Benoît XVI condamne la corruption et l'avidité du monde |
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Rome, le 11 Avril 2006 - Le pape Benoît XVI encourage les fidèles à vivre une
pauvreté intérieure fasse à la corruption et à l'avidité ambiantes. Benoît XVI a
invité le monde à accepter le symbole de la Croix. |
Photo: Benoît XVI - homélie
En deuxième partie texte
intégral des questions et réponses entre les jeunes
et le pape Benoît XVI, à méditer (1)
Des milliers de jeunes provenant du
monde entier ont participé à la messe du Dimanche des Rameaux célébrée et présidée par le Pape Benoît XVI, à l'occasion de
la XXI Journée Mondiale de la Jeunesse.
Au début de l'homélie, le Saint-Père a rappelé que depuis vingt ans, "grâce à Jean-Paul II, le Dimanche
des Rameaux est associé à la journée de la jeunesse - le jour où tous les jeunes
du monde vont à la rencontre du Christ, désireux de l'accompagner dans leurs
villes et dans leurs pays afin qu'Il soit au milieu de nous et puisse établir sa
paix dans le monde".
"Si nous voulons aller à la
rencontre de Jésus et marcher avec Lui sur sa route - a dit Benoît XVI- nous
devons nous demander: Sur quel chemin veut-il nous guider? Qu'attendons-nous de
Lui? Qu'attend-il de nous?"
Commentant ce qu'a dit le prophète
Zacharie sur le roi venu qui "sera un roi des pauvres, un pauvre entre les
pauvres", Benoît XVI a souligné que "l'on peut être matériellement pauvre mais avoir
le cœur rempli des convoitises de la richesse et du pouvoir qui en découle. La corruption et l'avidité qui dévastent le monde actuel ne peuvent être vaincus
que par la liberté intérieure" qui " ne se trouve qu'en faisant de Dieu notre
richesse".
"Le deuxième aspect mis en évidence
par le prophète - a poursuivi Benoît XVI - nous montre un roi de paix. Cela se
concrétise dans la personne de Jésus par le signe de la Croix. La nouvelle arme,
que Jésus nous met en mains, est la Croix - signe de réconciliation, signe de
l'amour qui est plus fort que la mort. Chaque fois que nous faisons le signe de
croix, nous devons nous rappeler de ne pas opposer à l'injustice une autre
injustice, à la violence une autre violence; nous devons nous rappeler que nous
pouvons vaincre le mal que par le bien et jamais en rendant le mal pour le mal".
Puis parlant de la troisième
affirmation de Zacharie, "le préavis d'universalité", le Pape Benoît XVI a
exposé:
"Le Christ règne se faisant Lui-même notre pain et se donnant à nous. C'est de
cette façon qu'il construit son Royaume. Entrons dans son royaume de paix et
saluons en Lui, d'une certaine façon, tous nos frères et sœurs, car Il vient
pour créer un royaume de paix dans ce monde déchiré".
"Les trois caractéristiques
annoncées par le prophète - pauvreté, paix, universalité - sont résumées dans le
signe de la Croix, poursuit Benoît XVI. C'est justement pour cela que la Croix
est devenue le centre de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Pendant un temps,
qui n'est pas encore totalement révolu, le christianisme a été refusé à cause de
la Croix. La Croix veut dire sacrifice, disait-on, la Croix est le signe de la
négation de la vie. Nous voulons au contraire, la vie entière sans restriction
et sans renonciation".
"Le Dimanche des Rameaux, nous
confirme donc que la Croix est précisément l'authentique grand 'oui', que la
Croix est l'authentique arbre de la vie. Nous ne trouvons pas la vie en se
l'appropriant mais en la donnant. L'amour - a conclu Benoît XVI - est un don de
soi, et c'est pour cela que la Croix symbolise le chemin de la vie authentique".
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Le Christ, caractérisé par le signe de la croix
Pour Benoît XVI, le Christ est aussi un roi de paix caractérisé par le signe de
la croix "la nouvelle arme que Jésus met entre nos mains (…), signe de
réconciliation, signe que l'amour est plus fort que la mort“.
“Chaque fois que nous faisons le signe de la croix, a encore souligné le pape
Benoît XVI, nous devons nous rappeler de ne pas opposer à l'injustice une autre
injustice, à la violence une autre violence“. Évoquant l'entrée du Christ dans
la ville de Jérusalem avant sa mort, dont fait mémoire la fête des Rameaux,
Benoît XVI a encore noté qu'il n'était pas arrivé “dans un fastueux carrosse
royal, ni à cheval comme les grands du monde, mais sur un âne qu'il avait
emprunté“.
