L'Eucharistie, souligne Benoît XVI
est "Sacrement de la paix" |
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ROME, le 08 Mai 2007 -
(E.S.M.)
- La juste place de chacun, prêtres et
laïcs, contribue à la beauté de la liturgie, et donc à sa vérité. Une telle approche conduit le pape Benoît XVI à demander que
soit développé dans la formation liturgique « le goût de la beauté »
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L’Eucharistie est
mémorial de la Résurrection -
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L'Eucharistie, souligne Benoît XVI est "Sacrement de la paix"
Extraits du Guide de lecture écrit par
les Pères Alain Mattheeuws et Alban Massie, s. j.
Première partie:
►
Introduction - 02.05.07
Deuxième partie:
►
Le plan de Sacramentum Caritatis - 03.05.07
Troisième partie - Les thèmes (1 à 4):
►
La « richesse multiforme » de l'Église -
06.05.07
Quatrième partie - Les thèmes (5 à 7):
►
L'Église qui fait "signe" au monde -
07.05.07
Cinquième partie - Les thèmes (8 et 9)
Douze thèmes développés dans l'Exhortation
(voici les 8e et 9e)
8. La beauté de la
célébration eucharistique (lire les
n°s 35-36, 66 et 96)
Le thème de la beauté de la
liturgie est central dans l'Exhortation. Contre des abus constatés en cette
matière après la réforme liturgique, les Pères synodaux avaient souligné la
« dignité » de la célébration eucharistique
(cf. propositions 25,28-29).
Dans sa réponse, Benoît XVI récuse des approches qui seraient uniquement
formalistes et moralisatrices (il l'affirme clairement au n° 82) mais il
appuie sa réflexion sur la dignité de la liturgie sur un principe plus
fondamental : « la valeur théologique et liturgique de la beauté », car la
liturgie exprime « la splendeur de la vérité »
(n° 35). Il ne s'agit pas là
non plus d'une revendication purement formelle, esthétique. L'Exhortation
définit en effet la beauté comme un attribut de
Dieu, un « transcendantal », selon le langage philosophique. Le
pape invite ici à lire les récits de la révélation biblique comme une
manifestation de cette beauté: «La beauté véritable est l'amour de Dieu, qui
s'est définitivement révélé à nous dans le mystère pascal»
(idem). La
charité révélée dans l'acte eucharistique du Christ se manifeste comme
beauté de Dieu.
Cette position a un soubassement philosophique
profond : l'unité entre vérité, beauté et bonté
(cf. n° 2 sur l'Eucharistie comme « nourriture de la vérité »).
Le pape reprend à ce sujet une expression typique qui est le titre de
l'encyclique publiée en 1993 pour traiter de la bonté morale dans son lien
avec la vérité de l'homme, image de la beauté de Dieu :
Veritatis Splendor. Jean-Paul II y affirmait que « la vie dans la sainteté [...]
constitue le moyen le plus simple et le plus attrayant par lequel il est
possible de percevoir immédiatement la beauté de la vérité, la force
libérante de l'amour de Dieu » (Veritatis Splendor, n° 107).
Cette communicabilité des transcendantaux entre eux permet de comprendre la
dignité (aspect moral) de la liturgie dans sa beauté (aspect transcendantal)
: la liturgie est bien veritatis splendor.
Sommes-nous
attentifs à la beauté et à son sens profond ? Dans nos cultures, nos
manières de vivre ? Comment voyons-nous l'unité entre vérité, beauté et bonté
?
La beauté de la liturgie
est christologique (cf. n° 36). De même que la beauté manifeste
le lien intrinsèque entre la Bonté et la Vérité de Dieu comme de l'homme, de
même la liturgie révèle le visage du « plus beau des enfants des hommes »
(Ps 45 [44], 3) qui a été aussi le plus défiguré dans la Passion
(cf.
Is 53, 2) et qui resplendit dans la gloire de la résurrection. La beauté
manifeste aussi le caractère eschatologique de la liturgie : « C'est le
Ciel qui vient sur la terre. » La réponse à ce dévoilement est l'adoration
(cf. n° 66).
Que signifie pour moi la
beauté du Christ ? Quel lien a-t-elle avec la liturgie ?
Les conséquences de cette théologie de la beauté sont importantes : elle
implique une harmonie, un ordre qui se vérifie dans
la manière dont chacun participe à la célébration
eucharistique. La juste place de chacun, prêtres et laïcs,
contribue à la beauté de la liturgie, et donc à sa vérité
(cf. n° 53). Une
telle approche conduit le pape à demander que soit développé dans la
formation liturgique « le goût de la beauté » (cf. n° 41 ; pour les enfants,
initiés à l'adoration : cf. n° 67).
