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Comment François instrumentalise honteusement
Benoît XVI
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Le 06 février 2023 -
(E.S.M.)
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Sur le vol de retour de son voyage au Soudan du Sud, le Pape
Bergoglio, l'archevêque de Canterbury et le modérateur
de l'Église d'Écosse répondent aux questions des
journalistes. Ce qui est difficilement acceptable dans
son propos ci-dessous est que Bergoglio se permet
d'instrumentaliser Benoît XVI de manière honteuse,
allant jusqu’à affirmer que celui-ci se serait rangé à
son avis concernant l’union entre personnes de même
sexe, et lui prêtant des propos qui ne peuvent pas être
les siens quand on connait notre cher Benoît XVI.
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Comment François instrumentalise honteusement Benoît XVI
Conférence de presse du vol papal
Le 06 février 2023 - E.
S. M. - Sur le vol de retour de son voyage au Soudan du Sud, le Pape
Bergoglio,
l'archevêque de Canterbury et le modérateur de l'Église d'Écosse
répondent aux questions des journalistes. François a parlé de Benoît
XVI: « sa mort a été instrumentalisée à des fins partisanes et non
par l'Église, il n’a pas été aigri par ce que j'ai fait ». [NDLR
: ce qui est difficilement acceptable dans son propos ci-dessous est
que Bergoglio se permet d'instrumentaliser Benoît XVI de manière
honteuse, allant jusqu’à affirmer que celui-ci se serait rangé à son
avis concernant l’union entre personnes de même sexe, et lui prêtant
des propos qui ne peuvent pas être les siens quand on connait notre
cher Benoît XVI] Sur les
homosexuels: « les criminaliser est une injustice ».
« Le monde entier est en guerre, s’autodétruit, arrêtons-nous à
temps! » Le Pape François, aux côtés de l'archevêque de
Canterbury Justin Welby, et du modérateur de l’assemblée générale de
l'Église d'Écosse Iain Greenshields, s'entretient avec des
journalistes sur le vol de retour du Soudan du Sud. Dans de nombreux
cas, ils répondent ensemble aux questions. C'est l'occasion pour
François non seulement de rappeler «l'injustice» de la
criminalisation des homosexuels, mais aussi de parler de la mort du
Pape émérite Benoît XVI, dont le décès le 31 décembre a été
accompagné de reconstitutions polémiques l'opposant à son
successeur: «sa mort a été instrumentalisée» par des personnes
«partisanes et non par l'Église». Le Pape a également expliqué que
son prédécesseur, qu'il a consulté à plusieurs reprises au fil des
ans, « n'a pas été aigri par ce que j'ai fait». En ouvrant la
discussion, aux côtés de Justin Welby et de Iain Greenshields,
François a répété qu’il venait d’effectuer «un voyage œcuménique» et
c'est pourquoi «j'ai voulu qu'ils soient tous les deux présents à la
conférence de presse». En particulier l'archevêque de Canterbury,
qui est depuis des années sur ce chemin de la réconciliation au
Soudan du Sud.
Justin Welby
En janvier 2014, mon épouse et moi-même avons visité le Soudan du
Sud dans le cadre d'un voyage de la Communion anglicane, et en
arrivant l'archevêque nous a demandé d'aller dans une ville appelée
Bora. La guerre civile durait depuis 5 semaines à l'époque et était
très féroce. Lorsque nous sommes arrivés à Bor, à l'aéroport, les
premiers cadavres étaient à l’entrée. Il y avait 5 000 cadavres non
enterrés à Bor à l'époque. Les Nations unies étaient là. Nous sommes
allés à la cathédrale où tous les prêtres avaient été tués et les
femmes violées et assassinées. C'était une situation horrible. Sur
le chemin du retour, ma femme et moi avons ressenti un profond appel
à voir ce que nous pouvions faire pour soutenir le peuple du Soudan
du Sud. Depuis lors, à l’occasion de l'une des rencontres régulières
que j'ai le privilège d'avoir avec le Pape François, nous avons
beaucoup parlé du Soudan du Sud et développé l'idée d'une retraite
au Vatican. Mon équipe à Lambeth et le Vatican ont travaillé
ensemble, se sont rendus au Soudan du Sud en 2016, ont travaillé sur
le terrain et ont travaillé avec les dirigeants pour essayer
d'organiser cette visite. Ma femme a travaillé avec des femmes
responsables communautaires et des épouses d'évêques. Nous avons
rendu visite à des dirigeants en exil en Ouganda. En 2018, il est
devenu évident qu'il y avait une possibilité de visite début 2019 et
nous avons réussi à la faire. C'est un miracle que cela se soit
produit.
