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19 Avril 2005
 

Nicodème ironisant un peu lourdement

Le 18 juillet 2024 - E.S.M. -  En ironisant un peu lourdement : « Comment un homme peut-il naître une fois qu'il est vieux ?... (3.4) » Nicodème ne se doutait pas qu'il énonçait une aspiration universelle, à laquelle le baptême et la vie en Esprit apporteraient la réponse et que, désormais, il serait donné à l'homme de connaître en Dieu une naissance éternelle.

Jacob Jordaens (1593-1678), Jésus instruisant Nicodème. - Pour agrandir l'image ► Cliquer  

 

 « nul ne pourra entrer dans le royaume s'il ne naît pas de l'Esprit ...(Jn 3.5)»                                                              " théologie monastique"

      Le mystère de l'Esprit demandait à être explicité et progressivement révélé aux hommes. L'entretien avec Nicodème introduit cet enseignement de façon abrupte :

    A moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le royaume de Dieu...
    A moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer au Royaume de Dieu.
    Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit.
    Ne t'étonne pas si je t'ai dit : il vous faut naître d'en haut.
    Le vent souffle où il veut, tu entends sa voix,
    mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va.
    Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit
(3.3-9).

« A moins de naître d'eau et d'Esprit (3. 5)»... Avec la scène du baptême du Christ, la continuité est manifeste. Cependant il ne s'agira pas, dans cet entretien, d'allusion claire à un événement qui, déjà, a sa portée historique et théologique définitive. Il s'agira d'une initiation qui, si abrupte qu'elle soit pour l'homme charnel, procède avec précaution, par répétition de mots simples et chargés de sens, et par l'emploi de symboles connus, car fréquemment utilisés dans l'Ecriture : le vent, le souffle, et l'eau.

    En comparant l'Esprit au souffle et au vent, le Christ reportait son interlocuteur aux origines. Il évoquait la Genèse et l'Esprit de Yahvé planant à la création sur le chaos primordial pour l'ordonner et le vivifier (Gn 1.2). Il évoquait aussi ce souffle que Yahvé « insuffle dans les narines de l'homme, et grâce auquel l'homme devient un être vivant (Gn 2.7) ». Mais surtout il élargissait jusqu'à l'infini, en les référant à l'Esprit Saint, les richesses spirituelles déjà contenues dans la « ruah Yahvé [ La ruah — mot traduit dans les LXX par pneuma et en français par « esprit » — « ouvre dans l'anthropologie biblique une nouvelle dimension, celle qui est propre à la Révélation. Le pneuma biblique, c'est en effet, en l'homme, la part surnaturelle, la participation à l'ordre surnaturel. L'esprit de l'homme est ce qui, en lui, est capable de rencontre avec l'esprit de Dieu, son Pneuma. C'est cette part en l'homme grâce à laquelle l'inhabitation de l'esprit de Dieu n'est pas une intrusion étrangère, mais est préparée, désirée, comme une ambassade en pays étranger (cf. Rm 8.16). L'Esprit, c'est en l'homme une invitation permanente et substantielle à une transformation, à une surnaturalisation, qui lui permet de prendre part à la vie incréée de son Créateur. Le pneuma est déjà quelque chose de surnaturel, les « arrhes » par lesquelles nous passons à un autre ordre que l'ordre de la nature. Le propre de l'homme, c'est ce passage, c'est cette participation à la vie du Créateur qui lui est offerte, et dont l'esprit constitue les prémices (TRESMONTANT, Essai sur la pensée hébraïque, pp. 109,110).»].
     Ce qui caractérisait celle-ci en effet, c'était d'être en l'homme « participation » à l'esprit de Dieu. La ruah est ouverture à Dieu, participation au divin. Elle est en l'homme, ce qui n'est pas de lui, mais de Dieu. Le « souffle » fait vibrer l'homme au divin, lui fait respirer Dieu. Il est la porte ouverte en lui à l'imprévisible, à l'indicible, à l'inconnu divin.
    Cependant l'esprit de Yahvé est aussi souveraine sagesse, souveraine intelligence et prescience. Il guide toutes choses avec une sûreté absolue vers leur accomplissement [(« L'esprit du Seigneur remplit l'univers, et lui, qui tient unies toutes choses, sait tout ce qui se dit » (Sg l .7 ; cf. aussi 7.25)]. Assimilé à la Sagesse, l'Esprit de Yahvé est « le souffle de la puissance divine (« En Elle (la Sagesse) est un esprit intelligent, saint, unique, multiple, subtil, agile, pénétrant, sans souillure, clair, impassible, ami du bien, acéré... qui peut tout, surveille tout, pénètre tous les esprits » (Sg. 7.22,23) », et il est doté de perfections sans nombre qui font comprendre à l'homme que ce qui lui paraît mystérieux est souveraine sagesse en Dieu. Comme dit encore l'auteur biblique :

