Benoît XVI en appelle à relever le
défi de la paix au Darfour |
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Cité du Vatican,
le 1er juin 2007 -
(E.S.M.)
- A l'Ambassadeur
soudanais, le pape Benoît XVI confie son espoir "d'arriver à une
solution politique du conflit du Darfour, dans le respect des minorités
culturelles, ethniques et religieuses".
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S.E. Monsieur Ahmed Hamid
Elfaki Hamid
Benoît XVI en appelle à relever le défi de la paix au Darfour
Synthèse du discours du saint Père
A l'Ambassadeur soudanais , le pape Benoît XVI confie son espoir "d'arriver
à une solution politique du conflit du Darfour, dans le respect des
minorités culturelles, ethniques et religieuses", car la paix ne peut être
atteinte par la force des armes mais par le dialogue et la négociation".
Enfin, il rappelle que pour que "tous les hommes soient en mesure
d'entretenir des relations fraternelles et sincères, et qu'ils édifient une
société toujours plus juste et plus équitable, la contribution des
différentes traditions religieuses présentes dans ce pays, avec la richesse
de leur patrimoine de valeurs humaines, morales et spirituelles, revêt une
importance tout à fait incontournable".
Discours du pape Benoît XVI à l'ambassadeur du
Soudan, Monsieur Ahmed Hamid Elfaki Hamid
Monsieur l’Ambassadeur,
1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la
présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire
et plénipotentiaire de la République du Soudan près le Saint-Siège.
Je vous exprime ma gratitude pour m’avoir transmis les salutations de Son
Excellence le Président Omer Hassan Ahmed El-Bashir, du Gouvernement et du
peuple soudanais. En accueillant ces vœux de paix et de fraternité,
j’invoque en retour le Tout-Puissant pour qu’Il éclaire les consciences et
qu’Il soutienne les efforts et les initiatives de toutes les personnes qui
souhaitent avancer de manière courageuse et décisive sur le chemin de la
consolidation de la paix durable dans votre pays et de la fraternité
pleinement vécue entre les différentes composantes de la société.
2. Dans mon message
Urbi et Orbi pour la fête de Pâques 2007, j’ai voulu me
faire l’écho des cris de désespoir poussés par toutes les personnes qui,
dans de nombreux pays du monde, quelle que soit leur origine ethnique ou
religieuse, souffrent de l’absence de paix, sont soumises à la violence aux
mille visages, au mépris de la vie, à la violation de leurs droits les plus
fondamentaux, à l’exploitation sous toutes ses formes, à l’absence de
liberté et de sécurité. Les inquiétudes que j’avais alors évoquées
rejoignent, comme vous le soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la
préoccupation des Autorités de votre pays et de la Communauté
internationale, notamment devant la situation dramatique qui perdure depuis
2003 dans la région du Darfour, avec ses conséquences au niveau régional.
Dans ce conflit meurtrier touchant en priorité les populations civiles,
chacun sait qu’aucune solution viable pour arriver à la paix fondée sur la
justice ne peut être mise en œuvre par la force des armes, mais qu’elle
passe au contraire par la culture du dialogue et de la négociation, en vue
d’arriver à une solution politique du conflit, dans le respect des minorités
culturelles, ethniques et religieuses. Il n’est jamais trop tard pour faire
avec courage les choix nécessaires et parfois contraignants destinés à
mettre un terme à une situation de crise, à condition que toutes les parties
s’impliquent sincèrement et avec détermination à sa résolution et que les
déclarations de principe soient accompagnées de mises en œuvre
constructives, en particulier sur les dispositions humanitaires urgentes à
promouvoir. J’en appelle donc à toutes les personnes qui ont une
responsabilité en la matière, pour qu’elles poursuivent leurs efforts et
prennent les décisions qui s’imposent. Les différents Accords que vous
évoquez, ainsi que le récent Accord de réconciliation signé entre le Soudan
et le Tchad, sous l’égide de l’Arabie Saoudite, impliquant les parties dans
une coopération avec l’Union africaine et les Nations unies pour la
stabilisation du Darfour et de la région tchadienne voisine, sont des appels
positifs à abandonner les stratégies d’affrontement, afin de trouver des
solutions viables et des points d’appui fiables. Ainsi, la paix et la
stabilité désirées par tous pourront advenir – je pense en particulier au
processus de paix en cours dans le sud du pays –, avec des effets bénéfiques
sur le plan national, continental et aussi mondial.
3. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, que la paix est un don de Dieu
Tout-Puissant, le Dieu créateur de tout homme et de toutes choses, dont
l’unité de la famille humaine tire son origine. Elle est une aspiration très
profondément ancrée dans le cœur de chaque personne, et chacun devrait se
sentir toujours davantage responsable de la faire germer, en veillant à ce
qu’elle s’enracine dans la justice, qu’elle porte des fruits de
réconciliation et qu’elle serve le développement intégral de tous les
membres d’une nation sans exception.
La paix constitue donc aussi un défi à relever pour votre pays, riche de sa
multiplicité culturelle, de sa diversité ethnique et de la coexistence de
plusieurs religions. La diversité nationale peut, si elle est considérée
positivement comme une chance, concourir de manière efficace à la
stabilisation de la paix et de la sécurité dans le pays, servir
l’intégration de toutes les communautés présentes sur le territoire et le
développement intégral des personnes, et permettre que l’expression de leurs
différences, dans un dialogue franc et sincère, serve au bien commun.
