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Fiducia supplicans : Cardinal Sarah : On s’oppose à une hérésie qui
mine gravement l’Église
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Le 08 janvier 2024 -
E.S.M.
- Le cardinal Robert Sarah a confié à Settimo
Cielo la réflexion qui va suivre sur l’état actuel de
confusion dans l’Église, avec un « scandale des petits »
encore aggravé par la récente déclaration du Dicastère
pour la doctrine de la foi « Fiducia supplicans », un
scandale dont, comme l’a dit Jésus, seule « la vérité
nous rendra libres ». Sandro Magister
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Cardinal Sarah -
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« Fiducia supplicans ». Le cardinal Sarah : « On s’oppose à une hérésie qui
mine gravement l’Église »
Le 08 janvier 2024 -
E.S.M. -
(s.m.) Le cardinal Robert Sarah a confié à Settimo Cielo la
réflexion qui va suivre sur l’état actuel de confusion dans
l’Église, avec un « scandale des petits » encore aggravé par la
récente déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi « Fiducia
supplicans », un scandale dont, comme l’a dit Jésus, seule « la
vérité nous rendra libres » (Jn 8, 32).
Âgé de 78 ans, le cardinal Robert Sarah est né et a grandi en Guinée, il
a fait ses études de théologie à Rome et ses études bibliques à Jérusalem,
il a été curé dans un village de la savane puis évêque de Conakry, la
capitale, où il a été un défenseur infatigable de la liberté religieuse et
civile sous une dictature implacable, allant jusqu’à risquer sa propre vie.
Appelé à Rome en 2001 par Jean-Paul II comme secrétaire de la
Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il a été créé cardinal en
2010 par Benoît XVI, qui l’a nommé président du conseil pontifical « Cor
Unum », pour soutenir les populations en détresse. Le 23 novembre 2014, le
Pape François l’a nommé préfet de la Congrégation pour le culte divin et la
discipline des sacrements, une charge dont il a été congédié le 20 février
2021.
Robert Sarah est l’un des cinq cardinaux qui ont signé les « dubia »
présentés au Pape l’été dernier, recevant des réponses qu’ils furent les
premiers à trouver élusives.
Il est l’auteur de nombreux
ouvrages parus en plusieurs langues, à l’impact spirituel majeur, et
c’est l’une des personnalités les plus importantes de l’Église africaine, à
laquelle il donne voix dans ce texte.
* MESSAGE DE NOËL
par Robert Sarah
Rome, le 6 janvier 2024, en la fête de l’Epiphanie du Seigneur
A Noël, le Prince de la Paix s’est fait homme pour nous. A tout homme de
bonne volonté, il apporte la paix qui vient du Ciel. « Je vous laisse la
paix, je vous donne ma paix, mais ce n’est pas à la manière du monde que je
vous la donne » (Jean 14, 27). La paix que Jésus nous apporte n’est pas un
nuage creux, elle n’est pas la paix mondaine qui n’est souvent qu’un
compromis ambigu, négocié entre les intérêts et les mensonges des uns et des
autres. La paix de Dieu est vérité. « La vérité est la force de la paix
parce qu’elle révèle et opère l’unité de l’homme avec Dieu, avec lui-même,
avec les autres. La vérité affermit la paix et construit la paix »,
enseignait saint Jean-Paul II [1]. La Vérité faite chair est venue habiter
au milieu des hommes. Sa lumière ne trouble pas. Sa parole ne sème pas la
confusion et le désordre, mais elle révèle la réalité de toute chose. Il EST
la vérité et par conséquent il est « signe de contradiction » et « dévoile
les pensées d’un grand nombre de cœurs » (Luc 2, 34).
La vérité est la première des miséricordes que Jésus offre au pécheur.
Saurons-nous à notre tour faire œuvre de miséricorde dans la vérité ? Le
risque est grand pour nous de chercher la paix du monde, la popularité
mondaine qui s’achète au prix du mensonge, de l’ambiguïté et du silence
complice.
Cette paix du monde est fausse et superficielle. Car le mensonge, la
compromission et la confusion engendrent la division, le soupçon et la
guerre entre frères. Le Pape François le rappelait il y a peu : « Diable
signifie “diviseur”. Le diable veut toujours créer la division. » [2] Le
diable divise parce que « il n’y a pas de vérité en lui : quand il profère
le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père
du mensonge » (Jean 8, 44).
