Benoît XVI développe le débat sur la
Création et l'évolution |
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ROME, le 13 Avril 2007
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(E.S.M.) -
Le livre de Benoît XVI intitulé "Création
et évolution", bientôt traduit en français, anglais et italien,
retranscrit les exposés et discussions d’un colloque tenu en septembre
2006 dans la résidence d’été du pape à Castel Gandolfo, réunissant
théologiens, philosophes et biologistes.
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Le livre de Benoît XVI
intitulé "Création et évolution" -
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Le pape Benoît XVI développe le débat sur la Création et l'évolution
Nous attendions avec impatience la publication des conclusions du séminaire
"Ratzinger Schulkreis" qui s'est tenu
à huis clos, du 1 au 3 septembre et
conservions soigneusement un compte-rendu des rares commentaires qui avaient
été émis à la fin de ce congrès.
C'est après un pèlerinage au sanctuaire italien de
Manoppello, au début du mois de septembre, que le pape Benoît XVI a rejoint
une trentaine de ses anciens élèves qui se sont réunis autour de lui dans sa
résidence estivale de Castel Gandolfo.
Fidèle à cette tradition instituée alors qu’il était encore professeur de
théologie à Ratisbonne, le pape a donc retrouvé un groupe d’ancien élèves, la
"Ratzinger Schulkreis", pour un séminaire à huis clos sur Création
et évolution : (Benoît XVI retrouve un groupe d'anciens élèves).
Cette université d'été à huis clos n'est pas anodine.
Elle aborde des questions clés pour le chef de l'Église catholique. Elle
sert de club de réflexion pour un Pape qui aime écouter pour nourrir sa
réflexion. Il y a un an, ce séminaire avait traité de l'islam. Cette année,
Benoît XVI et ses anciens élèves se sont penchés sur «la
Création et l'évolution».
Ces quatre interventions ont été prononcées par des spécialistes réunis
autour de Benoît XVI et, à sa demande, elles devaient être
rendues publiques, c'est aujourd'hui chose faite. Il s’agit d’une
première, comme le relevait le vaticaniste italien Sandro
Magister dans son blog "Settimo Cielo". L’an passé, les discussions du groupe
d'universitaires du "Ratzinger-Schülerkreis" sur l’islam avaient été
tenues secrètes.
Les quatre intervenants principaux durant ce séminaire étaient
Peter Schuster, président de l’Académie autrichienne des sciences, un non
catholique expert en biologie moléculaire évolutive, Robert Spaemann,
philosophe en sciences politiques, un des grands spécialistes allemands de
la modernité, le jésuite Paul Erbrich, professeur de philosophie de la
nature à Munich, et le cardinal Schönborn.
Leurs interventions, en allemand, ont été suivies de discussions avec les
quelque 39 participants au congrès.
Le cardinal Schönborn avait confié à l’agence autrichienne Kathpress.
“C’était un rendez-vous important au niveau académique le plus élevé“ (...)
"J'estime que le choix du thème "la
Création et l'évolution" est motivé par le débat en cours depuis
plusieurs mois sur ce sujet".
La discussion sur ce sujet fut relancée quand l’archevêque de Vienne Christoph von
Schönborn publia le 7 juillet 2005 dans le New York Times, une tribune
affirmant que l’on ne pouvait interpréter les discours de Jean Paul II comme
étant une reconnaissance de l’évolutionnisme. Le prédécesseur de Benoît XVI
avait affirmé en octobre 1996 : "La théorie de l’Évolution est plus qu’une
hypothèse".
Face aux adeptes du créationnisme, Benoît XVI avait apporté son soutien à Jean
Paul II: "Quand le pape a dit cela, il avait ses raisons", car "la
question se pose: à quel niveau se situe la vraisemblance (de la théorie de
Darwin)?". (Les
« créationnistes » ne sont pas ceux qui croient que Dieu est le Créateur de
l’univers [ce que tout chrétien croit, sinon il n’est pas chrétien !]. Ce
sont des sectaires qui prennent le récit de la Genèse au pied de la lettre.
D’où leurs bourdes scientifiques)
Par la suite le cardinal Schönborn, a
pour sa part fait son mea culpa. «Les premières pages
de la Genèse ne sont pas une page de science», a-t-il martelé devant 7 000
jeunes réunis au meeting annuel du mouvement Communion et Libération à
Rimini, en Italie. Il est donc «juste et utile d'enseigner la science de
Darwin, mais pas le Darwinisme idéologique» qui refuse l'existence d'un Dieu
créateur.
Si aucune conclusion n’a été tirée de cette réflexion de trois jours, comme
l’a confié à l’agence Reuters le Père Joseph Fessio, un jésuite ayant pris
part aux discussions, le groupe a décidé, en accord avec le pape, de publier ses textes afin de
montrer que les théologiens catholiques ne voient pas de contradiction entre
leur croyance en la Création divine et la théorie scientifique de
l’évolution.
