Quatorzième Congrégation générale,
Rapport après le débat général par le card.Turkson |
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Le 13 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- Aujourd’hui, mardi 13 octobre 2009, à 16h30, avec la prière Adsumus, guidée
par le pape Benoît XVI, a débuté la Quatorzième Congrégation générale par la
Relatio post disceptationem
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Le cardinal Turkson
Quatorzième Congrégation générale,
Rapport après le débat général
QUATORZIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MARDI 13 OCTOBRE 2009,
APRÈS-MIDI)
Le 13 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Aujourd’hui, mardi 13 octobre 2009, à 16h30, avec la prière Adsumus, guidée
par le pape Benoît XVI, a débuté la Quatorzième Congrégation générale par la
Relatio post disceptationem (Rapport après le débat général).
Le Président délégué du jour était S.Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet
émérite de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des
Sacrements (CITÉ DU VATICAN).
Au cours de l’intervalle, le Saint-Père Benoît XVI a reçu en audience les
Carrefours Gallicus E et Lusitanus.
À cette Congrégation générale qui s’est conclue à 19h00 avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 223 Pères.
RELATIO POST DISCEPTATIONEM
Lors de cette Quatorzième Congrégation générale, est intervenu le Rapporteur
général, S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Coast
(GHANA), pour la lecture de la Relatio post disceptationem
(Rapport après le
débat gnénéral). Dans le cadre de son second rapport, en conclusion du débat
général en salle sur le thème synodal, le Rapporteur général a fait une
synthèse des différentes interventions qui se sont succédées au cours de ces
derniers jours au sein des Congrégations générales et a offert quelques
lignes directrices afin de faciliter les travaux des Carrefours.
Nous publions, ci-dessous, le texte intégral.
INTRODUCTION
La Deuxième Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique offre
une occasion unique pour approfondir la compréhension de l’Église comme
Famille de Dieu et pour réfléchir sur sa mission actuelle en Afrique et dans
les îles adjacentes. En ce sens, il est souhaitable que la référence à
«l’Église en Afrique» dans le thème du Synode s’explicite de la manière
suivante: «L’Église-Famille de Dieu en Afrique».
Lorsque le Serviteur de Dieu, Jean-Paul II, dans son discernement
apostolique, reconnut que le temps était mûr pour qu’on passe de la mise en
application d’Ecclesia
in Africa à la convocation d’un second Synode pour
l’Afrique, il fit de nouveau référence aux «ombres et lumières» du continent
et des îles adjacentes, pour exhorter le continent à un effort de
collaboration et à la fortification de sa foi en Christ. «…L’Afrique,
disait-il, est toujours confrontée à de terribles fléaux tels que les
conflits armés, la pauvreté persistante, les maladies et leurs conséquences
dévastatrices, à commencer par le drame social du sida, l’insécurité diffuse
et enfin la corruption présente dans de nombreuses régions. Tout cela
affaiblit l’Afrique, épuise ses énergies, décime ses nouvelles générations
et hypothèque son avenir. Pour construire une société prospère et stable,
l’Afrique a besoin de tous ses enfants et de leurs efforts conjoints […]
Puisse la future Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique,
favoriser aussi un affermissement de la foi dans le Christ Sauveur, notre
authentique réconciliation ».[1]
Voici la « future Assemble Spéciale pour l’Afrique », grâce à sa Sainteté le
Pape Benoît XVI, qui confirma gracieusement le projet de son prédécesseur et
en formula le thème.[2]
Recensant les lieux et réflexions sur les «ombres et lumières», tels
qu’exprimés par les pères synodaux, nous les considèrerons comme des défis
et des occasions pour la conversion, à la lumière de la foi en Christ, que
le premier Synode appela «notre espérance et notre résurrection». La
transformation de ces «ombres et lumières» en Christ devrait nous conduire à
la fortification de notre foi en Christ, notre sauveur, notre
réconciliation, et notre justice et paix (Inst. Lab. 46)
RÉUNIS ENCORE EN ASSEMBLÉE SPÉCIALE DU SYNODE DES ÉVÊQUES POUR L’AFRIQUE
Il est évident que la plupart des participants de notre assemblée sont
Africains ou en relation avec l’Afrique. Mais cela ne doit pas nous dévier
du ou diminuer le véritable caractère universel de notre rassemblement et de
cet exercice collégial. C’est un exercice de communion ecclésiale; et on l’a
rappelé à notre assemblée à plusieurs reprises. Donc, ce Synode, comme tout
Synode, célèbre le lien étroit et la communion entre le Pontife suprême et
les évêques, assiste l’évêque de Rome dans sa mission universelle; et avec
le Saint-Père, il étudie et réfléchit sur les problèmes et questions
relatifs aux activités de l’Église dans le monde. Ainsi, que l’on soit
présent pour prier avec le Saint-Père et les pères synodaux et exprimer ses
vues ou que l’on soit absent, mais unis par la pensée et la prière avec
l’Assemblée du Synode, c’est l’Église universelle qui est rassemblée en
Synode sur sa présence en Afrique (L’Église en Afrique). C’est un exercice
de la famille universelle de Dieu et du Corps Mystique … faisant communauté
et partageant une vie commune en Christ. Ce n’est donc pas une affaire
exclusivement africaine avec des participants non-africains. C’est plutôt
l’Église universelle en discernement sur la manière de garder sain l’énorme
poumon spirituel de l’Afrique pour l’humanité (Homélie du Pape),
conformément à sa mission comme sel et lumière.