A
l'ouverture de la messe, Benoît XVI a été accueilli, comme le Christ à
Jérusalem, au chant de “béni soit celui vient au nom du Seigneur“. Accompagné de
cardinaux et d'évêques, Benoît XVI s'est rendu en procession jusqu'à l'autel,
sur le parvis de la basilique vaticane, précédé par la croix des JMJ. Au cours
du long récit de la Passion du Christ, le pape s'est agenouillé un instant à
l'évocation de sa mort.
Aux côtés de Benoît XVI, concélébraient le cardinal Camillo Ruini, vicaire de
Rome, le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne où s'est tenue la
dernière JMJ, le cardinal George Pell, archevêque de Sydney, et Mgr Stanislaw
Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs qui organise ces journées
pour les jeunes. Ils étaient entourés nombreux cardinaux et évêques de la curie
romaine.
(1)
Dans la prolongation des
extraits de l'homélie du Saint-Père, nous publions le texte intégral du dialogue
entre le pape Benoît XVI et les jeunes, dialogue qui a eu lieu la veille sur la
place Saint Pierre.
Texte intégral
Le pape Benoît XVI a rencontré les jeunes de Rome et du Latium, place Saint-Pierre, en préparation à la Journée mondiale de la Jeunesse qui avait lieu
cette année dans les diocèses, le dimanche des Rameaux. Au cours de la
rencontre, cinq jeunes ont posé des questions au pape, sur la parole de Dieu, la
vie affective et le mariage, les défis que les jeunes doivent relever
aujourd’hui, la vocation consacrée, le rapport entre la foi et la science.
1. Sainteté, je m'appelle Simon, de la paroisse « San Bartolomeo », j'ai 21 ans
et je fais des études d’ingénierie chimique à l'Université « La Sapienza » de
Rome.
Avant tout, merci encore de nous avoir adressé le Message pour la XXIe Journée
mondiale de la Jeunesse sur le thème de la Parole de Dieu qui illumine les pas
de la vie de l'homme. Face aux préoccupations, aux incertitudes quant à
l'avenir, ou encore lorsque je me retrouve simplement face à la routine
quotidienne, je ressens moi aussi le besoin de me nourrir de la Parole de Dieu
et de mieux connaître le Christ, afin de trouver des réponses à mes questions.
Je me demande souvent ce que ferait Jésus s'il était à ma place dans une
situation précise, mais je n'arrive pas toujours à comprendre ce que me dit la
Bible. De plus, je sais que les livres de la Bible ont été écrits par des
personnes différentes, à des époques différentes, toutes très éloignées de moi.
Comment puis-je reconnaître que ce que je lis est la Parole de Dieu qui
interpelle ma vie ? Merci.
Je réponds en soulignant déjà un premier point : il faut dire avant tout que les
Saintes Églises ne sont pas à lire pas comme un livre d'histoire quelconque,
comme nous lisons, par exemple, Homère, Ovide, Horace; il faut la lire
réellement comme la Parole de Dieu, c'est-à-dire en instaurant un dialogue avec
Dieu. Il faut avant tout prier, parler avec le Seigneur : « Ouvre-moi la porte
». C'est ce que dit souvent saint Augustin dans ses homélies : « J'ai frappé à
la porte de la Parole pour trouver finalement ce que le Seigneur veut me dire ».
Cela me semble un point très important. On ne lit pas les Églises selon les
méthodes de l’université, mais en priant et en disant au Seigneur: « Aide-moi à
comprendre ta Parole, ce que tu veux me dire dans cette page ».
Un second point est : les Saintes Églises introduisent à la communion avec la
famille de Dieu. On ne peut donc pas lire seul les Saintes Églises. Certes, il
est toujours important de lire la Bible de façon très personnelle, dans un
dialogue personnel avec Dieu, mais en même temps, il est important de la lire en
compagnie des personnes avec lesquelles on chemine, se laisser aider par les
grands maîtres de la « Lectio divina ». Nous avons, par exemple, tant de beaux
livres du cardinal Martini, un véritable maître de la « Lectio divina », qui
aide à entrer dans le vif des Saintes Églises. Il connaît bien toutes les
circonstances historiques, tous les éléments caractéristiques du passé, mais il
cherche toujours à ouvrir également la porte pour montrer que des paroles
appartenant apparemment au passé sont également des paroles du présent. Ces
maîtres nous aident à mieux comprendre et également à apprendre comment bien
lire les Saintes Églises. Il est ensuite généralement opportun de la lire en
compagnie des amis qui cheminent avec nous et qui cherchent, avec nous, comment
vivre avec le Christ, quelle est la vie qui nous vient de la Parole de Dieu.
