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Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé
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Le 12 septembre 2023 -
E.S.M.
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Cette
biographie sortira dans quelques jours, ce 15
septembre, en version italienne aux éditions Cantagalli.
Elle met en évidence la profonde communion de vision et d’action qui
liait le professeur Lejeune à Ratzinger, à Jean-Paul II et à l’archevêque de
Paris de l’époque, Jean-Marie Lustiger.
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Professeur Jérôme Lejeune -
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Jérôme Lejeune ou les combats auxquels le Pape François a renoncé
Le 12 septembre 2023 -
E.S.M. -
(s.m.) Les batailles dans lesquelles Pape François a renoncé à
combattre sont celles pour la défense de la vie à naître et de la
vision chrétienne de la procréation et de la famille. Certes, il
n’oublie pas de condamner l’avortement ou l’idéologie du « gender »,
parfois même avec des paroles plus crues que ses prédécesseurs
(« sicaires », « assassins », …), mais ces condamnations ne trouvent
que peu d’écho dans les médias, et c’est un peu comme s’il s’était
adapté à ce silence. Aucune commune mesure et même de loin, par
exemple avec le combat acharné que Jean-Paul II a mené en 1994,
avant et après la conférence internationale convoquée au Caire par
l’Organisation des Nations Unies dans le but déclaré d’« assurer les
droits reproductifs », en réalité le droit à l’avortement, et qui
est devenu dans les médias du monde entier un défi entre ce pape et
les puissants de la terre, à tel point que CNN avait envoyé sur
place l’un des plus célèbres correspondants de guerre, Christiane
Amanpour.
Cette année-là, en 1994, le dimanche de Pâques, s’éteignait « un grand
chrétien du XXe siècle, un homme pour lequel la défense de la vie était
devenu un apostolat », comme le définissait Jean-Paul II dans une lettre
d’hommage émue pour ses funérailles.
Il s’appelait Jérôme Lejeune. Biologiste de réputation internationale et
chrétien très intègre, c’est à lui que l’on doit la création de l’Académie
pontificale pour la vie, dont il fut le premier président. Trois ans après
sa mort, en 1997, Jean-Paul II s’était rendu sur sa tombe dans le village de
Chalo-Saint-Mars, non loin de Paris. Sa béatification est en cours et il a
été déclaré « vénérable » en 2021. La postulatrice de la cause, Aude Dugast,
a publié en 2019 en France une biographie captivante et très documentée du
professeur [sous le titre « La liberté du savant » chez Artège]. Cette
biographie sortira dans quelques jours, ce 15 septembre, en version
italienne aux éditions Cantagalli.
Le titre du livre est « Jérôme Lejeune. La libertà dello scienziato », on
peut l’acheter et consulter les deux premiers chapitres sur le site de
l’éditeur.
Nous en reproduisons un extrait ci-dessous qui témoigne de la vivacité de
la bataille dans laquelle le professeur Lejeune s’était engagé sur la vague
de la publication en 1987 de l’instruction Donum vitae, signée par
celui qui était à l’époque préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la
foi, le cardinal Joseph Ratzinger.
Le récit met en évidence la profonde communion de vision et d’action qui
liait le professeur Lejeune à Ratzinger, à Jean-Paul II et à l’archevêque de
Paris de l’époque, Jean-Marie Lustiger.
Mais il met également en évidence la distance au sommet de l’Église entre
la vivacité de ces années-là, sur ces thèmes essentiels, et la mollesse
actuelle.
*
« Évêques, n’ayez pas peur »
(De « Jérôme Lejeune. La liberté du savant », pp. 385-392)
En novembre 1987, Jérôme Lejeune part à nouveau pour l’Italie, mais cette
fois pour Rome, où il assiste au congrès de la Commission pontificale pour
la pastorale de la santé et intervient au synode des évêques pour les laïcs.
Comme à chacun de ses séjours dans la Ville Éternelle, Jérôme a le privilège
d’être invité à participer à la messe matinale dans la chapelle privée du
Saint-Père, qui le retient ensuite pour le petit-déjeuner. C’est, comme
toujours, une grande joie pour Jérôme, particulièrement appréciée en ces
temps difficiles. Et l’actualité, notamment avec la récente publication de
l’instruction Donum vitae, leur fournit bien des sujets de
discussion.
La Congrégation pour la doctrine de la foi propose, dans cette
instruction, une réflexion sur le respect de la vie humaine naissante et la
dignité de la procréation et Jérôme, qui défend devant les Parlements
français et étrangers la dignité de l’embryon humain, apprécie la qualité,
la mesure et la beauté de ce document […]
L’instruction suscite donc de vives réactions et […] dire que Jérôme
défend l’instruction Donum vitae, ce n’est pas évoquer seulement
ses interviews dans les médias mais aussi les interventions concrètes et
courageuses qu’il est appelé à faire, au risque de s’attirer encore les
foudres de la communauté scientifique et du grand monde. Cette fois, Jérôme
va devoir se confronter à une équipe de médecins de l’hôpital parisien
Notre-Dame-du-Bon-Secours, qui comme son nom l’indique est catholique et
appartient à une congrégation de sœurs. Ce même hôpital pour lequel, avant
la loi Veil, Jérôme était allé, à la demande de la mère supérieure, voir
l’évêque auxiliaire de Paris pour qu’il y fasse cesser les avortements. En
vain. Mais treize ans plus tard, avec le nouvel archevêque, les choses vont
changer.
