L'exhortation post-synodale de Benoît XVI
commentée par le cardinal Ouellet |
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Le 07 décembre 2007 -
(E.S.M.) - J’invite la
communauté diocésaine à renouveler sa fidélité à ce don du Christ
ressuscité et à intensifier la préparation spirituelle au Congrès
eucharistique de "Québec 2008" qui aura lieu dans moins d'un an. Joie et
gratitude sont les sentiments qui m’habitent à l’approche de ce grand
événement international qui marquera les fêtes du 400e anniversaire de
Québec. (par le Cardinal Marc Ouellet)
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Monsieur
le Cardinal Marc Ouellet -
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L'exhortation post-synodale du pape Benoît XVI commentée par le cardinal
Marc Ouellet
QUÉBEC 2008
GRANDE MISSION eucharistique
Lettre pastorale sur le renouvellement
du culte de la Sainte Eucharistie
Chères diocésaines, chers diocésains,
« LA SAINTE EUCHARISTIE CONTIENT tout le trésor spirituel de l’Église,
c’est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le pain vivant, lui
dont la chair, vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, donne la vie aux
hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur
propre vie, leur travail, toute la création
(Conc. oecum. Vatican II, décret
Presbyterorum Ordinis, no 5). »
À l’occasion de la Fête-Dieu 2007, je salue très cordialement tous les
fidèles dans la joie de notre foi en la Sainte Eucharistie, don de Dieu pour
la vie du monde. J’invite la communauté diocésaine à renouveler sa fidélité
à ce don du Christ ressuscité et à intensifier la préparation spirituelle au
Congrès eucharistique de "Québec
2008" qui aura lieu dans moins d'un an. Joie et gratitude sont les
sentiments qui m’habitent à l’approche de ce grand événement international
qui marquera les fêtes du 400e anniversaire de Québec.
Comme 24e successeur du bienheureux François de Laval, je remercie Dieu de
tous les bienfaits qu’Il a accordés à notre peuple au long de son histoire
et je le prie de nous bénir d’une façon toute spéciale en ce temps de
renouvellement du culte de la Sainte Eucharistie. J’invite les communautés
du diocèse à raviver leur dévotion eucharistique et leur attachement à la
messe dominicale dans la fidélité à nos meilleures traditions. Notre accueil
des milliers de pèlerins de l’Église universelle qui viendront célébrer avec
nous en 2008 en sera rehaussé et rendu plus authentique.
Un appel à joindre le grand mouvement eucharistique
international
Un grand mouvement eucharistique s’affirme un peu partout dans l’Église
universelle et dans notre milieu, nourri par les fruits de la réforme
liturgique et par beaucoup de messages qui convergent depuis l’an deux mille
: l’encyclique de Jean-Paul II sur l’Eucharistie et l’Église en 2003
(Ecclesia
De Eucharistia), l’instruction disciplinaire
Redemptionis Sacramentum en 2004, le Congrès eucharistique international
de Guadalajara d’octobre 2004, l’Année de l’Eucharistie qui s’est conclue
avec le
Synode des évêques en octobre 2005, l’exhortation postsynodale
"Sacramentum Caritatis"
de Benoît XVI en février 2007. Tous ces
événements et ces messages visent le renouvellement de la vie eucharistique
de l’Église, notamment le sens de la messe dominicale, le développement de
l’adoration eucharistique et l’engagement social qui en découle comme
sacrement de l’amour.
Après 40 ans d’expérience de la réforme liturgique du concile Vatican II,
les temps sont mûrs pour un nouveau regard sur notre tradition spirituelle
et culturelle. Nos pratiques eucharistiques ont certes connu des changements
et des pertes depuis quelques décennies, mais elles demeurent des ressources
de premier plan en un temps de lourd déficit spirituel.
L’Eucharistie émerge du brouillard comme le phare qui
rassure le voyageur en quête du havre spirituel où il peut se reposer et se
refaire. Le moment est venu pour notre culture québécoise de puiser
abondamment dans ses valeurs profondes de foi eucharistique, de vie
familiale et de solidarité, qui ont fait la force de notre société. Le
matérialisme, l’individualisme et le culte de l’argent ne peuvent pas
nourrir la vie de charité de notre culture chrétienne profondément enracinée
dans le terroir québécois. Je suis convaincu que l’heure est venue d’une
nouvelle alliance, plus personnelle et communautaire à la fois, avec nos
valeurs et nos pratiques religieuses, concrètement avec le Christ, qui vient
à la rencontre de notre peuple depuis des siècles dans la Sainte
Eucharistie.