Troisième point: s'il est important de lire les Saintes Églises aidés par les
maîtres, accompagnés par les amis, les compagnons de route, il est important en
particulier de la lire en compagnie du Peuple de Dieu en pèlerinage,
c'est-à-dire dans l'Église. Les Saintes Églises ont deux sujets. Tout d'abord
le sujet divin : c'est Dieu qui parle. Mais Dieu a voulu faire participer
l'homme à sa Parole. Alors que les musulmans sont convaincus que le Coran est
inspiré oralement par Dieu, nous croyons que pour les Saintes Églises, la
synergie, comme le disent les théologiens, est caractéristique; la collaboration
de Dieu avec l'homme. Celui-ci implique son peuple à travers sa Parole et ainsi,
le deuxième sujet — le premier sujet étant, comme je l'ai dit, Dieu — est
humain. Il y a des écrivains individuels, mais la continuité d'un sujet
permanent, le Peuple de Dieu qui marche avec la Parole de Dieu et qui est en
dialogue avec Dieu. En écoutant Dieu, on apprend à écouter la Parole de Dieu et
puis également à l'interpréter. Et ainsi, la Parole de Dieu devient présente,
car les personnes individuelles meurent, mais le sujet vital, le Peuple de Dieu,
est toujours vivant, et est identique au fil des millénaires : c'est toujours le
même sujet vivant, dans lequel vit la Parole.
Ainsi s'expliquent également de nombreuses structures des Saintes Églises, en
particulier ce que l'on appelle la « relecture ». Un texte ancien est relu dans
un autre livre, par exemple cent ans plus tard, et alors, on comprend pleinement
ce qui n'était pas encore perceptible à cette époque, même si cela était déjà
contenu dans le texte précédent. Et il est relu encore une nouvelle fois, plus
tard, et une fois de plus, on comprend d'autres aspects, d'autres dimensions de
la Parole. C'est ainsi, dans cette relecture et réécriture dans le cadre d'une
continuité profonde, tandis que se succédaient les temps de l'attente, que se
dont développées les Saintes Églises. Enfin, avec la venue du Christ et
l'expérience des apôtres, la parole est devenue définitive, de sorte qu'il n'y a
plus de réécritures, mais des approfondissements de notre compréhension
continuent d'être nécessaires. Le Seigneur a dit : « L'Esprit Saint vous
introduira dans une profondeur que vous ne pouvez pas comprendre à présent ».
La communion de l'Église est donc le sujet vivant des Églises. Mais à présent
également, le sujet principal est le Seigneur lui-même, qui continue à parler
dans les Églises qui sont entre nos mains. Je pense que nous devons apprendre
ces trois éléments: lire dans un dialogue personnel avec le Seigneur; lire
accompagnés par des maîtres qui ont l'expérience de la foi, qui sont entrés dans
les Saintes Églises; lire au sein de la grande communauté de l'Église, dans la
Liturgie de laquelle ces événements deviennent toujours à nouveau présents, dans
laquelle le Seigneur parle à présent avec nous, afin que nous entrions toujours
plus dans les Saintes Églises, dans lesquelles Dieu parle réellement avec nous
aujourd'hui.
2. Très Saint-Père, je m'appelle Anna, j'ai 19 ans, je fais des études de
littérature et je fais partie de la paroisse « Santa Maria del Carmelo ». L'un
des problèmes auxquels nous sommes le plus confrontés est le problème affectif.
Nous avons souvent des difficultés à aimer. Oui, des difficultés : car il est
facile de confondre l'amour avec l'égoïsme, en particulier aujourd'hui, où une
grande partie des médias nous impose presque une vision de la sexualité
individualiste, sécularisée, où tout semble permis, et tout est autorisé au nom
de la liberté et de la conscience des personnes. La famille fondée sur le
mariage semble désormais n'être plus qu'une invention de l'Église, sans parler
des relations avant le mariage, dont l'interdiction apparaît même à un grand
nombre d'entre nous, croyants, comme une chose incompréhensible ou hors du
temps... Sachant qu'un grand nombre d'entre nous essayent de vivre leur vie
affective de façon responsable, pourriez-vous nous expliquer ce que la Parole de
Dieu dit à ce propos ? Merci.
