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Benoît XVI: homélie de la célébration oecuménique
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ROME, le 26 septembre 2006 -
(E.S.M.) - Le Vatican a publié aujourd'hui le texte intégral de
l'homélie du pape Benoît XVI lors des vêpres oecuménique en présence
des chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants. Vous trouverez
tous les textes du Saint-Père dans la table:
►Voyage
apostolique de Benoît XVI
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI:
homélie de la célébration oecuménique
CÉLÉBRATION OECUMÉNIQUE DES VÊPRES
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Chers frères et soeurs dans le Christ!
Nous sommes réunis,
chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants, - des amis juifs se
trouvent également avec nous - nous sommes réunis pour chanter ensemble les
Louanges vespérales de Dieu, furent les premières paroles du pape Benoît XVI.
Les Psaumes sont le coeur de cette liturgie, dans lesquels s'unissent
l'Ancienne et la Nouvelle Alliance et où notre prière s'unit à l'Israël
croyant qui vit dans l'espérance. Il s'agit d'une heure de gratitude pour le
fait que nous puissions ainsi réciter ensemble les psaumes et que, en nous
adressant au Seigneur, nous puissions croître également en même temps dans
l'unité entre nous.
Parmi les participants à ces Vêpres, je voudrais
tout d'abord saluer cordialement les représentants de l'Eglise orthodoxe. Je
considère déjà depuis toujours comme un grand don de la Providence le fait
que, comme professeur à Bonn, j'ai eu l'occasion de connaître et d'aimer l'Eglise
orthodoxe, pour ainsi dire personnellement, c'est-à-dire en la personne de
deux jeunes Archimandrites, ensuite devenus Métropolites, Stylianos
Harkianakis et Damaskinos Papandreou. A Ratisbonne, grâce aux initiatives de
l'Evêque Graber, des rencontres supplémentaires se sont ajoutées: à
l'occasion des Symposiums sur le "Spindlhof" et grâce aux boursiers qui ont
étudié ici. Je suis heureux de pouvoir revoir plusieurs visages qui me sont
familiers depuis longtemps et de voir les vieilles amitiés retrouvées. Dans
quelques jours, reprendra à Belgrade le dialogue théologique sur le thème
fondamental de la koinonia, de la communion - dans les deux dimensions que
la Première Lettre de Jean nous indique immédiatement au début, dans le
premier chapitre. Notre koinonia est tout d'abord une communion avec le Père
et avec son Fils Jésus Christ dans l'Esprit Saint; elle est la communion
avec Dieu Trine lui-même, rendue possible par le Seigneur à travers son
incarnation et l'effusion de l'Esprit. Cette communion avec Dieu crée
ensuite également la koinonia entre les hommes, comme participation à la foi
des Apôtres et, ainsi, comme communion dans la foi - une communion qui, dans
l'Eucharistie, devient "corporelle", édifiant l'unique Eglise qui s'étend
au-delà de toutes les frontières (cf. 1 Jn 1, 3). J'espère et je prie pour
que ces entretiens portent des fruits et que la communion avec le Dieu
vivant qui nous unit, ainsi que la communion entre nous dans la foi
transmise par les Apôtres, s'approfondissent et mûrissent jusqu'à cette
pleine unité, à partir de laquelle le monde peut reconnaître que Jésus
Christ est véritablement l'envoyé de Dieu, le Fils de Dieu, le Sauveur du
monde (cf. Jn 17, 21). "Pour que le monde croie", il est nécessaire que nous
soyons un: le sérieux de cet engagement doit animer notre dialogue, a
exprimé le pape Benoît XVI.
Je salue de tout coeur également les
amis des diverses traditions de la Réforme. Dans ce contexte également, de
nombreux souvenirs se réveillent en moi: les souvenirs des amis du cercle
Jäger-Stählin, qui sont désormais décédés; à ces souvenirs se mêle la
gratitude pour les rencontres de ce moment. Bien sûr, je pense en
particulier à l'engagement de recherche difficile pour trouver un accord à
propos de la justification. Je me rappelle de toutes les phases de ce
processus jusqu'à la rencontre mémorable avec le défunt Evêque Hanselmann,
ici à Ratisbonne - une rencontre qui put contribuer de manière essentielle à
atteindre une conclusion concordante. Je suis heureux que, entre temps, le
"Conseil mondial des Eglises méthodistes" ait également adhéré à cette
Déclaration. L'accord à propos de la justification reste pour nous un
engagement important qui - selon moi, a expliqué le pape Benoît XVI - n'est
en réalité pas encore complètement accompli: dans la théologie, la
justification est un thème essentiel, mais dans la vie des fidèles - me
semble-t-il - il est rarement présent aujourd'hui. Même si en raison des
événements dramatiques de notre époque le thème du pardon réciproque se
révèle à nouveau dans toute son urgence - nous sommes peu conscients du fait
que nous ayons tout d'abord besoin du pardon reçu de Dieu, de la
justification à travers Lui. Il n'apparaît plus, en grande partie, à la
conscience moderne - et nous tous, d'une certaine façon, sommes "modernes" -
le fait que, devant Dieu, nous avons vraiment des dettes et que le péché est
une réalité qui ne peut être surmontée que sur l'initiative de Dieu.
