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Le combat de Jean-Paul II contre
l'avortement
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Le 06 février 2024 -
E.S.M.
- Le cardinal s'exprime sur le combat de Jean-Paul
II contre cette « culture de mort », l'avortement, qui
est malheureusement toujours aussi actuel. Si nous ne
sortons pas de la culture de mort, l'humanité court à sa
perte. La loi pour l'avortement prend le prétexte
d'un droit à la liberté individuelle pour donner à
l'homme la possibilité de tuer son prochain.
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Saint Jean Paul II -
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Le combat de Jean-Paul II contre
cette « culture de mort »
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vous, ?
CARDINAL ROBERT SARAH : Au début des années 1990, le pape, voyant les peuples
d'Europe de l'Est s'enfoncer peu à peu dans l'oppression du matérialisme et
du relativisme moral, plus sournoise encore que l'idéologie soviétique, a
lancé une grande lutte. Jean-Paul II avait compris que les nouvelles
atteintes à la vie devenaient un véritable système social, un esclavagisme
rampant. Je crois que l'idéologie malthusienne est toujours aussi puissante
[N.D.L.R. : Le malthusianisme désigne une réduction de la
natalité, soit planifiée par une autorité (une politique malthusienne), soit
adoptée par une population (un comportement malthusien). Le terme dérive des
travaux de l'économiste britannique Thomas
Malthus (1766–1834).]; son idée demeure, et son programme d'action
est de promouvoir des politiques antinatalistes dans de nombreux pays
pauvres. De même, les statistiques internationales sur les avortements sont
effrayantes. Dans le monde, en 2014, environ une grossesse sur quatre est
interrompue volontairement. Cela représente un peu plus de
40 millions d'avortements dans une seule année.
Ce chiffre est d'autant plus impressionnant que le droit à l'avortement,
c'est-à-dire le permis légal de tuer un bébé innocent, demeure heureusement
très limité dans les trois quarts des pays.
Lors du synode extraordinaire sur la famille, en octobre 2014, Mgr Paul Bui
Van Doc, archevêque de Hô Chi Minh-Ville, nous a expliqué que le cas le plus
dramatique au monde était le Vietnam. En effet, ce pays pratique 1 600 000
avortements par an, dont 300 000 chez les jeunes de quinze à dix-neuf ans.
Il s'agit d'une vraie catastrophe pour le pays.
En France, 220 000 interruptions volontaires de grossesse sont pratiquées
chaque année, soit un avortement pour trois naissances.
Il y a une guerre déclarée contre la vie, avec des moyens financiers
gigantesques. Comment concevoir que tant d'enfants sans défense soient
éliminés dans le sein de leur mère sous prétexte d'un droit de la femme à la
liberté de son corps ? La dignité de la femme est un noble et grand combat
mais il ne passe pas par le meurtre des enfants à naître. Jean-Paul II avait
compris que de généreuses intentions cachaient un véritable programme de
lutte contre la vie. En Afrique, quand je vois les sommes faramineuses qui
sont promises par la Fondation Bill et Melinda Gâtes, visant à augmenter
exponentiellement l'accès à la contraception aux filles non mariées et aux
femmes, ouvrant ainsi la voie à l'avortement, je ne peux que m'insurger face
à une volonté de mort.
Quelles sont les motivations cachées de ces campagnes de grande ampleur qui
aboutiront à des dizaines de milliers de morts ? Y aurait-il une
planification bien étudiée pour éliminer les pauvres en Afrique et ailleurs
? Dieu et l'histoire nous le diront un jour.
Aujourd'hui, le nouveau combat idéologique de la postmodernité occidentale
est devenu l'euthanasie. Lorsqu'une personne semble avoir fini sa course sur
cette terre, sous couvert de soulager sa souffrance, certaines organisations
considèrent qu'il vaut mieux lui donner la mort. En Belgique, ce droit, qui
n'en est pas un, vient d'être étendu aux mineurs ! En prétextant aider un
enfant qui souffre, il est possible de lui donner froidement la mort. Les
tenants de l'euthanasie veulent ignorer que les soins palliatifs sont
aujourd'hui parfaitement adaptés pour ceux qui n'ont plus d'espoir de
guérison ; la mort glaciale et brutale est devenue l'unique réponse.
