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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : les mots justes

Le 27 février  2023 - (E.S.M.) - Que Dieu se « fasse connaître » et que nous le « connaissions », voilà d'une certaine manière ce qui est premier dans la foi, souligne Benoît XVI, et ce qui la constitue comme grâce. Sans cette grâce, la foi ne pourrait naître ni se développer.

Le jour où Benoît XVI a sidéré le monde intellectuel - Pour agrandir l'image ► Cliquer

LA FOI RAISONNABLE

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    La foi ne nécessite ni de voir ni d'entendre d'une manière sensible. «Heureux ceux qui croiront sans avoir vu.» Elle s'appuie sur les témoignages et se fonde sur la « connaissance » que Dieu nous donne de lui-même par pure grâce.

    Ces réflexions montrent combien le premier et le dernier mot du Credo - « Je crois » et « Amen » - se rejoignent harmonieusement, encadrant toutes les propositions et indiquant la dimension intime de tout le contenu. Dans cet accord du Credo et de l'Amen apparaît le mouvement spirituel qui anime tout. Le mot hébreu Amen, nous l'avons vu, appartient au même radical que le mot « foi ». Ainsi Amen est comme l'écho de « croire » : s'appuyer avec confiance sur une assise solide, indépendante de nos efforts et de nos calculs, mais qui nous porte pour cette raison même ; s'en remettre à ce « sens » qui nous précède, qui est le fondement du monde et qui nous octroye la liberté de créer.

    Toutefois, agir ainsi, ce n'est pas se livrer aveuglément à l'absurde. Bien au contraire, c'est aller vers le logos, vers la ratio, vers le sens et donc vers la vérité elle-même; car en fin de compte, la base sur laquelle l'homme prend appui ne peut et ne doit être que la vérité même qui se révèle. Par là nous nous heurtons, de façon imprévue, à une dernière antinomie entre la foi et le savoir opérationnel. Ce dernier, en effet - nous l'avons vu - se limite logiquement au positif, au fait, au mesurable; il fait donc abstraction de la vérité. Ses grands succès, il les obtient en renonçant au problème de la vérité ; il se contente de vérifier la « vérité » (Stimmigkeit) du système, dont l'hypothèse doit être confirmée par le bon fonctionnement de l'expérience. Autrement dit, le savoir opérationnel ne se préoccupe pas de l'en-soi des choses, mais uniquement de leur utilité pour nous. La conversion vers le savoir opérationnel est une conséquence de cet abandon de l' « être-en-soi », pour ne le considérer qu'en fonction de la rentabilité. La transposition du problème de l'être sur le plan du factum et du faciendum a nécessairement entraîné un changement radical du concept de la vérité elle-même. A la vérité de l' « être en-soi » s'est substituée l'utilité des choses pour nous, confirmée par la « vérité » des résultats. Il faut reconnaître que seule cette vérité-là se prête à notre vérification, à laquelle l'être lui-même se dérobe.

    Par son attitude de foi, exprimée dans le petit mot amen, précise Benoît XVI, comprenant les sens apparentés de : se fier, se confier, fidélité, fermeté, base solide, être debout, vérité, le chrétien entend affirmer qu'il n'a d'autre fondement que la vérité, qui seule peut lui donner un sens. Ainsi l'acte de foi implique essentiellement la conviction que le logos, le fondement « rationnel » sur lequel nous nous appuyons et qui est porteur de sens, ne peut être que la vérité. Un sens qui ne serait pas la vérité serait tout simplement un non-sens. Il y a toute une vision du monde dans ces deux mots amen et logos, qui signifient à la fois : sens, fondement et vérité. C'est dans cette impossibilité de dissociation des différents sens contenus dans ces mots - trop prégnants pour nous - qu'apparaît tout le réseau des coordonnées, à travers lequel la foi chrétienne regarde le monde et lui fait face. Ainsi la foi, on le voit, dans son essence, ne consiste pas en une accumulation de paradoxes incompréhensibles ; et l'on voit combien il est contre-indiqué de vouloir se retrancher derrière le mystère, comme il arrive pourtant assez souvent, pour pallier la défaillance de l'intelligence. Quand la théologie en arrive à toutes sortes d'inepties et qu'elle veut, en recourant au mystère, non seulement les excuser mais encore, si possible, les canoniser, elle fait preuve d'une méconnaissance de la vraie notion du « mystère ». En effet, le mystère n'est pas la négation de l'intelligence; il permet plutôt à la foi d'être une certaine intelligence. S'il est vrai que la foi n'est pas un savoir sur le modèle du savoir opérationnel avec la possibilité de vérification, et qu'elle ne peut que se couvrir de ridicule si elle s'obstine malgré tout à vouloir paraître sous cette forme, il n'en est pas moins vrai que le savoir opérationnel vérifiable, qui se limite essentiellement au phénomène et au fonctionnel, est à son tour incapable de trouver la vérité, qu'en vertu de sa méthode il veut systématiquement ignorer. Le mouvement d'approche vers la vérité de l'être doit revêtir la forme du « comprendre » et non pas celle du « savoir » : comprendre le sens auquel l'on s'est confié. Il faut ajouter nécessairement que la possibilité de comprendre ne nous est ouverte que dans la mesure où nous nous confions ainsi, où nous prenons appui. L'un ne va pas sans l'autre ; car comprendre veut dire que le sens reçu comme fondement est saisi et conçu comme sens. C'est là, je crois, la vraie signification de ce que nous appelons « comprendre » : concevoir le fondement, sur lequel nous nous appuyons, comme étant sens et vérité, reconnaître que ce fondement représente le sens.