L'un des deux vice-présidents était assigné à résidence à Khartoum.
Je me souviens que 36 heures plus tôt, sur le parking d'une école à
Nottingham, j'avais parlé au secrétaire général des Nations unies
pour qu'il lui délivre un visa, ce qu'il a fait brillamment, et il a
réussi à partir juste avant que l'espace aérien ne soit fermé par un
coup d'État. Le moment charnière de la rencontre de 2019 a été, bien
sûr, le geste inoubliable du Pape qui s'est agenouillé et a embrassé
les pieds des dirigeants pour plaider en faveur de la paix, et ils
ont essayé de le freiner. C'était un moment extrêmement remarquable.
Nous avons eu des discussions difficiles, mais en fin de compte, ils
se sont engagé à renouveler l'accord de paix et je pense que le
geste du Pape a été le moment clé, le tournant. Mais comme le dit un
entraîneur, vous êtes bon jusqu'au prochain match. Et la Covid a
reporté le match suivant. Je pense que le résultat a été une perte
d'élan. Lors de la préparation de cette visite, nos équipes se sont
remises au travail mais elles étaient moins confiantes qu'en 2019.
Cependant j'ai terminé cette visite avec un profond sentiment
d'encouragement, non pas tant parce qu'il y a eu une percée mais
parce qu'on a eu le sentiment, comme l'a dit le Pape, d'un cœur qui
parle au cœur. Ce n'est pas au niveau intellectuel qu'il y a eu des
contacts dans les différentes réunions, le cœur a parlé au cœur. Il
y a un élan au niveau intermédiaire et à la base, et ce dont nous
avons besoin maintenant, c'est d'un changement d'avis sérieux de la
part des dirigeants. Ils doivent accepter un processus qui mène à
une transition pacifique. Nous l'avons dit publiquement, il doit y
avoir un effort de lutte contre la corruption et la contrebande pour
contrer l'énorme accumulation d'armes. Il faudra continuer à
travailler ensemble, avec le Vatican et avec la troïka, pour que
cette porte ouverte, qui n'est pas aussi ouverte que je le
souhaiterais mais qui l'est, s'ouvre en grand et permette de
progresser. Dans deux ans, il y aura des élections, nous avons
besoin de progrès sérieux d'ici la fin de 2023.
Iain Greenshields
Mon expérience est très différente, c'était la première fois que je
me rendais au Soudan du Sud, mais mon prédécesseur y était allé et
l'avait trouvé vulnérable. La réconciliation était au cœur de la
rencontre que nous avons eue en 2015. En tant qu'Église
presbytérienne, nous avons aidé les réfugiés du Soudan du Sud. Lors
de ce voyage, comme mentionné, la vérité a été dite avec le cœur. La
situation est maintenant claire, les actions parlent plus fort que
les mots. Le gouvernement nous a invités à entrer dans la pièce et
nous nous sommes engagés à faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour faire la différence dans cette situation, à rencontrer nos
partenaires, et maintenant nous demandons à ceux qui peuvent faire
la différence d'entamer de toute urgence le processus.
Première question, du père Jean-Baptiste
Malenge (RTCE-Radio catolique Elikya ASBL)
Saint-Père, vous avez longtemps désiré visiter la République
démocratique du Congo. Maintenant tout le pays rayonne de la joie
que vous venez d'y semer. Quelle importance accorderez-vous
désormais à l'accord signé en 2016 entre le Saint-Siège et la RDC
sur l'éducation et la santé?
