Benoît XVI: "Pas davantage de compromis" |
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Rome, le 21 Janvier 2007 -
(E.S.M.)
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Une rencontre "sub secreto" ayant pour objet l’Eglise en Chine se tient à
partir d’hier au Vatican. Y participent des dirigeants de la secrétairerie
d’Etat et de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, mais aussi
des personnalités extérieures à la Curie.
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Le cardinal Joseph Zen
Ze-kiun, évêque de Hong Kong.
Benoît XVI: "Pas davantage de compromis"
Une rencontre "sub secreto" ayant pour objet l’Eglise en Chine se tient à
partir d’hier au Vatican. Y participent des dirigeants de la secrétairerie
d’Etat et de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, mais aussi
des personnalités extérieures à la Curie: le cardinal Joseph Zen Ze-kiun,
évêque de Hong Kong, le cardinal Paul Shan Kuo-shi, de Taiwan, l’évêque de
Macao, José Lai Hung-seng, le professeur Anthony Lam, du Holy Spirit Center
de Hong Kong.
Une question évoquée par
Benoît XVI lors de l'Angélus du 26.12.2006
est au cœur des discussions. Faisant référence à saint Etienne,
premier martyr, et tous ceux qui, aujourd’hui, "sont persécutés et
souffrent, de différentes manières, pour témoigner et servir l'Evangile",
Les informations concernant la Chine durant ces derniers mois confirment
tout à fait ce clivage: entre les chrétiens qui se plient aux ordres des
autorités communistes et ceux qui y résistent; entre l'Eglise officielle
créée par le régime en opposition à Rome et celle unie au pape et que
l'Etat ne reconnaît pas officiellement.
Mais ces mêmes informations montrent qu'il existe aussi des divisions et des
évolutions au sein même de l'Eglise officielle. Huit des dix évêques
officiels ont désormais demandé et obtenu l'approbation de Rome. Ils se
trouvent maintenant dans une position inconfortable de double obéissance: à
l'Eglise universelle et à la politique anti-romaine des autorités
communistes.
Selon le cardinal Zen, homme fort de la nouvelle politique vaticane
concernant la Chine:
"Ce compromis ne peut durer indéfiniment. Être en communion avec le
Saint-Père et rester en même temps dans une Eglise qui se définit comme
indépendante, c'est une contradiction. De façon magnanime, le Saint-Siège le
tolère. Mais le moment est venu de mettre fin à cette contradiction".
Un choix déjà fait par certains évêques de l'Eglise officielle, qui
cherchent de plus en plus à se soustraire à la soumission au régime.
L'ordination épiscopale illicite qui a eu lieu le 30 novembre dans la ville
de Xuzhou, dans le Jiangsu (centre-est) est le dernier épisode révélateur de
cette évolution.
Une ordination épiscopale est illicite quand elle n'est pas approuvée par le
pape. Elle est sanctionnée par l'excommunication automatique de celui qui
l'effectue de son propre gré, sans contrainte. Au cours des dernières
décennies, le régime communiste chinois a fait ordonner plusieurs dizaines
d'évêques illégitimes. Avant le 30 novembre dernier, les deux dernières
ordinations de ce type ont eu lieu le 28 avril et le 3 mai 2006, et ont
donné lieu à une très ferme protestation du Saint-Siège
(Benoît XVI a appris les nouvelles de Chine avec un profonde tristesse). Une délégation du
Vatican s'est rendue par la suite à Pékin en juin pour demander l'arrêt de
ces ordinations. Elle a reçu des assurances, démenties ensuite par les
faits.
Pourtant, les autorités communistes ont eu plus de mal que d'habitude à
organiser la cérémonie du 30 novembre. Ces dernières voulaient adjoindre à
l'évêque de Xuzhou, Qian Yurong, âgé de 94 ans et progouvernemental,
d'autres évêques de l'Eglise officielle, mais réconciliés avec Rome, comme
concélébrants de l'ordination. Elles ont dû cependant les forcer à être
présents. Deux évêques les ont isolés et "traités" pendant plusieurs jours
précédant la cérémonie. Deux autres ont été littéralement séquestrés, sans
pouvoir rien en retirer comme ils le voulaient. L'un des deux, l'évêque de
Hengshui, Peter Feng Xinmao, a assisté au rite sans y participer. Le second,
Li Liangui, évêque de Cangzhou, a réussi à s'échapper sans se faire
reprendre jusqu'à la fin de la cérémonie, désertée par une grande partie des
fidèles.