Précisément, la confusion, le manque de clarté et de vérité et la
division ont troublé et assombri la fête de Noël cette année. Certains
médias prétendent que l’Eglise catholique encouragerait la bénédiction des
unions de personnes du même sexe. Ils mentent. Ils font l’œuvre du diviseur.
Certains évêques vont dans le même sens, ils sèment le doute et le scandale
dans les âmes de foi en prétendant bénir les unions homosexuelles comme si
elles étaient légitimes, conformes à la nature créée par Dieu, comme si
elles pouvaient conduire à la sainteté et au bonheur humain. Ils ne font
qu’engendrer erreur, scandale, doutes et déceptions. Ces Evêques ignorent ou
oublient l’avertissement sévère de Jésus contre ceux qui scandalisent les
petits : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il
vaudrait mieux qu’on lui suspende au cou une meule de moulin et qu’on le
jette au fond de la mer » (Mt 18, 6). Une récente déclaration du Dicastère
pour la Doctrine de la Foi, publiée avec l’approbation du Pape François, n’a
pas su corriger ces erreurs et faire œuvre de vérité. Bien plus, par son
manque de clarté, elle n’a fait qu’amplifier le trouble qui règne dans les
cœurs et certains s’en sont même emparé pour appuyer leur tentative de
manipulation.
Que faire face à la confusion qu’a semée le diviseur jusqu’au sein de
l’Eglise ? : « On ne discute pas avec le diable ! -disait le Pape François.
On ne négocie pas, on ne dialogue pas ; on ne le vainc pas en négociant avec
lui. Nous vainquons le diable en lui opposant avec foi la Parole divine.
Ainsi, Jésus nous apprend à défendre l’unité avec Dieu et entre nous contre
les attaques du diviseur. La Parole divine est la réponse de Jésus à la
tentation du diable. » [3] Dans la logique de cet enseignement du Pape
François, nous aussi, ne discutons pas avec le diviseur. N’entrons pas en
discussion avec la Déclaration “Fiducia
supplicans”, ni avec les diverses
récupérations que l’on a vu se multiplier. Répondons simplement par la
Parole de Dieu et par le Magistère et l’enseignement traditionnel de
l’Eglise.
Pour garder la paix et l’unité dans la vérité, osons refuser de discuter
avec le diviseur, osons répondre à la confusion par la parole de Dieu. Car «
vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun
glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme
et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les
sentiments et les pensées du cœur » (He 4,12).
Comme Jésus face à la samaritaine osons dire la vérité. «
Tu as raison de
dire : je n’ai point de mari car tu as eu cinq maris et celui que tu as
maintenant n’est pas ton mari. En cela tu dis vrai. » (Jean 4, 18) Que dire
à des personnes engagées dans des unions homosexuelles ? Comme Jésus, osons
la première des miséricordes : la vérité objective des actes.
Avec le Catéchisme de l’Eglise catholique (2357), nous pouvons donc
affirmer : « L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des
femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante,
envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à
travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement
inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des
dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1,
10), la Tradition a toujours déclaré que « les actes d’homosexualité sont
intrinsèquement désordonnés » (CDF, décl. “Persona humana” 8). Ils sont
contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie.
Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable.
Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas. »
Toute approche pastorale qui ne rappellerait pas cette vérité objective
manquerait à la première œuvre de miséricorde qui est le don de la vérité.
Cette objectivité de la vérité n’est pas contraire avec l’attention portée à
l’intention subjective des personnes. Mais l’enseignement magistral et
définitif de saint Jean-Paul II doit être ici rappelé :
« Il convient de considérer avec attention le rapport exact qui existe
entre la liberté et la nature humaine et, en particulier, la place du corps
humain du point de vue de la loi naturelle. (…)
« La personne, comprenant son corps, est entièrement confiée à elle-même,
et c’est dans l’unité de l’âme et du corps qu’elle est le sujet de ses actes
moraux. Grâce à la lumière de la raison et au soutien de la vertu, la
personne découvre en son corps les signes annonciateurs, l’expression et la
promesse du don de soi, en conformité avec le sage dessein du Créateur. (…)
« Une doctrine qui dissocie l’acte moral des dimensions corporelles de son
exercice est contraire aux enseignements de la Sainte Ecriture et de la
Tradition : une telle doctrine fait revivre, sous des formes nouvelles,
certaines erreurs anciennes que l’Eglise a toujours combattues, car elles
réduisent la personne humaine à une liberté ‘spirituelle’ purement formelle.
