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19 Avril 2005
 

Paul VI et Jean Paul II, la civilisation de l'amour

 

Le 05 août 2008  - (E.S.M.) - Pour Paul VI et Jean Paul II, la civilisation de l'amour est la réalisation d'une conception de la vie politique qui s'effectuerait grâce à une inspiration vitalement chrétienne justifiant une telle expression.

L'Afrique et les conditions d'une civilisation de l'amour - Pour agrandir l'image Cliquer

Paul VI et Jean Paul II "la civilisation de l'amour"

6) L'Afrique et les conditions d'une civilisation de l'amour

Pages précédentes :
1) Oui, Jean-Paul II l'a dit - "le temps des martyrs est revenu !" - 23.07.08
2)
La civilisation de l'amour - une exigence chrétienne au service de la solidarité universelle - 24.07.08
3)
Avec Jean Paul II, Patrick de Laubier nous invite à entrer dans l'espérance - 26.07.08
4)
Sexualité et Église Catholique - 27.07.08
5) De la réalité des anges déchus - 30.07.08

Une réflexion pour ceux qui désirent se préparer à accueillir le Synode spécial des évêques africains convoqué par le pape Benoît XVI sur le thème de la réconciliation, la justice et la paix, qui se tiendra du 4 au 25 octobre 2009 au Vatican. La Première Assemblée Spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques a eu lieu au Vatican en 1994. Ensuite le pape Jean-Paul II avait  publié son exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Africa ». La situation décrite en 1995 par Charles Valy TUHO a t-elle réellement évolué ?

Charles Valy TUHO

La fin des régimes communistes et l'apparition de l'économie de marché comme « unique modèle » ont mis en relief l'importance de la doctrine sociale de l'Église. En effet, celle-ci montre bien que le marché est certes un instrument efficace, mais qu'il convient de le mettre au service de l'homme car la liberté économique doit être ordonnée à la vérité sur l'homme, sa nature, sa dignité, comme le souligne Jean Paul II dans « Centesimus Annus ».

Les travaux de P. de Laubier ont, entre autres mérites, celui d'insister sur l'une des finalités de cet enseignement social chrétien, à savoir l'avènement de la « Civilisation de l'Amour » - Jean Paul II à la suite de Paul VI met en effet en exergue cette notion à l'occasion de ses déplacements, notamment dans les pays en développement.

Mais dans quelle mesure ces pays en développement répondent-ils aux conditions de cet avènement de la civilisation de l'amour ?

Avant d'évoquer la situation particulière que vit l'Afrique du point de vue du développement social, et les perspectives d'évolution de cette situation, il convient d'exposer les aspects généraux de la civilisation de l'amour.

1. Les Conditions générales
L'on sait que Paul VI a conçu cette notion de « Civilisation de l'amour » comme un fruit de l'année sainte (1976) c'est le sort promis à ceux qui, de l'amour, de la charité font leur engagement prioritaire, et l'amour auquel ils se réfèrent « tend à la paix, il tend à la fraternité, il tend à la civilisation » (Patrick de Laubier « La pensée sociale de l'Église Catholique » Édition universitaire Fribourg Suisse 19B1.P151).

Mais il est évident qu'à un niveau purement humain, on ne peut prétendre à la civilisation de l'amour. Il faut la foi pour découvrir « Ce réseau d'influences, qui agissent dans la complexité de l'histoire humaine où l'oeuvre transcendante de Dieu se greffe en la rendant capable d'effets supérieurs qui seraient humainement parlant impossibles ».

P. de Laubier résume la civilisation de l'amour dans le bilan du pontificat de Paul VI et ce bilan se traduit par deux phrases: sauvegarde de la foi et défense de la vie humaine.

De fait pour Paul VI et Jean Paul II, la civilisation de l'amour est la réalisation d'une conception de la vie politique qui s'effectuerait grâce à une inspiration vitalement chrétienne justifiant une telle expression.

Il s'agit donc d'une attitude fondamentale axée sur les trois vertus théologales: l'espérance, la charité et la foi. Aussi les solutions concrètes sont-elles toujours à inventer. En effet, il n'y a pas de réponse que l'on trouverait aux problèmes qui se posent immédiatement.

La civilisation de l'amour est donc une esquisse, une préparation du royaume de Dieu qui, bien évidemment et comme le rappelle de Laubier, n'est autre que le Christ répandu et communiqué à l'univers.