D’AUTRES STRUCTURES DE LA COMMUNION ECCLÉSIALE
Partant de la nature du «synode» comme exercice de communion ecclésiale, les
pères synodaux firent remarquer et soulignèrent la nécessité de l’unité des
évêques (Instr. Lab. §110), leur effective communion ecclésiale, et le
témoignage de celle-ci sous ses diverses formes et dans les divers organes
de leur ministère en collaboration. À cet effet, de nombreux Pères synodaux
mentionnèrent le S.C.E.A.M., et la nécessité des Pasteurs du continent de
collaborer avec cet organe, que leurs prédécesseurs fondèrent il y a
quarante ans, pour promouvoir «l’Évangélisation en co-responsabilité». La
C.E.L.AM., le F.A.B.C. et le C.C.E.E. cherchent à nouer et maintenir des
liens avec le S.C.E.A.M. ainsi qu’avec le USCBC, etc.
On attend du S.C.E.A.M. qu’il recherche un statut d’observateur à l’Union
Africaine, et des Conférences régionales qu’elles fassent la même chose au
niveau des parlements régionaux et nationaux comme en Afrique du Sud.
Une attestation actuelle de ce désir de témoigner et de vivre une communion
ecclésiale active est la décision des Conférences Épiscopales Régionales
d’Afrique de l’Ouest de langue anglaise (A.E.C.A.W.A.) et de langue
française (C.E.R.A.O.), de se constituer en une seule Conférence Épiscopale
Régionale (R.E.C.O.W.A./C.E.R.A.O.).
Dans la même optique, les Instituts de Vie consacrée ont également confirmé
leur besoin de vivre en communion, et d’explorer, dans leurs différents
corps d’association (ex. M.A.C., CO.S.M.A.M., etc.), des façons de
collaborer au ministère des Églises continentale, nationales et locales.
LE CADRE DE LA DEUXIÈME ASSEMBLÉE: MALHEURS OU DÉFIS POUR L’AFRIQUE?
De nombreux changements positifs ont été relevés aussi bien dans l’Église
que dans la société dans son ensemble en Afrique depuis la première
Assemblée pour l’Afrique. Certains de ces changements positifs sont
directement attribuables aux effets du Synode. Toutefois, il y a encore de
nombreuses ombres à l’intérieur de l’Église et de la société, quinze ans
après la conclusion de la première Assemblée, qui fut décrite comme le
Synode de la résurrection et de l’espérance, et dont on attendait qu’elle
fût un tournant décisif dans l’histoire du continent.[3]
Les Pères synodaux ont cité de nombreux lieux et réflexions sur les
«ombres», à plusieurs sessions de cette Assemblée. Ainsi, dans
Les Églises locales:
Les Pères synodaux ont reconnu de manière transparente l’insuffisante
appréciation du rôle des femmes et des jeunes dans leurs communautés
locales, et la pauvreté de la formation à la foi. Les politiciens et
d’autres fonctionnaires publics n’ont pas toujours bénéficié de
l’accompagnement et de la formation qui leur auraient permis de témoigner
convenablement de leur foi dans leur vie et dans leur travail. L’utilisation
des médias doit être développée au-delà des radios locales. Le témoignage de
l’Église est parfois compromis par la difficulté de certains agents
pastoraux à être fidèles à leurs vœux, à leur vocation et à leur état de
vie.