Derrière cet affaiblissement du thème de la justification et du pardon des
péchés se trouve, en définitive, un affaiblissement de notre relation avec
Dieu. C'est pourquoi, notre première tâche sera peut-être de redécouvrir de
manière nouvelle le Dieu vivant dans notre vie, dans notre temps et dans
notre société.
Ecoutons à présent dans cette intention ce que saint
Jean souhaitait nous dire, il y a peu, dans la lecture biblique. Je voudrais
souligner de manière particulière trois affirmations de ce texte complexe et
riche. Le thème central de toute la lecture apparaît dans le verset 15:
"Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et
lui en Dieu". Encore une fois, comme déjà dans les versets 2 et 3 du
quatrième chapitre, Jean met en lumière la confession qui, au fond, nous
caractérise en tant que chrétiens: c'est-à-dire la foi dans le fait que
Jésus est le Fils de Dieu venu dans la chair. "Dieu, personne ne l'a jamais
vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à
le connaître", lit-on à la fin du prologue du quatrième Evangile (Jn 1, 18).
Nous savons par Jésus Christ qui est Dieu: par l'unique qui est Dieu. C'est
à travers Lui que nous entrons en contact avec Dieu. A l'époque des
rencontres multi religieuses, nous sommes facilement tentés d'atténuer un
peu cette confession centrale ou même de la cacher, a tenu à rappeler le
pape Benoît XVI. Mais ainsi nous ne rendons pas service à la rencontre, ni
au dialogue. Ainsi, nous rendons seulement Dieu moins accessible, aux autres
et à nous-mêmes. Il est important que nous mettions en discussion de manière
complète, et pas seulement fragmentaire, notre image de Dieu. Pour en être
capable, il faut développer et approfondir notre communion personnelle avec
le Christ et notre amour pour Lui. Dans cette confession commune et dans
cette tâche commune, il n'existe aucune division entre nous. Nous voulons
prier, afin que ce fondement commun se renforce toujours davantage.
Cela nous place déjà face au deuxième thème que je souhaitais aborder. On
parle de celui-ci dans le verset 14, où on peut lire: "Et nous, nous avons
contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du
monde". Le mot central de cette phrase est - nous témoignons, nous
sommes témoins. La confession doit devenir témoignage. La parole
sous-jacente, réévoque le fait que le témoin de Jésus Christ doit affirmer
son témoignage à travers toute son existence, sa vie et sa mort. L'auteur de
la Lettre dit à propos de lui-même: "Nous avons contemplé". Etant donné
qu'il a contemplé, il peut être un témoin. Cela présuppose cependant que
nous aussi - les générations suivantes - soyons capables de devenir des
voyants, dans le but de pouvoir, en tant que voyants, rendre témoignage.
Prions donc le Seigneur de nous rendre voyants! Aidons-nous mutuellement à
développer cette capacité, pour pouvoir rendre voyants également les hommes
de notre temps, de manière à ce qu'à leur tour, à travers le monde entier
qu'ils ont construit, ils réussissent à redécouvrir Dieu! Afin que,
franchissant toutes les barrières historiques, ils puissent à nouveau
apercevoir Jésus, le Fils envoyé par Dieu, dans lequel nous voyons le Père.
Dans le verset 9, il est dit que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, pour
que nous ayons la vie. Ne constatons-nous pas aujourd'hui que ce n'est qu'à
travers la rencontre avec Jésus Christ que la vie devient véritablement vie?
Etre témoin de Jésus Christ signifie surtout: être témoin d'une manière de
vivre déterminée. Dans un monde plein de confusion, nous devons à nouveau
rendre témoignage des orientations qui font de la vie une vie véritable.
Nous devons affronter cette importante tâche commune à tous les croyants de
manière ferme: il est de la responsabilité des chrétiens, en cette heure, de
rendre visible les orientations pour une vie juste, qui nous sont apparues
clairement en Jésus Christ. Sur son chemin de vie, il a résumé toutes les
paroles de l'Ecriture: "Ecoutez-le!" (Mc 9, 7).
Nous sommes ainsi
arrivés au troisième mot que je voulais souligner, a conclu le pape Benoît
XVI, dans cette lecture: agapè - amour. Telle est la parole guide de toute
la Lettre, et en particulier du passage que nous venons d'écouter. Agapè,
l'amour comme nous l'enseigne Jean, n'a rien de sentimental ni d'exalté;
c'est quelque chose de totalement sobre et réaliste. J'ai cherché à en
expliquer certains aspects dans mon Encyclique
"Deus Caritas Est". L'agapè, l'amour est véritablement la
synthèse de la Loi et des Prophètes. Dans celle-ci tout est "contenu"; un
tout qui, dans la vie quotidienne, doit cependant toujours être à nouveau
"développé". Dans le verset 16 de notre texte, on trouve la parole
merveilleuse: "Nous avons cru à l'amour". Oui, l'homme peut croire à
l'amour. Témoignons notre foi, de manière à ce qu'elle puisse apparaître
comme la force de l'amour, "pour que le monde croie" (Jn 17, 21)! Amen!
Sources: © Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.09.2006 - BENOÎT XVI |