Introduction
◄ Page 2 ►
Page 3
►
Conclusions
Page 2
Page
précédente ►
Rapport après le débat général par le card.Turkson
FORTIFIER LA FOI DANS LE CHRIST
Il a été rappelé en cette Assemblée qu’« un Synode des Évêques ne peut pas
être compris comme une session spéciale pour l’Afrique des Nations-Unies
avec ses déclarations publiques ». Ceci a été un rappel important à
l’Assemblée synodale qui est un rassemblement d’Église et une assemblée de
foi. Celle-ci, dans la puissance du Saint-Esprit, professe sa foi en Dieu et
dans le Christ, son Fils, et s’est rassemblée pour discerner la volonté de
Dieu et l’orientation à donner à sa Famille en Afrique.
Une autre invitation qui a surgi de l’assemblée nous a conviés à nous
rappeler d’être des « fils de Dieu dans le Christ » («con-filiation») avec
toute l’humanité.
On doit rappeler que la Première Assemblée Spéciale a chargé l’Église en
Afrique de s’inculturer, en se comprenant elle-même comme famille de Dieu.
Comme Église, toutefois, cette identité est réalisable seulement en Dieu,
qui est communion (« famille »), et à travers Jésus qui le révèle, à travers
la proclamation de son Évangile. Comme le « premier-né de d’une multitude de
frères », c’est Jésus, le Fils de Dieu, qui nous donne part à sa filiation
divine, en nous constituant tous comme fils (en lui) et en nous introduisant
dans la vie de la Trinité comme famille de Dieu.
La référence à l’Église comme famille de Dieu n’est donc pas une simple
allusion à une quelconque conception anthropologique; elle est une
expression de la vérité de l’Église et de son identité comme partie prenante
de la vie de Dieu Un et Trine à travers le Christ. La mission du Christ qui
devient la vie et le service de l’Église dérive ainsi de la vie de Dieu Un
et Trine; et quand ceci est réconciliation, justice et paix, alors elles
doivent être vues comme dérivant de la vie de Dieu. Elles appartiennent au
Royaume de Dieu; et elles sont vécues dans la foi au Christ, à travers
lequel nous devenons fils (et filles) du Royaume. Les Pères Synodaux ont
ainsi affirmé de différentes manières dans leurs interventions la centralité
du Christ dans le thème du Synode, et le besoin d’aborder ce Synode et de le
vivre centrés sur le Christ. L’L'Instrumentum
Laboris a commencé sa discussion
du thème synodal par un chapitre sur les « Réflexions théologiques sur le
thème du Synode » (§§ 34-47), et les a poursuivies dans une section intitulée
« Puiser la force dans la foi au Christ » (§§ 75-86). La présentation du thème
synodal dans la Relatio ante disceptationem a aussi été fortement centrée
sur Dieu et sur le Christ. Dans leurs exposés, les Pères synodaux et les
autres participants ont fréquemment développé la dimension christologique,
eucharistique, pneumatologique et même eschatologique du thème synodal.
Selon l’Assemblée, les agents de réconciliation, de justice et de paix
doivent être évangélisés, convertis, formés dans la foi et vivre en témoins
dans une vie de disciples du Christ (comme Charles de Foucauld); parce que
c’est notre filiation commune dans le Christ qui est à la base de notre
justice et de notre réconciliation.
Ainsi toutes les formes d’expérience et de pratique du thème synodal
(réconciliation, justice et paix) ont besoin d’être «évangélisées» par
l’Évangile.
CHRIST NOTRE RÉCONCILIATION
Dans l’Assemblée (Relatio ante disceptationem), on a observé que « dans une
Église qui est famille en communion, la réconciliation ne devient pas un
état ou un acte, mais un processus dynamique, une tâche à entreprendre
chaque jour, un objectif à poursuivre, un rétablissement continuel, à
travers l’amour et la miséricorde, de l’amitié rompue, des liens fraternels,
de la confiance et de la familiarité ». Ce qui est le plus important, c’est
ce que nous demandent notre nature et notre identité: ce que nous sommes
avec Dieu et devant Dieu dans le Christ. C’est notre rapport dans le Christ
avec Dieu et les uns avec les autres qui exige la réconciliation; et son but
est de rétablir et restaurer la communion que l’alliance de Dieu et notre
filiation dans le Christ établit, mais que le péché menace et brise.