L'euthanasie est le marqueur le plus aigu d'une société sans Dieu,
infrahumaine, qui a perdu l'espoir. Je reste stupéfait de voir à quel point
ceux qui propagent cette culture se drapent dans une bonne conscience, en se
donnant les allures faciles de héros d'une humanité nouvelle. Par une sorte
d'étrange inversion des rôles, les hommes qui luttent pour la vie deviennent
des monstres à abattre, des barbares d'un autre temps qui refusent le
progrès. Avec l'aide des médias, les loups font croire qu'ils sont de
généreux agneaux aux côtés des plus faibles ! Mais le plan des promoteurs de
l'avortement, de l'euthanasie et de toutes les atteintes à la dignité de
l'homme n'en est que plus dangereux.
Si nous ne sortons pas de la culture de mort, l'humanité court à sa perte.
En ce début du troisième millénaire, la destruction de la vie n'est plus un
fait de barbarie mais un progrès de la civilisation ; la loi prend le
prétexte d'un droit à la liberté individuelle pour donner à l'homme la
possibilité de tuer son prochain. Le monde pourrait devenir un véritable
enfer. Il ne s'agit plus d'une décadence, mais d'une dictature de l'horreur,
d'un génocide programmé dont sont coupables les puissances occidentales. Cet
acharnement contre la vie représente une nouvelle étape, déterminante, dans
l'acharnement contre le plan de Dieu. Pourtant, dans tous mes voyages, je
constate un réveil des consciences. Les jeunes chrétiens d'Amérique du Nord
montent progressivement au front pour repousser la culture de mort. Dieu ne
s'est pas endormi, II est vraiment avec ceux qui défendent la vie !
Pensez-vous que Jean-Paul II a été un prophète ?
Les saints sont tous des prophètes. Ils nous transmettent fidèlement la
vision, la volonté, l'amour et l'espérance de Dieu pour l'homme. Ce pape
extraordinaire est aujourd'hui inscrit parmi les saints de l'Église. Mais je
pense que nous n'avons pas fini de comprendre à quel point il a été un
visionnaire. La manière dont Jean-Paul II a érigé en priorité de son
pontificat la sacralité et l'inviolabilité de la vie ouvre un immense
chemin, au-delà de sa présence parmi nous. Il n'a fait que rappeler la
sainte loi de Dieu : « Tu ne tueras pas » ; en même temps, la grandeur
simple de ses mots, son pouvoir de conviction ont été libérateurs pour ceux
qui voyaient les ténèbres avancer.
L'exclamation « N'ayez pas peur » est le plus beau prolongement dont Paul VI
pouvait rêver, lui qui a tant souffert des critiques qui se sont déversées
comme un torrent de haine après son encyclique
Humanae vitae. Jean-Paul II
n'avait que faire des objections sirupeuses des tenants d'un humanisme
antichrétien. Il entendait semer des graines qui permettraient de donner
naissance à une nouvelle culture. Ce pape a eu une perception d'autant plus
aiguë des problèmes qu'il avait lui-même vécu dans sa chair les atteintes
aux droits les plus fondamentaux. À travers les dictatures nazies et
communistes, il possédait une connaissance personnelle du véritable combat
pour la liberté humaine. Voilà pourquoi il ne pouvait accepter que les
tenants de la culture de mort se cachent derrière les paravents d'une fausse
promotion des droits de l'homme pour faire avancer leurs plans destructeurs.