On observera que de manière générale, le Saint-Père met en relation la
valeur de l'Eucharistie avec la simplicité et l'humilité des rites
(cf. nos
40, 47, 49, 50). Ce n'est pas que l'aspect eschatologique de la liturgie
soit gommé, car elle est « le ciel qui vient sur la terre » (n° 35), mais
l'aspect de simplicité dit aussi la vérité de la liturgie, caractérisée, à
partir de l'épisode du lavement des pieds, le Jeudi saint, comme le « geste
d'humilité infinie accompli par Jésus» (n° 1). Au fond, cette humilité
nécessaire de la liturgie provient de la source même du don eucharistique:
«Dieu, qui nous rejoint de manière humble dans les signes sacramentels » (n°
65). La simplicité et la sobriété de la liturgie sont autant de qualités que
l'on trouve en Marie, la « femme eucharistique »
(expression de Jean-Paul II, citée au n° 96), appelée dans la tradition poétique la «
toute belle » : « La beauté de la liturgie céleste, qui doit se refléter
aussi dans nos assemblées, trouve en elle un miroir fidèle »
(n° 96).
Nos églises, nos Eucharisties sont-elles
belles (chants, décoration et disposition des lieux, éclairages...) ? Comment
pouvons-nous participer à la beauté de la liturgie à chaque âge de la vie ?
Que signifie pour moi une liturgie humble ?
9. La structure de la célébration eucharistique
(lire les n° 43-51)
Ces paragraphes reprennent quelques éléments de la Messe auxquels il est
demandé d'apporter un soin particulier : l'écoute de la Parole de Dieu et
l'homélie (nos 44-46), la
présentation des dons (n° 47),
la Prière eucharistique (n° 48),
le geste de paix (n° 49), la
communion (n° 50) et l'envoi
(n° 51).
A. la parole de Dieu (lire les nos
10-11, 44-46, 50, 75)
Ce point est particulièrement développé. Le concile Vatican II avait mis
l'accent sur la place de la Parole de Dieu dans la Messe. Un cycle triennal
des lectures dominicales et un cycle biennal des lectures de la semaine ont
été mis en place, permettant ainsi aux chrétiens de goûter davantage la
Parole de Dieu.
Les numéros 10 et 11 avaient montré que l'institution de l'Eucharistie
s'enracine dans la Parole de Dieu, dans le mémorial de l'Alliance, dans les
figures de l'Ancien Testament «passant à la vérité»
(n° 11), selon un
principe d'interprétation de la Parole de Dieu inspirée de l'exégèse
patristique, dont de nombreux exemples sont donnés. Dès le début de
l'Exhortation, il avait été aussi affirmé que l'Eucharistie est «nourriture
de la vérité» (n° 2). Cela se vérifie en premier lieu dans la Parole de Dieu
annoncée dans la liturgie eucharistique. En effet, « il existe un lien
intrinsèque entre la Parole de Dieu et l'Eucharistie » (n° 44). Le pape
reprend l'enseignement de Vatican II qui définit
les modes de présence du Christ dans la liturgie : « II est là
présent dans sa parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans
l'église les Saintes Écritures » (Sacrosanctum
Concilium,
n° 7). Il l'explique par le fait que « la
Parole que nous annonçons et que nous écoutons est le Verbe fait chair (cf.
Jn 1, 14) » (n° 45). On remarquera aussi l'accent porté sur l'aspect
communautaire de l'écoute de la Parole de Dieu
(cf. nos 45, 76), qui peut
être source de réconciliation entre les
hommes (cf. n° 75, note 212).
Que signifie l'expression : « Le Christ ne
parle pas dans le passé mais dans notre présent, comme il est lui-même
présent dans l'action liturgique» (n° 45) ?
Le pape insiste sur la formation des lecteurs et sur la qualité des
homélies en soulignant « le but catéchétique et exhortatif » de ces
dernières (n° 46). Des suggestions pastorales sont proposées : tout d'abord,
renouveler la conscience de la présence actuelle du Christ dans sa Parole
par de courtes introductions avant
l'écoute des lectures bibliques (cf. n° 45). D'autre part, faciliter l'accès
à la Liturgie des Heures, à la prière des Psaumes, à la lectio divina
*.
[ *
Plus qu'une technique, la lectio divina est une prière. On pourrait
traduire cette expression par « lecture priante » où le lecteur est mis en
contact avec l'Auteur de la Bible, Dieu lui-même. Elle s'enracine dans la
tradition monastique et se déroule selon un rituel que Ton peut schématiser
ainsi : lectio (lecture du texte paisiblement, avec attention),
ru-minatio (action de mémoire et de réflexion sur les points du texte
biblique qui touchent le cœur) et meditatio (prière fervente)].
Enfin, centrer les homélies sur la relation de
la Parole de Dieu avec la célébration sacramentelle et la vie de la
communauté (cf. n° 46). Benoît XVI suggère qu'on s'appuie, avec
discernement, sur le matériau que constitue le
Catéchisme de l’Église Catholique, dans la mesure où les thèmes de la foi y sont constamment
irrigués à la source de la Parole de Dieu dans la tradition.
De quelle manière la Parole de Dieu
nourrit-elle le présent de nos vies ? Pour nos assemblées dominicales,
comment préparons-nous la liturgie de la Parole ?
