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Cardinal Sarah : la pression des lobbies LGBT
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Le 26 janvier 2024 -
E.S.M.
- L'Occident se fourvoie dans ses illusions
en croyant que le libéralisme moral permet un progrès de
la civilisation ; comment prétendre que la pornographie
en libre accès, au travers des nouveaux moyens de
communication, et dont la vision abjecte de la sexualité
— pourtant sainte en soi — se diffuse dans toute la
société, y compris auprès des plus jeunes, soit
l'exemple d'une avancée du monde ? Le Saint-Siège doit
jouer son rôle. Nous ne pouvons accepter la propagande
et les groupes de pression des lobbies LGBT.
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Le cardinal Sarah -
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Cardinal Sarah : la pression des lobbies LGBT
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Etre chrétien n'est pas une idée philosophique ou morale mais la rencontre avec le Christ
La pression des lobbies LGBT, une supercherie, immorale et démoniaque
NICOLAS DlAT : Comment l'Eglise peut-elle dépasser les montagnes
d'incompréhension qui se sont élevées depuis l'encyclique
Humanae vitae de
Paul VI, publiée en 1968 ? L'opposition entre la morale chrétienne et les
valeurs dominantes des sociétés occidentales est-elle encore surmontable ?
CARDINAL ROBERT SARAH : Il est important de situer cet antagonisme dans le contexte
de la sécularisation et de la déchristianisation ; l'éloignement de pans
entiers de la société moderne par rapport à l'enseignement moral de l'Eglise
est allé de pair avec l'ignorance et le rejet de sa doctrine ou de son
héritage culturel. Il y a un ensemble complexe que nous devons prendre en
compte, une indifférence vis-à-vis de Dieu qui dépasse le simple problème
des règles morales. Je pense que les prêtres et les évêques doivent déployer
des trésors de pédagogie, en prenant garde de se réfugier dans des
présentations dogmatiques trop savantes, pour faire comprendre que les
questions de morale sexuelle ne résument pas le message de l'Église.
Pour autant, l'Église doit rester vigilante devant le
dérèglement des valeurs, qui amène la confusion entre le bien et le mal ;
dans nos sociétés relativistes, le bien devient ce qui plaît et convient à
l'individu. Dès lors, incompris ou méprisé, l'enseignement moral de l'Église
est rejeté comme l'émanation d'un faux bien. Les médias contribuent souvent
à discréditer volontairement la position de l'Église, à la travestir ou à
rester silencieux. Le discours dominant cherche sans cesse à présenter
l'idée d'une Église arriérée et médiévale - quelle ignorance sur le Moyen
Âge ! - qui refuserait de s'adapter à l'évolution du monde, hostile aux
découvertes scientifiques et crispée sur de vieux idéaux. Face à ces
torrents de boue, il faut être ferme et lucide, ne pas faire preuve de
naïveté, être irréprochable, prier et rester en union avec Dieu. Les
attaques passeront si elles sont injustes.
Comment ne pas remercier Paul VI pour le courage qui fut le
sien avec l'encyclique
Humanae vitae ? Ce texte fut prophétique en développant une
morale qui puisse défendre la vie. Malgré des pressions multiples au sein
même de l'Église, le pape voyait se dessiner l'horizon funeste de ce que
Jean-Paul II nomma « la culture de mort ». Je n'oublie pas les violentes
critiques dont il fut l'objet en refusant d'abdiquer les principes
élémentaires de la vie. A sa suite, Jean-Paul II a prodigué un enseignement
très riche sur le corps humain et la sexualité. Malgré le respect dont il
faisait l'objet, en particulier après ses interventions décisives pour
libérer les peuples d'Europe de l'Est du joug de la dictature communiste,
combien de critiques acerbes ne se sont-elles pas élevées contre sa vision
de la morale ? Il avait pourtant compris que l'Église ne devait pas baisser
les bras. Par sa fermeté, il obéissait à Jésus qui a dit à Pierre : « Et
toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 21, 32).
Je crois que l'histoire donnera raison
à l'Eglise, car la défense de la vie est celle de l'humanité. Aujourd'hui, tant d'organisations
et de groupes font profession de libération de la femme pour qu'elle soit
maîtresse de son corps et de son destin... En fait, le corps de la femme est
exploité, utilisé dans de nombreuses circonstances, souvent à des fins
commerciales et publicitaires, pour n'être plus qu'une simple marchandise et
un objet de jouissance. Dans une société
hyper érotisée, qui cherche à
faire croire que l'homme ne se réalise pleinement qu'à travers une «
sexualité épanouie », il me semble que la dignité de la femme connaît de
grandes régressions. L'Occident est le continent qui humilie et méprise le
plus honteusement la femme en la dénudant publiquement et en l'utilisant
pour des fins commerciales hédonistes.
Mais il faut se réjouir de ce que beaucoup de femmes puissent accéder à une
éducation supérieure. De même, le droit de vote ne leur a été accordé que
trop tardivement en Europe. Il est important aussi que la femme puisse
exercer un travail compatible avec la maternité.
Pourtant, l'Occident se fourvoie dans ses illusions en croyant que le
libéralisme moral permet un progrès de la civilisation ; comment prétendre
que la pornographie en libre accès, au travers des nouveaux moyens de
communication, et dont la vision abjecte de la sexualité — pourtant sainte
en soi — se diffuse dans toute la société, y compris auprès des plus jeunes,
soit l'exemple d'une avancée du monde ? Comment comprendre que les grandes
agences onusiennes qui disent lutter pour les droits de l'homme ne se
battent pas avec vigueur contre la puissante industrie européenne et
américaine du sexe ? Toutes ces ténèbres sont l'expression d'un monde qui
vit loin du Christ. Sans le Fils de Dieu, l'homme est perdu et l'humanité ne
possède plus d'avenir.