Cette réduction méconnaît la signification morale du corps et des
comportements qui s’y rattachent (cf. 1 Co 6, 19). L’Apôtre Paul déclare que
n’hériteront du Royaume de Dieu ‘ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères,
ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus
qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces’ (1 Co 6, 9-10). Cette condamnation,
formellement exprimée par le Concile de Trente met au nombre des ‘péchés
mortels’, ou des ‘pratiques infâmes’, certains comportements spécifiques
dont l’acceptation volontaire empêche les croyants d’avoir part à l’héritage
promis. En effet, le corps et l’âme sont indissociables : dans la personne,
dans l’agent volontaire et dans l’acte délibéré, ils demeurent ou se perdent
ensemble. » (“Veritatis
Splendor” 48-49)
Mais un disciple de Jésus ne saurait s’en tenir là. Face à la femme
adultère, Jésus fait œuvre de pardon dans la vérité : « Moi non plus je ne
te condamne pas, va et désormais ne pêche plus. » (Jean 8, 11) Il offre un
chemin de conversion, de vie dans la vérité.
La Déclaration “Fiducia
supplicans” écrit que la bénédiction est au
contraire destinée aux personnes qui « demandent que tout ce qui est vrai,
bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit
investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint » (n. 31). Mais
qu’y a-t-il de bon, de vrai et d’humainement valable dans une relation
homosexuelle, définie par les Saintes Ecritures et la Tradition comme une
dépravation grave et « intrinsèquement désordonnée » ? Comment un tel écrit
peut-il correspondre au Livre de la Sagesse qui affirme : « Les pensées
tortueuses éloignent de Dieu, et, mise à l’épreuve, la Puissance confond les
insensés. Non, la Sagesse n’entre pas dans une âme malfaisante, elle
n’habite pas dans un corps tributaire du péché. Car l’Esprit Saint,
l’éducateur, fuit la fourberie » (Sg 1,3-5). L’unique chose à demander aux
personnes qui vivent une relation contre nature, c’est de se convertir et de
se conformer à la Parole de Dieu.
Avec le Catéchisme de l’Eglise catholique (2358-2359), nous pouvons
préciser davantage en disant : « Un nombre non négligeable d’hommes et de
femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension,
objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une
épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et
délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste.
Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et
si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les
difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition. Les
personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de
maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien
d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles
peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la
perfection chrétienne. »
Comme le rappelait Benoît XVI, « en tant qu’êtres humains, les personnes
homosexuelles méritent le respect (…) ; elles ne doivent pas être rejetés à
cause de cela. Le respect de l’être humain est tout à fait fondamental et
décisif. Mais cela ne signifie pas que l’homosexualité soit juste pour
autant. Elle reste quelque chose qui s’oppose radicalement à l’essence même
de ce que Dieu a voulu à l’origine. »
La Parole de Dieu transmise par la Sainte Ecriture et la Tradition est
donc le seul fondement solide, le seul fondement de vérité sur lequel chaque
Conférence épiscopale doit pouvoir bâtir une pastorale de miséricorde et de
vérité envers les personnes homosexuelles. Le Catéchisme de l’Eglise
Catholique nous en offre une puissante synthèse, il répond au désir du
Concile Vatican II « d’amener tous les hommes, par le resplendissement de la
vérité de l’Evangile, à rechercher et à recevoir l’amour du Christ qui est
au-dessus de tout. » [4]
Il me faut remercier les Conférences
épiscopales qui ont déjà fait ce travail de vérité en particulier celles du
Cameroun, du Tchad, du Nigéria, etc., dont je partage et fais miennes les
décisions et l’opposition ferme à la Déclaration “Fiducia
supplicans”. Il faut encourager les autres
Conférences Episcopales nationales ou régionales et chaque évêque à faire de
même. Faisant ainsi, on ne s’oppose pas au Pape François, mais on s’oppose
fermement et radicalement à une hérésie qui mine gravement l’Eglise, Corps
du Christ, parce que contraire à la foi catholique et à la Tradition.
Benoit XVI soulignait que «
la notion de “mariage homosexuel” est en
contradiction avec toutes les cultures de l’humanité qui se sont succédé
jusqu’à ce jour et signifie donc une révolution culturelle qui s’oppose à
toute la tradition de l’humanité jusqu’à ce jour ». Je crois que l’Eglise
d’Afrique en a une très vive conscience. Elle n’oublie pas la mission
essentielle que les derniers Papes lui ont confiée. Le Pape Paul VI,
s’adressant aux Evêques africains réunis à Kampala, en 1969, a déclaré : «
Nova Patria Christi Africa : La Nouvelle Patrie du Christ, c’est l’Afrique
». Le Pape Benoît XVI a, à deux reprises, confié à l’Afrique une mission
énorme : celle d’être le poumon spirituel de l’humanité à cause des
richesses humaines et spirituelles inouïes de ses enfants, de ses cultures.
