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Jean-Paul II et Benoît XVI ont mené sur la question foi et raison un
travail exceptionnel dans l'histoire de l'Église
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Le 26 août 2023 -
E.S.M.
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Nicolas Diat ; Il est évident que Benoît XVI a consacré son
pontificat et une grande partie de son œuvre théologique au dialogue
entre la foi et la raison. Aujourd'hui, comment voyez-vous
l'importance de cette démarche ?
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Le pape Benoît XVI et Mgr
Gänswein -
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Réponse du Cardinal Sarah -
Effectivement, Benoît XVI ne s'est jamais lassé de revenir sur ce grand
thème car il lui semblait essentiel que nous puissions comprendre les
sources de notre croyance. Il considérait que le véritable travail du
théologien consiste à entrer dans la Parole de Dieu pour chercher à la
saisir rationnellement, dans la mesure du possible, et à la partager le plus
distinctement avec les hommes de son temps. Aussi, le théologien doit-il
élaborer des réponses à nos grandes questions humaines. Les baptisés ont le
devoir de croire non seulement avec le cœur mais également avec
l'intelligence. Pour Benoît XVI, la religion ne devait pas se fermer sur
elle-même ni se couper de l'aide de la raison. De la même manière, il lui
semblait très important de ne pas tomber dans le piège de ceux qui cherchent
à dissocier la raison de la foi, dans le sillage de la philosophie des
Lumières ; certains considèrent que la raison ne peut que régresser au
contact de la foi. Au contraire, foi et raison sont comme deux lumières qui
se réclament l'une l'autre.
Chaque croyant possède dans son cœur un trésor, et il a la possibilité
d'approfondir sa foi également par l'intermédiaire de la raison. Cette
merveilleuse complémentarité est un don de Dieu. Aucune rigueur scientifique
ne doit rebuter les chrétiens. Car la recherche scientifique est toujours une avancée dans la
compréhension de la Révélation et du monde. Les barrières que d'aucuns ont
voulu établir entre la foi et la raison sont sans fondement car elles sont
artificielles : il ne peut y avoir de contradiction en Dieu.
Jean-Paul II et Benoît XVI ont mené sur cette question un travail
exceptionnel dans l'histoire de l'Église. Comment oublier l'encyclique
Fides et ratio publiée en septembre 1998 ? Je ne me lasse pas de citer les
premières lignes de ce texte : « La foi et la raison sont comme les deux
ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de
la vérité. »
Notre monde, qui ne veut plus entendre parler de Dieu, pensant même ne pas
avoir besoin de Lui, peut trouver de grandes richesses dans le dialogue
entre la foi et la raison. Les hommes pourront alors comprendre que la plus
belle intelligence humaine n'est rien sans la lumière du Ciel dont le Père
nous donne une étincelle à travers la foi.
En ce sens, il est toujours important de méditer ce passage de Fides et
ratio : « Dans l'encyclique
Veritatis Splendor, j'ai attiré l'attention sur
quelques vérités fondamentales de la doctrine catholique, qui risquent
d'être déformées ou rejetées dans le contexte actuel. Par la présente
encyclique, je voudrais continuer cette réflexion et concentrer l'attention
sur le thème même de la vérité et sur son fondement par rapport à la foi. On
ne peut nier en effet que cette période de changements rapides et complexes
expose surtout les jeunes générations, auxquelles appartient l'avenir et
dont il dépend, à éprouver le sentiment d'être privées d'authentiques points
de repère. L'exigence d'un fondement pour y édifier l'existence personnelle
et sociale se fait sentir de manière pressante, surtout
quand on est contraint de constater le caractère fragmentaire de
propositions qui élèvent l'éphémère au rang de valeur, dans l'illusion qu'il
sera possible d'atteindre le vrai sens de l'existence. Il arrive ainsi que
beaucoup traînent leur vie presque jusqu'au bord de l'abîme sans savoir vers
quoi ils se dirigent. Cela dépend aussi du fait que ceux qui étaient appelés
par vocation à exprimer dans des formes culturelles le fruit de leur
spéculation ont parfois détourné leur regard de la vérité, préférant le
succès immédiat à la peine d'une recherche patiente de ce qui mérite d'être
vécu. La philosophie, qui a la grande responsabilité de former la pensée et
la culture par l'appel permanent à la recherche du vrai, doit retrouver
vigoureusement sa vocation originelle. C'est pourquoi j'ai ressenti non
seulement l'exigence mais aussi le devoir d'intervenir sur ce thème, pour
que l'humanité, au seuil du troisième millénaire de l'ère chrétienne, prenne
plus clairement conscience des grandes ressources qui lui ont été accordées
et s'engage avec un courage renouvelé dans la réalisation du plan de salut
dans lequel s'inscrit son histoire. »
Lecture :
Ratzinger comme un chef d'orchestre de Jean Paul II
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien" - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.08.2023
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