Cette fois, le cardinal Lustiger dépêche une enquête auprès de l’hôpital.
La supérieure, sœur Jeanne, contacte Jérôme pour le supplier de prendre la
place qui se libère au Conseil d’administration. Elle espère qu’il pourra,
de l’intérieur, les aider à faire cesser les avortements et les fécondations
in vitro initiées en 1984 et pratiquées par le Dr Chartier. […] Le cardinal
Lustiger nomme Jérôme au Conseil d’administration de l’hôpital et, le 15
septembre 1987, le Conseil d’administration vote la cessation des
avortements et des fécondations in vitro. Les médecins responsables de ces
actes illégitimes dans cet hôpital catholique donnent leur démission et
partent furieux. Le Dr Chartier en tête.
Quelques mois plus tard, au début de l’année 1988, commence une campagne
de presse dénonçant l’obscurantisme et l’arrogance du magistère romain,
représenté par le cardinal Ratzinger et son défenseur, Jérôme Lejeune. Les
médias vantent en revanche les mérites du Dr Chartier, présenté
élogieusement comme un médecin catholique pratiquant et d’esprit
suffisamment ouvert pour critiquer le magistère. La campagne en faveur du Dr
Chartier est relayée par des dizaines de médias, dont La Croix. […]
Ces remous provoquent l’annulation d’une conférence que Jérôme devait donner
sur
Donum Vitae à l’université catholique de Lille, à l’invitation
des étudiants. Quinze jours avant la date prévue, Jérôme reçoit un courrier
lui annonçant que le recteur, en apprenant le nom de l’orateur élu par les
étudiants, a émis un veto sans appel. « Bel exemple de liberté d’expression
dans une faculté dite “catholique”. Le pape est à l’index et il est interdit
d’être d’accord avec lui ! » lâche Jérôme en apprenant la nouvelle. […]
Ce recteur, comme d’autres catholiques favorables aux méthodes de
procréation médicalement assistée, reproche effectivement au Vatican de ne
pas avoir interrogé les médecins pratiquant des fécondations in vitro.
Mais Jérôme est bien placé pour savoir à quel point ces critiques sont
infondées, puisque l’Académie pontificale des sciences a, comme d’habitude,
interrogé les plus grands spécialistes sur le sujet. Jérôme l’explique au
journal Famille chrétienne : « Le Dr Edwards, l’inventeur de la
technique, et le Dr Frydman, le promoteur en France de la méthode, ont
exposé leurs opinions devant l’Académie pontificale des sciences. »
Jérôme est encore sollicité sur l’instruction par de nombreux
correspondants auxquels il répond entre autres […] : « Le cardinal Ratzinger
avec
Donum Vitae dit aux hommes la vraie morale pour tenter de les
protéger d’un abus formidable de la technique capable d’amener un
effondrement total des mœurs. Relisez Le meilleur des mondes de
Huxley, relisez Goethe et le second Faust et vous verrez l’immense
nécessité du rappel (car ce n’est pas une innovation mais une destruction de
toute la morale chrétienne) de Donum vitae. »
Jérôme fait alors sur le cardinal Ratzinger un commentaire qui lui tient
à cœur :
« À propos du cardinal Ratzinger : je l’ai vu et entendu lors d’une
séance de travail subir il n’y a pas d’autre mot des attaques personnelles
très acerbes et des raisonnements théologiques démentiels sans se départir
un instant de son calme et de sa bonté ! Il a ensuite repris tout le sujet
traité en quelques minutes, a remis à l’endroit tout ce qui était cul
par-dessus tête, avec à chaque instant un respect des personnes que ses
interlocuteurs n’avaient guère manifesté. Dans la discussion c’est l’esprit
le plus clair et le plus charitable que j’aie jamais rencontré. Il ne
s’incline que devant la vérité. Mais il sait la chercher. »
Quand Jérôme participe à ces débats, pour défendre la beauté de la vie et
de la famille humaine, il sait les critiques virulentes dont il va faire
l’objet mais […] comme Jean-Paul II, il invite aussi à ne pas avoir peur.
C’est d’ailleurs en ces termes qu’il s’adresse aux évêques, au synode pour
les laïcs, à Rome, en 1987 :
« Vous qui êtes pour la famille, on se moquera de vous. On agitera devant
vous le spectre de la science prétendument bâillonnée par une morale
dépassée, on lèvera contre vous l’étendard tyrannique de l’expérimentation à
tout va… Évêques, n’ayez pas peur. Vous avez les paroles de vie ».
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
A lire ou relire :
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Sources :
diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.09.2023
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