Plus concrètement, dans ce contexte apparaissent quelques principes fondamentaux ou conditions de base de la civilisation de l'amour. Il s'agît du principe de subsidiarité, principe de participation et de décentralisation qui vise principalement la défense de l'individu et de la famille face à une intervention trop poussée de l'État et celui de la solidarité qui sont les plus connus de la doctrine sociale de l'Église.

Mais ces deux principes ne sont que quelques éléments d'un ensemble qui comporte d'autres touchant à la solidarité, la priorité de la famille sur l'État, l'excellence de la personne humaine, la destination universelle des biens, la propriété privée, l'option préférentielle pour les pauvres le juste salaire et la nécessité d'assurer le bien commun dans chaque pays et sur le plan universel.

Qu'en est-il pour l'Afrique ?

2. La Question sociale en Afrique
Selon P. de Laubier, "En Amérique latine, la question sociale revêt une dominante économique; en Afrique, c'est la question ethnique qui est décisive, et en Inde, les appartenances religieuses commandent tout" (Fayard 1990. P20).

En Afrique, certes la question ethnique est primordiale comme vient de l'illustrer bien tristement la situation qui prévaut au Rwanda et au Burundi. Mais en fait, la complexité des situations africaines doit être soulignée.

La synthèse des études faites sur les problèmes sociaux de l'Afrique, par différentes organisations internationales, telles que l'OIT, la CNUCED, la F.A.O. et la Banque Mondiale a été réalisée par la commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique à la veille du sommet de Copenhague sur le Développement social.

De ces études émerge la situation de crise généralisée qui fait qualifier l'Afrique de « Continent à la dérive ». Ainsi, l'on constate que les « Africains sont dans leur écrasante majorité, enfermés dans un cercle vicieux d'ignorance, de pauvreté, de chômage et dé sous-emploi, de malnutrition, de faim, de maladie, de mauvaise santé et de pénurie de logements. Les fléaux se combinent de façon destructive pour aggraver davantage d'autres problèmes sociaux, en particulier des structures familiales faibles; la criminalité, l'abus des drogues, le manque de logements, les enfants des rues, la délinquance et la prostitution » (Position commune africaine sur la développement social de l'Afrique » Addis Abeba 1994).

En ce qui concerne la pauvreté, le défi le plus redoutable est que, face à un nombre réduit de possibilités d'emploi productif dans le contexte d'économies en stagnation et une dette extérieure très importante, la population africaine estimée à 622 millions en 1992 augmente au taux annuel moyen de.3,2%.

Aussi en 1985 on estimait que plus de 105 millions d'africains vivaient dans la pauvreté. En 1990, ce nombre était de 216 millions et devrait atteindre 304 millions soit environ la moitié de la population de la région en l'an 2000.

En général, ce sont les femmes et les ménages dirigés par des femmes qui croulent le plus sous le fardeau de la pauvreté. Or, on estime qu'environ un tiers des ménages africains est dirigé par des femmes.

Cette situation est d'autant plus grave, désespérante que, selon les projections, la pauvreté va s'aggraver en Afrique alors qu'elle diminuera dans , d'autres régions du monde.

Auparavant en Afrique un rôle important était joué par les religions, les coutumes, les traditions et la structure sociale traditionnelle africaine, en particulier la famille élargie, pour protéger le tissu social et instaurer un soutien mutuel dans de nombreuses familles et collectivités locales.

A présent la tendance à la détérioration de la condition humaine que, révèle l'évolution de la pauvreté est également reflétée par l'accroissement du chômage et du sous-emploi que les programmes d'ajustement structurel de la Banque Mondiale et du F.M.I. ont tendance à aggraver. Il en est de même pour l'éducation, la formation, l'alimentation et nutrition et la santé.

En outre l'Afrique connaît de nombreux conflits et guerres civiles. Ceux-ci ne sont liés qu'en partie à la question ethnique. En effet, les conflits en Angola, au Mozambique, au Libéria et au Soudan, ont probablement d'autres origines. Quoi qu'il en soit, le résultat de ces conflits, c'est la désintégration des sociétés et l'accroissement du nombre des réfugiés. C'est ainsi que plus de 20 millions d'africains sont des réfugiés ou des personnes déplacées, ce qui représente environ la moitié des réfugiés dans le monde

I Comment sortir de cette situation ?