Il s'agit d'une question importante et y répondre en quelques minutes n'est
certainement pas possible, mais je vais essayer de dire quelque chose. Anna
elle-même a déjà apporté des réponses lorsqu'elle a dit qu'aujourd'hui, l'amour
est souvent mal interprété dans la mesure où il est présenté comme une
expérience égoïste, alors qu'en réalité, il s'agit d'un abandon de soi qui
permet de se trouver. Elle a également dit qu'une culture de la consommation
fausse notre vie en raison d'un relativisme qui semble tout nous permettre, mais
qui en réalité nous vide. Mais alors, écoutons la Parole de Dieu à ce propos.
Anna voulait savoir à juste titre ce que la Parole de Dieu dit à ce sujet. Pour
ma part, je trouve très beau que dès les premières pages des Saintes Églises,
immédiatement après le récit de la Création de l'homme, nous trouvions la
définition de l'amour et du mariage. L'auteur sacré nous dit « Ainsi donc,
l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne
feront qu'une seule chair, une seule existence ». Nous sommes au début et nous
trouvons déjà une prophétie de ce qu'est le mariage ; et cette définition
demeure identique également dans le Nouveau Testament. Le mariage signifie
suivre l'autre dans l'amour et devenir ainsi une seule existence, une seule
chair, et donc inséparables ; une nouvelle existence qui naît de cette communion
d'amour, qui unit et crée ainsi également l'avenir. Les théologiens du moyen
âge, en interprétant cette affirmation qui se trouve au début des Saintes
Églises, ont dit que le mariage a été le premier des sept Sacrements institué
par Dieu, ayant été déjà institué au moment de la création, au Paradis, au début
de l'histoire, et avant toute histoire humaine. Il s'agit d'un sacrement du
Créateur de l'univers, et donc inscrit précisément dans l'être humain lui-même,
qui est orienté vers ce chemin, dans lequel l'homme abandonne ses parents et
s'unit à sa femme pour former une seule chair, afin que les deux ne deviennent
qu'une seule existence. Le sacrement du mariage n'est donc pas une invention de
l'Église, il a réellement été «co-créé» avec l'homme en tant que tel, en tant
que fruit du dynamisme de l'amour, dans lequel l'homme et la femme se trouvent
mutuellement et trouvent ainsi également le Créateur qui les a appelés à
l'amour. Il est vrai que l'homme est tombé et a été chassé du Paradis, ou, en
d'autres termes, plus modernes, il est vrai que toutes les cultures ont été
souillées par le péché, par les erreurs de l'homme dans son histoire, et ainsi,
le dessein initial inscrit dans notre nature apparaît obscurci. En effet, dans
les cultures humaines, nous trouvons cet obscurcissement du dessein originel de
Dieu. Dans le même temps, toutefois, en observant les cultures, toute l'histoire
culturelle de l'humanité, nous constatons également que l'homme n'a jamais pu
totalement oublier ce dessein qui existe dans la profondeur de son être. Il a
toujours su, en un certain sens, que les autres formes de relations entre
l'homme et la femme ne correspondaient pas réellement au dessein originel de son
être. Et ainsi, dans les cultures, en particulier dans les grandes cultures,
nous constatons toujours qu'elles s'orientent vers cette réalité, la monogamie,
l'homme et la femme ne faisant qu'une seule chair. Ainsi, c'est dans la fidélité
que peut grandir une nouvelle génération, que peut se poursuivre une tradition
culturelle, se renouvelant et réalisant, dans la continuité, un progrès
authentique.
