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Le Décalogue peut être considéré comme la représentation
authentique de Dieu
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Le 22 novembre 2024 -
E.S.M.
- Dans cette 3ème partie, Benoît XVI développe que
de manière quelque peu
schématique, nous pourrions donc
dire que les cultes de fertilité
sont une religion de l'identité,
tandis que nous pourrions
définir le culte du Dieu
transcendant comme une religion
de l'obéissance. Le contenu de
l'obéissance consiste, comme
nous l'avons vu, dans le
Décalogue, qui, dans un certain
sens, peut être considéré comme
la représentation authentique de
Dieu. En le mettant en pratique,
l'homme devient image de Dieu et
semblable à lui.
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Le prophète Amos -
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Dans son exil, Israël ne pouvait que s'en remettre aux mains de Dieu
qui seul a le pouvoir sur toute réalité
IIIème Partie :
Monothéisme et tolérance Ce texte de Benoit XVI a été achevé le 29 décembre 2018
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partie
►IIème
partie
Essayons maintenant de déterminer plus précisément le rapport
entre la foi d'Israël en Dieu et la religion de Baal. La caractéristique
décisive de la foi d'Israël est le fait qu'un seul Dieu se tient devant le
peuple d'Israël et tous les autres peuples de la terre. Sa relation avec le
monde dans son ensemble peut être définie comme une transcendance. Pour les
religions de la fertilité, avec leur Baal, au contraire, l'important est
qu'il n'y ait pas de frontière infranchissable entre le monde du divin et
les êtres humains. Au contraire, l'essence de la religion ne consiste pas,
comme pour Israël, dans l'obéissance des hommes au Dieu transcendant, mais
précisément dans l'imbrication des choses humaines et divines. Au cœur de la
religion se trouve le grand mystère de la fertilité, qui, dans les
religions, est appréciée et expérimentée dans sa prodigalité comme dans sa
puissance destructrice. Puisqu'avec le Dieu d'Israël les rites mêlant le
divin et l'humain sont considérés comme arrogance et finalement comme
destruction du monde et de l'homme, Israël doit rejeter tout cela. De
manière quelque peu schématique, nous pourrions donc dire que les cultes de
fertilité sont une religion de l'identité, tandis que
nous pourrions définir le culte du Dieu transcendant comme une religion
de l'obéissance. Le contenu de
l'obéissance consiste, comme nous l'avons vu, dans le Décalogue, qui, dans
un certain sens, peut être considéré comme la représentation
authentique de Dieu. En le mettant en pratique, l'homme devient image de Dieu et
semblable à lui.
Un regard sur le livre d'Amos permet d'apporter une
clarification supplémentaire. Ce qui me semble important, tout d'abord,
c'est la façon dont Amos se présente au roi. Amazias, le prêtre de Béthel,
sanctuaire central du royaume du Nord, dit à Amos : « Va-t'en d'ici, fuis au
pays de Juda. [...] Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c'est un
sanctuaire royal, un temple du royaume » (Am 7,12s). Tout aussi importante
est la réponse d'Amos : « Je n'étais pas prophète ni fils de prophète ;
j'étais bouvier, et je soignais les sycomores » (Am 7,14). Cela révèle
l'indépendance du message de Dieu par rapport à la politique et montre la
liberté du prophète face au pouvoir politique. Dans ce cas précis, cela
signifie encore plus. C'est, en effet, une particularité de la situation
concrète d'Israël à cette époque : le contraste entre la population rurale
et le développement économique urbain, avec la richesse croissante des
villes et la puissance de ses structures sociales, qui conduit presque
inévitablement la population rurale à l'appauvrissement.
Ainsi, ici, Amos est devenu ici un champion de
l'égalité sociale et de la justice. Le message de Dieu, tout comme il ne
dépend d'aucune autorité humaine, signifie également un engagement en faveur
de la justice pour tous. L'analyse du Pentateuque et des livres historiques
d'Israël fait apparaître un troisième élément : le souci des veuves, des
orphelins et des étrangers. Tous ceux-ci sont particulièrement aimés et
protégés par Dieu.