François
Je ne connais pas cet accord, la Secrétairerie d’État peut donner un
avis. Je sais qu'un accord a été conclu récemment. Je ne peux pas
répondre à cette question. Je ne connais pas non plus la différence
avec le nouveau qui est en cours, ces choses sont faites par la
Secrétairerie d’État ou Mgr Gallagher et ils sont bons pour conclure
des accords pour le bien de tous. J'ai vu là-bas, au Congo, une
grande volonté d'aller de l'avant, une grande culture. Avant
d'arriver, il y a quelques mois, j'ai eu une réunion par zoom avec
des étudiants universitaires africains très intelligents, vous avez
des gens d'une intelligence supérieure, c'est une de vos richesses,
des jeunes intelligents et vous devez leur faire de la place, ne pas
fermer les portes. Vous avez tellement de richesses naturelles qui
attirent les gens à venir exploiter le Congo, excusez le mot. Il y a
cette idée que l'Afrique doit être exploitée. Quelqu'un dit, je ne
sais pas si c'est vrai, que les pays qui possédaient des colonies
ont donné leur indépendance à partir du sol, pas du dessous, ils
viennent pour les minéraux. Mais l'idée que l'Afrique est à
exploiter, nous devons nous l’ôter. Et en parlant d'exploitation, je
suis frappé et endolori par le problème de l'Est. J’ai pu avoir une
rencontre avec les victimes de cette guerre, des blessés, des
amputés, tant de douleur, tout ça pour prendre les richesses, ça ne
va pas, ça ne va pas. Le Congo a tant de possibilités.
Justin Welby
Je ne connais pas aussi bien l'Est. Ma femme a travaillé avec des
femmes en conflit, mais en 2018 j'ai beaucoup voyagé dans l'Est,
juste avant la Covid, et je suis tout à fait d'accord avec ce que Sa
Sainteté a dit: il faut être clair, le Congo n'est pas le terrain de
jeu des grandes puissances, ou de petites sociétés minière qui
agissent de manière irresponsable avec l'exploitation minière
artisanale, l'utilisation d'enfants soldats, les enlèvements, les
viols à grande échelle, et qui sont tout simplement en train de
spolier le pays qui devrait être l'un des plus riches de la planète,
capable d'aider le reste de l'Afrique. Le pays a été torturé, a
formellement obtenu l'indépendance politique mais pas l'indépendance
économique. Pendant l’épidémie d’Ebola, nous avons formé des
pasteurs pour faire face au virus. L'Église fait un travail
extraordinaire, l'Église catholique fait un travail extraordinaire,
le projet des Grands Lacs est merveilleux, mais les grandes
puissances doivent dire: l'Afrique et en particulier le Congo ont
tellement de ces ressources dont le reste du monde a besoink, que si
le reste du monde veut faire une transition écologique, et sauver la
planète du changement climatique, la seule façon de le faire n'est
pas de se couvrir les mains de sang, et de chercher la paix du Congo
et non leur prospérité.
Iain Greenshields
Mon expérience dans les pays en développement m'a appris que pour
promouvoir le développement, il faut reconnaître les droits des
femmes et surtout des jeunes femmes.
Deuxième question, de Jean-Luc Mootosamy (CAPAV)
Nous avons vu comment la violence ne cesse pas malgré des
décennies de présence de la mission de l'ONU. Comment pouvez-vous,
ensemble, contribuer à la promotion d'un nouveau modèle
d'intervention face à la tentation croissante de nombreuses nations
africaines de choisir d'autres partenaires pour garantir leur
sécurité, des partenaires qui pourraient ne pas respecter les lois
internationales comme certaines entreprises privées russes ou
d'autres organisations, dans la région du Sahel par exemple?
François
La question de la violence est un thème quotidien. Nous venons de le
voir au Soudan du Sud. Il est douloureux de voir comment la violence
est provoquée. L'un des problèmes est la vente d'armes. L'archevêque
Justin Welby a également dit quelque chose à ce sujet. La vente
d'armes: je pense que c'est le plus grand fléau du monde. Le
business... la vente d'armes. Quelqu'un de bien informé m'a dit que
si on ne vendait pas d'armes pendant un an, on mettrait fin à la
faim dans le monde. Je ne sais pas si c'est vrai. Mais en tête de
liste aujourd'hui, il y a la vente d'armes. Et pas seulement parmi
les grandes puissances. Même à ces pauvres gens... ils sèment la
guerre au milieu d’eux. C'est cruel. Ils leur disent: «partez en
guerre !» et ils leur donnent des armes. Parce que derrière, il y a
des intérêts économiques pour exploiter la terre, les minéraux, les
richesses. Il est vrai que le tribalisme en Afrique n'aide pas.
Maintenant, je ne sais pas vraiment comment ça se passe au Soudan du
Sud. Je pense que le problème existe aussi. Mais il doit y avoir un
dialogue entre les différentes tribus. Je me souviens lorsque
j'étais au Kenya, dans un stade rempli, tout le monde s'est levé et
a dit non au tribalisme, non au tribalisme. Chacun a sa propre
histoire, il y a de vieilles inimitiés, des cultures différentes.