    S'il en est ainsi, comprendre, loin de s'opposer à croire, constitue l'élément le plus propre. En effet, connaître le monde dans sa fonctionnalité, comme nous le permet aujourd'hui admirablement la pensée technique et scientifique, ce n'est pas encore comprendre le sens du monde et de l'être. On ne peut comprendre qu'à partir d'une foi. Aussi la théologie, comme discours sur Dieu qui fait comprendre, comme discours conforme au logos (= rationale : qui comprend de façon raisonnable), est-elle une tâche primordiale de la foi chrétienne. C'est à ce point de vue aussi qu'il faut rattacher le droit imprescriptible de l'élément grec dans le christianisme. Ce n'est pas un hasard si le message chrétien, dans son élaboration, a d'abord pénétré dans le monde grec, et s'est mêlé au problème de l'intelligibilité et de la vérité ". On ne saurait dissocier croire et comprendre, de même que l'on ne peut séparer croire et prendre appui, car « prendre appui » et « comprendre » sont indissolublement liés. C'est pourquoi la traduction des Septante du verset d'Isaïe découvre une dimension, que l'on ne peut retrancher de la Bible, si l'on veut éviter la fantaisie et le sectarisme. Il est vrai que l'acte de comprendre, de sa nature, dépasse continuellement notre « saisie conceptuelle » pour reconnaître que nous sommes nous-mêmes saisis et « compris » dans plus grand que nous. Or si « comprendre » c'est saisir que nous sommes nous-mêmes com-pris », « con-tenus », cela veut dire que nous ne saurions aller au-delà pour « comprendre » ce qui nous « comprend » et qui nous donne par là même un sens (Begreiƒen/Umgriƒƒensein). Dans cette perspective, il est juste de parler de mystère, en tant que principe qui nous précède et nous dépasse sans cesse et que nous ne pourrons jamais rejoindre. Mais c'est précisément dans le fait d'être saisis, « compris » par ce que nous ne pouvons à notre tour appréhender que se réalise la responsabilité de « comprendre », sans laquelle la foi perdrait sa dignité et se détruirait elle-même.

 « JE CROIS EN TOI »

    Toutes ces réflexions ne nous ont pas encore dévoilé la caractéristique la plus profonde de la foi : son ouverture sur un être personnel. La foi chrétienne est plus que l'option pour un principe spirituel du monde. Sa formule centrale ne dit pas : « Je crois à quelque chose », mais « Je crois en Toi15 ». Elle est rencontre avec l'homme Jésus, et elle découvre dans une telle rencontre que le sens du monde est une personne. Par sa vie dans le Père, par l'immédiateté et la densité de ses relations avec Lui, il est le témoin de Dieu, en qui l'intouchable peut être touché, l'infiniment Éloigné est devenu tout proche. Bien plus, il n'est pas seulement le témoin, dont nous acceptons le témoignage sur ce qu'il a perçu dans une existence qui avait véritablement accompli le retournement à partir de la fausse limitation au superficiel vers la profondeur de la vérité totale; il est la présence de l'éternel lui-même dans ce monde. Dans sa vie, dans la donation totale de lui-même pour les hommes, le sens de la vie se révèle comme une présence, sous la forme de l'amour, qui m'aime moi-aussi et qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue, grâce à ce don incompréhensible d'un amour qui n'est pas menacé par une fin ou troublé par l'égoïsme. Le sens du monde, c'est le « Tu », non pas celui d'une interrogation qui resterait elle-même en quête de réponse, mais le « Tu » qui est le fondement de tout, sans avoir besoin d'aucun autre fondement.