3. Pour une nouvelle dynamique africaine
La sortie de la crise que connaît l'Afrique.a d'abord été recherchée dans différentes mesures économiques prônées par les organisations internationales à travers les programmes d'ajustement structurel. Mais par la suite, la Banque Mondiale elle-même fut obligée de reconnaître l'importance des facteurs sociaux, institutionnels dans la crise africaine.

Aussi, la Coalition Mondiale pour l'Afrique qui regroupe les pays africains et les bailleurs de fond a-t-elle pu déclarer dans son étude. Le défi africain : un autre développement pour l'Afrique : développement autonome, autocentré et volontariste : « on a beaucoup parlé des causes du long déclin de l'Afrique. C'est un thème, un sujet à controverse; il n'en reste pas moins certain que les problèmes de la gouvernance dans ces pays l'expliquent en grande partie ».

L'on reconnaissait ainsi l'importance stratégique du problème social, institutionnel. Mais comme le souligne l'Enseignement social de l'Église, il ne suffit pas d'évoquer le conditionnement social ou institutionnel et les améliorations nécessaires de la vie sociale, mais aussi il faut s'interroger sur l'anthropologie de référence qui va orienter des reformes sociales.

De fait, la mise en lumière du rôle que joue le facteur institutionnel dans la crise africaine souligne la tendance qu'ont eu les africains à subir des régimes politiques qui pour la plupart étaient autoritaires plus ou moins corrompus et qui faisaient peu de cas des droits de l'homme et du développement humain.

Désormais, l'on est à la recherche des voies et moyens en vue de la promotion de la démocratie, des droits de l'homme pour un développement durable. Cependant et en complément à l'optique de la gouvernance, il serait nécessaire de mettre en lumière tous les aspects de la crise africaine. C'est ce que fait par exemple Kâ Marna pour qui « la situation que vît l'Afrique, est une crise économique, politique, sociale, culturelle, morale et spirituelle désespérante ». Elle se traduit par « la perte de sa capacité à maîtriser les conditions mêmes de l'existence humaine et à fonctionner comme puissance de créativité spirituelle et culturelle » (Kâ Marna: « I'Afrique va t-elle mourir ?  Essai d'éthique politique » Karthala Paris 1993. P20). Ceci va bien au-delà de la simple gouvernance des sociétés africaines.

Cette situation préoccupe bien évidemment l'Église africaine. Aussi, les Évêques dans le cadre du Symposium des conférences des Évêques d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) ont-ils adopté une position dans leur déclaration « l'Église et la promotion humaine aujourd'hui » (Déclaration de Kinshasa 1985).

Les Évêques procèdent d'abord à la critique du modèle de développement adopté en Afrique et qui est source du "mal-développement" du continent; ensuite, ils recherchent la solution par l'évangélisation. En effet, d'après leur déclaration: « Évangéliser c'est développer l'homme dans toutes les dimensions de sa vocation de Fils de Dieu » et l'évangélisation tend à la promotion intégrale de l'homme en tant que personne humaine, individuelle et communautaire.

C'est bien cette relation que soulignait de façon pertinente P. de Laubier en rappelant ce texte de Paul VI dans « Evangelii Nuntiandi » : « Entre évangélisation et promotion humaine - développement, libération - il y a des liens profonds - liens d'ordre anthropologique, parce que l'homme à évangéliser n'est pas un être abstrait, mais qu'il est le sujet des questions sociales et économiques ».

Ainsi, la sortie de la crise africaine, la marche vers la civilisation de l'amour exige certes l'adoption de quelques mesures économiques telles que, par exemple, l'allégement de la dette extérieure, mais surtout elle requiert une action d'évangélisation en profondeur et l'élimination des coûts économiques du péché et des structures de péché.

Dans le contexte de l'Afrique, le concept de « Coût économique du péché » que met en lumière Jean-Loup Dhérse a son importance (In « l'enseignement social chrétien: les nouveaux défis » Ed. universitaire Fribourg Suisse 1B92. P331-345). Les activités économiques et les collectivités en Afrique notamment souffrent de notre orgueil de nos égoïsmes et de nos lâchetés qui ont entraîné des gaspillages sur le plan économique et social et des souffrances humaines. C'est ainsi que l'État était devenu la propriété privée de nombreux chefs d'État africains.

