Pour Benoît XVI l’unité de l’Eglise
en Chine est cruciale |
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ROME, le 3 Mars 2007 -
(E.S.M.) - La nouvelle ligne de conduite du gouvernement chinois, en
réaction à l’échec du projet de création d’une Eglise "patriotique"
indépendante de Rome. Une lettre de Benoît XVI consacrera bientôt le
retour à l'unité des tous les catholiques de Chine et proposera un
accord à Pékin
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L'Eglise Saint-lgnace de
Shanghai
Pour Benoît XVI l’unité de l’Eglise
en Chine est cruciale
L’Empire céleste veut plus d’"harmonie", même avec l'Eglise
C’est la nouvelle ligne de conduite du gouvernement chinois, en réaction à
l’échec du projet de création d’une Eglise "patriotique" indépendante de
Rome. Une lettre de Benoît XVI consacrera bientôt le retour à l'unité des
tous les catholiques de Chine et proposera un accord à Pékin
La lettre que Benoît XVI prépare actuellement pour
les
catholiques de Chinesera prête avant
Pâques. L’annonce en a été faite le 20 janvier dernier, au terme
d’une réunion au Vatican consacrée précisément à la situation de l’Eglise en
Chine, avec la participation, entre autres, des évêques de Hong Kong, Macao
et Taiwan.
Cette lettre abordera en particulier la question cruciale de l’unité de
l’Eglise. En effet, depuis plusieurs décennies cohabitent en Chine une
Eglise officielle, étroitement contrôlée par l’Association Patriotique,
créée délibérément dans les années Cinquante par les autorités chinoises en
opposition à Rome, et une Eglise non reconnue officiellement et fidèle au
pape.
Une séparation analogue entre officiels et clandestins touche aussi les
communautés chrétiennes protestantes, qui ont en Chine un nombre de fidèles
et un taux de conversions encore plus considérables.
Cependant, dans les deux cas, il n’y a pas d’opposition nette entre les
officiels et les clandestins. Et l’objectif premier de l’Eglise de Rome est
de colmater les brèches. Depuis longtemps, au sein des communautés
catholiques officiellement reconnues par le gouvernement une évolution est
en cours, qui les conduit à rechercher toujours davantage la communion avec
le pape et à l’obtenir. Inversement, les groupes de catholiques clandestins
qui refusent de reconnaître les officiels, accusés de trahir la foi, sont de
moins en moins nombreux.
La plus grande difficulté pour les catholiques officiels consiste à obéir
simultanément à l’Eglise universelle et à la politique séparatiste et
anti-pontificale des autorités communistes. Mais cette politique est
également en voie d’évolution.
Des nouvelles très intéressantes ont circulé ces derniers jours à Rome,
concernant la situation actuelle de l’Eglise en Chine et les nouveautés
politiques en cours, mais aussi sur les changements qui ont eu lieu au cours
des vingt dernières années dans l’Eglise chinoise et dans la politique du
Vatican envers la Chine.
En ce qui concerne la situation présente, les informations viennent
principalement du père Bernard Cervellera, de l’Institut Pontifical des
Missions Etrangères, directeur de l’agence de presse en ligne "Asia News".
En ce qui concerne le passé, des révélations intéressantes sont fournies par
un article de Gianni Valente, paru dans le dernier numéro de la revue
internationale "30 Jours", dirigée par Giulio Andreotti.
- En commençant par le passé, "30 Jours" cite
une lettre du 12 décembre 1981, écrite par celui qui était alors le préfet
de la congrégation vaticane pour la propagation de la foi, le cardinal
Agnelo Rossi, au chargé d’affaires à la nonciature de Taiwan, Paolo Giglio.
Elle autorisait les évêques chinois "légitimes et fidèles au Saint Siège", à
ordonner clandestinement d’autres évêques, sans en informer Rome au
préalable si nécessaire.
D’après "30 Jours", cette autorisation marque le début du développement
rapide, sur tout le territoire chinois, d’une Eglise clandestine forte de
l’approbation canonique et s’opposant avec fierté à l’Eglise officielle.