C’est ainsi dans le Christ que nous avons accès à la communion avec Dieu; et
c’est en lui que nous avons notre réconciliation avec Dieu. En effet, il est
notre réconciliation; et c’est par lui et en lui que nous donnons et
recevons la réconciliation. Ainsi, selon les paroles de Saint Paul,
1. « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une nouvelle création». La
relation et la communion établies entre l’homme et Dieu en vertu de la
création de l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu, sont remplacées
par la rédemption et la filiation (dans le Christ). La relation entre Dieu
et l’homme appartient maintenant au régime de la grâce (œuvre gratuite de
Dieu): rédemption dans le Christ. «Nous sommes sauvés par la grâce à travers
la foi dans le Christ » (Ep 2, 8).
2. Par le Christ Dieu nous a réconciliés avec lui sans nous imputer nos
péchés. La réconciliation est un acte de pardon non mérité; et elle est un
exercice de l’amour miséricordieux.
3. Dieu nous a confié son message de réconciliation, c’est-à-dire, à nous
qui avons fait une expérience de la réconciliation avec Dieu. « Dans ta
lumière, ô Dieu, nous voyons la lumière ». C’est dans l’expérience de la
réconciliation avec Dieu que nous devenons des ministres de réconciliation,
sentant l’urgence de rétablir la relation et tisser des liens de miséricorde
et d’amour.
Les Pères synodaux ont écouté des témoignages à propos de l’urgence
sus-mentionnée de réconcilier les ennemis, et ont noté qu’il s’agit là d’un
exercice de la vérité et de l’amour miséricordieux. La liturgie et le
sacrement de réconciliation offrent des moments privilégiés pour leur
célébration.
Les Pères synodaux ont aussi énuméré nombre de méthodes traditionnelles de
réconciliation, et se sont demandés si des éléments de ces célébrations
traditionnelles ne pourraient pas enrichir les formes de célébration des
sacrements dans l’Église. Ce faisant, il n’y aurait pas de confusion à
propos de l’efficacité de la célébration; comme il a été dit dans
l’Assemblée, c’est «la Bonne Nouvelle du Précieux Sang du Christ, versé pour
la rachat du monde entier qui transforme la coupe de souffrance des
nombreuses victimes de l’effusion du sang sur le continent». Ceci requiert
une spiritualité, et non une stratégie!
CHRIST NOTRE JUSTICE
La réconciliation, comme il a été dit dans l’Assemblée, est la restauration
de la justice et des justes requêtes des relations (Relatio ante
disceptationem). Saint Paul décrit le fruit de notre réconciliation avec
Dieu à travers le Christ comme le fait de devenir la « justice de Dieu » (cf.
2 Cor 5, 21).
Dans l’état actuel de la condition pécheresse de l’humanité et des cœurs
blessés, toutefois, l’Ancien Testament insiste sur le fait que la justice ne
peut pas arriver à l’humanité par l’intermédiaire de sa propre force. Elle
peut seulement provenir d’un don de Dieu. Et le nouveau Testament développe
cet aspect de manière plus exhaustive, considérant la justice comme la
révélation suprême de la grâce salvifique de Dieu.
Une fois encore, comme l’a observé l’Assemblée, le sens de la justice du
Royaume n’est pas simplement une justice rétributive, même si cela est
parfois le sens de son attribution à Dieu (cf. Ap 15, 4; 19, 2.11; 16, 5-6;
He 6, 10; 2 Ts 1, 6), et la plupart des interventions dans l’Assemblée ont
fait référence à ce sens de la justice. La justice n’a pas non plus le sens
de la «conformité à une norme ou un ensemble de normes». Au moins, ceci
n’est pas son premier sens; et ne peut pas être appliqué à Dieu dans ce
sens. Une fois encore, quelques interventions sont allées dans cette
direction.
La justice (droiture) de Dieu et de son Royaume est la révélation de Dieu,
qui est destinée à devenir la droiture des êtres humains. C’est la
révélation de la justice/droiture de Dieu qui justifie, rendant de nouveau
le pécheur droit et digne du rapport de communion et d’alliance avec
Dieu.[6] C’est la révélation du Christ, « qui, alors que nous étions encore
pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5, 9) pour nous montrer l’amour de Dieu
pour nous. C’est donc la révélation du Christ comme notre justice/droiture.
La justice de l’homme, dans ce cas, consiste dans la confession des péchés,
dans l’admission de son échec, et dans l’acceptation par la foi du don de
Dieu de communion, à savoir le salut dans le Christ.
En Jésus et dans son ministère, on voit à l’œuvre la grâce justificatrice de
Dieu, allant au-delà des exigences légitimes de la relation d’alliance et
rétablissant l’humanité dans la miséricorde[7] et l’amour, dans la relation
de l’alliance. On note aussi la constitution d’une communauté de la nouvelle
alliance, l’Église, remplie de l’Esprit Saint et ainsi rendue capable de
répondre à la justice de Dieu dans la foi à travers la confession des
péchés.