Mais il est également vrai que vous provoquez la lutte entre les
tribus en vendant des armes et que vous exploitez ensuite la guerre
des deux tribus. C'est diabolique. Je ne trouve pas d'autre mot.
C'est de la destruction: destruction de la création, destruction de
la personne, destruction de la société. Je ne sais pas si cela se
vérifie aussi au Soudan du Sud, mais c’est comme ça dans plusieurs
pays: les jeunes garçons sont recrutés pour faire partie de la
milice et se battre avec d'autres jeunes garçons.
Pour résumer, je pense que le plus gros problème est l'empressement
à s'emparer des richesses de ce pays - coltan, lithium... ces choses
- et à travers la guerre, pour laquelle ils vendent des armes et
exploitent aussi les enfants.
Iain Greenshields
L'un des problèmes qui se pose est le niveau élevé d'analphabétisme:
les gens ne savent pas clairement qui ils sont, où ils se trouvent,
ni comment faire des choix éclairés. Nous devons absolument remettre
en question cela, surmonter la division par le dialogue. Je voudrais
vous raconter une petite histoire sur l'Écosse: mon pays a été
religieusement et profondément divisé, de terribles violences se
sont produites, de terribles divisions, puis un processus de
dialogue s'est engagé entre nous - l'Église d'Écosse et les
catholiques - qui a abouti l'année dernière à la signature d'une
déclaration d'amitié, par laquelle nous exprimons notre désir de
marcher ensemble dans nos différences mais aussi en accord avec nos
points de convergence, et ce n'est qu'alors que vous pouvez faire
tomber les murs. De ce point de vue, l'éducation aide.
Justin Welby
Vous avez dit les Nations unies ou autre chose, mais ce n'est pas
«ou», c'est «et». Ce que l'Église apporte, ce n'est pas seulement de
fournir des réseaux qui ne sont pas corrompus, afin que l'aide
arrive aux pays, et aide à traverser les lignes qui divisent deux
parties belligérantes. Samedi, notre archevêque à Kajo Keji a
célébré les funérailles de 20 personnes, et cela a fait une grande
différence. C'est le changement de cœur, et c'était le but de cette
visite. Il y a 100 ans, les Nuer et les Dinka étaient toujours en
guerre, c'était une culture de la vengeance, les Nuer en particulier
étaient toujours en conflit entre clans pour des questions de
bétail. La différence n'a pas été faite par le gouvernement
colonial, mais par les Églises qui ont opéré un changement de cœur
lorsque les gens ont reçu la foi en Christ et ont réalisé qu'il y
avait une autre façon de vivre. Après cette visite, il y a non
seulement beaucoup d'activisme, mais aussi l'espoir que l'Esprit de
Dieu apportera un nouvel esprit de réconciliation et de guérison au
peuple du Soudan du Sud.
Troisième question, de Claudio Lavanga (NBC
NEWS)
Je voulais vous demander, Saint-Père, puisque l'archevêque Justin
Welby a rappelé ce moment incroyable en 2019, lorsque vous vous êtes
agenouillé devant les dirigeants du Soudan du Sud pour demander la
paix, malheureusement dans quinze jours il y aura le premier
anniversaire d'un autre terrible conflit, celui en Ukraine, et ma
question est la suivante: seriez-vous prêt à faire le même geste
envers Vladimir Poutine si vous aviez la chance de le rencontrer,
puisque ses appels à la paix sont jusqu'à présent tombés dans
l'oreille d'un sourd? Et je voulais vous demander à tous les trois
si vous vouliez faire un appel commun pour la paix en Ukraine,
puisque c'est un moment rare où vous êtes tous les trois ?