Certains dirigeants de l’Eglise clandestine interdisent à leurs fidèles de
recevoir les sacrements ou de participer aux messes célébrées par des
prêtres inscrits à l’Association Patriotique.
En 1985, la congrégation pour la doctrine de la foi établit que les
ordinations des évêques nommés par le régime sont illégitimes mais valides.
Mais deux années plus tard, en 1987, Jean-Paul II invite à nouveau les
catholiques chinois fidèles au Saint-Siège à ne pas participer aux messes
des prêtres officiels et à ne pas recevoir d’eux les sacrements, qui ont une
validité seulement "présumée". Le partisan le plus tenace de cette ligne de
conduite au Vatican est le cardinal Jozef Tomko, le nouveau préfet "de
Propaganda Fide".
Mais les évêques de l’Eglise officielle ne se soumettent pas tous
passivement au régime. En nombre croissant, ils recherchent et obtiennent
l’approbation de Rome, sans rompre pour autant avec l’Association
Patriotique.
Le 26 septembre 1993, se tient au Vatican un sommet semblable à celui qui
aura lieu les 19 et 20 janvier 2007. "30 Jours" en donne de larges extraits.
Décision est prise de mettre un frein à l’ordination de nouveaux évêques
clandestins, qui s’arrêtera définitivement quelques années plus tard. En ce
qui concerne les évêques désignés selon les procédures de l’Association
Patriotique, ils sont invités à demander et à obtenir l’autorisation du
Vatican avant leur ordination, ou au moins à régulariser leur position après
coup, toujours en rendant "public l’accord intervenu avec le Saint -Siège".
Au Vatican, le cardinal Tomko continue à se montrer le plus rigide. En
revanche, depuis Hong Kong, celui qui était alors le directeur du centre des
études du Saint-Siège, Fernando Filoni, aujourd’hui nonce aux Philippines,
plaide pour que l’interdiction de participer aux messes célébrées par les
prêtres de l’Association patriotique soit supprimée. Mgr Filoni s’exprime
ainsi dans une lettre adressée en mars 1994 au cardinal Tomko:
"La foi en Chine est celle de l’Eglise universelle, même si actuellement
elle se manifeste à des degrés différents d’expression, et il n’y a pas de
doutes sur la validité des sacrements. Dans l’effort pour reconstruire ‘step
by step’ les relations entre l’Eglise chinoise et l’Eglise universelle, nous
devons accomplir des gestes d’accueil plutôt que de séparation".
C’est ce qui va en effet se passer, au cours des années suivantes. L’Association
Patriotique persiste à ordonner des évêques illégitimes. Mais les
ordinations résultant d’un accord de fait avec le Saint-Siège augmentent en
nombre. A tel point que le Vatican a pu déclarer le 20 janvier dernier, que
"aujourd’hui la quasi-totalité des évêques et des prêtres chinois est en
communion avec le souverain pontife".
Venons-en maintenant à l’actualité. Le chemin est encore semé d’embûches.
C’est le père Cervellera qui décrit ce qui se passe aujourd’hui et ce qui
risque de se produire demain.
- "Le fait inédit est que le gouvernement
chinois semble lui aussi prendre toujours plus ses distances par rapport à
l'action de l'Association Patriotique": c'est ainsi que commence une analyse
du père Cervellera publiée par l'agence de presse "Asia News" et sur le
quotidien "Avvenire".
Le 13 février dernier, Jia Qinglin, membre du bureau politique du parti
communiste et président de la conférence politique consultative du peuple
chinois a rencontré les dirigeants des Associations Patriotiques des
religions officiellement reconnues: catholique, protestante, musulmane,
bouddhiste, taoïste. A tous, il a affirmé que "les religions peuvent jouer
un rôle positif" dans la construction d"une société harmonieuse", le slogan
lancé par le président Hu Jintao. "L'harmonie sociale − a-t-il ajouté − doit
être défendue chez les fidèles et leurs demandes et exigences doivent être
entendues".