Québec 2008 : relais du grand mouvement
eucharistique international
La grande montée eucharistique de Québec s’inscrit donc dans le mouvement
eucharistique international au sein d’un monde globalisé. Elle se profile
comme une étape d’approfondissement du mystère
eucharistique, à la lumière de l’exhortation postsynodale
Sacrement de l’amour et du document
théologique de base du Congrès qui prend comme thème principal le «don de
Dieu ». La Sainte Eucharistie est le don de Dieu par excellence,
don de Dieu pour la vie du monde. Ce don
suppose la foi comme accueil, et l’Église comme partenaire d’alliance dans
cette offrande que Dieu fait de lui-même au monde. Les auditoires d’évêques,
de prêtres, de diacres et de fidèles auxquels j’ai exposé ce thème, au
Canada et à l’étranger, ont accueilli positivement ce message eucharistique.
Je souligne en particulier la réponse enthousiaste des jeunes lors des
montées-jeunesse de mai 2006 et 2007. Ces jeunes traduisent l’espérance de
leur génération d’accéder à la connaissance de la culture eucharistique dont
témoignent nos saints et nos églises, mais dont ils sont malheureusement
privés, faute d’éducation chrétienne appropriée. À leur demande, un objet
symbolique bénit par Benoît XVI, l’Arche de la Nouvelle Alliance,
parcourt le pays et suscite beaucoup d’intérêt pour un approfondissement du
mystère eucharistique.
L’appel est donc lancé : entrons dans le mouvement de prière et d’adoration
; à l’Eucharistie dominicale, allons fidèlement à la rencontre du Christ
ressuscité ; demandons la grâce de mieux reconnaître sa présence et de mieux
répondre en son nom aux besoins d’amour et d’espérance de notre monde.
Pour le renouvellement du culte eucharistique
L’Eucharistie, ce « grand mystère de la foi », appelle nécessairement à
vivre des moments importants de célébration, dans le cadre de la messe ou
dans celui de l’adoration en dehors de la messe. Grâce au rituel de la
messe, qui permet à l’Église de réaliser le mémorial du mystère pascal,
chaque célébration actualise le don que Dieu fait de lui-même dans le Christ
et qui est accueilli par les fidèles rassemblés pour rendre grâce avec lui.
En un lieu précis, où se rassemblent les disciples du Christ, Dieu rend
présent le don de son Fils au coeur de leur histoire, et il leur dispense sa
vie nouvelle de Ressuscité.
Une référence à l’art et à la beauté
La célébration de l’Eucharistie ne peut pleinement s’effectuer sans un lien
intrinsèque avec l’art et la beauté. Dans son exhortation apostolique
"Sacramentum Caritatis", le pape Benoît XVI indique
que «l’art de célébrer (Ars celebrandi) est la meilleure condition
pour une participation fructueuse (actuosa
participatio)
(Benoît XVI, Exhort. apost. postsynodale
Sacramentum caritatis (22 février 2007) no 38) ». La
participation active, pleine et entière d’une assemblée liturgique dépend en
grande partie de la manière dont elle est animée et présidée. Les rites
doivent non seulement être connus, mais aussi être intériorisés par tous les
acteurs de la célébration afin d’aider l’assemblée à entrer dans le mystère.
Le Saint-Père parle également de la dimension de la beauté dans la
célébration : « La beauté de la liturgie fait partie du mystère de l’Eucharistie
; elle est expression très haute de la gloire de Dieu et elle constitue, en
un sens, le Ciel qui vient sur la terre… La beauté n’est pas un facteur
décoratif de l’action liturgique ; elle en est plutôt un élément
constitutif, en tant qu’elle est un attribut de Dieu lui-même et de sa
révélation (Ibidem,
no 35). »
Bien connaître les rituels
Afin de bien remplir leur tâche pastorale, les responsables de la liturgie
doivent avoir une juste et vive connaissance des rituels actuels de l’Église.
J’invite tous les célébrants à vérifier leurs compétences à ce propos et à
prévoir dans leur horaire des temps de formation, si cela s’avère
nécessaire. La fidélité aux normes liturgiques dépend en grande partie de la
connaissance acquise en ce domaine. Elle suppose également la volonté de
bien les appliquer en tenant compte de l’esprit de la liturgie et des
situations concrètes dans lesquelles les célébrations se déroulent.
