Ils attendent désormais une
lettre du pape Benoît XVI |
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ROME, le 01 Mai 2007 -
(E.S.M.)
- Sept évêques racontent l'Eglise de
Chine. Un élément commun à leurs histoires personnelles pourtant
différentes l'une de l'autre: la longue marche des catholiques chinois
vers l'unité entre eux et avec Rome. D'où ils attendent désormais une
lettre du pape Benoît XVI
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Sept évêques racontent
l'Eglise de Chine
Ils attendent désormais une lettre du pape Benoît XVI
Sept évêques racontent l'Eglise de Chine
Un élément commun à leurs histoires personnelles pourtant différentes l'une
de l'autre: la longue marche des catholiques chinois vers l'unité entre eux
et avec Rome. D'où ils attendent désormais une lettre du pape Benoît XVI.
par Sandro Magister
La lettre que Benoît XVI s’apprête à adresser aux catholiques de la Chine
n’évoquera que très brièvement la question des rapports diplomatiques avec
le gouvernement de Pékin. Cette lettre s’adressera essentiellement à
l’Eglise de ce grand pays. Une Eglise composée d’évêques, de prêtres, de
fidèles. Le pape lui parle et elle l’écoute.
Pour un régime communiste qui, au cours des cinquante dernières années, a
tout fait pour constituer une Eglise nationale indépendante et opposée à
Rome, la lettre elle-même est un constat d’échec. Les évêques mis en place
par les autorités chinoises contre la volonté du Saint-Siège sont presque
tous revenus sous l’autorité du pape. Ceux qui sont encore séparés de Rome
sont "moins de dix", selon l’évêque de Hong
Kong, le cardinal Joseph Zen Ze kiun. Sur un total de 66 évêques
officiellement reconnus par le gouvernement chinois et de 44 évêques
consacrés clandestinement, dont 17 sont actuellement en état d’arrestation.
Les histoires personnelles des évêques sont révélatrices de cette marche
longue et difficile vers l’unité totale de l’Eglise chinoise en elle-même et
avec Rome.
En voici quelques unes.
MICHEL FU TIESHAN
Il a été évêque de Pékin, officiellement mis en place par les autorités
communistes, de 1979 jusqu’à sa mort, le 20 avril dernier. Et il a été
probablement le seul évêque chinois des cinquante dernières années qui, de
toute sa vie, n’ait jamais été en prison ou dans un camp de rééducation.
Il ne s’est jamais réconcilié avec Rome. Au contraire, il s’est toujours
révélé être un antipapiste acharné. Le 1er octobre 2000, il a âprement
critiqué Jean-Paul II pour "avoir osé" canoniser 120 martyrs chinois et
missionnaires étrangers, "instruments du colonialisme".
En compensation, il a gravi de nombreux échelons dans la carrière politique.
Il a été vice-président de l’assemblée nationale du peuple, le parlement
chinois. Il a été vice-président et secrétaire général du conseil des
évêques chinois, la conférence épiscopale fantoche, non reconnue par Rome.
Il a surtout été président de l’Association Patriotique, l’organisme qui
contrôle l’Eglise officielle, qui contient dans ses statuts le mandat de
constitution d’une Eglise chinoise indépendante.
Avant de mourir, il a reçu la visite du président Hu Jintao et ses obsèques
ont été celles d’un homme politique de première grandeur. Un communiqué
officiel l’a loué comme "leader religieux patriotique, très engagé
socialement et grand ami du parti communiste chinois". Aucun représentant du
Vatican n’a assisté à ses funérailles. Au premier rang se trouvait en
revanche Chen Maoju, la femme qui, pendant la longue maladie du prélat,
avait pris le contrôle des biens du diocèse, achetant et vendant des maisons
et des terrains de grande valeur, au centre de la capitale.
Le choix de son successeur sera une indication importante sur l’avenir de
l’Eglise de Chine. Si le nouvel évêque de Pékin est en communion avec Rome,
ce sera peut-être la fin de l’Association Patriotique.
JOSEPH ZENG CHANGCHENG
Lui aussi a été mis en place les autorités politiques, en 1991, à la tête du
diocèse de Fuzhou. Mais il a immédiatement cherché à se mettre en contact
avec Rome pour régulariser sa position, en s’appuyant sur des intermédiaires
de Hong Kong.
Mais il y avait à Fuzhou un autre évêque, Jean Yang, clandestin et en
communion avec Rome. Les rapports entre les deux communautés étaient
exécrables. Les clandestins accusaient l’évêque officiel d’être infidèle au
pape. Au contraire, avant d’être nommé évêque, Joseph Zeng avait été
emprisonné pendant près de 30 ans, justement pour avoir toujours refusé de
renier la foi chrétienne et l’obéissance au siège de Pierre.
Dans les dernières années de sa vie, Mgr Zeng a reçu d’importants signes de
reconnaissance de sa fidélité de la part de Rome. Par l’intermédiaire de
l’évêque de Hong Kong, il a reçu l’anneau épiscopal. De même, le cardinal
Ivan Dias, préfet de la congrégation "de Propaganda Fide", lui a transmis la
bénédiction de Benoît XVI. Il est mort le 18 décembre 2006, à l’âge de 94
ans.
JOSEPH WEI JINGYI
Il est évêque du diocèse de Qiqihar et clandestin, tout comme l’était son
prédécesseur, Paul Guo Wenzhi, mort le 29 juin 2006 à l’âge de 84 ans.
Défiant l’interdiction des autorités politiques, Mgr Wei a célébré ses
funérailles et l’a enterré dans un lieu tenu secret.