Aujourd'hui, l'Église doit combattre à contre-courant, avec courage et
espérance, sans craindre d'élever la voix pour dénoncer les tartuffes, les
manipulateurs et les faux prophètes. En deux mille ans, l'Église a affronté
bien des vents contraires, mais au bout des chemins les plus arides, la
victoire fut toujours acquise.
Vous considérez donc que le monde se laisse hypnotiser
par le modèle occidental ?
Au risque de choquer, je pense que le colonialisme occidental se poursuit
aujourd'hui, en Afrique et en Asie, avec plus de vigueur et de perversion,
par l'imposition violente d'une fausse morale et de valeurs mensongères. Je
ne nie pas que la civilisation européenne ait pu apporter de grands
bienfaits, en particulier avec ses missionnaires qui furent souvent de
grands saints. Elle a répandu partout la parole des Évangiles, ainsi que de
belles expressions culturelles façonnées par le christianisme.
C'est avec raison que Benoît XVI souligne, dans
ses derniers vœux à la Curie, que « l'identité européenne se manifeste dans le mariage et la
famille. Le mariage monogamique, la structure fondamentale de la relation
entre l'épouse et l'époux, ainsi que la famille conçue comme cellule de
formation pour la communauté sociale, voilà ce qui fut modelé à partir de la
foi biblique ». À l'inverse, il existe des tentatives répétées pour
implanter une nouvelle culture qui nie l'héritage chrétien. (1) Cardinal
Joseph Ratzinger, L’Europe, ses fondements aujourd’hui et demain, Éditions
Saint-Augustin, 2005, p. 34-35.
Concernant mon continent d'origine, je veux dénoncer avec force une volonté
d'imposer de fausses valeurs en utilisant des arguments politiques et
financiers. Dans certains pays africains, des ministères dédiés à la théorie
du genre ont été créés en échange de soutiens économiques ! Quelques
gouvernements africains, heureusement minoritaires, ont déjà cédé aux
pressions en faveur d'un accès universel aux droits sexuels et reproductifs.
Nous constatons avec une grande souffrance que la santé reproductive est
devenue une « norme » politique mondiale, contenant ce que l'Occident a de
plus pervers à offrir au reste du monde en quête de développement intégral.
Comment des chefs d'États occidentaux peuvent-ils exercer une telle pression
sur leurs homologues de pays souvent fragiles ? L'idéologie du genre est
devenue la condition perverse pour la coopération et le développement.
En Occident, des personnes homosexuelles réclament que leur vie commune soit
juridiquement reconnue, pour être assimilée au mariage ; faisant écho à
leurs revendications, des organisations exercent de fortes pressions pour
que ce modèle soit aussi reconnu par les gouvernements africains au titre du
respect des droits humains. Dans ce cas précis, nous sortons, à mon sens, de
l'histoire morale de l'humanité. Dans d'autres cas, j'ai pu constater
l'existence de programmes internationaux qui imposent l'avortement et la
stérilisation des femmes.
Ces politiques sont d'autant plus hideuses que la plus grande partie des
populations africaines sont sans défense, à la merci d'idéologues
occidentaux fanatiques. Les pauvres demandent un peu d'aide, et des hommes
sont suffisamment cruels pour empoisonner leur esprit. L'Afrique et l'Asie
doivent absolument protéger leurs cultures et leurs valeurs propres. Les
agences internationales n'ont en fait aucun droit de pratiquer ce nouveau
colonialisme malthusien et brutal. Par ignorance ou complicité, les
gouvernements africains et asiatiques seraient coupables de laisser
euthanasier leurs peuples. L'humanité perdrait beaucoup si ces continents
venaient à tomber dans le grand magma indistinct du mondialisme, tourné vers
un idéal inhumain qui est en fait une hideuse barbarie oligarchique.
Le Saint-Siège doit jouer son rôle. Nous ne pouvons accepter la propagande
et les groupes de pression des lobbies LGBT — lesbiens, gays, bisexuels et
transgenres. Le processus est d'autant plus inquiétant qu'il est rapide et
récent. Pourquoi cette volonté forcenée d'imposer la théorie du genre ? Une
vision anthropologique inconnue il y a quelques années, fruit de l'étrange
pensée de quelques sociologues et écrivains, comme Michel Foucault,
deviendrait le nouvel eldorado du monde ? Il n'est pas possible de rester
inerte devant une telle supercherie, immorale et démoniaque.
Le pape François a raison de critiquer l'action du démon qui œuvre pour
saper les fondements de la civilisation chrétienne. Derrière la nouvelle
vision prométhéenne de l'Afrique ou de l'Asie, il y a la marque du diable.
Les premiers ennemis des personnes homosexuelles, ce sont les lobbies LGBT.
C'est une grave erreur que de réduire un individu à ses comportements,
notamment sexuels. La nature finit toujours par se venger.
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Fiducia supplicans : Cardinal Sarah : On s’oppose à une hérésie qui mine
gravement l’Église
Suite :
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Le combat de Jean-Paul II contre l'avortement
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Le combat pour la pérennité des racines de l'humanité
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien" - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M
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(E.S.M.) 20.02.2024
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