Le Seigneur, qui a parlé de cela dans la langue des prophètes d'Israël, en
évoquant la permission de divorcer de la part de Moïse, a dit : « C'est en
raison de votre dureté de cœur ». Après le péché, le cœur est devenu « dur »,
mais tel n'était pas le dessein du Créateur et les Prophètes ont insisté
toujours plus clairement sur ce dessein originel. Pour renouveler l'homme, le
Seigneur — en faisant allusion aux voix prophétiques qui ont toujours guidé
Israël vers la clarté de la monogamie — a reconnu avec Ezéchiel que nous avons
besoin — pour vivre cette vocation, d'un cœur nouveau; au lieu du cœur de pierre
— comme dit Ezéchiel — nous avons besoin d'un cœur de chair, d'un cœur
véritablement humain. Et le Seigneur, dans le Baptême, à travers la foi, «
greffe » en nous ce cœur nouveau. Il ne s'agit pas d'une greffe physique, mais
nous pouvons peut-être nous servir précisément de cette comparaison : après la
greffe, il est nécessaire que l'organisme reçoive des soins, qu'il bénéficie des
médicaments nécessaires pour pouvoir vivre avec son nouveau cœur, afin que
celui-ci devienne « son cœur », et non le « cœur d'un autre ». Dans cette «
greffe spirituelle », où le Seigneur nous offre un cœur nouveau, un cœur ouvert
au Créateur, à la vocation de Dieu, nous avons d’autant plus besoin de
traitements adéquats, pour pouvoir vivre avec ce cœur nouveau ; il faut avoir
recours à des médicaments adaptés afin qu'il devienne vraiment « notre cœur ».
En vivant ainsi dans la communion avec le Christ, avec son Église, le nouveau
cœur devient réellement « notre cœur » et le mariage devient possible. L'amour
exclusif entre un homme et une femme, la vie à deux projetée par le Créateur
devient possible, même si le climat de notre monde la rend difficile, jusqu'à la
faire apparaître impossible.
Le Seigneur nous donne un cœur nouveau et nous devons vivre avec ce cœur
nouveau, en utilisant les thérapies opportunes afin qu'il soit réellement « le
nôtre ». C'est ainsi que nous vivons selon ce que le Créateur nous a donné et
cela engendre une vie véritablement heureuse. En effet, nous pouvons le voir
également dans ce monde, en dépit des nombreux autres modèles de vie: il existe
tant de familles chrétiennes qui vivent avec fidélité et joie la vie et l'amour
indiqués par le Créateur, et c'est ainsi que se développe une nouvelle humanité.
Et enfin, j'ajouterais : nous savons tous que pour atteindre un objectif en
sport et au niveau professionnel, la discipline et les sacrifices sont
nécessaires. Mais tout cela est ensuite couronné de succès, d'avoir atteint un
objectif tant désiré. De la même façon, la vie elle-même, c'est-à-dire devenir
hommes selon le dessein de Jésus, exige des sacrifices; toutefois, il ne s’agit
pas d’une chose négative, au contraire, ils aident à vivre en tant qu'homme avec
un cœur nouveau, à vivre une vie véritablement humaine et heureuse. Etant donné
qu'il existe une culture de la consommation qui veut nous empêcher de vivre
selon le dessein du Créateur, nous devons avoir le courage de créer des îlots,
des oasis, puis de grands terrains de culture catholique, dans lesquels on vit
le dessein du Créateur.
3. Très Saint-Père, je m'appelle Inelida, j'ai 17 ans, je suis Aide cheftaine
Scout chez les Louveteaux dans la paroisse « San Gregorio Barberigo » et je fais
mes études au lycée artistique « Mario Mafai ».
Dans votre Message pour la XXIe Journée mondiale de la Jeunesse, vous nous avez
dit qu'il « est urgent que naisse une nouvelle génération d'apôtres enracinés
dans la Parole du Christ ». Ce sont des paroles si fortes et si exigeantes
qu'elles font presque peur. Bien sûr, nous aussi, nous voudrions être de
nouveaux apôtres mais voulez-vous nous expliquer plus précisément ce que sont,
d'après vous, les principaux défis à affronter à notre époque, et comment vous
imaginez vous-même ces nouveaux Apôtres? En d'autres termes : qu'attendez-vous
de nous, Sainteté ?
Nous nous demandons tous ce que le Seigneur attend de nous. Il me semble que le
grand défi de notre temps — c'est ce que me disent également les évêques en
visite « ad limina », ceux d'Afrique par exemple — soit la sécularisation :
c'est-à-dire une façon de vivre et de présenter le monde comme « si Deus non daretur », c'est-à-dire comme si Dieu n'existait pas. On veut réduire Dieu à la
sphère du privé, à un sentiment, comme s'Il n'était pas une réalité objective et
ainsi, chacun forme son propre projet de vie. Mais cette vision qui se présente
comme si elle était scientifique, n'accepte comme valable que ce qui peut être
vérifié par l'expérience. Avec un Dieu qui ne se prête pas à l'expérience
immédiate, cette vision finit par déchirer la société également : le résultat
est en effet que chacun fait son propre projet et à la fin, tous s'opposent les
uns aux autres. Une situation, comme on le voit, absolument invivable. Nous
devons rendre Dieu à nouveau présent dans nos sociétés. Cela me semble être la
première nécessité : que Dieu soit à nouveau présent dans notre vie, que nous ne
vivions pas comme si nous étions autonomes, autorisés à inventer ce que sont la
liberté et la vie. Nous devons prendre acte du fait que nous sommes des
créatures, constater qu'il y a un Dieu qui nous a créés et que demeurer dans sa
volonté n'est pas une dépendance, mais un don d'amour qui nous fait vivre.