Un autre aspect doit également être pris en compte. Le livre
d'Amos commence par une série de menaces de châtiment à l'encontre des
peuples, à qui l'on annonce dramatiquement le malheur à cause de leurs
méfaits. Les menaces de châtiments contre d'autres peuples sont également
courantes en dehors d'Israël. La nouveauté - en quoi le prophète renverse le
schéma habituel - consiste dans le fait qu'ici le jugement de Dieu culmine
avec le jugement contre son propre peuple. Le but de l'action de Dieu est en
définitive le salut de tous les peuples : l'universalité annoncée ici peut
être considérée comme l'objectif fondamental de l'action de Dieu dans
l'Ancien Testament.
En tout cas, il est clair qu'il n'est pas admissible de
considérer le monothéisme comme une étiquette qui peut être appliquée à des
situations historiques différentes ni être liée à des concepts propres à
notre époque, tels que la tolérance ou l'intolérance.
Enfin, jetons un coup d'œil à l'époque de l'exil et celle des
Macchabées. Ce n'est qu'à l'époque de l'exil que le monothéisme se développe
pleinement en Israël. Jusqu'à cette époque, il était très clair qu'Israël
n'avait qu'un seul Dieu et que tous les autres dieux étaient des idoles.
Mais leur existence et leur statut ontologique étaient des questions qui
restaient en dehors du champ d'intérêt d'Israël. Or, Israël a été spolié de
sa terre, ce qui conduit normalement à la fin de la divinité d'un pays ou
d'un peuple. Un dieu qui n'avait pas été capable de défendre son peuple et
sa terre ne pouvait pas être un dieu. En Israël, au contraire, c'est le
mouvement de pensée inverse qui se produit. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de
Jacob, le Dieu du Sinaï, dispose de la terre entière. Il peut envoyer son
peuple en Egypte pendant des siècles, l'arracher à la violence de Pharaon et
le conduire à travers le désert jusqu'à la terre d'abondance ; et même là,
il peut faire en sorte qu'il soit vaincu et exilé à Babylone. Il n'est pas
le Dieu d'un pays spécifique, ni même seulement le Dieu de ce peuple
particulier. Au temps de l'exil, le concept de création devient central.
Dieu est le Créateur du ciel et de la terre. Lui seul a créé le monde à
partir de rien. Lui seul est véritablement Dieu.
La foi d'Israël nous confronte au paradoxe suivant : le seul
et unique Dieu au-dessus de tous les dieux a choisi Israël, l'attirant à lui
par son amour, sans être lié par lui en aucune façon. Il n'a besoin d'aucun
sanctuaire, car la terre entière lui appartient. Il est magnifique, comme le
dit le psalmiste, que la terre entière ne soit qu'une petite chose qu'il
tient dans ses mains. Dieu peut utiliser les puissants de la terre pour ses
desseins, ainsi qu'il l'a fait avec son serviteur Cyrus qui renvoie Israël
sur sa terre. Il est clair qu'ici, Israël ne pouvait pas, avec l'intolérance
politique, penser à revendiquer ce Dieu pour lui-même.
Dans son exil, Israël ne pouvait que s'en remettre avec confiance aux mains
de Dieu. Lui seul a le pouvoir sur toute réalité.
Mais cela signifie aussi que dans le conflit avec les peuples, Israël fait
désormais appel à la raison commune : le Dieu dont il parle n'est
compréhensible que dans la foi d'Israël. Il est évident que les cultes
polythéistes ne se conçoivent pas comme fondés rationnellement, alors que le
Dieu unique, en qui Israël croit et qu'il adore, veut aussi être vérifié et
compris dans une vision rationnelle du monde. La moquerie à l'égard des
dieux, qui ont des oreilles et n'entendent pas, qui ont des yeux et ne
voient pas, peut paraître grossière; et pourtant elle exprime précisément ce
nouveau pas vers le monothéisme total. Ainsi s'est préparée, par le biais de
la Septante, la rencontre avec la pensée grecque qui a ensuite été reprise
explicitement dans la littérature de sagesse tardive.
De cette façon s'est préparée la rencontre entre pensée philosophique et foi
d'Israël, définitivement accomplie dans le christianisme.
►IVème
partie
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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
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constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.11.2024
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