La justice de la diakonia chrétienne et la justice de notre vie chrétienne
dans l’Église en Afrique constituent la justice du Royaume; et sa
caractéristique principale est qu’il s’agit d’une justice exercée dans
l’amour et la miséricorde.[8]
C’est dans ce sens de la justice que les Pères synodaux ont suggéré qu’elle
soit d’abord cultivée dans la famille, comme une vertu de famille avant de
devenir une vertu de la société. Là, tout ce qui est dû à la personne en
raison de sa dignité et de sa vocation à la communion des personnes[9] est
respecté et maintenu dans la miséricorde et l’amour.
La Commission de Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, la Commission
Nationale de Réconciliation au Ghana et dans d’autres pays (Nigéria, Sierra
Leone, Togo), que les Pères synodaux ont citées, œuvrent surtout dans ce
sens de la justice. La compensation n’est pas leur principal objectif. Elles
veulent guérir à travers la reconnaissance de la culpabilité et le pardon.
CHRIST NOTRE PAIX
La Paix est un des termes dont la définition populaire (comme «éducation»,
comme «développement» et comme «justice») fut citée par les Pères synodaux.
Reconnaissant que, aussi bien le respect que le développement de la vie,
l’exige[10], et qu’elle est la «condition nécessaire pour le vrai progrès
des hommes et de la société»,[11] les pères synodaux et d’autres
participants ont passionnément appelé à l’édification de la «culture de la
paix» dans les Églises, les maisons, les communautés et les nations. On
mentionna particulièrement des structures institutionnelles pour la paix
dans les nations, telles que «The National Peace Council » du Ghana et la
« Peace and Reconciliation Commission » du Libéria et du Togo; on plaida pour
leur diffusion.
Dans les femmes et les enfants qui sont des victimes faciles des violences
domestiques et du manque de paix, à cause des conflits, les participants au
Synode ont vu matière à une formidable organisation de groupes de plaidoyer
dans le continent et dans les îles adjacentes. Et là où l’absence de paix
est due à l’oppression de coutumes et de pratiques traditionnelles,
l’Assemblée appelle à la mise sur pied de «Centres d’Étude de Culture» pour
conduire leur révision et leur réforme.
Mais la Paix, qui apparut de l’Assemblée du Synode comme la plus précieuse
condition de la vie humaine et des activités dans le continent et les îles
adjacentes, est ironiquement au-delà de la portée de l’homme et de son
monde. L’Instrumentum laboris, donc, demande à l’Assemblée du Synode la paix
qu’il recherche (§46).
Sa propre vision est que «la paix que le monde donne est fragile et
incertaine»; car la paix n’est pas avant tout le fruit de structures et elle
n’advient pas hors de la personne. La Paix naît avant tout du dedans, à
l’intérieur des individus, et de l’intérieur des communautés qu’ils
construisent. La Paix semble alors être le fruit de la «disposition
spirituelle» de la personne. Et si elle croît là où il y a la justice,
alors, comme la justice et la réconciliation, elle est le fruit de l’amour.
Quand Saint Thomas d’Aquin enseigne que la paix et l’harmonie sont
préservées par la justice, il soutient aussi que pour préserver la paix et
la justice parmi les hommes, les prescriptions de la justice ne suffisent
pas. L’amour entre les deux est fondamental.[12] En conséquence, le
«Catéchisme de l’Église catholique», puisant dans l’Écriture et dans la
riche tradition de l’Église, enseigne aussi que «la paix est le travail de
la justice et l’effet de la charité»;[13] et c’est en ce sens que le Christ
est qualifié par l’Écriture comme notre paix.
La paix qu’est le Christ n’a pas qu’un sens séculier, c’est-à-dire une
absence de conflit (cf. Gn 34, 21; Jos 9, 15; 10, 1.4; Lc 14, 32), la
présence de l’harmonie à la maison et en famille (cf. Is 38, 17; Ps 37, 11;
1 Co 7, 15; Mt 10, 34; Lc 12, 51), la sécurité et la prospérité individuelle
et communautaire (nationale) (cf. Jg 18, 6; 2 R 20, 19; Is 32, 18). La Paix
n’existe pas seulement quand les êtres humains et leurs sociétés remplissent
leurs devoirs respectifs et reconnaissent les droits d’autres personnes et
sociétés»;[14] elle n’est pas qu’un des résultats du travail de la
justice.[15] La Paix transcende essentiellement le monde et les efforts
humains.[16] C’est la justice toute entière, déterminée par Dieu, et
accordée à l’homme et à la femme. C’est un don de Dieu (cf. Is 45, 7; Nb 6,
26) pour le « juste »: « ceux sur lesquels repose sa faveur » (Lc 2, 14).