François
Je suis disponible pour rencontrer les deux présidents, le président
de l'Ukraine et le président de la Russie, je suis ouvert à une
rencontre. Si je ne suis pas allé à Kiev, c'est parce qu'il n'était
pas possible à l'époque d'aller à Moscou, mais j'étais en dialogue,
d'ailleurs le deuxième jour de la guerre je suis allé à l'ambassade
de Russie pour dire que je voulais aller à Moscou pour parler avec
Vladimir Poutine, à condition qu'il y ait une petite fenêtre pour
négocier. Le ministre Lavrov a alors répondu qu'il y attachait de
l'importance mais que «nous verrons plus tard». Ce geste, je l'ai
pensé: «Je le fais pour lui» (pour Vladimir Poutine, ndlr). Mais le
geste de la réunion de 2019, je ne sais pas comment il est arrivé,
il n'a pas été pensé, et les choses qui n'ont pas été pensées, on ne
peut pas les répéter. C'est l'Esprit qui vous y emmène, on ne peut
pas l'expliquer, point final. Et je l'ai aussi oublié. C'était un
service, j'étais l'instrument d'une impulsion intérieure. Ça n’a pas
été une chose planifiée. Aujourd'hui nous en sommes là, mais ce
n'est pas la seule guerre, je voudrais rendre justice: depuis douze
à treize ans la Syrie est en guerre, depuis plus de dix ans le Yémen
est en guerre. Pensez à la Birmanie, aux pauvres Rohingyas qui
voyagent dans le monde entier parce qu'ils ont été chassés de leur
patrie. Partout, en Amérique latine, combien de foyers de guerre
trouve-t-on? Oui, il y a des guerres plus importantes à cause du
bruit qu'elles font. Mais, je ne sais pas, le monde entier est en
guerre, et en autodestruction. Nous devons réfléchir sérieusement:
il est en train de s'autodétruire. Arrêtons-nous à temps, parce
qu'une bombe en appelle une plus grosse et une plus grosse encore et
dans l'escalade vous ne savez pas où vous allez finir. Il faut
garder la tête froide. Ensuite, Sa Grâce et Mgr Iain Greenshields
ont tous deux parlé des femmes. Mais les femmes, je les ai vues au
Soudan du Sud: elles portent des enfants, parfois elles sont seules,
mais elles ont la force de créer un pays, les femmes sont bonnes.
Les hommes partent se battre, ils partent à la guerre, et ces femmes
avec deux, trois, quatre, cinq enfants vont de l'avant, je les ai
vues au Soudan du Sud. Et en parlant de femmes, je voudrais dire un
mot aux religieuses, aux religieuses qui s’impliquent. J'en ai vu
certaines ici au Soudan du Sud, et puis à la messe d'aujourd'hui
vous avez entendu le nom de tant de religieuses qui ont été tuées.
Revenons à la force de la femme, nous devons la prendre au sérieux
et ne pas l'utiliser comme une publicité pour du maquillage: s'il
vous plaît, c'est une insulte à la femme, la femme est faite pour de
plus grandes choses! Sur l'autre point j’ai déjà répondu. Regardons
les guerres qui existent dans le monde.
Justin Welby
En ce qui concerne la Russie, Poutine et l'Ukraine, où j'étais fin
novembre et début décembre, je n'ai vraiment rien à ajouter, si ce
n'est que cette guerre est entre les mains de M. Poutine, il
pourrait l'arrêter avec un retrait et un cessez-le-feu, puis des
négociations sur des accords à long terme. C'est une guerre terrible
et terrifiante, mais je tiens à dire que je suis d'accord avec le
Pape François, il y a beaucoup d'autres guerres, je parle
régulièrement avec le chef de notre Église en Birmanie. J'ai parlé
aux dirigeants de notre Église au Nigeria, où 40 personnes ont été
tuées hier. J'ai parlé à beaucoup de personnes dans le monde entier.
Je suis tout à fait d'accord avec le Saint-Père, la guerre s’achève
si on implique les femmes et les jeunes, pour les raisons qu'il a
dites.
Quatrième question, de Bruce De Galzain
(Radio France)
Saint Père, avant de partir pour votre voyage apostolique, vous
avez dénoncé la criminalisation de l'homosexualité. Au Soudan du Sud
et au Congo, elle n'est pas acceptée par les familles. J'ai
rencontré cette semaine à Kinshasa cinq homosexuels, chacun d'entre
eux a été rejeté et même expulsé de sa famille. Ils m'ont expliqué
que leur rejet venait de l'éducation religieuse de leurs parents.
Certains d'entre eux sont emmenés chez des prêtres exorcistes car
leurs familles pensent qu'ils sont possédés par des esprits impurs.
Ma question, Saint-Père, que dites-vous aux familles du Congo et du
Soudan du Sud qui rejettent encore leurs enfants, et que dites-vous
aux prêtres et aux évêques?