Il disait dans son
homélie du 4 octobre 2009 : « L’Afrique représente un
immense « poumon » spirituel, pour une humanité qui semble en crise de foi
et d’espérance. Mais ce « poumon » peut aussi tomber malade. Et, à l’heure
actuelle, au moins deux pathologies dangereuses sont en train de l’attaquer
: avant tout, une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir
le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste […]
Le soi-disant « premier » monde a parfois exporté et continue d’exporter des
déchets spirituels toxiques qui contaminent les populations des autres
continents, parmi lesquels justement les populations africaines » [5].
Jean-Paul II a rappelé aux Africains qu’ils doivent participer à la
souffrance et à la Passion du Christ pour le salut de l’humanité, « car le
nom de chaque africain est inscrit sur les Paumes crucifiées du Christ »
[6].
Sa mission providentielle aujourd’hui est peut-être de rappeler à
l’Occident que l’homme n’est rien sans la femme, la femme n’est rien sans
l’homme et les deux ne sont rien sans ce troisième élément qu’est l’enfant.
Saint Paul VI avait souligné « l’apport irremplaçable des valeurs
traditionnelles de ce continent : la vision spirituelle de la vie, le
respect pour la dignité humaine, le sens de la famille et de la communauté »
(“Africae terrarum” 8-12). L’Eglise en Afrique vit de cet héritage. A cause
du Christ et par la fidélité à son enseignement et à sa leçon de vie, il lui
est impossible d’accepter des idéologies inhumaines promues par un Occident
déchristianisé et décadent.
L’Afrique a une conscience vive du nécessaire respect de la nature créée
par Dieu. Il ne s’agit pas d’ouverture d’esprit et de progrès sociétal comme
le prétendent les médias occidentaux. Il s’agit de savoir si nos corps
sexués sont le don de la sagesse du Créateur ou bien une réalité sans
signification, voire artificielle. Mais ici encore Benoît XVI nous avertit :
« Lorsque l’on renonce à l’idée de la création, on renonce à la grandeur de
l’homme. » L’Eglise d’Afrique a porté avec force la défense de la dignité de
l’homme et de la femme créés par Dieu au dernier synode. Sa voix est souvent
ignorée, méprisée ou considérée comme excessive par ceux qui n’ont pour
unique obsession que de complaire aux lobbys occidentaux.
L’Eglise d’Afrique est la voix des pauvres, des simples et des petits.
Elle est chargée de clamer la Parole de Dieu face à des chrétiens d’Occident
qui, parce qu’ils sont riches, dotés de compétences multiples en
philosophie, en sciences théologiques, bibliques, canoniques, se croient
évolués, modernes et sages de la sagesse du monde. Mais « la folie de Dieu
est plus sage que les hommes » (1Cor 1, 25). Il n’est donc pas surprenant
que les évêques d’Afrique, dans leur pauvreté, soient aujourd’hui les héraults
de cette vérité divine face à la puissance et à la richesse de certains
épiscopats d’Occident. Car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que
Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le
monde, voilà que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort. Ce qui dans
le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a
choisi ; ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi pour réduire à rien ce
qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu » (1Cor 1,
27-28). Mais osera-t-on les écouter lors de la prochaine session du Synode
sur la synodalité ? Ou doit-on croire que, malgré les promesses d’écoute et
de respect, il ne sera tenu aucun compte de leurs avertissements comme on le
voit aujourd’hui ? « Méfiez-vous des hommes » (Mt 10, 22), dit le
Seigneur Jésus, car toute cette confusion, suscitée par la Déclaration “Fiducia
supplicans”, pourrait réapparaître sous d’autres formulations plus
subtiles et plus cachées à la seconde Session du Synode sur la synodalité,
en 2024, ou dans le texte de ceux qui aident le Saint-Père à rédiger
l’Exhortation Apostolique Post-synodale. Satan n’a-t-il pas tenté le
Seigneur Jésus par trois fois ? Il nous faudra être vigilants avec les
manipulations et les projets que certains préparent déjà pour cette
prochaine session du Synode.