C’est en tant que «justes»,porteurs de la paix du Christ sur terre, que
Saint Paul nous exhorte dans ses communautés chrétiennes à poursuivre la
paix (cf. Rm 14, 19; Ep 4, 3; Hb 12, 14) et à être en paix les uns avec les
autres (cf. Rm 12, 18; 2 Co 13, 11). Mais c’est aussi comme justes, porteurs
de la paix du Christ sur terre, que nous devons rappeler, comme nous l’avons
fait avec la « justice », que la paix est une activité qui va au-delà de la
stricte justice et exige l’amour.[17] Elle découle de la communion avec Dieu
et vise au bien-être de l’homme (l’humanité).
Le Premier Synode invitait l’Église en Afrique et dans les îles adjacentes à
vivre dans la communion de l’Église-Famille de Dieu. Ce Deuxième Synode à
présent invite l’Église-Famille de Dieu dans tous les aspects de sa
constitution, à faire l’expérience de ces vertus qui établissent notre
communion avec Dieu et à témoigner et à vivre la même réconciliation,
justice et paix avec amour et miséricorde sur le continent et dans les îles
adjacentes.
Ce qui suit constitue la présentation de certaines des composantes de
l’Église-Famille de Dieu dans leur service de la réconciliation, de la
justice et de la paix sur le continent, telles que les Pères synodaux se les
représentent; et les implications de leur ministère est énoncé dans les
symbolismes du sel et de la lumière: sel de la terre et lumière du monde.
DISCIPLES, SERVITEURS DE LA RÉCONCILIATION, DE LA JUSTICE ET DE LA PAIX
Illuminée et transformée par le Mystère Pascal du Christ et remplie de
l'Esprit Saint, la communauté des disciples est envoyée avec mission
d'annoncer partout et à tous tout ce qu'ils ont contemplé, entendu et touché
du Verbe de Vie (cf. 1 Jn 1, 1). Cette mission consiste à rendre le Christ
visible en toute circonstance et dans tous les lieux où l'«Esprit» les
pousse (cf. Ac 13, 2), Ils ont conscience d'être une communauté de partage
de biens spirituels et matériels sans discrimination ethnique ou culturelle.
Poussé par «l'Esprit du Seigneur» le diacre Philippe convertit un
fonctionnaire éthiopien qui deviendra lui aussi missionnaire auprès des
siens (cf. Ac 8, 26-39). Ceci confirme que l'Afrique est une patrie pour le
Christ, Lui qui est resté continuellement présent dans la communauté
ecclésiale née là, comme l’a retracé le Patriarche aux Pères synodaux.
L’Église-Famille de Dieu en Afrique est fière de ses racines apostoliques et
éprouve de la fierté pour ses ancêtres dans la foi et est appelée à puiser
dans leurs exemples le courage pour continuer à annoncer l'Évangile de la
réconciliation, de la justice et de la paix.
Elle fonde son action dans la contemplation de son Maître, le Christ
« chemin, vérité et vie » (Jn 14, 6), « venu non pour être servi mais pour
servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). Son
abaissement nous élève et nous introduit dans la famille de Dieu dans une
humanité renouvelée, réconciliée et animée par son Esprit (cf. Phil 2,
6-11).
Pour assurer sa mission de réconciliation, de justice et de paix,
l'Église-Famille de Dieu en Afrique doit prendre conscience de son identité,
penser son mode d'être et d'agir dans le souci de vérité et de fidélité à sa
mission; ses membres eux-mêmes doivent se réconcilier en son sein et devenir
un modèle du Christ-Serviteur. La communion entre les Pasteurs, leur
témoignage de vie, leurs relations avec leurs collaborateurs et le
traitement des employés sont autant de domaines à explorer.
Les Pères synodaux ont pris le temps de s'écouter et de se rendre compte des
différents aspects de cette mission et des différents acteurs qui y sont
impliqués: les personnes singulières, la famille, les enfants, les jeunes,
les Communautés ecclésiales vivantes, les laïcs, les religieux/religieuses,
les clercs....
Outre les secteurs sociaux proposés et énumérés dans l'Instrumentum laboris
à soumettre à un examen attentif (la famille, la dignité de la femme, la
mission prophétique, les communications et les nouvelles techniques de
l'information et de la communication et l'autosuffisance), il est apparu à
partir de nombreuses interventions des Pères synodaux un secteur nouveau :
le socio-religieux.
Lire la
suite ►
Rapport après le débat général par le card.Turkson
Lire les conclusions ►
Rapport après le débat général par le card.Turkson

Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2009 -
T/Synode Afrique |