Avec Jean Paul II, Patrick de Laubier
nous invite à entrer dans l'espérance |
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Le 26 juillet 2008 -
(E.S.M.) - Le pape Jean Paul II n'a cessé de dénoncer la
guerre, la violence, l'oppression, les égoïsmes "et les lâchetés de ce
qu'il faut bien appeler une civilisation de la mort, mais ce qu'il
proclame c'est la nouvelle évangélisation et la civilisation da l'amour.
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Mgr. Amédée GRAB, évêque émérite de
Coire (Suisse)
Jean Paul II n'a cessé de dénoncer la civilisation de la mort
Pages précédentes :
1)
Oui, Jean-Paul II l'a dit - "le temps des martyrs est revenu !" - 23.07.08
2)
La civilisation de l'amour - une exigence
chrétienne au service de la solidarité universelle - 24.07.08
3) CIVILISATION DE L'AMOUR ET FIN DES TEMPS
(1995)
Par Mgr. Amédée GRAB, évêque émérite de
Coire (Suisse)
Parmi les derniers ouvrages de Patrick de Laubier, il en est deux dont il me
semble important de rapprocher déjà les titres. Après nous avoir donné en
1990 "Pour une civilisation de l'amour", Patrick de Laubier publiait
l'été dernier "Le temps de la fin des temps".
Jean Paul II nous a adressé en novembre 1994 une admirable exhortation qu'il
a intitulée "Tertio
Millenio Adveniente". Ses allusions toujours plus fréquentes à l'an 2000
et à l'entrée de l'humanité dans le troisième millénaire chrétien ne
manquent pas d'alarmer ceux qui s'inquiètent de voir les chrétiens retomber
dans l'atmosphère apocalyptique qui précéda l'an 1000. Ce n'est pas de
conversions, ce n'est pas de donation de tous ses biens à des oeuvres pies
que ces auteurs ont peur; c'est des flambées sauvages
de ce qu'on appelle communément la nouvelle religiosité; c'est aussi, à
l'intérieur de l'Église catholique, de la prolifération des messages, des
prophéties annonçant la fin du monde ou de la papauté, c'est en bref tout ce
qui détourne de la foi et de l'engagement qui doit en résulter au service
des hommes et de l'avènement du Royaume.
Mais Jean Paul II ne se fixe pas sur l'année 2000, sur l'articulation
conventionnelle entre le dernier jour du deuxième millénaire
(qui sera effectivement le 31 décembre 2000 et non pas le 31
décembre 1999) et le 1er janvier 2001 qui ouvrira le troisième
millénaire. On ne peut comprendre l'importance symbolique qu'il attache au
passage à un nouveau millénaire qu'à la lumière de son enseignement sur la
Nouvelle Évangélisation. Et la Nouvelle Évangélisation, annoncée et demandée
par le pape Jean-Paul II depuis quinze ans, est inséparable elle-même de ce
que Paul VI présenta dans son discours de Noël 1975 comme la civilisation de
l'amour. Dans "Le temps de la fin des temps, Patrick de Laubier a choisi de
reprendre des citations qui s'étalent sur plusieurs décennies et qui font
bien voir la continuité de la pensée des derniers papes. Il est frappant de
rapprocher ces textes, depuis celui de Pie XII annonçant dans son message de
Noël 1957 la possibilité "d'une vie nouvelle, d'humanité en constant
progrès dans l'ordre et l'harmonie" à Jean XXIII pariant dans le
discours de clôture de la première session du Concile, le 7 décembre 1962, "d'une
nouvelle Pentecôte si attendue qui enrichira l'Église de nouvelles forces
spirituelles... nouveaux bonds en avant du Royaume du Christ dans le monde"
à Paul VI proclamant, le 25 décembre 1975, sur le ton de la prophétie autant
que de l'espérance : "La civilisation de l'amour
l'emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au
monde la transfiguration tant attendue de l'humanité finalement chrétienne".
Les développements essentiels datent du pontificat actuel et se trouvent
notamment dans l'encyclique du pape Jean-Paul II sur l'Esprit Saint "Dominum
et vivificantem" de mai 1986 (pour toutes ces
citations, voyez P. de Laubier : Le temps de la fin des temps, pages 63 -
65). Cette continuité est frappante.
Ceux qui, trente ans après la clôture de Vatican II, continuent à dénoncer
l'optimisme des Pères du Concile entraînés par ce qui leur paraît la candeur
injustifiée de Jean XXIII, ceux-là ne peuvent soupçonner Pie XII d'avoir
cédé aux mirages d'un progrès nécessaire et constant de l'histoire vers des
temps radieux. Paul VI a eu le temps de voir combien
la mise en oeuvre du Concile dans la vie de l'Église se heurtait à des
résistances tenaces, conduisant jusqu'au schisme, en même temps que "l'esprit
du Concile" était invoqué pour justifier
une contestation ecclésiale alimentée par les évolutions et révolutions
culturelles du type mai 1968. Le pape Jean Paul II ne cesse de
dénoncer la guerre, la violence, l'oppression, les égoïsmes "et les lâchetés
de ce qu'il faut bien appeler une civilisation de la
mort, mais ce qu'il proclame c'est la nouvelle évangélisation et la
civilisation da l'amour. Accents diversifiés des derniers pontificats de par
l'évolution du monde moderne et par rapport à des processus que nous n'avons
pas encore assez de recul pour bien juger, mais
continuité dans la certitude, non pas qu'il faut simplement aller
vers une civilisation de l'amour, mais que cette civilisation se réalisera,
certitude enracinée dans la vertu théologale
d'espérance.