Il a été l’un des quatre évêques chinois invités par Benoît XVI à participer
au synode des évêques qui s’est déroulé à Rome en octobre 2005. Mais ni lui,
ni les trois autres n’ont eu l’autorisation de s’y rendre.
Il vit dans un petit village, seul endroit où les autorités politiques lui
permettent d’exercer son ministère, qui est juridiquement illégal. Il a 48
ans et ses prêtres sont presque tous plus jeunes que lui. Il y a en Chine
une carence impressionnante de prêtres entre 45 et 70 ans, due à la terrible
période de la Révolution Culturelle. En conséquence, il existe une
différence d’âge entre les évêques très vieux de la génération héroïque qui
est en train de disparaître peu à peu et leurs successeurs, tous autour des
40 ans: un écart sans équivalent dans l’Eglise du monde entier.
ANTOINE LI DUAN
Il a été l’évêque officiel de Xian de 1987 jusqu’à sa mort, le 25 mai 2006.
Il a passé 20 années de sa jeunesse dans les camps de détention et, bien
qu’il ait été placé à la tête du diocèse par les autorités communistes, il
ne s’est jamais soumis à l’Association Patriotique.
En janvier 2000, par exemple, il s’est caché pendant plusieurs jours pour ne
pas participer à l’ordination illégitime de cinq nouveaux évêques non
reconnus par Rome.
Sous sa direction, le diocèse de Xian est devenu l’un des plus florissants.
Une foule immense a participé à ses funérailles. Sa tombe est la destination
de pèlerinages, comme celle d’un saint. C’était vraisemblablement lui que
Jean-Paul II a créé cardinal "in pectore" lors du consistoire de 2003, sans
jamais l’avoir révélé.
Il était vu comme un phare par les "chrétiens culturels", c’est-à-dire les
cercles intellectuels chinois qui, bien que n’étant pas chrétiens, étudient
le christianisme, pour lequel ils manifestent respect et admiration.
JOSEPH XING WENZHI
Il a été ordonné évêque le 28 juin 2005, à l’âge de 42 ans, comme auxiliaire
du diocèse de Shanghai, avec la reconnaissance officielle du gouvernement et
l’approbation tacite du Saint-Siège.
Le titulaire officiel du diocèse est toujours Aloysius Jin Luxian, âgé de 92
ans, dont Mgr Xing sera le successeur. Mais il existe aussi à Shanghai un
évêque clandestin, Joseph Fan Zhongliang, lui aussi vieux et très malade.
Tous les deux jésuites, ils étaient dans les années 50 de proches
collaborateurs de celui qui était alors évêque de la ville, Ignace Gong
Pinmei, également jésuite. Lorsque le régime maoïste, puis la Révolution
Culturelle ont anéanti le diocèse, tous ont été incarcérés. Libérés
plusieurs années après, ils ont choisi des voies différentes. Mgr Fan a
choisi la clandestinité, Mgr Jin a intégré l’Eglise officielle et a été créé
évêque auxiliaire du diocèse. L’évêque titulaire, l’irréductible Gong Pinmei,
était en liberté surveillée, avant d’être contraint à l’exil vers les
Etats-Unis, où il est mort. Jean-Paul II l’a créé cardinal "in pectore" en
1979 et lui a conféré la pourpre en 1988.
Mgr Jin est reconnu par le gouvernement, mais pas – jusqu’à présent – par
Rome. Mgr Fan est reconnu par Rome mais pas par Pékin. L’un et l’autre
auront le même successeur: Mgr Xing, reconnu tant par le pape Benoît XVI que
par les autorités chinoises.
LIU JINGSHAN
Il a passé 19 années en prison. En tant que prêtre, il a recommencé à
exercer son ministère dans la province occidentale de Ningxia, dont la
population est majoritairement musulmane. En 1993, les autorités communistes
l’ont choisi comme évêque de Yinchuan, la capitale de la province. Il a
demandé et rapidement obtenu la bénédiction de Jean-Paul II.
Aujourd’hui, à 96 ans, il souhaite avoir pour successeur un évêque capable
lui aussi de "maintenir l’unité de l’Eglise". Son candidat est Li Jing. Agé
de 38 ans, il a étudié la théologie en Allemagne et est actuellement recteur
adjoint du séminaire national à Pékin. Après l’approbation préalable et
tacite de Rome, Mgr Li devra être élu par la majorité des représentants
officiels du diocèse, prêtres, religieuses et laïcs, et ainsi obtenir la
reconnaissance officielle du gouvernement.
GIUSEPPE LIU XINHONG
C’est l’un des trois jeunes évêques ordonnés illégitimement en 2006. Depuis
le 3 mai de l’an dernier, il est évêque officiel de Wuhu, dans la province
orientale d’Anhui. Il a demandé l’approbation de Rome mais ne l’a pas
obtenue. Dans un communiqué, le Saint-Siège a qualifié son ordination
épiscopale de "grave atteinte à l’unité de l’Eglise, pour laquelle de
sévères sanctions canoniques sont prévues".
La sanction évoquée est l’excommunication, qui a lieu automatiquement dès
lors que l’ordination illégitime a été librement donnée et reçue. Toutefois
le Vatican a implicitement excusé les auteurs de l’acte en supposant qu’ils
avaient agi sous la contrainte.
Mais si l’Association Patriotique organisait à l’avenir d’autres ordinations
illégitimes (pour le diocèse de Pékin, elle aurait déjà des candidats
prêts), on prévoit que la réaction de Rome sera plus dure. Le Saint-Siège
exigera des nouveaux évêques illégitimement ordonnés qu’ils n’exercent pas
leur ministère.
Traduction française par Charles de
Pechpeyrou, Paris, France
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Sources:
La chiesa.it
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.05.2007 - BENOÎT XVI -
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