Chaque successeur des apôtres doit oser prendre au sérieux les paroles de
Jésus : « Que votre parole soit oui si c’est oui, non si c’est non. Tout ce
qu’on ajoute vient du Mauvais » (Mt 5, 35). Le Catéchisme de l’Eglise
catholique nous donne l’exemple d’une telle parole claire, tranchante et
courageuse. Toute autre voie serait immanquablement tronquée, ambiguë et
trompeuse. Nous entendons en ce moment tant de discours si subtils et
contournés qu’ils finissent par tomber sous cette malédiction prononcée par
Jésus : « Tout le reste vient du Mauvais ». On invente de nouveaux sens aux
mots, on contredit, on falsifie l’Ecriture en affirmant y être fidèle. On
finit par ne plus servir la vérité.
Aussi, permettez-moi de ne pas tomber dans de vaines arguties à propos du
sens du mot bénédiction. Il est évident que l’on peut prier pour le pécheur,
il est évident que l’on peut demander à Dieu sa conversion. Il est évident
que l’on peut bénir l’homme qui, peu à peu, se tourne vers Dieu pour
demander humblement une grâce de changement vrai et radical de sa vie. La
prière de l’Eglise n’est refusée à personne. Mais elle ne peut jamais être
détournée pour devenir une légitimation du péché, de la structure de péché
ou même de l’occasion prochaine du péché. Le cœur contrit et pénitent, même
s’il est encore loin de la sainteté, doit être béni. Mais souvenons-nous
que, devant le refus de conversion et l’endurcissement, nulle parole de
bénédiction ne sort de la bouche de saint Paul mais plutôt cet avertissement
: « Avec ton cœur endurci, qui ne veut pas se convertir, tu accumules la
colère contre toi pour ce jour de colère, où sera révélé le juste jugement
de Dieu, lui qui rendra à chacun selon ses œuvres » (Rm 2, 5-6).
Il nous appartient d’être fidèles à celui qui nous a dit : «
Je suis venu
dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque
appartient à la vérité écoute ma voix » (Jean 18, 37). Il nous appartient
comme évêques, comme prêtres, comme baptisés de rendre témoignage à notre
tour à la vérité. Si nous n’osons pas être fidèles à la parole de Dieu, non
seulement nous le trahissons, mais nous trahissons aussi ceux auxquelles
nous nous adressons. La liberté que nous avons à apporter aux personnes
vivant au sein d’unions homosexuelles réside dans la vérité de la parole de
Dieu. Comment oserions-nous leur faire croire qu’il serait bon et voulu par
Dieu qu’elles demeurent dans la prison de leur péché ? « Si vous demeurez
fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, alors vous connaitrez
la vérité et la vérité vous rendra libres » (Jean 8, 31-32).
N’ayons donc pas peur si nous ne sommes pas compris et approuvés par le
monde. Jésus nous l’a dit : « le monde me hait parce que je rends témoignage
que ses œuvres sont mauvaises » (Jean 7, 7). Seuls ceux qui appartiennent à
la vérité peuvent entendre sa voix. Il ne nous appartient pas d’être
approuvés et de faire l’unanimité.
Souvenons-nous du grave avertissement du Pape François au seuil de son
pontificat : « Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier
de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne
va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non pas l’Église, Épouse
du Seigneur… Quand on n’édifie pas sur les pierres qu’est ce qui arrive ? Il
arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils font des châteaux de
sable, tout s’écroule, c’est sans consistance. Quand on ne confesse pas
Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : « Celui qui ne prie pas le
Seigneur, prie le diable ». Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on
confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon » (14 mars 2013).
Un mot du Christ nous jugera : «
Celui qui est de Dieu écoute les paroles
de Dieu. Et vous, si vous n’écoutez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu »
(Jean 8, 47).
[1] Jean-Paul II, Message pour la journée internationale de la paix, 1
janvier 1980.
[2] Pape François, Angelus du 26 février 2023.
[3] Angelus du 26 février 2023
[4] Jean-Paul II, Constitution apostolique “Fidei depositum”.
[5] Benoît XVI, Homélie prononcée à l’ouverture de la IIème Assemblée
spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, le 4 octobre 2009. Il
reprendra la même expression « l’Afrique, poumon spirituel de l’humanité »
dans “Africae munus”, n. 13.
[6] Jean-Paul II, “Ecclesia
in Africa”, n. 143.
Sandro Magister est vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03801.2024
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