François
Je me suis exprimé sur cette question lors de deux voyages. La
première fois, c’était en revenant du Brésil (vol retour, ndlr): si
une personne de tendance homosexuelle est croyante, cherche Dieu,
qui suis-je pour la juger? C'est ce que j'ai dit lors de ce voyage.
La deuxième fois, c’était en revenant d'Irlande; un voyage quelque
peu problématique parce que la lettre de ce garçon était rendue
publique ce jour-là... Mais là, j'ai dit clairement aux parents :
les enfants ayant cette orientation ont le droit de rester à la
maison. Vous ne pouvez pas les mettre dehors. Et puis récemment,
j'ai dit quelque chose, je ne me souviens plus vraiment quoi, dans
l'interview à l'Associated Press. La criminalisation de
l'homosexualité est une question qu'il ne faut pas admettre. On
estime que plus ou moins cinquante pays, d'une certaine manière,
criminalisent l’homosexualité - on me dit d’ailleurs qu’il y en a
plus, mais disons: au moins cinquante. Certains d'entre eux, dix, je
crois, vont jusqu’à leur réserver la peine de mort (aux homosexuels
ndlr). Ce n'est pas juste. Les personnes de tendance homosexuelle
sont des enfants de Dieu; Dieu les aime, Dieu les accompagne. Il est
vrai que certains se trouvent dans cet état à cause de différentes
situations non désirées, mais condamner une telle personne est un
péché; criminaliser les personnes ayant des tendances homosexuelles
est une injustice. Je ne parle pas de groupes, mais de personnes.
D’aucuns diront: elles forment des mouvements qui font du bruit. Je
parle des personnes, les lobbies sont une autre chose. Je parle des
personnes. Et je crois que le Catéchisme de l'Église catholique dit
qu’elles ne doivent pas être marginalisées. Je pense que la chose
est claire sur ce point.
Justin Welby
Il ne vous aura pas échappé que dans l'Église d'Angleterre, nous
parlions de ce sujet récemment... avec un bon nombre de débats au
Parlement. Je tiens à dire que j'aurais aimé m'exprimer avec
l'élégance et la clarté du Pape. Je suis entièrement d'accord avec
chaque mot qu'il a prononcé. L'Église d'Angleterre, la Communion
anglicane a adopté deux résolutions contre la criminalisation, mais
cela n'a pas vraiment changé la mentalité de nombreuses personnes.
Au cours des quatre prochains jours, lors du Synode général, ce sera
le principal sujet de discussion et je ne manquerai pas de citer ce
que le Saint-Père a dit de façon merveilleuse et précise.
Iain Greenshields
Tout ce que je dis, c'est que "où voit-on dans les quatre évangiles
que Jésus chasse quelqu'un?". Dans les quatre évangiles je ne trouve
rien d'autre que Jésus exprimant son amour envers tous les êtres
humains. Et en tant que chrétiens, c'est cela que nous devrions
donner à chaque être humain, en toute circonstance.
Cinquième question, de Alexander Hecht (ORF
TV)
Une question au Pape: ces derniers jours, on a beaucoup parlé
d'unité. On a également assisté à une démonstration de l'unité des
chrétiens, au Soudan du Sud, voire de l'unité de l'Église catholique
elle-même. Sentez-vous qu'après la mort de Benoît XVI, votre travail
et votre mission sont devenus plus difficiles, parce que les
tensions entre les différentes ailes de l'Église catholique se
seraient renforcées?
François
Sur ce point, je tiens à dire que j'ai pu parler de tout avec le
Pape Benoît, (même pour, ndlr) changer d’avis. Il était toujours à
mes côtés, me soutenait. Et s'il trouvait quelque difficulté, il
m'en parlait et nous en discutions. Il n'y a eu aucun problème. Une
fois, j'ai parlé du mariage des personnes homosexuelles, du fait que
le mariage est un sacrement et que nous ne pouvons pas faire un
sacrement, mais qu'il est possible de sécuriser les biens par le
droit civil, comme cela se fait en France... toute personne peut
faire une union civile, pas forcément un couple. Les vieilles dames
qui sont à la retraite par exemple... parce qu’on peut gagner
tellement de choses. Une personne qui se prend pour un grand
théologien, par l'intermédiaire d'un ami du Pape Benoît, est allée
le voir et s’est plainte de moi. Benoît n'a pas eu peur, il a appelé
quatre cardinaux théologiens de premier plan et leur a dit:
expliquez-moi ça et ils le lui ont expliqué. C'est ainsi que
l'histoire s'est terminée. C'est une anecdote qui montre comment
Benoît se comportait quand il y avait une accusation. Certaines
histoires qui se racontent, selon lesquelles Benoît XVI était amer à
cause de l’action du nouveau Pape, sont des histoires de «
téléphone arabe » (le Pape utilise l’expression « histoires
chinoises », ndlr.). En effet, j’ai consulté Benoît pour
certaines décisions à prendre. Et il a accepté. Il était d'accord.