Quant aux structures du péché mises en évidence par Jean Paul II dans « Sollicitudo rei socialis », elles comportent des pertes économiques importantes que l'ensemble de l'Afrique doit assumer par l'Intermédiaire de grands déséquilibres économiques et sociaux.

L'action d'évangélisation avec la puissance du Saint-Esprit dans le cadre de ce que Jean-Paul II appelle « la nouvelle évangélisation » accroît la chrétienté africaine en nombre et en sainteté et tend donc à l'élimination de ces coûts et structures de péché.

De fait, la sortie de la crise en Afrique, dans la cadre de cette nouvelle évangélisation rend inéluctable cet appel aux forces spirituelles et à un nouveau type de formation. Les exemples du Burundi et du Rwanda, pays dont près de deux tiers de la population sont baptisés, mettent en lumière la nécessité de cette « nouvelle évangélisation » qui permettrait aux africains, comme le Seigneur l'exigeait de Nicodème, de « naître de nouveau » en ayant une rencontre personnelle avec Jésus, grâce à l'éveil de l'Esprit Saint en eux. L'authenticité chrétienne est bien liée aux deux critères : la conversion effective et la plénitude du Saint Esprit en soi.

Comme le montre Jean-Loup Dhérse, le chrétien qui vit dans la présence active de Dieu dont il devient le familier grâce à l'action du Saint Esprit en plénitude, intègre personnellement et en communauté trois forces :

-1 ) Les compétences techniques qui lui sont nécessaires comme à tout autre travailleur.

- 2) la puissance d'une éthique universelle qui inspire confiance aux hommes de bonne volonté et qui en l'occurrence est l'éthique à base
chrétienne.

- 3) les forces de l'Esprit, lorsqu'on se laisse décentrer par Dieu qui prend sa place de pilote, enseignant son art de l'action à son enfant.

Cette action du Saint Esprit est capitale car selon St. Paul sans le travail de l'Esprit dans le monde, par nos propres moyens, il n'y aura pas d'enfantement donc de vraie sortie de crise, mais seulement des replâtrages.

Mais en plus de cette ouverture à l'action plénière du Saint Esprit, il y a pour la sortie de la crise en Afrique, la nécessité de la formation de nouveaux types d'hommes. En effet, comme le souligne Kâ Marna, par rapport à l'immensité des tâches, les Églises n'ont pas formé les hommes et les femmes qui auraient été capables de construire une Afrique nouvelle. Il faut un type d'hommes que l'on pourrait définir à travers trois caractéristiques (Kâ Marna: « Rôle de l'église dans une Afrique en quête de son avenir » Revue ICAO no 8, 1994. P51-65) :

- hommes rationnels: ayant comme Jésus une cohérence entre buts, les moyens, entre ce qu'on veut et ce qu'on doit.

- hommes éthiques: ayant une grande tolérance en voyant toujours dans les autres l'image de Dieu et en les regardant à travers les lunettes du Christ.

- hommes spirituels: ayant la capacité d'écouter Dieu grâce à leur enracinement dans sa parole.

Tant que l'Afrique ne parviendra pas à former des hommes et des femmes ayant cette triple caractéristique, nous dit Kâ Marna, les sociétés africaines continueront à donner l'image de sociétés de la désespérance.

4. Conclusion
En Afrique, les conditions d'une sortie effective de la crise en vue de la civilisation de l'amour mettent en lumière l'importance stratégique de l'évangélisation pour une rupture avec les coûts et les structures du péché grâce à la mobilisation des forces spirituelles et la formation d'un type nouveau d'hommes.

Dans cette marche, certes il y a l'importance de l'évangélisation de la famille, mais aussi celle de l'activité professionnelle. En effet, comme l'écrit Jean Paul II, « C'est au chrétien qu'il revient d'évangéliser le travail en en faisant un parcours de sanctification, en le libérant des structures de péché et en redessinant les espaces comme des lieux authentiques de fraternité » (In: « Le sens chrétien du travail » L'observatore Romano n° 22, 1er Juin 1393).

Cette action d'évangélisation va entraîner chez les africains de profonds changements dans les mentalités, les esprits et les consciences pour passer à cette société de liberté, de créativité, de solidarité et de convivialité qu'exige la civilisation de l'amour.
 

Sources : spip.php-article154 -  E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 05.08.2008 - T/Afrique

 

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