Enfin, soulignons que cette insistance sur la qualité de la liturgie de
la Parole veut renouveler le sens des Assemblées
dominicales en l'absence de prêtre, dans lesquelles la liturgie
de la Parole prend une place importante. Benoît XVI reprend la proposition
des Pères synodaux demandant qu'un rituel
spécifique soit élaboré par les conférences épiscopales
(cf. n°
75, suivant la proposition 10). Pour lui, ces liturgies, avec ou sans
communion eucharistique, doivent « être des occasions privilégiées de prière
adressée à Dieu pour qu'il envoie de saints prêtres selon son cœur» (n° 75).
B. LA PRÉSENTATION DES DONS
Elle devrait être sobre et simple, sans amplification, des aménagements
restant possibles selon les cultures (cf. n° 54). Notons qu'à la suite de la
réforme liturgique, Benoît XVI ne parle pas d'«offertoire». En effet, ce
terme semble inapproprié, dans la mesure où ce geste « simple et humble » a
une signification christocentrique et
eschatologique : « Dans le pain et dans le vin que nous apportons
à l'autel, toute la création est assumée par le Christ Rédempteur pour être
transformée et présentée au Père» (n° 47). À la fin de l'Exhortation, il
souligne l'implication écologique de ce geste (cf. n° 92).
Benoît XVI dit que la souffrance et la
douleur du monde sont présentées avec les dons (cf. n° 47). Que cela
signifie-t-il concrètement dans nos Eucharisties ?
C. la prière eucharistique
La seule proposition qui n'ait pas été reprise dans l'Exhortation aurait
pu se trouver dans ce paragraphe. Elle suggérait un enrichissement des
prières eucharistiques dans des acclamations, « pas seulement après la
consécration mais à d'autres moments également »
(proposition 21). Benoît
XVI se contente de reprendre les indications de la
Présentation Générale du MISSEL ROMAIN. La raison de cette décision tient sans doute à la très
grande diversité actuelle des prières eucharistiques qui offrent déjà un
large choix pastoral aux célébrants. Benoît XVI souligne cependant
une profonde unité dans l'anaphore entre l'invocation
de l'Esprit Saint et le récit de l'institution
(cf. n° 48). Le Saint-Père remarque ici la communion entre la théologie occidentale et la
théologie orientale sur cette question, la première insistant sur les
paroles mêmes de l'institution de l'Eucharistie, la seconde soulignant la
présence active de l'Esprit Saint dans l'épiclèse.
Comment vivons-nous la vérité de la prière
eucharistique ?
D. LE GESTE DE PAIX
Absent du rite romain de 1962 (dit de saint Pie V), le geste de paix
(présent aussi dans les traditions orientales) reçoit ici ses lettres de
noblesse: il est un signe éloquent, à
notre époque, de l'annonce de « Celui qui est notre Paix »
(cf. Ep 2, 14).
Benoît XVI lui donne une justification très profonde: l'Eucharistie est
«Sacrement de la paix» (n° 49). Une telle signification exige
la modération et la sobriété. On notera que
le pape a demandé que « soit étudiée la possibilité de placer le geste de
paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à
l'autel» (n° 49, note 150; cf. proposition 23).
Benoît XVI fait référence à Mt 5, 23ss pour
éclairer la signification du geste de paix (n° 49, note 150). Quel lien
faisons-nous entre ce passage et le geste de paix ?
E. LA DISTRIBUTION ET LA RÉCEPTION DE I'EUCHARISTIE
Trois indications sont données : la simplicité,
le respect des normes liturgiques, le temps de l'action de grâce,
souligné par un chant et le recueillement en silence
(cf. n° 50).
Nous nous permettons de citer un texte du cardinal Ratzinger commentant
le célèbre passage de la catéchèse mystagogique de saint Cyrille de
Jérusalem dans lequel celui-ci explique le geste des mains ouvertes pour
recevoir le pain de vie: «Les mains de l'homme forment la croix qui devient
trône, la croix dans laquelle le roi se penche. La main ouverte et tendue
peut ainsi signifier l'homme qui se tend lui-même au Seigneur, qui ouvre ses
mains pour lui afin qu'elles deviennent instruments de sa proximité, trône
de ses miséricordes en ce monde»
(Joseph ratzinger, Dieu nous est proche. L'Eucharistie au cœur de l'Église,
Parole et Silence, 2003, p. 72).
F. L'envoi
Une précision est apportée pour expliquer le sens eucharistique de ce
moment de la célébration. L'envoi dont il s'agit est un envoi en « mission »
qui exprime la nature
missionnaire de l'Église. Benoît XVI approuve la proposition des
Pères synodaux à ce sujet : « II conviendrait de préparer de nouvelles
formules de conclusion (bénédictions solennelles, prières sur le peuple ou
autre) qui soulignent la mission dans le monde des fidèles qui ont participé
à l'Eucharistie» (proposition 24).
La formule traditionnelle « la messe est
dite » est passée dans le langage courant. Sommes-nous conscients du
décalage avec ce qui est vécu dans l'envoi ?
(à suivre)
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.05.2007 - BENOÎT XVI -
Table S.C. |