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La Miséricorde c'est le regard pour celui qui m'est réellement prochain
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Le 01 avril 2024 -
E.S.M.-
Dimanche prochain, nous fêterons le dimanche de la Miséricorde.
Belle réflexion de notre pape Benoît XVI : Offrir la possibilité essentielle d'apprendre, et fournir
ainsi la clé pour le monde de l'esprit, est l'œuvre fondamentale de
miséricorde spirituelle. On présuppose qu'on n'apprend pas
simplement à lire, mais que cet apprentissage est inséré dans un
contexte spirituel qui a du sens et permet d'accéder à la foi, et
n'est pas une simple transmission d'une idéologie.
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Saint Jean-Baptiste de Lasalle -
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Quelques réflexions du Cardinal Ratzinger à propos de la miséricorde
Q : L'Évangile dit : « À quoi cela sert-il, mes frères, que
quelqu'un dise : "J'ai la foi ", s'il n 'a pas les œuvres ? La foi peut-elle
le sauver ? » (cf. Jc 2, 14). Matthieu
dit que le Fils de l'homme, dans sa justice céleste, demandera des comptes
car « ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi
que vous l'avez fait » (Mt 25, 40).
D'après cela, la foi vécue pour elle-même est morte ; c'est pourquoi l'Église
a tiré de l'Évangile les sept œuvres de
miséricorde :
Donner à manger à ceux
qui ont faim,
A boire à ceux qui ont
soif ;
Vêtir ceux qui sont nus,
Accueillir les étrangers
;
Délivrer les prisonniers
;
Visiter les malades et
Ensevelir les morts
(cf. Mt 25, 31-46).
R : La première citation est tirée de l'épître de Jacques, à très
forte coloration judéo-chrétienne. Jacques était l'évêque de Jérusalem. Il
représente, dans l'histoire de l'Église, une forme de christianisme qui
met
l'accent sur le fait que la foi doit s'incarner, porter des fruits et se
prouver dans l'action.
La deuxième citation est tirée de l'Évangile même. Elle nous
rapporte la parabole du jugement où Jésus s'identifie aux nécessiteux et dit
: C'est moi-même que vous atteignez dans les nécessiteux. Cette parole n'a
cessé, au cours de l'histoire de l'Église, d'allumer de nouveaux brasiers.
Les hommes ont reconnu que, dans les méprisés, les souffrants, les pauvres,
c'est le Christ qui en eux nous attendait. Dans la Parabole, le Seigneur
nous indique lui-même les diverses formes de la miséricorde : « J'étais nu
et vous m'avez vêtu ; j'étais malade et vous m'avez visité ; prisonnier et
vous êtes venu me voir. » C'est une petite typologie des nécessiteux qui
représentent le Christ dans le monde.
Q : Prenons l'une des œuvres de miséricorde : « Vêtir
ceux qui sont nus ». Ce n'est certainement pas une distribution de
vieux habits qui est visée.
R : Bien sûr que cette parole a un sens plus large. Mais même une
distribution de vieux habits, si elle vient du cœur, peut être une bonne
chose. Il ne faut pas mésestimer les petits gestes. Mais ici il s'agit de
bien plus. D'une part c'est toujours concret : il s'agit de ne pas aimer
seulement en principe et en intention et de faire l'aumône de temps en
temps. Il s'agit d'ouvrir les yeux et de voir où, dans ma vie, des hommes
ont besoin de moi. La plupart du temps, c'est embêtant, cela ne convient
pas. Pensons au prêtre et au lévite qui voient l'homme tombé aux mains des
brigands sur le chemin de Jéricho et qui passent outre. Ils avaient sans
doute un rendez-vous important, ou ils craignaient qu'il leur arrive malheur
s'ils traînaient trop longtemps dans cette région inhospitalière.
On trouve
toujours une raison.
Par cette parabole du jugement, et aussi par ce catalogue des
œuvres de miséricorde, Jésus nous dit tout à fait concrètement : ce n'est
pas seulement de manière générale l'humanité dans son ensemble
mais l'homme
nécessiteux là où je le rencontre que je dois aider, même si cela ne me
convient pas, même si je n'ai justement pas le temps ou que je pense que je
n'en ai pas les moyens. Il faut penser aux cas particuliers et pas seulement
aux actions de grande envergure.
