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Dieu nous a promis que le mal n'écrirait pas le dernier mot
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Le 08 novembre 2023 -
E.S.M.
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Nicolas Diaz questionnait le cardinal Sarah au sujet de
l'existence du démon. Ne s'agit-il pas d'un sujet peu compréhensible
interrogeait-il ?
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L’Enfer
de Dante -
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L'enfer marque une séparation définitive entre Dieu et l'homme. Mais
Dieu n'envoie jamais en enfer ; la damnation est le résultat d'un libre
choix. Ainsi, l'enfer existe par une volonté irréductible de se couper de
Dieu.
La Révélation nous enseigne avec certitude l'existence
d'esprits mauvais qui s'opposent à Dieu, en refusant de Le servir, et qui
poussent les hommes à se rebeller contre Dieu. Le démon est celui qui
divise, qui oppose les hommes entre eux.
L'existence du démon ne se comprend jamais aussi bien que
par ses œuvres. Comme tous les esprits, il n'est pas visible. D'ailleurs,
Satan n'aime rien tant que l'obscurité où il se trouve ; plus le diable est
caché, plus il est efficace.
Le prince de ce monde se reconnaît également par toutes les
tentations dans lesquelles nous tombons. Par les Écritures, nous savons
qu'il a tenté le Christ. Saint Luc écrit ainsi : « Jésus, rempli de
l'Esprit-Saint, revint du Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le
désert, où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea
rien durant ces jours-là, et, après qu'ils furent écoulés, il eut faim.
Alors le diable lui dit : "Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre
qu'elle devienne du pain." Jésus lui répondit : "II est écrit : ce n'est pas
seulement de pain que vivra l'homme." Le diable, l'ayant élevé, lui montra
en un instant tous les royaumes de la terre et lui dit : "Je te donnerai
toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car c'est à moi
qu'elle a été donnée, et je la donne à qui je veux. Toi, donc, si tu te
prosternes devant moi, elle sera toute à toi." Jésus lui répondit : "II est
écrit : tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et à lui seul tu rendras un
culte." Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du
Temple, et lui dit : "Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas ; car il
est écrit : "II donnera des ordres à ses anges à ton sujet, afin qu'ils te
gardent ; et ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte
une pierre." Jésus lui répondit : "II est dit : Tu ne tenteras point le
Seigneur, ton Dieu." Ayant épuisé alors toute tentation, le diable s'éloigna
de lui jusqu'au moment favorable » (Lc 4, 1-13).
Je voudrais également citer
un texte de saint Paul VI, du 29 juin 1972, lors d'une messe à la
basilique Saint-Pierre. Le pape ne cachait pas sa douleur et ses angoisses :
« Devant la situation de l'Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que
par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu.
Nous voyons le doute, l'incertitude, la problématique, l'inquiétude,
l'insatisfaction, l'affrontement. On n'a plus confiance dans l'Église. On
met sa confiance dans le premier prophète profane venu qui vient à nous
parler de la tribune d'un journal ou d'un mouvement social, et on court
après lui pour lui demander s'il possède la formule de la vraie vie, sans
penser que nous en sommes déjà en possession, que nous en sommes les
maîtres. Le doute est entré dans nos consciences, et il est entré par des
fenêtres qui devraient être ouvertes à la lumière. La critique et le doute
sont venus de la science, laquelle pourtant est faite pour nous donner des
vérités qui non seulement ne nous éloignent pas de Dieu, mais nous le font
chercher encore davantage et le célébrer plus intensément. Les savants sont
ceux qui courbent la tête, qui s'interrogent le plus douloureusement. Ils
finissent par dire : "Je ne sais pas, nous ne savons pas, nous ne pouvons
pas savoir." L'enseignement devient source de confusion et de contradictions
parfois absurdes. On célèbre le progrès pour pouvoir ensuite le démolir par
les révolutions les plus étranges et les plus radicales, pour renier toutes
les conquêtes, pour redevenir primitifs après avoir tant exalté les progrès
du monde moderne. Dans l'Église également règne cet état d'incertitude. On
croyait qu'après le concile le soleil aurait brillé sur l'histoire de
l'Église. Mais au lieu de soleil, nous avons eu les nuages, la tempête, les
ténèbres, la recherche, l'incertitude. Nous prêchons l'œcuménisme, et nous
nous séparons toujours davantage les uns des autres. Nous cherchons à
creuser des abîmes au lieu de les colmater. Comment cela a-t-il pu se
produire ? Une puissance adverse est intervenue dont le nom est le diable,
cet être mystérieux auquel saint Pierre fait allusion dans sa lettre.