La sphère socio-culturelle
Les Pères synodaux eurent beaucoup à redire concernant la société africaine.
Au-delà et bien plus que la mention du nomadisme et des conflits au sujet de
l’eau et des pâturages, le mécontentement des Pères synodaux concernait des
tendances nouvelles dans la société, qui s’éloignent et s’opposent aux
valeurs traditionnelles, et qui sont de style et de contenu moralement
discutables. D’où la suggestion qu’au lieu de « conflit de cultures », le
Synode considère l’expérience de la « rencontre des cultures ». Sinon, la
plupart des observations se portaient sur les acteurs dans la société.
Un grand nombre des Pères synodaux déplorèrent le sort de la famille en
Afrique: «la destruction du mariage authentique et de la notion d’une
famille saine» (Inst. lab. §31). Et ils estimèrent que l’institution est
sérieusement menacée d’instabilité et de dissolution par la pauvreté, les
conflits, les croyances et pratiques (sorcellerie) traditionnelles, et les
maladies, principalement, le paludisme et le VIH/SIDA. Certains rendirent
compte d’initiatives prises pour libérer les femmes des pratiques
culturelles négatives.
Mais les Pères synodaux décrivirent aussi diverses attaques féroces, lancées
de l’extérieur de l’Afrique, contre la famille et contre l’institution
fondamentale qui lui est liée, le mariage; et ils l’attribuèrent à
différentes sources: idéologiques (l’idéologie du genre, l’éthique sexuelle
globale, le génie génétique) et clinique (contraception: Planning familial
et l’Éducation à la Santé Reproductive, stérilisation) et des styles
alternatifs de vie qui apparaissent (mariages homosexuels, unions libres).
Mais de l’extérieur de l’Afrique aussi, vinrent de nobles initiatives comme:
La Fondation Jimmy Carter contre le «ver de Guinée» en Afrique, La Fondation
Tony Blair pour l’action interconfessionnelle contre par ex. le paludisme.
Les femmes, qualifiées à la Première Assemblée pour l’Afrique de «bêtes de
somme», ont commencé à émerger dans certains pays à de hautes positions, à
des rôles de leadership en droit, en politique, en économie et dans le génie
civil. Mais elles sont aussi des «ressources sous-développées» dans certains
pays, souffrant d’être exclues de rôles sociaux, de l’héritage, de
l’éducation et des lieux de décision. Elles sont des victimes sans défense
dans les zones de conflit: victimes de mariages polygamiques, abusées,
objets de commerce pour la prostitution, etc. Mais le NEPAD demande aux
gouvernements d’accélérer l’octroi de droits aux femmes.
Les enfants, « la partie souffrante de la population africaine » (Homélie du
Saint-Père 04/10/09), sont décrits comme victimes d’abus (les
enfants-soldats, le travail des mineurs, et le commerce des enfants) et
privés de leurs droits à l’éducation. En certains lieux, cependant, ils
bénéficient de programmes solides d’écoles informatisées.
La jeunesse fut mentionnée dans les problèmes de l’Afrique à cause de son
exposition à l’abus de la drogue, à l’infection du VIH/SIDA, aux grossesses
à l’adolescence, aux migrations, au trafic humain et aux voyages qui les
conduit à des conditions de servitude. Ces malheurs indiquent aussi la
pauvreté des programmes et politiques gouvernementaux de l’éducation et de
l’emploi, et la pauvreté de leur relation avec l’Église, ce qui est dû à une
formation initiale et continue pauvres, et à leur éloignement de l’Église.
Mais la Fondation Hewlett, qui veut établir des centres d’excellence dans
les villes africaines pour retenir la migration et la fuite des cerveaux,
doit être également mentionnée.
La question de la « migration » fut spécialement mentionnée à cause de
législations qui apparaissent dans les pays occidentaux, dont la visée
semble être d’écarter les Africains.
L’Assemblée fut aussi invitée à considérer la question de l’« ethnicité ».
Lorsqu’elle développe des traits d’exclusivisme, elle détruit la vie
communautaire, devient intolérante d’autres cultures et groupes ethniques, à
la manière du racisme.