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« La beauté de la
liturgie fait partie du mystère de l’Eucharistie ; elle est expression
très haute de la gloire de Dieu. »
Benoît XVI
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Dieu rend présent le don de son Fils au coeur de
l’histoire des disciples du Christ, et il leur dispense sa vie nouvelle de
Ressuscité.
Des acquis majeurs depuis la réforme conciliaire
Depuis la réforme liturgique, les fidèles ont été « amenés à la
participation pleine, consciente, active, intérieure et extérieure aux
célébrations liturgiques (Conc. oecum.
Vatican II,
Sacrosanctum Concilium, nos 14 et 19) ». Ils ont également
acquis « le goût savoureux et vivant de la Sainte Écriture
(Ibidem, no 24) », de même que le
sens de la dimension communautaire des célébrations qui «appartiennent au
Corps tout entier de l’Église (Ibidem, no
26) ». La langue vernaculaire a permis à l’ensemble des baptisés
d’approfondir leur foi au Christ ressuscité présent dans le sacrement de l’Eucharistie.
Nous devons nous féliciter de ces acquis qui ont favorisé le vrai culte à
rendre à Dieu. Une créativité remarquable a été déployée pour susciter la
participation de l’assemblée à l’action liturgique, pour proclamer
adéquatement les textes de la Parole et comprendre les rites qui conduisent
au mystère célébré. Au langage du corps se sont ajoutées des expressions
diverses – visuelles, gestuelles, musicales – qui reflètent le souci
d’adapter la liturgie aux sensibilités culturelles de notre temps.
Des pratiques à ajuster
Dans son
Exhortation post-Synodale sur l'Eucharistie, le pape Benoît XVI
rappelle certains points de la célébration qui avaient été signalés
auparavant dans le document disciplinaire de la Congrégation pour le culte
divin et la discipline des sacrements,
Redemptionis Sacramentum, pour corriger les abus et améliorer
l’observance des normes liturgiques de l’Église. À la lumière de ces deux
documents, j’invite les fidèles et tout spécialement les prêtres et les
diacres à considérer avec sérieux les éléments suivants de la célébration de
l’Eucharistie.
► Le chant,
qui occupe une place importante dans la liturgie, doit être de grande
qualité et correspondre aux différents moments du rite et aux temps
liturgiques. Élément essentiel de la participation à l’action liturgique, il
ne doit pas être exécuté sans donner à l’assemblée toute la place qui lui
revient. Un équilibre doit donc exister entre le rôle de la chorale et
l’animation de l’assemblée.
► Les
attitudes corporelles des fidèles et des ministres doivent également
s’ajuster aux mouvements de la prière chrétienne. Il faut reprendre
l’habitude, pour les personnes qui n’ont pas d’empêchement physique, de
faire la génuflexion en entrant dans l’église et habituellement lorsqu’on
passe devant le tabernacle, où est déposé le Saint-Sacrement.
► Le silence
faisant partie intégrante de la célébration, on évitera toute précipitation
d’une action liturgique à l’autre, notamment au moment de la communion, afin
de favoriser la prière et l’intériorisation du mystère. Il est bon, pour les
ministres ordonnés et les fidèles, de réserver un moment de silence avant le
début de chaque célébration.
► La liturgie
de la Parole requiert une proclamation très soignée des textes de l’Écriture
et l’adaptation de l’homélie aux besoins réels de l’assemblée. Il faut
respecter les lectures proposées par le Lectionnaire, particulièrement
celles des dimanches, qui sont au nombre de trois. L’importance de l’homélie
ne saurait être exagérée, car de sa qualité dépend la participation
intérieure des fidèles. Elle doit faire le lien entre la vie, les textes de
la Parole et le mystère pascal du Christ qui est célébré. Elle peut être
catéchétique et exhortative, le Lectionnaire triennal pouvant
suggérer de grands thèmes de la foi élaborés par le Magistère de l’Église et
résumés dans le
Catéchisme de l'Eglise catholique.
► L’homélie
appartient en propre au ministère de l’évêque, du prêtre et du diacre. Je
réitère la demande d’ajuster les pratiques afin de respecter cet ordre des
choses dans le cadre de la célébration eucharistique.
