Le dialogue de la charité et celui de la vérité |
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Rome, le 15 mars 2008 -
(E.S.M.) - On peut constater qu’il
existe dans le domaine œcuménique un double dialogue : celui de la
charité et celui de la vérité. Pour ne pas faire du dialogue un absolu
qui remplace la vérité, nous pouvons proposer à présent plusieurs
considérations épistémologiques, sur le dialogue œcuménique, et sur le
dialogue interreligieux.
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Benoît XVI
et les clés du dialogue
Le dialogue de la charité et celui de la vérité
« Dominus Jesus et les Religions », par S. Exc. Mgr Angelo Amato, Archevêque
Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
(6° partie)
L’Osservatore Romano a bien voulu nous
permettre de publier le texte intégral du discours inaugural de l’Année
Académique 2007-2008 de l’Institut de Théologie d’Assise, prononcé par S.
Exc. Mgr Angelo Amato, Archevêque Secrétaire de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi, sur le thème suivant : "Dominus Jesus et les religions".
La traduction dans les différentes langues a été faite par l’Agence Fides,
et n’a pas été corrigée par l’Auteur.
Réflexions épistémologiques sur le dialogue interreligieux
La catégorie du “dialogue a connu un élan extraordinaire pendant le Concile
Œcuménique Vatican II (1962-1965, surtout avec l’Encyclique du dialogue de
Paul VI «
Ecclesiam Suam » du 6 août 1964 (cf. Acta Apostolicae Sedis, 56
[1964] pp. 609-659), avec la Déclaration Conciliaire «
Nostra
Aetate » sur
la relation de l’Église avec les religions non chrétiennes, du 28 novembre
1965 (cf. Acta Apostolicae Sedis, 58 [1966] pp. 740-744; Acta Synodalia
Sacrosanti Concilii Oecumenici Vaticani II, IV, V pp. 616-620), et avec
l’autre Déclaration conciliaire «
Dignitatis Humanae » du 7 décembre sur la
liberté religieuse (Acta Apostolicae Sedis, 58 [1966] pp. 929 - 941; Acta Synodalia Sacrosanti Concilii Oecumenici Vaticani II, IV, V pp. 663-673).
Pour ne pas faire du dialogue un absolu qui remplace la vérité, nous pouvons
proposer à présent plusieurs considérations épistémologiques, sur le
dialogue œcuménique, et sur le dialogue interreligieux. Cela aidera
certainement à avoir des comportements qui soient plus conformes à sa propre
identité et à la réalité des choses.
Epistémologie du dialogue oecuménique
On peut constater qu’il existe dans le domaine œcuménique un double
dialogue : celui de la charité et celui de la vérité. Le « dialogue de la
charité » a commencé avec Vatican II, avec l’invitation faite aux non
catholiques à être des hôtes observateurs dans les assemblées conciliaires.
Pour ce qui concerne, par exemple, les rapports entre l’Église catholique et
les Églises orthodoxes, rappelons-nous l’importante publication du Tomos
Agapis de 1971, qui recueille la documentation qu’il y a eu entre 1958 et
1970, entre le Saint-Siège et le Phanar (Tomos Agapis, Vatican-Phanar
(1958-1970), Rome-Istanbul, 1971). 284 documents témoignent la volonté
d’unité et de communion dans le mystère du Christ de part des catholiques et
des orthodoxes.
Ce dialogue de la charité consiste dans la connaissance, dans la
communication, dans le respect, dans l’amitié, dans l’accueil réciproque,
dans le dépassement des préjugés réciproques d’ordre culturel,
psychologique, historique. C’est un dialogue qui conforte et encourage, par
les manifestations édifiantes de réconciliation et d’estime réciproque.
A la différence de ce dialogue de la charité, le « dialogue de la vérité »
avance plus lentement et avec de nombreuses difficultés. Ce dialogue, en
effet, ne peut être générique, mais bilatéral : une chose est le dialogue
avec les antiques Églises orientales, une autre chose est le dialogue avec
les Églises orthodoxes, et autre chose encore le dialogue avec les
communautés de la Réforme. Le dialogue de la vérité requiert une
connaissance approfondie de l’autre, de son histoire, de sa théologie, de sa
liturgie. Et bien souvent, on rencontre des difficultés contingentes qui
entravent grandement le chemin de l’unité.
Fort heureusement, au mois de septembre 2006, le dialogue de la Commission
mixte catholique-orthodoxe, a repris, après un arrêt de dix ans, et a étudié
le thème suivant : « Les conséquences ecclésiologiques et canoniques de la
nature sacramentelle de l’Église : communion ecclésiale, conciliarité et
autorité dans l’Église, et on est parvenu à la publication d’un document
( Document de
Ravenne 8-14 octobre 2006 ).
Mais il y a aussi des nouvelles peu réconfortantes, on parle à présent d’un
« hiver » œcuménique ; il suffit de voir les réflexions contenues dans le
numéro monographique « Les nœuds de l’oecuménisme » dans la revue «
Croire
aujourd'hui » : («Credere oggi», 27, 2007, n. 160).
Les dernières décisions de plusieurs communautés anglicanes sur des choix
éthiques inacceptables (« ordination » des femmes, ordination « d’évêques »
homosexuels, bénédiction de cohabitations homosexuelles), contestées au sein
même de leur communion, rendent plus ardu pour la partie catholique le
dialogue œcuménique qui a comme finalité l’unité de tous les chrétiens dans
l’unique Église du Christ, et, concrètement « la communion dans la doctrine
des Apôtres, dans les Sacrements, et dans l’ordre hiérarchique
(Jean Paul II
Ecclesia De Eucharistia, n. 35).
Le dialogue œcuménique de la vérité ne peut être mené avec superficialité,
mais avec soin et attention. A ce sujet, on peut consulter, pour le dialogue
entre luthériens et catholiques la «
Déclaration conjointe sur la Doctrine de la Justification » de 1999, qui offre un exemple extraordinaire de précision
linguistique dans son contenu.
Quoi qu’il en soit, pour surmonter les tensions doctrinales, il conviendrait
peut-être mieux que le dialogue œcuménique se réalise beaucoup plus dans le
dialogue de l’action, par exemple, dans l’engagement commun pour une rechristianisation de l’Europe, par le moyen d’une œuvre de défense et de
promotion des principes chrétiens, pour s’opposer au sécularisme laïc et à
tout fondamentalisme religieux.
Ndlr : C'est la conception même du pape Benoît XVI qui ne manque pas une
occasion d'inviter tous les chrétiens à se mobiliser pour une défense
commune des valeurs chrétiennes. Un exemple, le discours du Saint Père aux
membres du COMECE
: l'Europe a-t-elle perdu son âme ?
Un autre beau texte est l'homélie du Saint-Père dans
la cathédrale de Ratisbonne lors des vêpres oecuménique en présence des
catholiques, des protestants et des orthodoxes. Le pape Benoît XVI a demandé
aux chrétiens de s'unir face à un monde plein
de confusion (célébration
oecuménique - 26.09.06)
(6 - à suivre)
1e partie
►
Jean Paul II et l'Encyclique Missionnaire «
Redemptoris Missio »
2e partie
►
La Déclaration Dominus Jesus de Jean Paul II en continuité avec le Concile
Œcuménique Vatican II
3e partie
►
Les trois affirmations doctrinales de « Dominus Jesus »
4e
partie
►
Unicité et universalité du mystère salvifique du Christ
5e
partie
►
Dominus Jesus et les religions
Sources :
www.vatican.va -
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.03.2008 -
T/Œcuménisme |