En 1995, dans
Evangelium vitae, il écrivait : « On en arrive ainsi à un
tournant aux conséquences tragiques dans un long processus historique qui,
après la découverte de l'idée des "droits humains" — comme droits innés de
toute personne, antérieurs à toute constitution et à toute législation des
États -, se trouve aujourd'hui devant une contradiction surprenante : en un
temps où l'on proclame solennellement les droits inviolables de la personne
et où l'on affirme publiquement la valeur de la vie, le droit à la vie
lui-même est pratiquement dénié et violé, spécialement en ces moments les
plus significatifs de l'existence que sont la naissance et la mort. »
Jean-Paul II a voulu dénoncer la schizophrénie de notre monde qui maquille
des situations abominables de bons sentiments. Il savait que l'époque
verrait se multiplier les faux prophètes, les stratèges du mal et les devins
d'un futur sans espérance ; mais Karol Wojtyla ne cherchait pas à être un
héros car il était simplement un messager de Dieu. En France, les
manifestations de grande ampleur qui se sont multipliées pour protester
contre la mise en place d'un mariage mensonger entre personnes de même sexe
sont aussi une réponse à l'appel lancé par Jean-Paul II au Bourget, le 1er
juin 1980, lors de son premier voyage en France : « Aujourd'hui, dans la
capitale de l'histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui
constituent votre titre de fierté : Fille aînée de l'Eglise. [...] Il
n'existe qu'un seul problème, celui de notre fidélité à l'Alliance avec la
Sagesse éternelle, qui est source d'une vraie culture, c'est-à-dire de la
croissance de l'homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre
baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Alors permettez-moi de
vous interroger : France, Fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux
promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander : France, Fille
aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de
l'homme, à l'Alliance avec la Sagesse éternelle ? Pardonnez-moi cette
question. Je l'ai posée comme le fait le ministre au moment du Baptême. Je
l'ai posée par sollicitude pour l'Église dont je suis le premier prêtre et
le premier serviteur, et par amour pour l'homme dont la grandeur définitive
est en Dieu, Père, Fils et Esprit. » Le pape venu de Pologne a réveillé
l'esprit révolutionnaire des saints qui ont jalonné toute l'histoire de la
France.
Dans de nombreux discours, et dans ce livre, vous dénoncez explicitement la
théorie du genre. Pourquoi cette insistance répétée ?
La philosophie africaine affirme : « L'homme n'est rien sans la femme, la
femme n'est rien sans l'homme, et les deux ne sont rien sans un troisième
élément qui est l'enfant. » Fondamentalement, la vision africaine de l'homme
est trinitaire. Il y a en chacun de nous quelque chose de divin ; Dieu un et
trine nous habite et imprègne tout notre être.
Selon l'idéologie du genre, il n'existe pas de différence ontologique entre
l'homme et la femme. Les identités masculine et féminine ne seraient pas
inscrites dans la nature ; il s'agirait du résultat d'une construction
sociale, un rôle que jouent les individus à travers des tâches et des
fonctions sociales. Pour ses théoriciens, le genre est performatif, et les
différences homme-femme ne sont que des oppressions normatives, des
stéréotypes culturels et des constructions sociales qu'il faut défaire afin
de parvenir à la parité entre l'homme et la femme. L'idée d'une identité
construite nie en fait de façon irréaliste l'importance du corps sexué.
Un
homme ne devient jamais une femme, celle-ci ne devient jamais un homme,
quelles que soient les mutilations que l'un ou l'autre peut accepter de
subir. Dire que la sexualité humaine ne dépendrait plus de l'identité de
l'homme ou de la femme, mais des orientations sexuelles, comme
l'homosexualité, est un totalitarisme onirique.
Je ne vois pas d'avenir possible à une telle supercherie. Mon inquiétude
porte plus sur la manière dont des États et des organisations
internationales tentent d'imposer par tous les moyens, souvent à marche
forcée, la philosophie déconstructiviste dite du genre. Si la sexualité est
uniquement une construction sociale et cultuelle, nous en venons à remette
en cause la manière dont l'humanité se reproduit depuis ses origines. En
fait, il est presque difficile de prendre au sérieux une vision si
outrancière. Si des chercheurs se prêtent à des propos fantaisistes et
dangereux, libre à eux ; mais je n'accepterai jamais que ces théories soient
imposées directement ou insidieusement à des populations sans défense.
Comment voulez-vous qu'un petit enfant ou qu'un jeune adolescent des
campagnes africaines reculées puisse se défendre face à de telles
spéculations mensongères ?
Une chose est de respecter véritablement les personnes homosexuelles, qui
ont droit à un authentique respect, et une autre de promouvoir
l'homosexualité comme un modèle social.
Cette manière de concevoir les rapports humains est en fait une atteinte aux
personnes homosexuelles, victimes d'idéologues indifférents à leur sort. Il
faut certes prendre garde que les homosexuels ne fassent l'objet d'attaques,
souvent honteuses et insidieuses. Pourtant, je crois aberrant de vouloir
ériger cette sexualité en idéologie progressiste. Je constate une volonté de
certaines structures influentes à faire de l'homosexualité la pierre
angulaire d'une nouvelle éthique mondiale. Tout projet idéologique
extrémiste porte en lui son propre échec ; à terme, je crains que les
personnes homosexuelles ne soient les premières victimes de tels
débordements politiques.
Suite :
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Le combat pour la pérennité des racines de l'humanité
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien" - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.02.2024
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