    Nous avons peine à deviner ce qui est sur la terre,
    et ne trouvons qu'avec effort ce qui est à notre portée.
    Qui donc a pu découvrir ce qui est dans les cieux ?
    Et ta volonté, qui l'aurait connue, si toi-même n'avais donné la Sagesse,
     et n'avais envoyé d'en haut ton Esprit Saint ? (Sg 9.16-18)
    
    De cet Esprit Saint, le Christ annoncera bientôt à ses disciples la venue. Mais, dès maintenant, il enseigne à ce Maître en Israël que « nul ne pourra entrer dans le royaume s'il ne naît pas de l'Esprit ...(3.5)». Naissance aussi mystérieuse qu'elle est divine, car ce souffle, bien qu'on entende sa voix, « nul ne sait d'où il vient, ni où il va (3.8) ». Sa voix n'est donc pas perçue comme une parole. Celle-ci est intelligible, et s'exprime de manière distincte. Le souffle divin est sans paroles, intérieur, imprévisible dans sa venue comme dans ses effets. Cependant, jamais l'Esprit Saint ne met l'homme en contradiction avec ce que la Parole lui a enseigné. Une secrète continuité existe. Elle n'empêche pas que l'Esprit ait sa manière à lui de faire pénétrer en nous la vie, manière assimilatrice et transformante, secrète et continue.
    Alors que « naître de l'eau [Par ces mots l'on envisage ici la naissance à la Parole, entraînant par baptême la qualité d'enfant de Dieu, mais si l'eau annonce le baptême, elle est aussi le symbole de l'Esprit. Et ce baptême d'eau lui-même n'aura sa pleine signification et vertu que si, dans cette eau, l'Esprit opère, pour faire que cet acte, accompli dans le temps, demeure perpétuellement « en acte »]  se réduit dans le temps à un acte déterminé exigeant une adhésion de foi [« A tous ceux qui l'ont reçu... à ceux qui croient en son Nom, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (1. 12) ] ; « naître de l'esprit » (3.5) est une réalité en perpétuel devenir, et marquée d'une exigence de renouvellement incessant. C'est à l'Esprit que nous devons de faire de notre qualité « d'enfants de Dieu (1. 12) » une réalité en acte et en constant exercice. De part et d'autre, il y a naissance, mais selon deux formes très différentes. Tandis que l'une est un fait précis, accompli une fois pour toutes dans le temps, l'autre est toujours in fieri (en devenant), en acte d'accomplissement. Ceci permet d'entrevoir précisément la dimension nouvelle de cette vie en esprit de l'enfant de Dieu. On ne peut pas dire que ce soit une nouvelle « manière d'être », c'est beaucoup plus : c'est la révélation et l'activité en nous de la vie divine elle-même, la « vie de la Vie », et, par notre participation active à cette Vie, notre progressive transformation en elle. Il en résulte pour nous une manière entièrement nouvelle de connaître, de penser, de désirer, d'opérer, de souffrir ; en un mot : de « vivre », à la fois « sous » le souffle et « du » souffle de Dieu.
    On saisit combien le symbole du souffle conduit à celui de l'eau et interfère avec lui. Car l'eau, par-delà le symbole de purification et de régénération, est déjà, dans l'Ancien Testament et plus encore ici, le symbole d'une pénétration lente et d'une mystérieuse emprise sur les âmes. Elle les visite, les ouvre, les féconde. Elle leur fait saisir de l'intérieur, par une sorte d'imprégnation, ce qui leur demeurait extérieur. Elle les rend perméables. L'eau, c'est encore la douceur dans la force, et la force dans la douceur. C'est la montée irrésistible qui, recouvrant tout, baigne tout dans l'unité. L'âme était prisonnière du multiple, et voici sans qu'elle sache comment qu'elle se trouve enveloppée par cette présence qui s'insinue de partout, et silencieusement, fait l'unité.
    L'eau, c'est aussi le milieu propre à la vie, à sa préparation, à sa germination, à son éclosion, c'est le sein maternel... et il n'est pas interdit de penser que le Christ en descendant lui-même dans les eaux du Jourdain, et en s'immergeant en elles, a voulu faire entendre que les hommes pourraient désormais réaliser la secrète aspiration qui les pousse à revenir à leurs origines, à refluer vers leur source [II ne fait pas de doute que la convergence entre le plan surnaturel et le plan psychologique, voire psychanalytique, n'est pas fortuit.]
    Ce qui n'est pas possible dans l'ordre naturel : « Un homme peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ?...(3-4)» l'est dans l'ordre surnaturel. Enfants de Dieu, nous avons à revenir à lui dans le Christ, à nous cacher en lui, à refluer vers lui comme vers notre source éternelle, et éternellement en acte de filiation. Il est notre Jourdain spirituel, et il nous faut être,« in sinu Christi (dans le sein du Christ)» comme lui-même est « in sinu Patris ». En ironisant un peu lourdement : « Comment un homme peut-il naître une fois qu'il est vieux ?... (3.4 - cf. L. BEIRNAERT, Symbolisme mythique des eaux du baptême, Cahier de la Maison Dieu, n° 22). » Nicodème ne se doutait pas qu'il énonçait une aspiration universelle, à laquelle le baptême et la vie en Esprit apporteraient la réponse et que, désormais, il serait donné à l'homme de connaître en Dieu une naissance éternelle.
    Il semble donc qu'il ne soit guère possible de séparer ces deux symboles : souffle et eau, en tant qu'ils signifient l'action propre de l'Esprit dans les âmes. L'eau jouit pourtant d'une prédilection certaine chez saint Jean. Non seulement au Jourdain (1.31-34), à Cana (2.1-11), avec Nicodème (3-5), elle apparaît instrument de salut et ordonnée au sacrement futur, mais elle est aussi l'élément de choix du miracle de Bézatha (1-9) et de la marche sur les flots (6.16-21). Elle est enfin le thème de l'enseignement à la Samaritaine (4.5-16), ainsi qu'aux disciples dans le lavement des pieds (13.2-17). Elle exprime la vie lorsqu'elle sourd du côté transpercé du Christ (19.34), et elle symbolise le milieu dans lequel les «pêcheurs d'hommes» exerceront leur apostolat (Mt 4.i9). Jean semble donc bien avoir vu en elle la porteuse de vie, la porteuse du don de Dieu.