C'est ce qui distingue la perspective chrétienne d'entraide
de la planification globale des marxistes qui ne prend en considération que
le changement de structures et néglige les cas particuliers. Mais,
inversement, cela signifie naturellement qu'il faut aussi se préoccuper de
l'ordre social global. Il ne faut pas se contenter de pratiquer la charité
dans des cas particuliers, si importante soit-elle, mais essayer de
contribuer à ce que des conditions de vie fondamentalement meilleures leur
soient offertes. C'est ainsi que sont nés dans l'Eglise les hôpitaux, les
écoles pour les pauvres et bien d'autres réalités encore. Les deux
perspectives vont ensemble : le regard pour celui qui m'est réellement
prochain, que mes grandes planifications structurelles ne doivent pas me
faire oublier, en même temps qu'une modification des structures injustes et
une aide structurelle apportée à ceux qui présentement ont besoin pour ainsi
dire d'être habillés.
Q : A côté des œuvres de miséricorde concernant le corps, il y
a celles qui concernent l'esprit. Ce sont :
Conseiller ceux qui doutent
Enseigner les ignorants
Corriger les pécheurs
Consoler les affligés
Pardonner l'injustice subie
Supporter avec patience les importuns
Prier pour les vivants et les morts.
R : Il est important que la miséricorde ne concerne pas
uniquement les aspects matériels. En ne nous préoccupant que de la vie
matérielle, nous ne faisons pas assez. Dans le domaine de l'aide au
développement, les plus clairvoyants ont toujours su combien il était
important de dispenser une formation qui rende capable de prendre les choses
en main. Nous n'aidons réellement que lorsque nous aidons dans son entier
l'homme et sa composante spirituelle. D'où l'importance aussi d'apporter la
connaissance de Dieu. Établir des règles morales est même l'œuvre de
miséricorde par excellence.
Q : Arrêtons-nous encore à l'une des ces œuvres en particulier
: « Enseigner les ignorants ».
Je pense que ceux qui sont concernés ne
voient pas dans un tel enseignement régulier une œuvre de miséricorde.
R : Prenons le cas de l'aide au développement en Amérique latine.
Aussi bien l'Eglise que les associations de gauche ont fait des campagnes
d'alphabétisation l'élément principal de leur action. Et pourquoi ? Tant que
les hommes sont ignorants, ils restent dépendants. Ils ne peuvent pas
d'eux-mêmes sortir de leur condition, une sorte d'esclavage. On ne les aide
réellement que si on leur donne accès à la formation parce qu'ils sont alors
capables de devenir égaux et de développer comme il convient leur pays et
leur société. Là-bas on a fait l'expérience que cette formation des
ignorants a permis l'accès au monde spirituel, leur donnant de comprendre ce
qui est à l'œuvre dans le monde d'aujourd'hui.
Pensons également aux mouvements similaires du passé en
Europe : Jean-Baptiste de Lasalle, par exemple, a institué en France des
écoles pour les pauvres. [Ndlr : Fondateur des Frères des écoles
chrétiennes] Durant des générations, ils avaient été maintenus
en état de dépendance ; une immense chance leur est désormais offerte de
pouvoir apprendre. Offrir la possibilité essentielle d'apprendre,
et fournir
ainsi la clé pour le monde de l'esprit, est l'œuvre fondamentale de
miséricorde spirituelle. On présuppose qu'on n'apprend pas simplement à
lire, mais que cet apprentissage est inséré dans un contexte spirituel qui a
du sens et permet d'accéder à la foi, et n'est pas une simple transmission
d'une idéologie.
Sur le même sujet :
Benoît XVI: La Miséricorde Divine, partie intégrante de la foi
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effraie
Pour mieux
connaître la dévotion au Christ Miséricordieux consultez la rubrique:
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Sources : Entretien du cardinal Ratzinger avec Peter
Seewald 23.08.00
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E.S.M.
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constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.04.2024
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