Le 2 décembre, le Saint-Siège a émis une note de protestation au sujet de
cette ordination illégale, soulignant que les évêques consacrants aussi bien
que l'évêque ordonné, Mgr Wang Reniei, âgé de 34 ans, avaient dû agir sous
la contrainte.
Un jour après Noël, Benoît XVI avait donné en exemple les chrétiens qui
acceptent "les tourments" pourvu qu'ils ne "cèdent pas à des compromis".
Mais, après quelques heures seulement, les autorités communistes
récidivaient. Le 27 décembre, neuf prêtres de la province du Hebei,
appartenant à l'Eglise non officielle, sont arrêtés. Le Hebei est la région
de Chine comptant la plus forte population de catholiques, environ un
million et demi. Elle est également la plus persécutée, en raison justement
du refus de la plupart des évêques, des prêtres et des fidèles à s'inscrire
auprès de l'Association patriotique des catholiques chinois, l'organisme par
lequel le parti communiste exerce son contrôle sur l'Eglise officielle.
Le Hebei a vu disparaître six évêques au cours des dix dernières années.
Parmi eux, l'évêque du diocèse de Baoding, Jacques Su Zhimin, arrêté en
1996.
Presque tous les évêques chinois ayant aujourd'hui plus de cinquante ans, et
même ceux faisant partie de l'Eglise officielle, ont été en prison ou dans
un camp pendant un certain temps. Le plus vieux d'entre eux, Joseph Meng
Ziwen, évêque non officiel de Nanning (Guangxi), est mort le 7 janvier
dernier. Il avait 103 ans et, il y a peu de temps encore, il célébrait la
messe tous les dimanches dans trois paroisses différentes. Il fut condamné
aux travaux forcés pendant plus de vingt ans. Le régime ne l'a jamais
reconnu comme évêque.
Aujourd'hui, les persécutions contre les chrétiens se poursuivent en Chine,
bien qu'elles ne soient pas comparables avec celles des années Mao et de la
Révolution Culturelle. Peu à peu disparaissent cependant les témoins du
grand martyre.
Restent leurs témoignages. Très peu de matière a été publiées, même en
dehors de la Chine, dans les pays libres et même dans le reste de la Chine
catholique, tout du moins jusqu'à il y a peu.
Ce silence était dû en grande partie à des raisons politiques et des choix
ecclésiastiques. "Mais continuer sur la voie du silence serait aujourd'hui
une erreur incompréhensible et impardonnable", écrit le cardinal Zen.
Il l'écrit dans la préface d'un livre sorti cet hiver en Italie – sous la
direction de l’Institut pontifical pour les missions étrangères de Milan –
qui, pour la première fois, recueille et propose au grand public les récits
de catholiques chinois persécutés ou tués entre 1940 et 1983.
Les deux premiers textes qui composent ce volume sont les journaux intimes
relatant l’emprisonnement et les travaux forcés, d’une durée respective de
trente et vingt-cinq ans, de deux prêtres, François Tan Tiande, toujours
vivant, et Jean Huang.
Le troisième document raconte la vie d’un autre prêtre, le père Li Chang,
mort en 1981. Il est écrit par son cousin Li Daoming, prêtre lui aussi.
Puis vient l’autobiographie d’une jeune catholique, Gertrude Li, écrite à la
main sur des petits papiers parvenus en Occident dissimulés dans les
chaussures d’un missionnaire, le père Giovanni Carbone, de l’Institut
pontifical pour les missions étrangères, expulsé de Chine en 1952.
Le livre s’achève par le témoignage du martyre de trente-trois moines
cisterciens de la stricte observance du monastère de Yangjiaping, tués en
1947 au terme d’un "chemin de croix" de souffrances.
par Sandro Magister
En Chine, l’obéissance n’est plus une vertu
Un nombre croissant d’évêques, de prêtres et de fidèles de l’Eglise
officielle chinoise refusent de se soumettre aux autorités communistes. Le
pape Benoît XVI et le cardinal Zen les y encouragent: "Pas plus de
compromis". En outre, un livre met fin au silence concernant les martyrs
catholiques des années Mao.
Lire également:
Benoît XVI va adresser une lettre aux catholiques de Chine
Sources: Sandro Magister - chiesa.it -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.01.2007 - BENOÎT XVI - Eglise -
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