faisant percevoir qu'au cœur de sa démarche, il y avait
une rencontre réelle et vraie avec Dieu, avec la Personne du Christ. Ceux
qui participaient à ses célébrations percevaient cette expérience qu'il
vivait et était capable de transmettre à des milliers de personnes présentes
dans la basilique Saint-Pierre ou sur les places, dans les stades ou dans
les parcs. Quand il célébrait, il faisait comprendre que la rencontre ne se
réalisait pas à ce moment-là avec sa propre personne, mais avec la personne
du Christ. Toutes ses liturgies, comme aussi de nombreux moments
extra-liturgiques, exprimaient toujours cette rencontre avec le Christ. Il
les vivait avec cette forme d'esprit qui rappelle ce que dit saint Paul : «
Car ce n'est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur ;
nous ne sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus » (2 Co 4, 5).
Nous pouvons sereinement affirmer que son œuvre évangélisatrice a été
profondément théocentrique, christocentrique et pneumocentrique. Car pour
Benoît XVI, la liturgie est aussi une participation à
la prière du Christ, adressée au Père dans l'Esprit-Saint ; en elle, chaque
prière chrétienne trouve son terme
(Catéchisme de
l'Église Catholique 1073).
La liturgie réalise et manifeste l'Église comme signe visible de la
communion de Dieu et des hommes à travers le Christ
(Catéchisme de
l'Église Catholique 1071). Le Christ au
centre de son action apostolique. Le Christ au centre de la liturgie. Le
Christ au centre de la vie.
Dirigés vers Lui
Afin de souligner cette centralité essentielle pour la
vie de l'Église et pour le culte du Seigneur, Benoît XVI a demandé qu'un
crucifix soit placé au centre de l'autel, surtout quand la liturgie y est
célébrée versus populum.
Cette centralité, aimait-il à rappeler, appartient à l'essence de notre vie
de chrétiens, de baptisés. « Pour moi, vivre c'est le Christ », affirme
saint Paul. Car à l'origine de l'acte de foi il y a une Rencontre,
l'adhésion à une Personne, celle du Christ. Benoît XVI nous a mis en garde
contre le risque d'oublier cette centralité fondamentale et agissante de la
primauté de Dieu, lorsque nous célébrons comme s'il n'existait pas, comme
s'il n'était pas là, lorsque nous nous célébrons nous-mêmes, lorsque nous
célébrons la communauté ou le célébrant.
L'expérience des années post-conciliaires a mis en évidence les dommages
qu'engendre une conception autoréférentielle de l'Église et de la liturgie.
Au contraire, la dimension cultuelle et culturelle de la liturgie catholique
est profondément centrée et orientée. Il est urgent pour nous de retrouver
ce centre et cette orientation ! Je crois en effet que ce sera une question
pressante qu'il nous faudra affronter et résoudre si nous
ne voulons pas tomber dans l'insignifiance et accélérer davantage la
désertification de nos églises et de nos liturgies, déjà abandonnées,
surtout par les jeunes.
Une nouvelle génération
Benoît XVI a été capable, de manière surprenante, d'attirer les jeunes, en
leur faisant comprendre le caractère central du Christ et de sa divine
présence dans la liturgie. Ce fut un très beau témoignage de voir tant de
jeunes priant en silence au cours de l'adoration eucharistique des Journées
Mondiales de la Jeunesse. De nombreux jeunes prêtres ont compris et admiré
l'enseignement liturgique de Benoît XVI. Ils en ont donné un témoignage
émouvant en participant en grand nombre à ses funérailles.
Benoît XVI attirait parce qu'il semblait vouloir disparaître dans la
liturgie pour que l'on ne voie que Jésus-Christ seul. Il y parlait toujours
avec douceur et suavité sans blesser personne, mais en donnant les raisons
de croire et en invitant à la conversion évangélique sans moralisme convenu,
en plaçant le Christ au centre. En Benoît XVI, on voyait une personne qui
s'était laissée attirer, impliquer et transformer par le Christ, qui est
présent et qui nous rassemble dans la liturgie. C'est Lui qui nous convoque
dans la liturgie, c'est en Lui que nous sommes unis et c'est par Lui que
nous allons au monde pour annoncer aux frères la bonne nouvelle du Royaume
de Dieu et pour répondre aux besoins des hommes : « Le Christ amour
nous a unis », dit une hymne. Pour Benoît XVI, cette dimension spirituelle a
été quotidienne dans sa vie de chrétien, de théologien et de pasteur.
Il a remis à l'honneur la dimension de la sacralité dans la liturgie,
s'opposant à certains sociologues et théologiens qui voudraient affirmer
que, pour l'homme post-moderne, il n'y a définitivement plus d'espace sacré
ni de sacralité parce que tout serait sacré. Mais quand tout est sacré, rien
n'est plus sacré. Ce mode de pensée a ouvert après elle les portes au
relativisme et au nihilisme actuels, qui détruisent l'homme et la société de
l'intérieur. Les hommes de notre temps, surtout les jeunes, ont aujourd'hui
besoin d'être à nouveau initiés au caractère sacré du culte et de la vie.
Ils en portent en eux, parfois de manière inexprimée, la profonde nostalgie.
Benoît XVI avait commencé cette œuvre avec beaucoup de succès. Ce que
certains adultes critiquaient, les jeunes l'admiraient, surtout les prêtres,
les religieux et les séminaristes. Comme pour Jean-Paul II, nous pouvons
dire qu'une génération inattendue de papaboys est née avec Benoît XVI. Il a
conduit les jeunes sur des terrains complexes de réflexion avec la
simplicité typique des grands, et je suis convaincu que son héritage sera
grand pour le proche avenir de l'Église, et même qu'il grandira.
Aujourd'hui, ceux qui, parmi les jeunes générations, se sentent dans
l'Église avec profonde conviction, le doivent à Jean-Paul II et au pape
Benoît XVI, qui sera de plus en plus présent maintenant qu'il n'est
visiblement plus parmi nous.
Pour approfondir :
-
Benoît XVI : ce qui était sacré pour les générations précédentes l'est pour
nous
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Sources : Extraits de la deuxième partie
"Visage du pontificat" - du cardinal Sarah -
E.S.M
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(E.S.M.) 30.07.2024
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