Combien de fois, dans l'Evangile, le Christ ne nous parle-t-il pas de cet
ennemi des hommes ! Nous croyons à l'action de Satan qui s'exerce
aujourd'hui dans le monde précisément pour troubler, pour étouffer les
fruits du concile œcuménique et pour empêcher l'Eglise de chanter sa joie
d'avoir repris pleinement conscience d'elle-même. Et c'est pourquoi nous
voudrions, aujourd'hui plus que jamais, être capables d'exercer la fonction,
confiée par Dieu à Pierre, de confirmer nos frères dans la foi. Nous
voudrions vous communiquer ce charisme de la certitude que le Seigneur donne
à celui qui le représente sur cette terre, quelle que soit son indignité. La
foi nous donne la certitude, l'assurance, lorsqu'elle se fonde sur la Parole
de Dieu, acceptée et reconnue comme conforme à notre raison et à notre âme
humaine. »
Saint Jean-Marie Vianney disait avec raison que « c'est le
Saint-Esprit qui chasse les brouillards que le démon met devant nous pour
nous faire perdre le chemin du Ciel ».
Ainsi, il est important que les diocèses possèdent des prêtres exorcistes
solidement préparés, enveloppés de sainteté et protégés par le manteau
virginal de Marie. Les manifestations du démon sont aujourd'hui très
importantes et largement répandues. Sous son influence, les péchés d'hier
sont devenus des vertus. Le diable est finalement à la fête car il amasse
des gains substantiels. Nous ne devons toutefois avoir aucun doute, car la
victoire définitive sera pour Dieu seul. Saint Matthieu rapporte cette
phrase magnifique du Christ à Pierre : « Et moi, je te dis que tu es Pierre
et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts
ne prévaudront point contre elle» (Mt 16, 18).
Dieu nous a promis la victoire sur les forces du mal. Notre
espérance doit rester entière.
N. Diaz : « II y a dans tout homme, à toute heure, deux
postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation
vers Dieu ou spiritualité est un désir de monter en grade, celle de Satan ou
animalité est une joie de descendre. » Cette pensée de Charles Baudelaire
dans Les Fleurs du mal vous semble-t-elle éclairante ?
Ce grand poète rejoint les remarques de saint Paul sur la
difficulté à faire le bien. Souvenez-vous que l'apôtre disait : « Je me
complais dans la loi de Dieu du point de vue de l'homme intérieur ; mais
j'aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma
raison et m'enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. » II y a
chez l'homme une nostalgie de Dieu, une aspiration et un attachement
connaturel pour aller vers le Père. Pourtant, l'homme reste double, partagé
entre sa recherche du bien et le pouvoir des ténèbres.
Le diable cherche quotidiennement à nous piéger dans les mailles de la
tentation. L'homme regarde vers le Ciel, mais l'apesanteur du diable
l'attire sans cesse. De ce point de vue, la prière, secondée par la
pénitence, est un acte de résistance, un signe d'insoumission au prince de
ce monde. Je crois que la philosophe chrétienne Simone Weil a eu raison
d'écrire dans son livre La Pesanteur et la Grâce (Paris, Plon, 1947)
: « La création : le bien mis en morceaux et éparpillé à travers le mal. Le
mal est l'illimité, mais il n'est pas l'infini. Seul l'infini limite
l'illimité. » Cette réflexion présente la vérité de notre condition
terrestre. De la même manière, elle concluait avec justesse par cette
promesse sur l'issue de notre combat : « Dire que le monde ne vaut rien, que
cette vie ne vaut rien, et donner pour preuve le mal est absurde, car si
cela ne vaut rien, de quoi le mal prive-t-il ? »N. Diaz :
Dans l'histoire de l'humanité, Dieu
nous a promis que le mal n'écrirait pas le dernier mot. À travers les
tribulations de cette grande lutte, nous avons besoin de ne pas rester
seuls. Sans le secours de la grâce, nous sommes des enfants perdus ; l'homme
est une liane qui cherche à monter vers le soleil, mais elle a besoin d'un
arbre solide. Pour l'humanité, l'Église est cet arbre ; et pour l'Eglise,
cet arbre sur lequel s'enrouler pour faire monter ses enfants vers le Ciel,
c'est le Christ.