La sphère socio-politique
Hormis la seule mention de stabilité politique au Sénégal, de gouvernance
démocratique en Afrique du Sud et du succès croissant du Ghana en matière de
gouvernance démocratique, la plupart des références à la politique et à la
gouvernance sur le continent étaient très critiques pour diverses raisons,
et il fut proposé que les Églises locales érigent des aumôneries et qu’elles
accompagnent les politiciens avec une formation à la «Doctrine sociale de
l’Église». Le grand besoin est d’avoir des Gouvernements et des politiciens
qui pratiquent un «leadership de service» par un exercice transparent et
responsable du pouvoir, par le respect des droits humains, et par une
administration des richesses nationales visant le bien-être public.
Mais là aussi, le NEPAD, auquel tous les membres de l’Union Africaine ont
souscrit, demande que l’on respecte la gouvernance démocratique, qu’on ne
tolère pas de coup d’État, et qu’on mette sur pied un «mécanisme
d’évaluation par les pairs» pour mesurer la performance des gouvernements.
La sphère socio-économique
« Pauvre » et «pauvreté» étaient deux expressions récurrentes que les Pères
Synodaux ont généralement utilisées à propos de leurs pays, leurs
gouvernements, leur peuple et leurs Églises. Dans plusieurs interventions,
la pauvreté du peuple a justifié, des projets de développement entrepris par
l’Église. Elle a inspiré des initiatives d’auto-suffisance (banques,
patrimoine immobilier, compagnies d’assurance, etc.) et a été l’occasion
d’un partage généreux d’expérience à ce propos. Mais ce fut aussi le motif
qui poussa les Pères du Synode à lancer un appel de solidarité.
Au niveau national et gouvernemental, l’Assemblée a critiqué l’incidence de
la corruption et de la subornation, et la négociation des contrats avec des
investisseurs, particulièrement visant des industries minières, qui
n’apportent aucun profit au peuple et sont même à l’origine des conflits et
de la dégradation de l’environnement.
L’industrialisation est peu développée dans la plupart des pays africains;
et leurs économies sont de type agricole et produisent des matières
premières. Les conditions de commerce sont déterminées par l’Organisation
Mondiale du Commerce et par les pays occidentaux qui dictent ainsi leur
droit de vie ou de mort à beaucoup d’économies africaines.
Les économies qui produisent des matières premières gagnent peu et ont
besoin de l’aide étrangère, de la part des gouvernements étrangers, de la
Banque mondiale et du Fond Monétaire International pour financer leurs
budgets et lancer leurs projets de développement. Ceci est la cause commune
(« les origines calamiteuses », comme l’affirme un Père synodal) du fardeau de
la dette comme cela a été mentionné dans l’Assemblée.
Ici aussi, on doit observer que les objectifs primordiaux du NEPAD comme
plateforme stratégique de développement économique consiste dans
l’éradication de la pauvreté, en vue de mettre les pays africains sur la
voie d’une croissance et d’un développement digne de ce nom, et ainsi
d’endiguer la vague de la marginalisation de l’Afrique dans le processus de
mondialisation.
Certainement, l’Afrique reste pas sur la touche. Les «ombres» sont encore là
présentes; mais certains paliers, quoique modestes, ont été franchis.
«Tandis que la situation du continent, de ses îles et de l’Église continue à
présenter des «lumières et des ombres» qui furent l’occasion du Premier
Synode, elle a changé considérablement».[4] Cependant, comme déclarait le
Premier Synode, l’espérance de l’Afrique, en dépit des ombres, ne l’a jamais
déçue; parce que « notre espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). En effet, c’est
«par l’espérance [que] nous sommes sauvés» (Rm 8, 24), parce que nous
connaissons Celui en qui nous avons cru (cf. 2 Tm 1, 12). C’est notre foi
dans le Seigneur ressuscité qui est la source de notre espérance.
En conséquence, l’Église doit considérer la situation actuelle et les ombres
persistantes en Afrique comme des défis et des opportunités pour approfondir
sa relation intime avec le Seigneur. Les défis indiqués ci-dessus et tant
d’autres mentionnés dans l’Assemblée (par exemple l’environnement, le trafic
des armes, etc.) nous invitent à une vraie conversion des cœurs: «cœurs
humains blessés, dernier repaire des causes de tout ce qui déstabilise le
continent africain»,[5] de façon à ce que nous devenions des agents
effectifs du Saint-Esprit et des Serviteurs de réconciliation, de justice et
de paix.
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►Rapport après le débat général par le card.Turkson
[Texte de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques]
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2009 -
T/Synode Afrique |