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Benoît XVI : être chrétien n'est pas une
idée philosophique ou morale mais la rencontre avec le Christ
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Le 20 janvier 2024 -
E.S.M.
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Au cours de son entretien avec Nicolas Diat, le cardinal Sarah
nous livre sa pensée sur les fausses valeurs de ce monde. Qu'est ce
qu'être chrétien ? Le christianisme ne se réduit pas à une morale,
il a pourtant des conséquences morales ; l'amour et la foi donnent à
la vie de l'homme une orientation, une profondeur et une ampleur
nouvelles.
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Benoît XVI -
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Benoît XVI : être chrétien n'est pas une
idée philosophique ou morale mais la rencontre avec le Christ
LES PIERRES ANGULAIRES ET LES FAUSSES VALEURS
NICOLAS DlAT : Comment percevoir le rapport authentique entre
christianisme et morale ? Benoît XVI considérait qu 'il ne fallait pas
confondre les deux, au risque de déformer leurs natures. Souscrivez-vous à
cette analyse ?
CARDINAL ROBERT SARAH : Oui, dans
Deus caritas est, Benoît XVI écrit qu'à l'origine du fait d'être
chrétien il n'y a pas une décision éthique, une idée philosophique ou
morale, mais la rencontre avec un événement, une Personne. Cet homme qui
vient vers nous, le Christ, donne à la vie un nouvel horizon, et par là même
son orientation décisive.
Benoît XVI reprenait ainsi une idée du théologien
Romano Guardini pour qui le christianisme n'est pas le produit d'une expérience
intellectuelle mais un événement qui, de l'extérieur, vient à ma rencontre.
Le christianisme, c'est l'irruption de Quelqu'un dans ma vie. Ce mouvement
implique aussi l'historicité du christianisme, reposant sur des faits et non
sur une perception des profondeurs de mon propre monde intérieur.
En prenant comme exemple les mystères de l'Incarnation et de
la Trinité, Romano Guardini écrit avec justesse que ce n'est pas en faisant
appel à notre intelligence que nous découvrirons les trois personnes
divines.
« Nous voyons, dit saint Jean Chrysostome dans ses
Homélies sur saint Matthieu, que Jésus est issu de
nous et de notre substance humaine, et qu'il est né d'une mère
Vierge. Mais nous ne comprenons pas comment ce prodige a pu se réaliser. Ne
nous fatiguons pas à essayer de le découvrir, mais acceptons plutôt avec
humilité ce que Dieu nous a révélé, sans scruter avec curiosité ce que Dieu
nous tient caché. »
Pour beaucoup de cultures, le christianisme est scandale et
folie : « Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en
quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour
les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1, 22-23). Cette phrase de
l'apôtre Paul montre à quel point notre religion s'attache essentiellement à
une personne qui vient à nous pour faire appel à notre cœur et lui donner
une nouvelle orientation bouleversant toute notre appréhension du monde.
Si le christianisme ne se réduit pas à une morale, il a
pourtant des conséquences morales ; l'amour et la foi donnent à la vie de
l'homme une orientation, une profondeur et une ampleur nouvelles. L'homme
quitte les ténèbres de sa vie passée. Sa vie est éclairée par la lumière,
qui est le Christ. Il vit de la vie du Christ. Il ne peut plus marcher qu'en
compagnie de Jésus, lumière, vérité et vie. Après sa
rencontre avec Jésus, un vrai chrétien change de comportement.
De la même façon, une société imprégnée d'esprit chrétien
avance avec une ambition nouvelle, sans comparaison aucune avec les
préceptes d'une société païenne. De ce point de vue, j'aime beaucoup la
Lettre à Diognète : « Les chrétiens [...] sont dans la chair, mais ils ne
vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont
citoyens du Ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre
est plus parfaite que les lois, parce qu'ils suivent
fidèlement Jésus Christ qui est le chemin, la vérité et la vie. »
Oui, le christianisme se résume à une personne qui vient révéler et offrir
son amour : « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a envoyé son Fils pour
que celui qui croit en lui soit sauvé et possède la vie éternelle » (Jn 3,
16). Il ne s'agit certes pas de « moralisme » mais de « morale ». Le premier
précepte moral n'est-il pas l'amour de Dieu et du prochain ? La plénitude de
la Loi, dit saint Paul, c'est l'amour (Rm 13, 10).
L'amour constitue l'être même de Dieu : « Tu vois la Trinité
quand tu vois la charité », écrivait saint Augustin. Si nous le découvrons,
notre comportement sera différent par rapport au bien et au mal. À certaines
époques de l'Église, il y a eu une forme de fixation hygiéniste sur les
questions morales. Cette dérive ne pouvait produire de bons fruits car elle
plaçait dans l'ombre le caractère véritable de la Révélation, irruption
radicale de Dieu.
L'Église a été parfois écartée, en raison d'un moralisme
étroit que certains clercs ont promu. Combien de fidèles ont eu le sentiment
qu'ils n'étaient pas compris, qu'ils étaient parfois même rejetés ? Quand le
Christ entre dans une vie, il la déstabilise, la transforme de fond en
comble. Il lui donne une orientation nouvelle et des références éthiques
nouvelles ; le baptême est une rupture en forme d'alliance, et non un pacte
moral ! Le comportement moral authentique est le
reflet de Celui que j'ai accueilli dans mon cœur, et qui se définit par son
amour, sa perfection, sa sainteté et sa bonté.
Avec raison, le pape François refuse de donner une place
envahissante aux questions morales, sans pour autant les minimiser. Il
considère que la rencontre la plus importante, c'est le Christ et son
Évangile ; le Saint-Père agit comme Benoît XVI qui voulait distinguer la
morale de l'essence du christianisme. Lors de sa visite au monastère
Sainte-Catherine-du-Sinaï, en février 2000, Jean-Paul II lui-même expliquait
que le chemin indiqué par la Loi divine n'est pas un règlement de police
morale, mais la pensée de Dieu.
La Loi de Dieu promulguée par Moïse
renferme les grands principes, les conditions impérieuses de la
survie spirituelle des hommes. Toutes les interdictions qu'elle contient
sont une protection qui empêche l'homme de tomber dans le précipice du mal
et le gouffre du péché et de la mort.
Une vie éclairée par l'amour de Dieu n'a pas besoin de se
mettre à l'abri de barrières moralisatrices qui sont souvent l'expression de
peurs inavouées. La morale est fondamentalement une conséquence de la foi
chrétienne.
Suite :
►
La pression des lobbies LGBT, une supercherie, immorale et démoniaque
►
Le combat de Jean-Paul II contre l'avortement
►
Le combat pour la pérennité des racines de l'humanité
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien" - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M
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(E.S.M.) 20.01.2024
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