N. Diaz : Finalement, l'enfer existe-t-il ou s'agit-il d'une fable
effrayante et dépassée ?
L'enfer marque une séparation
définitive entre Dieu et l'homme. Mais Dieu n'envoie jamais en enfer ; la
damnation est le résultat d'un libre choix. Ainsi, l'enfer existe par une
volonté irréductible de se couper de Dieu.
Pourtant, si personne ne cherche la souffrance, la décision
de ne pas reconnaître Dieu entraîne des conséquences inéluctables. La
séparation du Père est un acte grave car l'homme se coupe de Dieu dont il
est le fils. L'enfer représente le contraire de l'épanouissement en Dieu.
Cette souffrance est comparée à un feu ardent car il
n'y a rien de plus terrible que de tuer ses parents, de les faire
disparaître définitivement de son cœur et de ses yeux.
Aujourd'hui, l'enfer constitue un problème qui est
parfaitement effacé de la réflexion autorisée ; Satan est même devenu une
forme de représentation uniquement romanesque. Dès lors, le diable jubile
car ses actes sont oubliés et cachés.
Pourtant, les visions de l'enfer par de grands saints de
l'Église sont effrayantes. J'aimerais citer les paroles de saint Marc qui
sont particulièrement claires : « Si ta main est pour toi une occasion de
chuter, coupe-la ; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie que
d'avoir les deux mains et d'aller dans la géhenne, dans le feu qui ne
s'éteint point. Si ton pied est pour toi une occasion de chuter, coupe-le ;
mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie que d'avoir les deux pieds et
d'être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint point. Et si ton
œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le ; mieux vaut pour toi
entrer dans le royaume de Dieu n'ayant qu'un œil que d'avoir deux yeux et
d'être jeté dans la géhenne, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne
s'éteint point. Car tout homme sera salé par le feu » (Mc 9, 43-49).
L'enfer est une réalité, et non une idée. Les représentations
du Jugement dernier, sur les tympans des cathédrales, sont explicites.
Certes, en Occident, nous avons crânement décidé d'évacuer la question de
l'enfer. Mais en Afrique, nous croyons en la nocivité des forces du mal. II
ne viendrait à personne l'idée de nier son existence, ses méfaits et ses
méthodes.
La ruse suprême du démon reste toujours de faire croire qu'il
n'existe pas. Pourtant, le pape François n'a pas eu peur de parler de Satan
lors de sa première messe après son élection sur le Siège de Pierre, en
déclarant : « Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de
Léon Bloy : "Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le diable." Quand on ne
confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité
du démon. »
Dans l'Évangile, le Christ dit explicitement qu'il n'est possible de
repousser le diable que par la prière et le jeûne. L'Église ne peut passer
sous silence un enseignement aussi fort.
Sur le même sujet :
►
Benoît XVI met en garde : « L'enfer existe vraiment, le Paradis n'est pas
automatique »
►
Benoît XVI : Dieu n'est pas prisonnier de son éternité
" L'abîme que nous appelons enfer, seul l'homme peut se le donner à
lui-même..."
►
Benoît XVI : c'est Jésus qui juge
"Un amour qui abolirait la justice créerait une injustice
et ne serait plus qu'une caricature de l'amour. L'amour véritable, c'est la
surabondance de la justice, surabondance débordant la stricte justice, mais
sans jamais la détruire, car la justice doit être et demeurer la forme
fondamentale de l'amour..."
Commentaire
de cet article du « Symbole des Apôtres »
rédigé par
Saint Thomas d’Aquin
Beaucoup
de chrétiens ne comprennent pas vraiment tout ce que signifie cette
« descente aux enfers » et toute la richesse de ce mystère.