    Ainsi, croire, c'est trouver un « Tu » qui me porte et qui m'apporte la promesse d'un amour indéfectible, malgré l'accueil humain obligatoirement imparfait, un amour qui non seulement aspire à l'éternité mais qui la donne de fait. La foi chrétienne vit de cette vérité qu'il n'y a pas seulement un sens objectif, mais que ce Sens me connaît et m'aime, que je puis m'y abandonner avec le geste de l'enfant qui sait que tous ses problèmes sont résolus dans le « tu » de la mère. Ainsi foi, confiance et amour ne forment finalement qu'une seule et même chose; toutes les vérités de la foi ne sont que les expressions concrètes de cette option fondamentale : « Je crois en Toi », de la découverte de Dieu dans le visage de l'homme Jésus de Nazareth.

    Bien sûr, tout cela ne supprime pas pour autant la réflexion - nous l'avons constaté plus haut. « Es-tu bien celui-là ? » : telle fut la question, qu'en une heure de sombre angoisse, Jean-Baptiste fit poser, en son nom, par ses disciples au rabbi de Nazareth, en qui il avait reconnu son Supérieur et dont il n'était que le précurseur. « Es-tu bien celui-là ? » Le croyant éprouvera toujours le lancinement de ce clair-obscur, dont le halo l'entoure comme d'une prison noire, de laquelle il ne pourra s'échapper. Ajoutez à cela l'indifférence du monde, qui continue son cours comme si rien ne s'était passé et qui apparaît comme une ironie en face de son espérance. « Es-tu bien celui-là ? » : cette question doit être posée non seulement par honnêteté intellectuelle, et à cause de la responsabilité encourue par notre raison, mais aussi à cause de la loi profonde de l'amour, qui désire connaître toujours plus Celui à qui il a accordé son « oui », pour mieux pouvoir l'aimer. Toutes ces réflexions  sont ordonnées en dernière analyse à cette question et gravitent autour de ce principe fondamental de notre confession de foi : « Je crois en Toi, Jésus de Nazareth », en Toi qui es le Sens (Logos) du monde et de ma vie.

13. Le mot grec logos a toute une gamme de sens, qui présente une certaine correspondance avec la racine hébraïque 'mn (Amen) : parole, sens, raison, vérité.
14. On peut renvoyer à ce propos au passage significatif des Actes 16, 6-10 : (le Saint-Esprit empêche Paul d'annoncer la parole en Asie, l'Esprit de Jésus ne lui permet pas d'aller en Bithynie, puis vient la vision et l'appel du Macédonien : « Passe en Macédoine, viens à notre secours »). Ce texte mystérieux constitue comme un premier essai de « théologie de l'histoire », cherchant à présenter le passage de l'Evangile en Europe, « aux Grecs » comme une disposition de Dieu ; -cf. E. PETERSON, « Die Kirche », dans Theolotische Traktate, Munchen, 1951, pp. 409-429.
15. Cf. H. PRIES, Glauben-Wissen, Berlin, I960, surtout pp. 84-95; - J. MOUROUX, Je croîs en toi, Paris, 1948; - C. ORNE-LIMA, Der personalc Glaube, Innsbruck, 1959.


A suivre : Le visage Ecclésial de la Foi

Image miniature  Nous rappelons pour ceux qui ne l'auraient pas lu, le discours du pape Benoît XVI prononcé aux Bernardins. Ce lieu, demandait le pape, évoque-t-il pour nous encore quelque chose ou n’y rencontrons-nous qu’un monde désormais révolu ? Vient ensuite le discours du pape sur la nature même du monachisme occidental, racines de la culture européenne. A lire absolument : ce discours des Bernardins, le jour où Benoît XVI a sidéré le monde intellectuel Le pape Benoît XVI insiste sur le dialogue entre foi et raison
 


  

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 27.02.2023

 

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