Peu de jours auparavant, une enquête officielle avait démontré que la Chine
compte au bas mot 300 millions de croyants. Le père Cervellera fait la
remarque suivante:
"Cela signifie qu’au moins 200 millions de chinois ne se trouvent pas à
l’intérieur des structures officielle contrôlées par les Associations
Patriotiques. La raison en est claire: personne n’accepte de subir le
contrôle des AP en matière de foi. C’est pourquoi le gouvernement, soucieux
de préserver l’ordre social, perçoit la nécessité de traiter directement
avec les communautés, mêmes clandestines, qu’elles soient catholiques ou
protestantes. Il ne faut pas non plus oublier que, selon un document interne
du parti communiste, un tiers de ses membres adhèrent à une religion.
Puisque le parti leur interdit de participer aux cultes officiels, ils
viennent augmenter les effectifs précisément vers les communautés
clandestines".
De plus, les Associations Patriotiques sont détestées même par les fidèles
qui y adhèrent. La quasi-totalité de biens des diocèses catholiques sont
confisqués par les dirigeants de l'AP, qui encaissent les revenus des
terrains et des maisons qu’ils vendent et louent, au lieu de les reverser
aux diocèses. En novembre 2005, à Xian, 16 religieuses ont été frappées
parce qu’elles défendaient une école diocésaine, que les autorités locales
avaient vendue après se l’être appropriée. Toute la communauté catholique
s’est révoltée. Un mois plus tard, dans le Shanxi, il en a été de même pour
la vente de bâtiments des diocèses de Taiyuan et de Yuci.
Dans ce contexte, les dirigeants du gouvernement chinois voudraient réduire
le pouvoir de l’Association Patriotique. D’après des sources de "Asia News",
le ministère des affaires étrangères serait même favorable à l’établissement
des pleins rapports diplomatiques avec le Vatican. Après la mort du
Jean-Paul II, la diplomatie de Pékin adresse des messages de détente au
Saint-Siège: les condoléances pour la mort de Jean-Paul II, une proposition
aux religieuses de Mère Teresa d’ouvrir une maison en Chine. Autant de
signaux auxquels s’oppose l’Association Patriotique, en empêchant l’arrivée
des religieuses, en faisant arrêter les prêtres clandestins, en orchestrant
des campagnes de presse et surtout en organisant des ordinations épiscopales
illégitimes.
Le leader le plus acharné de l’Association Patriotique qui contrôle l’Eglise
catholique officielle est Antonio Liu Bainian, que l’on surnomme le "pape
laïc chinois". En novembre dernier, il n’a pas hésité, pour effectuer ses
dernières ordinations illégitimes, à utiliser la violence, les manœuvres,
les enlèvements et le mensonge à l’égard des candidats eux mêmes.
Naturellement – le père Cervellera remarques – "cibles préférées sont les
Eglises clandestines, qui n’obéissent pas à ses ordres, et le cardinal
Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong kong, champion de la liberté de l’Eglise
en Chine".
par
Sandro Magister
Traduction française par Charles de
Pechpeyrou, Paris, France
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Prochaine lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine
Quelques chiffres concernant la Chine
Catholiques 12.000.000
Diocèses 138
Baptêmes d'adultes en 2004 150.000
EGLISE OFFICIELLE
Évêques 67
Prêtres 1.740
Séminaires 14
Séminaristes 580
Religieuses 3.500
Noviciats 40
Novices 800
EGLISE CLANDESTINE
Évêques 44
Prêtres 1.100
Séminaires 10
Séminaristes 800
Religieuses 1.700
Noviciats 20
Novices 800
Évêques emprisonnés ou portés disparus 17
Prêtres emprisonnés 20
Sources: Holy Spirit Study Center de Hong Kong,
asianews
L'agence d'information dirigée par le père Bernardo
Cervellera, en italien, en anglais et en chinois: ►
asianews
Sources:
La Chiesa
-
E.S.M.
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.03.2007 - BENOÎT XVI - International |