C’est pourquoi nous recopions ci-dessous l’intégralité du commentaire de
cet article du « Symbole des Apôtres »
de
Saint
Thomas d’Aquin qui n’exprime pas là une opinion personnelle
mais qui synthétise l’enseignement des Saintes Ecritures et des Pères de
l’Eglise à ce sujet.
§ 77. – Comme nous l’avons dit, la mort du Christ a consisté, comme pour
les autres hommes, dans la séparation de son âme d’avec son corps mais
la divinité était unie de façon si indissoluble au Christ homme que,
malgré la séparation de son âme d’avec son corps, la divinité elle-même
s’est trouvée toujours parfaitement présente et unie à l’un et à l’autre
; c’est pourquoi le Fils de Dieu fut dans le sépulcre avec son corps et
il est descendu aux enfers avec son âme.
§ 78. – Le Christ est descendu aux enfers avec son âme pour quatre
motifs.
Le premier motif, ce fut de supporter toute la peine due au péché, afin,
par là, de l’expier entièrement. Or la peine du péché de l’homme ne
consistait pas seulement dans la mort du corps, mais aussi dans la
souffrance de l’âme. L’âme, en effet, elle aussi avait péché, et elle
était également punie par la privation de la vision de Dieu.
C’est pourquoi, avant l’avènement du Christ, tous, même les saints
Patriarches, descendaient après leur mort aux enfers.
Le Christ, pour souffrir toute la peine due aux pécheurs, voulut donc,
non seulement mourir, mais aussi descendre avec son âme aux enfers.
Aussi déclare-t-il : « On me compte parmi ceux qui descendent dans la
fosse : je suis comme un homme sans secours, libre parmi les morts »
(Ps. LXXXVII, 5-6). Les autres, en effet, étaient là comme des esclaves,
mais le Christ y était comme une personne jouissant de la liberté.
§ 79. – Le second motif de la descente du Christ aux enfers, ce fut de
secourir parfaitement tous ses amis. Il possédait en effet des amis non
seulement dans le monde, mais aussi dans les enfers. Car vous êtes les
amis du Christ, dans la mesure où vous avez la charité. Or, dans les
enfers, il y en avait beaucoup qui étaient morts avec la charité et la
foi au Christ qui devait venir : ce fut le cas, par exemple, d’Abraham,
d’Isaac, de Jacob, de Moïse, de David et des autres hommes justes et
parfaits. Et parce que le Christ avait visité les siens dans le monde et
les avait secourus par sa mort, il voulut aussi visiter les siens qui
étaient dans les enfers, et les secourir par sa descente auprès d’eux. «
Je pénétrerai toutes les profondeurs de la terre, je visiterai tous ceux
qui dorment, et j’illuminerai tous ceux qui espèrent dans le Seigneur »
(Eccli. XXIV, 45).
§ 80. – Le troisième motif de la descente de Jésus aux enfers fut de
triompher complètement du diable. En effet, quelqu’un triomphe
complètement d’un adversaire, non seulement quand il l’emporte sur lui
sur le champ de bataille, mais aussi quand il l’attaque jusque dans sa
propre maison et qu’il la lui ravit ainsi que le siège même de son
empire. Or le Christ avait triomphé dans sa lutte contre le diable et il
l’avait vaincu sur la croix ; c’est pourquoi il déclara : « C’est
maintenant le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le Prince de
ce monde – à savoir le diable – va être jeté dehors » (Jean XII, 31).
Aussi pour triompher de lui complètement, il voulut lui enlever le siège
de son royaume et l’enchaîner dans sa demeure, qui sont les enfers.
C’est pourquoi il y descendit et il lui ravit tous ses biens, il
l’enchaîna et lui enleva sa proie. Saint Paul écrit en effet aux
Colossiens : « Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et,
avec résolution, il les a traînées dans le déploiement de son propre
triomphe » (Col. II, 15).
Le Christ avait reçu en sa possession le ciel et la terre, et toute
puissance lui avait été donnée sur l’un et sur l’autre ; pareillement,
il voulut aussi recevoir les enfers en sa possession. Et ainsi
s’accomplit ce qu’écrira l’Apôtre aux Philippiens : « Qu’au nom de
Jésus, tout genou fléchisse aux cieux, sur terre et aux enfers » (Phil.