Toutes les études du Professeur de Laubier conduisent à la compréhension du
message social chrétien. Ce message, de
Rerum Novarum à
Centesimus
Annus, a permis aux milieux chrétiens du travail - au patronat comme aux
syndicats ouvriers et à l'Action Catholique en passant par toutes les
réflexions menées sur le corporatisme chrétien - de faire une analyse des
données économiques et sociales autre que celle du marxisme, la dépassant
tout en reconnaissant les "semences de vérité" contenues dans le programme
socialiste, comme Jean Paul II l'a relevé dans la passionnante interview
qu'il a donnée à son ami, le parlementaire européen Jas Gawronsky
("La Stampa", 2 novembre 1993); cet enseignement
a, également donné des éléments de solution, ouvert des perspectives
auxquelles le monde du travail lui-même a été sensible, comme le montre
l'histoire du Bureau international du Travail et de la législation de
plusieurs États. Pour revenir aux premiers propos de cet article, il faut
comparer une fois encore les sous-titres des ouvrages de Patrick de Laubier
auxquels je me réfère. "Pour une civilisation de l'amour" est sous-titré :
"Le message social chrétien", alors que son dernier ouvrage est un "Essai
sur l'eschatologie chrétienne" : à la fin des temps se réalisera la
civilisation de l'amour; certainement dans la vie du Royaume inauguré par le
retour en gloire du Fils de Dieu, mais sans doute aussi, à la lumière de
l'Apocalypse, d'une façon, qui nous échappe complètement et que les
mystiques, chers à Patrick de Laubier, nous présentent depuis plusieurs
siècles par allusions aussi complémentaires que partiellement incompatibles,
avant même les cieux nouveaux et la terre nouvelle. On peut, avec beaucoup
de chrétiens de nos jours, accorder une attention extrême à ces messages, à
des "locutions", dont la publication est rarement, condamnée par l'Église,
sans que pour autant elle les approuve, se limitant en règle générale à
constater que les messages publiés par telle ou telle personnes ne
contiennent rien contre la foi. Mais dans ce contexte, on oublie souvent
deux, choses : d'abord le lien entre la "prophétie", plus ou moins
explicitement; eschatologique, et la civilisation de l'amour; ensuite lé
lien, pourtant bien plus évident entre la réalisation de la doctrine sociale
de l'Église: et la civilisation de l'amour.
Quant au premier aspect, les messages de Fatima et ceux d'autres apparitions
au sujet desquelles l'Église ne s'est pas prononcée, confirment que Marie
demanda à des enfants de prier inlassablement
pour la paix, pour que cessent les haines, les idéologies de mort, le
racisme qui tous entraînent la guerre et l'extermination. On pense peut-être
moins souvent et c'est le deuxième oubli que la réalisation de la justice
sociale et donc l'effort entrepris concrètement au plan de la réflexion, de
la formation, de la législation pour un respect véritable de toute personne
humaine, sont une contribution essentielle à la civilisation de l'amour.
Patrick de Laubier, qui surprend beaucoup d'intellectuels par la place
qu'occupent dans sa pensée, dans son coeur et dans un livre comme « Le temps
de la fin des temps », des figures aussi contestées de l'histoire
ecclésiastique que Marie d'Agreda, Maria Valtorta, et beaucoup d'autres,
écrit dans ce dernier ouvrage une petite phrase qui me semble essentielle,
non seulement pour bien définir le lien entre les deux ouvrages qui m'ont
dicté cette réflexion, mais aussi pour orienter la volonté et l'action des
chrétiens : « C'est dans l'enseignement social des
papes contemporains, à travers sa dimension « prophétique », que
l'eschatologie trouve actuellement sa place concrète »
(page 61 ).
Je pense que c'est en effet dans cette perspective que peuvent contribuer à
l'unité effective de l'Église aussi bien les tenants du Renouveau, assoiffés
de surnaturel, que ceux qui, dans une tout autre optique, continuent à
ressentir l'exigence d'une présence au monde qui passe à travers
l'engagement social. En pratique, cette convergence se réalise déjà. De
nombreux jeunes chrétiens, des couples aussi, choisissent de donner quelques
années de leur vie pour un service désintéressé des jeunes Églises ou tout
simplement de pays qu'on appelle conventionnellement « en voie de
développement ». Ils y amènent souvent, avec une
motivation évangélique authentique, un sens aigu de la communion ecclésiale,
la pratique de l'adoration et de la louange. Qu'il s'agisse des
religieuses de Mère Teresa, de foyers pour enfants comme les Ponts-Coeurs,
de présence missionnaire en lien avec les Congrégations traditionnelles ou
d'une façon plus informelle d'échanges de jeunes, des rassemblements de
Taizé ou des rencontres mondiales des jeunes avec le pape, les chrétiens qui
répondent ont conscience de bâtir avec d'autres la civilisation de l'amour.
Par la prière commune. Par la connaissance les uns des autres. Par les
échanges de biens matériels et de biens culturels. Par
le partage de l'amitié au nom du Christ, dans le coeur du Christ. «
L'échange des dons » est déjà ce que postulait avec insistance le message
final de la session du synode des évêques consacrée en 1991, deux ans après
la chute du mur de Berlin, à la collaboration entres les Églises de l'Est et
de l'Ouest de l'Europe. Échange des dons : Patrick de Laubier y contribue
par les ouvrages qu'il nous donne. La mystique s'y incarne dans la réflexion
et dans l'engagement social. Il nous invite à penser
davantage et à prier davantage, ce qui est indispensable à une véritable
pensée chrétienne. En nous rappelant la perspective de la fin des
temps, il nous invite à placer notre petit bateau dans le grand fleuve qui
charrie nos frêles esquifs vers l'océan de l'Amour divin. Avec Jean Paul II,
il nous invite à entrer dans l'espérance.
Sources : spip.php-article154 -
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.07.08 -
T/Spiritualité |