Le premier point est donc de connaître Dieu, de le connaître toujours mieux, de
reconnaître dans ma vie que Dieu est là, et que Dieu y joue un rôle. Le second
point — si nous reconnaissons que Dieu est là, que notre liberté est une liberté
partagée avec les autres et qu'il doit donc y avoir un paramètre commun pour
construire une réalité commune — le second point, disais-je, soulève la question
: quel Dieu ? Il existe en effet tant de fausses images de Dieu, d'un Dieu
violent, etc. La deuxième question est donc : reconnaître le Dieu qui nous a
montré son visage en Jésus, qui a souffert pour nous, qui nous a aimés jusqu'à
la mort et ainsi, a vaincu la violence. Il faut rendre présent, avant tout dans
notre « propre vie », le Dieu vivant, le Dieu qui n'est pas un inconnu, un Dieu
inventé, un Dieu uniquement pensé, mais un Dieu qui s'est montré, qui s'est
révélé, et qui a révélé son visage. Ce n'est qu'ainsi que notre vie devient
vraie, véritablement humaine et ce n’est qu’ainsi également, que les critères du
véritable humanisme deviennent présents dans la société. Ici aussi vaut le
principe selon lequel, comme je l'avais dit dans la première réponse, nous ne
pouvons pas construire seuls cette vie juste et droite, mais nous devons marcher
en compagnie d'amis justes et droits, de compagnons avec lesquels nous pouvons
faire l'expérience que Dieu existe et qu'il est beau de marcher avec Dieu. Et
marcher dans la grande communauté de l'Église, qui nous présente au fil des
siècles la présence du Dieu qui parle, qui agit, qui nous accompagne. Je dirais
donc : trouver Dieu, trouver le Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ, marcher
en compagnie de sa grande famille, avec nos frères et sœurs qui sont la famille
de Dieu, cela me semble être le contenu essentiel de cet apostolat dont j'ai
parlé.
4. Je m'appelle Vittorio, je viens de la Paroisse « San Giovanni Bosco » à
Cinecittà, j'ai 20 ans et j'étudie les Sciences de l'Education à l'Université de
Tor Vergata.
Toujours dans votre Message, vous nous invitez à ne pas avoir peur de répondre
avec générosité au Seigneur, en particulier lorsqu'il propose de le suivre dans
la vie consacrée ou dans la vie sacerdotale. Vous nous dites de ne pas avoir
peur, d'avoir confiance en Lui et que nous ne serons pas déçus. Un grand nombre
d'entre nous, ici présents ou parmi ceux qui nous suivent chez eux ce soir à la
télévision pensent, j'en suis convaincu, à suivre Jésus sur une voie de
consécration spéciale, mais il n'est pas toujours facile de comprendre si
celle-ci sera la juste voie. Pouvez-vous nous dire comment vous avez fait pour
comprendre quelle était votre vocation? Pouvez-vous nous donner des conseils
pour mieux comprendre si le Seigneur nous appelle à le suivre dans la vie
consacrée ou sacerdotale ? Je vous remercie.