    Le don de Dieu !... Celui-là seul le reçoit, qui en ressent le désir et la soif. L'Esprit n'est pas l'eau seulement ; plus foncièrement encore, si l'on peut dire, il est cette soif qu'il éveille en nous afin de pouvoir l'étancher. La scène du puits de Jacob (4.4-42) en est une illustration admirable.

    Le Christ saisit l'expédient le plus propre à atteindre cette femme, qui ironise sans doute parce qu'elle n'a pas encore clairement conscience de la soif qu'elle éprouve ; elle la repousse au fond de son cœur, mais le Christ va la libérer : « Si tu savais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui l'en aurais prié, et il t'aurait donné de l'eau vive (4-9) ». Et il poursuit :

    Qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura plus jamais soif.
     L'eau que je lui donnerai, deviendra en lui source d'eau
     jaillissant en vie éternelle
(4-14).

    Presque dans les mêmes termes, il s'écriera au jour de la fête des Tabernacles :

    Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive,
    celui qui croit en moi. Selon le mot de l'Écriture :
    de son sein couleront des fleuves d'eau vive
(7.37,38).

    Pour les Israélites qui écoutaient, ces paroles évoquaient leur pays aride et le désert tout proche. Elles évoquaient aussi, dans le passé où tout Israélite plonge ses racines, la longue pérégrination dans les solitudes désolées, les eaux amères bues dans la révolte. Ceux auxquels parle Jésus savent que la soif tue infailliblement. L'Eden était pour eux ce pays où coulent quatre fleuves (Gn2. 10), et le Temple, cet édifice qui sera traversé d'eau courante (ÉZ 47). Les psalmistes avaient chanté le bonheur du juste, planté comme un arbre au bord des eaux (PS 1.3). Le prophète enfin les avait mis en garde contre « les citernes lézardées, qui ne tiennent pas l'eau (Jr 2.I3) ».
    La soif, pour tout homme qui l'a connue, c'est le mirage dans le désert et l'angoisse de la mort. Jésus suscite cette hantise chez ses auditeurs, pour leur promettre, avec le rassasiement de leur soif, un don à jamais inépuisable (PS 42.2). Aussi la femme de Samarie s'écrie-t-elle : « Donne-la-moi, cette eau, Seigneur, afin que je n'aie plus soif ! (4-15) » Dans ces mots où se manifeste la soif de l'eau vive, n'est-ce pas la vie en Esprit, après laquelle, sans encore la connaître, elle soupire déjà ?
    Soif, eau : ces mots élémentaires comme ceux de vie et de mort, suffisent à porter au sommet du mystère l'âme qui les entend.

L'Esprit Saint - 1 : Introduction
L'Esprit Saint - 2 : Le Christ, l'Oint de Yahvé, qui seul reçoit l'Esprit en plénitude et en dispose    
L'Esprit Saint - 3 : Toute la scène du Jourdain est trinitaire

L'Esprit Saint - 4  : Nicodème ironisant un peu lourdement
L'Esprit Saint - 5  : La croix se dresse au carrefour où la foi tremble et hésite

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.Sources :Extraits d'un texte original des écrits d'un ami, le Père Paul Marie de la Croix O.C.D.-  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 18.07.2024

 

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