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Monothéisme et intolérance
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Le 10 novembre 2024 -
E.S.M.
- Extrait du testament spirituel de Benoît XVI sur
l'étude du Monothéisme et de la tolérance. Dans cet
essai, le pape émérite essaie de donner un aperçu
de la complexité de ce qui s'est passé. Dans la
perspective actuelle, il est toutefois possible
d'interpréter différemment la situation de l'époque :
nous, chrétiens, qui considérons résolument que la forme
essentielle de notre foi émane du judaïsme, nous nous
trouvons précisément victimes de cette intolérance
croissante exercée justement au nom de la tolérance.
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Ière Partie :
Monothéisme et tolérance - Ce texte a été achevé le 29 décembre 2018
Après avoir abordé une première fois la relation entre le
monothéisme et l'intolérance, en restant essentiellement à la superficie,
Eckhard Nordhofen a traité la question de manière approfondie dans sa vaste
monographie Corpora : Die anarchische Kraft des Monotheismus.
Cependant, il m'a semblé que l'aspect purement historique pouvait être
davantage approfondi. Ainsi est né cet essai, dans lequel j'essaie de donner
un aperçu de la complexité de ce qui s'est passé. Je pense que ce qui émerge
du passé lointain a des répercussions sur le présent et ne doit donc pas
être traité de manière analytique. Cela est particulièrement vrai du dernier
paragraphe, dans lequel, à première vue, la grande puissance de la culture
et de la religion hellénistiques, considérées comme force moderne de
tolérance, se heurte au phénomène marginal et intolérant d'un groupe hostile
à une vision éclairée, le judaïsme, et devient, pour cette raison,
intolérante à son tour. Dans la perspective actuelle, il est toutefois
possible d'interpréter différemment la situation de l'époque:
nous,
chrétiens, qui considérons résolument que la forme essentielle de notre foi
émane du judaïsme, nous nous trouvons précisément victimes de cette
intolérance croissante exercée justement au nom de la tolérance. Dans cet
essai, je me suis délibérément abstenu de parler de l'actualité du passé ; je
laisse cette tâche à la réflexion du lecteur.
La complexité du processus commence toutefois très tôt. Dans
le célèbre épisode du veau d'or (Ex 32) par exemple, il ne s'agit pas
simplement de la profession de l'unicité de Dieu, mais de la relation de
fidélité d'Israël à son Dieu qui a échoué à cause de la réduction de Dieu à
une statue. Ici, on ne défend pas la vérité de l'unicité de Dieu, mais on
condamne l'infidélité d'Israël, qui, par l'alliance, était entré dans une
relation de loyauté avec ce Dieu.
Etudier les Livres de Josué, des Juges et des Rois sur la
compréhension respective du « monothéisme » nous mènerait trop loin. C'est
pourquoi je voudrais qu'analyser brièvement le texte de Jos 24,15-28, car il
contient une présentation de la relation d'Israël avec son Dieu qui est
décisive pour tout ce qui suit. Israël accepte librement l'alliance
exclusive avec Dieu lorsqu'on lui donne explicitement la possibilité de la
rejeter et d'être ainsi libéré des obligations inhérentes à l'alliance. Ce
lien exclusif à Yahvé, avec l'exclusion de tous les autres dieux qui en
résulte ainsi que la lutte contre eux, n'est pas
présenté comme la conséquence d'un monothéisme abstrait, mais résulte
uniquement de la relation concrète d'alliance avec le Dieu qui, pour Israël,
est le seul Dieu et qui peut en effet revendiquer exclusivement pour lui une
terre qui semblait appartenir à d'autres dieux. Il faut aussi ajouter
que, dans un autre passage de l'Histoire sainte, l'intolérance envers les
peuples qui avaient auparavant habité la Terre promise apparaît pour une
autre raison. Il y est dit que ces peuples avaient tellement pollué la terre
par les abominations de leurs divinités, notamment par les sacrifices
humains, qu'ils n'avaient plus aucun droit sur la terre ; et
il est dit que Yahvé avait donné la terre à Israël pour que son peuple y
vive selon sa loi, redonnant ainsi sa dignité à cette terre. En fait,
une part importante de l'ancienne population était restée dans le pays, ce
qui eut pour conséquence qu'Israël ne vécut pas pleinement selon la volonté
de Dieu et n'enseigna pas aux autres peuples à vivre dans la justice. C'est
même le contraire qui se produisit : Israël se détourna de la forme de vie
qui lui avait été donnée et se conforma aux coutumes de ces peuples. Dans ce
cas également, ce n'est pas un monothéisme abstrait qui détermine l'«
intolérance » envers les autres peuples, mais plutôt un lien entre la morale
et la foi, qui appelle silencieusement la raison à témoigner de la justesse
des actions de Dieu.
L'histoire de Salomon et des femmes pour lesquelles il a
érigé des sanctuaires dédiés à leurs divinités apporte également un
éclairage essentiel sur la question de la relation entre monothéisme et
tolérance. Salomon apparaît, d'une part, comme le souverain idéal, comme le
maître de sagesse qui continue à s'adresser à son peuple et plus
généralement à l'humanité par le biais de ses livres sapientiaux. Mais,
d'autre part, séduit par le succès, il avait adopté un style de vie débridé,
avec un grand harem, ce qui incluait aussi la construction de sanctuaires
dans le monde païen. Selon les critères modernes, on pourrait dire que
Salomon était un roi éclairé qui a laissé une place aux différentes
religions, permettant ainsi leur tolérance mutuelle. L'historiographie
officielle d'Israël adopte une position contrastée à son égard. D'une part,
Salomon est présenté comme le roi grand et sage qui a bénéficié de quarante
ans de règne. Mais d'autre part, c'est précisément sous son règne que
commence la division ultérieure entre Israël et Juda, et sa tolérance
religieuse est déplorée comme un abandon de la sagesse et un déclin vers la
folie extrême du culte idolâtre. L'histoire de saint Etienne, dans le
Nouveau Testament, montre comment le temple somptueux, que Salomon a érigé à
la place de la tente sacrée, représente le passage à une fausse piété, car
le vrai Dieu n'habite pas dans des bâtiments de pierre, mais reste le Dieu
en chemin.
Les pages suivantes à venir:
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partie
►IIIème
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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.11.2024
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