Je crois que la mort de Benoît XVI a été instrumentalisée par des
personnes qui veulent apporter de l'eau à leur propre moulin. Et
ceux qui instrumentalisent une personne si bonne, un tel homme de
Dieu, je dirais presque un saint père de l'Église, sont des
personnes sans éthique, qui agissent à des fins partisanes, et non
des gens d'Église... Partout, on voit la tendance à formuler des
positions théologiques partisanes. Ces choses tomberont
d'elles-mêmes, ou si elles ne tombent pas, elles évolueront, comme
cela s'est produit tant de fois dans l'histoire de l'Église. Je
voulais donner cette précision sur la personnalité du Pape Benoît.
Ce n'était pas une personne aigrie. (NDLR : Dans le livre de
Mgr Gänswein, Rien que la vérité, en revanche, il est
fait état de plus d'une occasion où Benoît XVI aurait exprimé
certaines objections à l'égard de son successeur.]
Sixième question, de Jorge Barcia Antelo (RNE)
Bonjour Sainteté. Nous revenons aujourd'hui de deux pays qui sont
victimes de ce que vous avez appelé la mondialisation de
l'indifférence. Vous en parlez depuis le début de votre pontificat
et depuis votre voyage à Lampedusa. D'une certaine manière, la
boucle est bouclée cette semaine. Pensez-vous encore à élargir le
rayon de ce cercle, à aller ailleurs, à visiter d'autres pays
oubliés? Quels sont les endroits où vous comptez vous rendre? Et
après ce voyage qui a été si long, si exigeant, comment allez-vous?
Vous sentez-vous encore fort? Pensez-vous avoir la santé suffisante
pour vous rendre dans tous ces endroits?
François
La mondialisation de l'indifférence est partout. À l'intérieur du
pays, plusieurs personnes ont oublié de regarder leurs compatriotes,
leurs concitoyens, et les repoussent pour ne pas y penser. Penser
que les plus grandes fortunes du monde sont entre les mains d'une
minorité, et que ces gens ne regardent pas les misères, leur cœur ne
s'ouvre pas pour aider. Concernant les voyages: je pense que l'Inde
sera l'année prochaine. Je vais à Marseille le 23 septembre, et il
est possible que je m'envole pour la Mongolie depuis Marseille, mais
ce n'est pas encore définitif, c'est possible. Il y en a un autre
cette année dont je ne me souviens pas… Lisbonne. Le critère: j'ai
choisi de visiter les plus petits pays d'Europe. Vous direz: «mais
vous êtes allé en France», non, je suis allé à Strasbourg; je vais
aller à Marseille, pas en France. Je visite donc les plus petits,
pour connaître un peu l'Europe cachée, l'Europe qui a tant de
culture mais qui n'est pas connue. Accompagner les pays, par exemple
l'Albanie, qui a été le premier, qui est le pays qui a subi la
dictature la plus cruelle de l'histoire. Alors mon choix est le
suivant: essayer de ne pas tomber dans la mondialisation de
l'indifférence. (Sur la santé:, ndlr) Vous savez que la mauvaise
herbe mauvaise ne meurt jamais. Pas comme au début du pontificat, ce
genou est agaçant, mais ça progresse doucement, alors on verra.
Merci.
Pour Justin Welby et Iain Greenshields: vous unirez-vous pour un
autre voyage avec le Pape?
Justin Welby
C'est certainement la meilleure compagnie aérienne avec laquelle
j'ai voyagé! Blague à part, je serais ravi, si le Saint-Père estime
qu'à l'avenir nous pouvons apporter une valeur ajoutée, c'est
toujours un immense privilège d'être avec lui.
Iain Greenshields
Je serais heureux, la seule limite est que mon mandat expire le 20
mai et que je serai remplacé par une femme, très compétente, et je
suis sûr qu'elle serait heureuse de faire de même.
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Sources : vaticannews
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.02.2023
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