II, 10) et Jésus lui-même avait dit : « En mon nom, ils expulseront les
démons » (Marc XVI, 17).
§ 81. – Le quatrième et dernier motif de la descente du Christ aux
enfers fut de délivrer les saints qui s’y trouvaient présents.
De même en effet que le Christ voulut souffrir la mort, pour délivrer
les vivants de la mort, de même il voulut descendre aux enfers pour
libérer ceux qui y demeuraient. Aussi pouvons-nous lui adresser les
paroles du prophète Zacharie : « Vous, Seigneur par le sang de votre
alliance, vous avez retiré vos captifs de la fosse sans eau » (Zach. IX,
11). Le Seigneur a accompli la parole du prophète Osée : « O mort, je
serai ta mort ; enfer, je serai ta morsure ! » (Os. XIII, 14).
En effet, bien que le Christ ait entièrement détruit la mort, il n’a pas
complètement anéanti les enfers, mais il les a comme mordus ; car il n’a
pas libéré tous les captifs des enfers, mais ceux-là seuls qui étaient
exempts du péché mortel et également du péché originel, soit que la
circoncision les en ait délivrés quant à leur personne, soit que, avant
que Dieu n’ait donné la circoncision aux Patriarches, ils aient été
sauvés, ou bien par la foi de leurs parents fidèles – s’ils étaient
privés de l’usage de la raison – , ou bien – s’ils étaient adultes – par
des sacrifices et par la foi au Christ qui devait venir : mais ils
demeuraient dans les enfers à cause du péché originel d’Adam, dont le
Christ seul pouvait les libérer selon la nature.
C’est pourquoi le Christ laissa en enfer ceux qui y étaient descendus en
état de péché mortel, ainsi que les enfants incirconcis. C’est la raison
pour laquelle, s’adressant à l’enfer, il lui déclare : « Je serai ta
morsure, enfer ! ».
Ainsi donc le Christ est descendu aux enfers, et pour les quatre motifs
que nous venons d’exposer.
§ 82. – Nous pouvons y puiser, pour notre instruction, quatre leçons.
Premièrement, une ferme espérance en Dieu, Car quelque grande que soit
l’affliction dans laquelle un homme est plongé, il doit cependant
toujours espérer dans le secours de Dieu et mettre sa confiance en lui.
On ne peut pas en effet trouver d’état plus pénible que de demeurer dans
les enfers. Si donc le Christ a délivré ceux qui s’y trouvaient,
quiconque, s’il est l’ami de Dieu, doit avoir une grande confiance
d’être délivré par lui de n’importe quelle détresse.
Il est écrit en effet au Livre de la Sagesse : « La divine Sagesse
n’abandonna pas le juste vendu ; elle descendit avec lui dans la fosse
et ne le quitta pas dans les chaînes » (Sag. X, 13-14). Et parce que
Dieu vient spécialement en aide à ses serviteurs, l’homme qui sert Dieu
doit vivre dans une grande sécurité. « Celui qui craint le Seigneur »,
dit en effet l’Ecclésiastique, « ne se troublera jamais, il n’aura pas
peur, parce que Dieu est son espérance » (Eccli. XXXIV, 16).
§ 83. – En deuxième lieu, nous devons concevoir de la crainte à l’égard
de Dieu et bannir la présomption. En effet, bien que le Christ ait
souffert pour les pécheurs et qu’il soit descendu aux enfers, il n’en a
pas délivré tous les captifs, mais seulement, comme nous l’avons dit,
les âmes exemptes de péché mortel. Il y laissa ceux qui étaient morts
avec ce péché. Que tous ceux qui y descendent en cet état n’espèrent
donc pas le pardon. Mais ils demeureront aussi longtemps dans les enfers
que les saints dans le Paradis, c’est-à-dire éternellement. Le Christ a
déclaré en effet : « Les maudits s’en iront au supplice éternel, et les
justes à la vie éternelle » (Math. XXV, 46).