► Au moment de
la présentation des dons, il convient que des membres de l’assemblée
apportent le pain et le vin au prêtre qui préside la prière. Ce geste
illustre symboliquement que toute la vie des fidèles est offerte et incluse
dans l’offrande du Seigneur.
► Il revient au
président de l’assemblée de choisir et de proclamer la prière
eucharistique qui convient le mieux aux circonstances de chaque
célébration. Cette prière lui est réservée selon son rôle de ministre
ordonné. L’assemblée s’y associe intérieurement et exprime sa participation
au dialogue initial de la préface, au Sanctus, à l’acclamation après
la consécration, et lors de l’Amen final.
► Le geste de
la paix, qui permet le partage de la paix reçue de Dieu, doit être
encouragé, sans toutefois forcer les gens au 6 contact physique. Une
sobriété s’impose dans la manière de faire le geste, par exemple en donnant
la main aux voisins immédiats seulement.
► Le rôle des
ministres de la communion est important et doit être revalorisé,
notamment en ce qui concerne la distribution de la communion aux malades.
Qu’on assure la préparation et la supervision des ministres extraordinaires
de la communion. Je demande aux pasteurs de veiller attentivement au respect
de l’usage des custodes et de faire cesser les abus notables en ce domaine.
► Il faut soigner
le rite d’envoi en rappelant aux fidèles qu’ils reprennent la route pour
aller témoigner de l’amour qui jaillit de la mort et de la résurrection du
Christ. La qualité d’une célébration réside dans l’unité de ses éléments,
que les responsables ont dû établir au moment de la préparation. Il revient
au prêtre de chaque communauté, en communion avec l’évêque, premier pasteur
et responsable de la liturgie de son diocèse, de soigner les célébrations de
l’Eucharistie afin que celles-ci reflètent et actualisent dignement
l’événement fondateur de la mort et de la résurrection du Seigneur. Les
membres des équipes de liturgie jouent un rôle important au service des
communautés locales pour assurer que les célébrations soient dignes et
respectueuses du mystère annoncé.
Lors de la rencontre des délégués internationaux à Rome, le Saint-Père
Benoît XVI a insisté sur le renouveau de l’adoration eucharistique comme but
du Congrès eucharistique de 2008. Accueillons son appel et renouvelons cette
pratique par la visite au Saint-Sacrement et par l’heure sainte avec
bénédiction du Saint-Sacrement. J’encourage les équipes d’adorateurs et
d’adoratrices des chapelles d’adoration à persévérer en cette pratique en
ayant une conscience toujours plus vive de la dimension ecclésiale de leur
mission.
Soigner les célébrations de l’Eucharistie afin
que celles-ci reflètent et actualisent dignement l’événement fondateur de la
mort et de la résurrection du Seigneur.
Un temps de grâce
La tenue prochaine du 49e Congrès eucharistique international à Québec est
un temps de grâce qui ravive la conscience des racines chrétiennes de notre
pays et qui doit relancer la pratique régulière de l’Eucharistie dominicale
au sein de notre population. Que notre charité plus intense et fraternelle
soit une main tendue à nos frères et soeurs éloignés afin qu’ils
redécouvrent la présence du Christ ressuscité au coeur de nos assemblées.
Que ces mots d’Abraham, notre père dans la foi, soient de tous nos instants,
en présence de l’Eucharistie : « Je t’en prie, Seigneur, ne passe pas sans
t’arrêter…»
Notre témoignage personnel et communautaire, uni à celui des milliers de
pèlerins de l’Église universelle qui se joindront à nous, sera une
contribution de grande qualité pour que « le peuple chrétien approfondisse
la relation entre le mystère eucharistique, l’action liturgique et le
nouveau culte spirituel qui vient de l’Eucharistie, en tant que
sacrement de l’amour (Benoît XVI, exhort.
apost. postsynodale Sacramentum caritatis (22 février 2007) no. 5).
». Par l’intercession de Notre Dame, que l’Esprit du Seigneur remplisse
toute l’Église d’un nouveau souffle eucharistique afin que le monde ait en
Lui la paix et la vie en abondance.
Donné à Québec, en la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
Marc Cardinal Ouellet
Archevêque de Québec
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2007 - Grande mission eucharistique
Table : ►
Québec 2008
Sources: www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/Quebec - T/S.C. |