La paix se présente enfin comme une tâche à accomplir et un service du
peuple. Il revient notamment aux Autorités de l’État de veiller activement,
au sein de la Nation, à l’expression de cette diversité, en ne ménageant pas
leurs efforts afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles
entre les membres de la communauté nationale, de bannir toute forme de
discrimination ou de suprématie d’un groupe sur un autre, et de garantir le
respect et les droits des minorités. Ainsi, la paix apparaîtra « non comme
une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans
une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi
le bien pour chacun d’entre eux, autant que faire se peut » (Message pour la
célébration de la Journée mondiale de la Paix 2006, 8 décembre 2005, n. 6).
4. Pour que tous les hommes soient en mesure d’entretenir des relations
fraternelles et sincères, et qu’ils édifient une société toujours plus juste
et plus équitable, la contribution des différentes traditions religieuses
présentes dans votre pays, avec la richesse de leur patrimoine de valeurs
humaines, morales et spirituelles, revêt une importance tout à fait
incontournable. L’édification de la paix suppose la conversion des cœurs.
Aussi me paraît-il nécessaire que « les relations confiantes qui se sont
développées entre chrétiens et musulmans depuis de longues années, non
seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue
sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus
vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en
commun et qui, avec loyauté, respecte les différences » (Discours aux ambassadeurs des pays musulmans, 25 septembre
2006). Pour vivre de manière toujours plus apaisée cette mission spécifique
au service du bien de la communauté nationale tout entière, il est
fondamental que les personnes et les communautés aient publiquement la
liberté de professer leur foi et de pratiquer leur religion. L’expérience
montre que la faculté d’agir selon une conscience éclairée, la capacité
donnée de rechercher avant toute chose la vérité dans la droiture et la
possibilité de vivre de manière conforme à sa croyance, dans le respect des
autres traditions religieuses, sont des éléments nécessaires à la
consolidation de la paix et à l’établissement de la justice, conditions
essentielles d’un développement durable et fécond et d’une existence
paisible et digne pour les citoyens.
5. Vous saluez, Monsieur l’Ambassadeur, la mission spécifique des
communautés catholiques et de leurs évêques, en communion avec le Successeur
de Pierre, pour « asseoir la paix, l’entente des nations et pour affermir
les valeurs spirituelles au sein des peuples ». Je souhaite, par votre
intermédiaire, exprimer mon affection et ma proximité spirituelle à la
Conférence épiscopale et à tous les catholiques du Soudan. À travers eux, je
salue également l’action de tous les organismes catholiques, nationaux ou
internationaux, qui œuvrent dans le pays au service du développement
intégral de tous les habitants du pays sans distinction. Je connais leur
courage et je partage les douleurs que de nombreuses années de conflits leur
font endurer. Leur foi les invite à travailler jour après jour avec les
hommes de bonne volonté contre toutes les formes d'intolérance et
d'exclusion, qui peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour l'unité
de la société. Je ne doute pas que la possibilité d’être consultés et d’être
associés de manière plus active à l’élaboration de solutions viables pour
bâtir la paix leur permettrait de mieux assumer leur mission spécifique au
sein du peuple soudanais ! Grâce au Christ, qui est leur espérance
inébranlable dans les épreuves que connaît leur pays, ils seront, avec tous
leurs compatriotes, des artisans de paix audacieux et généreux.
6. Au moment où vous commencez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous
offre mes meilleurs vœux. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici un
accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.
Sur Votre Excellence, sur ses proches, sur les responsables de la Nation et
sur le peuple soudanais tout entier, j'invoque de grand cœur l'abondance des
Bénédictions du Très-Haut.
S.E. Monsieur Ahmed Hamid Elfaki Hamid
Ambassadeur du Soudan auprès du Saint Siège
Est né à Shendi (nord Soudan) le 21 août 1953.
Est marié et a trois enfants.
Diplômé en Langue et Civilisation française, (Université de Lyon 2,
France,1977), il a obtenu une spécialisation en Relations diplomatiques,
(Institut International d'Administration Publique de Paris, 1988).
A commencé sa carrière diplomatique en 1979, il a recouvert les charges
suivantes: Dirigeant près du Ministère des Affaires Étrangères (1979-1981);
Second Secrétaire d'Ambassade à Londres (1981-1984) et à Washington DC
(1984-1985); Premier Secrétaire près du Ministère des Affaires Étrangères
(1985-1989); Premier Secrétaire d'Ambassade au San'á (1989-1991); Conseiller
d'Ambassade à Tokyo (1991-1993) et ç Jakarta (1993-1995); Conseiller
d'Ambassade (1996-1997) et Ministre plénipotentiaire près du Ministère des
Affaires Étrangères (1997-1999); Ministre Plénipotentiaire à Paris et
Délégué Permanent près de l'UNESCO (2000-2003); Ambassadeur à Djibouti
(2003-2004); Directeur de Département près du Ministère des Affaires
Étrangères (2004-2007).
Il est actuellement aussi Ambassadeur à Paris, où il réside .
Il a participé à de nombreuses Conférences internationales sur le
développement de l'environnement, sur l'écosystème, sur le climat et la
désertification, sur l'énergie, l'agriculture et la biologie.
Il est l'auteur d'un essai sur le conflit Arabo-israélien, en langue arabe,
publié par l'institut d'Études politiques et stratégiques de Khartoum en
1984.
Parle arabe, anglais et français
Aujourd'hui le pape Benoît XVI s'est adressé aux
nouveaux ambassadeurs accrédités auprès du saint-Siège:
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Benoît XVI reçoit cinq nouveaux ambassadeurs
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Pakistan:
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Islande:
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Estonie:
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Burundi:
Benoît XVI rappelle l'engagement de l'Eglise au Burundi pour une paix
durable
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Soudan:
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L'Eglise en Afrique - Actualité
Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.06.2007 -
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