Pour ma part, j'ai grandi dans un monde très différent du monde actuel, mais à
la fin, les situations se ressemblent. D'une part, il y avait encore la
situation de « chrétienté », dans laquelle il était normal d'aller à l'église et
d'accepter la foi comme la révélation de Dieu et de chercher à vivre selon la
révélation ; d'autre part, il y avait le régime nazi, qui affirmait à voix haute
: « Dans la nouvelle Allemagne il n'y aura plus de prêtres, il n'y aura plus de
vie consacrée, nous n'avons plus besoin de ces gens-là ; cherchez une autre
profession ». Mais précisément en entendant ces voix « fortes », dans la
confrontation avec la brutalité de ce système au visage inhumain, j'ai compris
qu'il y avait, en revanche, un grand besoin de prêtres. Ce contraste, voir cette
culture antihumaine, m'a confirmé dans la conviction que le Seigneur, l'Évangile,
la foi nous montraient la voie juste et que nous devions nous engager pour que
cette voie survive. Dans cette situation, la vocation au sacerdoce a grandi
presque naturellement en moi et sans grands événements de conversion. En outre,
deux choses m'ont aidé sur ce chemin: dès l'enfance, aidé par mes parents et par
mon curé, j'ai découvert la beauté de la Liturgie et je l'ai aimée de plus en
plus, car je sentais qu’elle laissait transparaître la beauté divine et que le
ciel s'ouvrait devant nous ; le deuxième élément a été la découverte de la
beauté et de la connaissance, la connaissance de Dieu, les Saintes Églises,
grâce auxquelles il est possible de s'introduire dans cette grande aventure du
dialogue avec Dieu qu'est la théologie. Ainsi, cela a été une joie d'entrer dans
ce travail millénaire de la théologie, dans cette célébration de la liturgie,
dans laquelle Dieu est avec nous et se réjouit avec nous.
Naturellement les difficultés n'ont pas manqué. Je me demandais si j'avais
réellement la capacité de vivre le célibat pendant toute la vie. Etant un homme
de formation théorique et non pratique, je savais également qu'il ne suffisait
pas d'aimer la théologie pour être un bon prêtre, mais qu'il était nécessaire
d’être toujours disponible envers les jeunes, les personnes âgées, les malades,
les pauvres ; qu’il était nécessaire d'être simple avec les simples. La
théologie est belle, mais la simplicité de la parole et de la vie chrétienne est
également nécessaire. Et ainsi, je me demandais : serai-je en mesure de vivre
tout cela et de ne pas vivre de manière unilatérale, d'être seulement un
théologien etc.? Mais le Seigneur m'a aidé et, surtout, la compagnie de mes
amis, de bons prêtres et de maîtres m'a aidée.
En revenant à la question, je pense qu'il est important d'être attentifs aux
gestes du Seigneur sur notre chemin. Il nous parle à travers des événements, à
travers des personnes, à travers des rencontres : il faut être attentifs à tout
cela. Ensuite, c'est le deuxième point, entrer réellement dans une relation
d'amitié avec Jésus, dans une relation personnelle avec Lui et ne pas savoir
seulement par les autres ou par les livres qui est Jésus, mais vivre une
relation toujours plus approfondie d'amitié personnelle avec Jésus, dans
laquelle nous pouvons commencer à comprendre ce qu'Il nous demande. Et ensuite,
l'attention à ce que je suis, à mes capacités : d'une part du courage et de
l'autre de l'humilité, de la confiance et une ouverture, également avec l'aide
des amis, de l'autorité de l'Église et aussi des prêtres, des familles :
qu'est-ce que le Seigneur veut de moi ? Bien sûr, cela reste toujours une grande
aventure, mais la vie ne peut réussir que si nous avons le courge de l'aventure,
la confiance dans le fait que le Seigneur ne me laissera jamais seul, que le
Seigneur m'accompagnera, m'aidera.
5. Saint-Père, je m'appelle Giovanni, j'ai 17 ans, je fais mes études au Lycée
scientifique technologique « Giovanni Giorgi » à Rome et j'appartiens à la
paroisse « Santa Maria Madre della Misericordia ».
Je vous demande de nous aider à mieux comprendre comment la révélation biblique
et les théories scientifiques peuvent converger dans la recherche de la vérité.
Nous sommes souvent conduits à croire que la science et la foi sont ennemies
entre elles ; que la science et la technique sont la même chose ; que la logique
mathématique a tout découvert ; que le monde est le fruit du hasard, et que si
les mathématiques n'ont pas découvert le théorème-Dieu c'est tout simplement
parce que Dieu n'existe pas. En somme, surtout lorsque nous faisons nos études,
il n'est pas toujours facile de tout ramener à un projet divin, sous-jacent à la
nature et à l'histoire de l'Homme. Ainsi, parfois, la foi vacille ou se réduit à
un simple acte sentimental. Moi aussi, Saint-Père, comme tous les jeunes, j'ai
soif de Vérité : mais comment puis-je faire pour harmoniser la science et la foi
?