§ 84. – En troisième lieu, nous devons faire preuve de grande vigilance,
car le Christ est descendu aux enfers pour notre salut. Oui, nous devons
être attentifs à y descendre fréquemment en esprit, pour considérer les
peines qu’on y souffre, comme le faisait le saint roi Ezéchias, quand il
déclarait : « J’ai dit, au milieu de mes jours je m’en vais aux portes
de l’enfer » (Is. XXXVIII, 10). Ceux en effet qui, durant leur vie,
descendent souvent dans les enfers en pensée, n’y descendent pas
facilement à l’heure de la mort car la considération attentive des
tourments éternels retire l’homme du péché. Ne voyons-nous pas les
habitants de ce monde se garder des mauvaises actions dans la crainte
des peines temporelles ? Combien plus doivent-ils se détourner du mal,
dans l’appréhension des peines de l’enfer, car celles-ci surpassent
grandement les souffrances d’ici-bas par leur durée, leur amertume et
leur multiplicité. « Souviens-toi de ta fin », dit l’Ecclésiastique , «
et tu ne pécheras jamais » (Eccli. VII, 40).
§ 85. – En quatrième lieu, la venue du Christ aux enfers nous offre un
exemple d’amour. Jésus est en effet descendu aux enfers pour délivrer
les siens, c’est pourquoi nous devons nous aussi nous y rendre en esprit
pour venir en aide aux nôtres.
Les âmes du purgatoire en effet, ne peuvent rien faire pour elles-mêmes
; notre devoir est donc de leur porter secours. Ne serait-il pas
extrêmement cruel, celui qui se désintéresserait d’un être cher enfermé
dans une prison terrestre ? Comme il n’y a aucune comparaison entre les
peines de ce monde et les souffrances de ce lieu de purification,
combien plus cruel ne sera pas celui qui laisserait sans secours un ami
retenu dans le purgatoire ? « Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous
du moins, mes amis », disait le saint homme Job, « car la main de Dieu
m’a frappé » (Job XIX, 21). Et nous lisons au deuxième Livre des
Macchabées : « C’est une pensée sainte et salutaire de prier pour les
défunts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés » (2 Mac. XII, 46).
§ 86. – D’après saint Augustin, on peut secourir les âmes du purgatoire
principalement par trois bienfaits, à savoir par des messes, par des
prières et par des aumônes. Saint Grégoire en ajoute un quatrième le
jeûne. Il n’y a là rien d’étonnant, puisque même en ce monde un ami peut
satisfaire pour un ami.
§ 87. – Il est nécessaire à l’homme de connaître deux réalités à savoir
la gloire de Dieu et le châtiment de l’enfer. Attirés, en effet par la
gloire et effrayés par les châtiments, les hommes veillent sur eux-mêmes
et se retirent du péché. Mais il est très difficile à l’homme de les
connaître. Ainsi, au sujet de la gloire, il est dit dans la Sagesse : «
Qui donc pénétrera ce qui est dans le ciel ? » (Sag. IX, 16). C’est sans
aucun doute une oeuvre difficile pour les habitants de la terre, car,
dit saint Jean : « Celui qui est de la terre parle de la terre » (Jean
III, 31) ; tandis que découvrir ce qui est dans les cieux est chose
facile pour les êtres spirituels. Le même saint Jean dit en effet, dans
le même passage : « Celui qui vient d’en-haut est au-dessus de tous ».
Or c’est précisément pour nous enseigner les choses célestes que Dieu
est descendu du ciel et s’est incarné.
Il était pareillement difficile de connaître les peines de l’enfer. Le
Livre de la Sagesse met en effet cette parole dans la bouche des impies
: « On ne connaît personne qui soit revenu des enfers » (Sag. II, 1).
Mais maintenant il n’est plus possible de tenir un tel propos ; en
effet, comme le Christ est descendu du ciel pour nous enseigner les
choses célestes, de même il est ressuscité des enfers pour nous
instruire au sujet des enfers. Il est donc nécessaire que nous croyions,
non seulement à l’Incarnation du Christ et à sa mort, mais aussi à sa
résurrection d’entre les morts. Et c’est pourquoi il est dit dans le «
Je crois en Dieu » : Le troisième jour il est ressuscité des morts.
Saint Thomas d’Aquin – in commentaire du Symbole
des Apôtres.
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien" - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.11.2023
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