Il s’agit en effet de promouvoir un dialogue entre la foi et la science sur
les origines de la vie. D’après le P. Fessio, Benoît XVI a pris part aux
discussions, mais n’a rien dit de différent de ses récentes déclarations
publiques sur la question, dans lesquelles il a reconnu l’évolution comme un
fait scientifique mais a argumenté sur le fait que Dieu a créé le monde et
toute vie en lui.
Le 2 septembre, Benoît XVI a pris part aux discussions. Après avoir entendu
le résumé des interventions de la veille, le pape a écouté la conférence du
cardinal Schönborn sur le sujet. Le 3 septembre, le pape a célébré la messe
avec ses anciens élèves, au Centre Mariapoli.
"Il ne s’agit pas de choisir entre un créationnisme qui exclut
catégoriquement la science, et une théorie de l’Évolution qui dissimule ses
propres brèches et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des
possibilités méthodologiques de la science naturelle", avait conclu le pape
Benoît XVI à l’issue de discussions de deux jours entre philosophes,
théologiens et biologistes.
Ce débat n'a fait qu'effleurer l'Europe, mais aux États-Unis la polémique
fait rage entre «darwinistes» et «créationnistes». Ces derniers prennent au
pied de la lettre le récit biblique de la création du monde. Si «l'homme
descend du singe», alors Adam ne serait pas une création divine. Impossible.
Ils contestent ainsi la théorie de Charles Darwin (1809-1882) établissant
notamment que l'espèce humaine est le fruit d'une longue évolution. Au-delà
de l'Atlantique, ces mouvements fondamentalistes chrétiens cherchent à
imposer dans l'enseignement scolaire la théorie du «dessein intelligent de
Dieu».
Benoît XVI affirme, dans la publication de ses
premières réflexions approfondies sur l’évolution, en tant que pape, que la
théorie de Darwin ne peut pas être prouvée en dernier ressort et que la
science offre une conception réduite de la création de l’humanité, mais il
ne va pas jusqu’à soutenir la théorie créationniste du Dessein intelligent.
"La théorie de l’Évolution n’est pas prouvable
empiriquement, car il est impossible de mettre en laboratoire 10.000
générations".
«Chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu»
Après avoir longtemps combattu Darwin, l'Eglise catholique considère
aujourd'hui, avec quelques réserves, que la théorie de l'évolution n'est pas
incompatible avec son enseignement. Elle s'inquiète pourtant de l'influence
du darwinisme social et des théories sur l'évolutionnisme économique en
matière d'éthique sociale et médicale. La «sélection naturelle» est
inacceptable pour la doctrine sociale de l'Eglise.
Dans ce nouvel ouvrage, le pape fait l’éloge des progrès
de la science, mais estime que l’évolution soulève des questions
philosophiques auxquelles la science, seule, ne peut pas répondre.
"Il ne s’agit pas de choisir entre un créationnisme
qui exclut catégoriquement la science, et une théorie de l’Évolution qui
dissimule ses propres brèches et ne veut pas voir les questions qui se
posent au-delà des possibilités méthodologiques de la science naturelle",
affirme le pape.
Dès la première messe de son pontificat, le
24 avril
2005, Benoît XVI avait
abordé publiquement cette question. Les hommes ne sont pas «le produit accidentel et dépourvu
de sens de l'évolution», avait alors expliqué le nouveau Pape, précisant que
«chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu».
En avril 2006, devant
les jeunes du diocèse de Rome, le Souverain Pontife avait expliqué en quoi
le christianisme avait fait «l'option de la priorité de la raison créatrice
au début de tout et principe de tout». Il avait ainsi rejeté la seconde
option possible, celle de «la priorité de l'irrationnel selon laquelle tout
ce qui fonctionne sur la terre et dans nos vies serait seulement occasionnel
et un produit de l'irrationnel». Au soir de la
veillée pascale, le Pape
devait encore affirmer que la Résurrection du Christ était le «saut
qualitatif le plus décisif dans l'histoire de l'évolution».
"Il me semble important de souligner que la
théorie de l’Évolution implique des questions qui doivent être du ressort de
la philosophie et qui mènent elles-mêmes au-delà du domaine de la science",
peut-on lire dans le livre du pape.
Dans le même temps, le pape salue les progrès
qu’ont permis les sciences. "Les sciences naturelles ont ouvert de grandes
dimensions à la raison qui étaient jusqu’alors fermées, et nous ont ainsi
transmis de nouvelles connaissances". Elles posent des questions "qui
doivent être adressées à la raison et qu’on ne doit pas juste laisser au
sentiment religieux", poursuit-il.
Les raisonnements scientifiques et philosophiques
doivent au contraire se conjuguer, préconise-t-il, dans un cheminement qui
n’exclut pas la foi.
Source:
E.S.M.archives
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.04.2007 -
BENOÎT XVI |