Le grand Galilée a dit que Dieu a écrit le livre de la nature sous forme de
langage mathématique. Il était convaincu que Dieu nous a donné deux livres :
celui des Saintes Écritures et celui de la nature. Et le langage de la nature —
telle était sa conviction — c’est les mathématiques, qui sont donc un langage de
Dieu, du Créateur. Réfléchissons à présent sur ce que sont les mathématiques :
en soi, il s'agit d'un système abstrait, d'une invention de l'esprit humain, qui
en tant que tel, dans sa pureté, n'existe pas. Il est toujours réalisé de
manière approximative, mais — en tant que tel — c'est un système intellectuel,
une grande invention géniale de l'esprit humain. La chose surprenante est que
cette invention de notre esprit humain est vraiment la clef pour comprendre la
nature, que la nature est réellement structurée de façon mathématique et que nos
mathématiques, inventées par notre esprit, sont réellement l'instrument pour
pouvoir travailler avec la nature, pour la mettre à notre service, pour
l'instrumentaliser à travers la technique.
Cela me semble une chose presque incroyable qu'une invention de l'esprit humain
et la structure de l'univers coïncident : les mathématiques, que nous avons
inventées, nous donnent réellement accès à la nature de l'univers et nous le
rendent utilisable. La structure intellectuelle du sujet humain et la structure
objective de la réalité coïncident donc : la raison subjective et la raison
objective dans la nature sont identiques. Je pense que cette coïncidence entre
ce que nous avons pensé et la façon dont se réalise et se comporte la nature est
une énigme et un grand défi, car nous voyons que, à la fin, c'est « une » raison
qui les relie toutes les deux : notre raison ne pourrait pas découvrir cette
autre, s'il n'existait pas une raison identique à la source de toutes les deux.
Dans ce sens, il me semble précisément que les mathématiques — dans lesquelles,
en tant que telles, Dieu ne peut apparaître —, nous montrent la structure
intelligente de l'univers. Certes, les théories du chaos existent également,
mais elles sont limitées car si le chaos prenait le dessus, toute la technique
deviendrait impossible. Ce n'est que parce que notre mathématique est fiable que
la technique est fiable. Notre science, qui permet finalement de travailler avec
les énergies de la nature, suppose une structure fiable, intelligente, de la
matière. Et ainsi, nous voyons qu'il y a une rationalité subjective et une
rationalité objective de la matière, qui coïncident. Naturellement, personne ne
peut prouver — comme on le prouve par l'expérience, dans les lois techniques —
que les deux soient réellement le fruit d'une unique intelligence, mais il me
semble que cette unité de l'intelligence, derrière les deux intelligences,
apparaît réellement dans notre monde. Et plus nous pouvons instrumentaliser le
monde avec notre intelligence, plus apparaît le dessein de la Création.
A la fin, pour arriver à la question définitive, je dirais : Dieu existe, ou il
n'existe pas. Il n'existe que deux options. Ou l'on reconnaît la priorité de la
raison, de la Raison créatrice qui est à l'origine de tout et le principe de
tout — la priorité de la raison est également la priorité de la liberté — ou
l'on soutient la priorité de l'irrationnel, selon laquelle tout ce qui
fonctionne sur notre terre ou dans notre vie ne serait qu'occasionnel, marginal,
un produit irrationnel — la raison serait un produit de l'irrationalité. On ne
peut pas en ultime analyse « prouver » l'un ou l'autre projet, mais la grande
option du christianisme est l'option pour la rationalité et pour la priorité de
la raison. Cela me semble une excellente option, qui nous montre que derrière
tout se trouve une grande intelligence, à laquelle nous pouvons nous fier.
Mais le véritable problème contre la foi aujourd'hui me semble être le mal dans
le monde : on se demande comment il peut être compatible avec cette rationalité
du Créateur. Et ici, nous avons véritablement besoin du Dieu qui s'est fait
chair et qui nous montre qu'Il n'est pas une raison mathématique, mais que cette
raison originelle est également Amour. Si nous regardons les grandes options,
l'option chrétienne est également aujourd'hui la plus rationnelle et la plus
humaine. C'est pourquoi nous pouvons élaborer avec confiance une philosophie,
une vision du monde qui soit fondée sur cette priorité de la raison, sur cette
confiance que la Raison créatrice est amour, et que cet amour est Dieu.
Le programme des cérémonies de la Semaine Sainte présidées par le pape Benoît XVI, tel qu'il a été publié par l'Office des Cérémonies liturgiques du Souverain Pontife.
Première semaine Sainte du pape Benoît XVI
Benoît
XVI répond aux questions des jeunes
Benoît XVI
: La Croix est le véritable arbre de la vie
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 11.04.2006 - BENOÎT XVI
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