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François, la guerre et les Lieux Saints
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Le 17 novembre 2023 -
E.S.M.
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Le pape François est intervenu à plusieurs reprises pour déplorer la
guerre, demander la libération des otages et conjurer l’escalade du conflit.
Mais est-ce bien là tout ce que l’on était en droit d’attendre du Vicaire du
Christ ?
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François, la guerre et les Lieux Saints
Le 17 novembre 2023 -
E.S.M.- Le
Synode qui s’est ouvert au Vatican, le 4 octobre dernier,
suscitait de grandes attentes. Mais, trois jours après le début des
travaux, le 7 octobre, l’attention internationale s’est reportée sur
le Moyen-Orient, inopinément ensanglanté par l’attaque brutale du
Hamas contre Israël. Après l’invasion russe de l’Ukraine en février
2022, cet événement constitue un nouveau facteur d’ébranlement du
fragile équilibre mondial et confirme l’existence d’une guerre menée
contre l’Occident. L’épicentre en est aujourd’hui la Palestine, la
terre où le Rédempteur vécut et versa son sang.
Le pape François est intervenu à plusieurs reprises pour déplorer la
guerre, demander la libération des otages et conjurer l’escalade du conflit.
Mais est-ce bien là tout ce que l’on était en droit d’attendre du Vicaire du
Christ ?
François aurait eu là une occasion extraordinaire de faire entendre, aux
puissants de la terre, sa voix, jointe à celle des Pères synodaux réunis à
Rome. Quelle meilleure occasion de rappeler solennellement que la cause de
la guerre, comme de tous les maux, se trouve dans l’accumulation des péchés
publics des hommes ; que les guerres actuelles sont le châtiment d’un monde
qui s’est éloigné de Dieu et que l’unique moyen d’obtenir la paix est le
respect de la loi naturelle et la conversion à l’Evangile ? Mais le Vicaire
du Christ devrait rappeler aussi que la Palestine est la terre sanctifiée
par la vie et la mort du Sauveur et demander la tutelle sur Jérusalem et sur
ces Lieux Saints qui, avec Rome, représentent le cœur du monde.
L’Église a toujours revendiqué le droit de propriété ou de tutelle de ses
Lieux Saints, objets de vénération et buts de pèlerinage depuis l’antiquité
chrétienne. Le culte des sanctuaires chrétiens de Palestine commence avec
Constantin : après le Concile de Nicée (325 ap. J.-C.), celui-ci donna
l’ordre à quelques évêques présents au Concile de se rendre à Jérusalem pour
y identifier les lieux de la Passion et de la Résurrection du Christ et y
construire des églises. Sa mère, sainte Hélène, s’associa à eux dans la
recherche des précieuse reliques. Ainsi furent érigées cinq basiliques : la
première sur le Saint Sépulcre ; une deuxième à Bethléem, sur la Grotte de
la Nativité ; une troisième sur le Mont des Oliviers, où eut lieu
l’Ascension du Seigneur ; une quatrième au jardin de Gethsémani et une
dernière à Nazareth. Nous devons à saint Jérôme et aux nobles dames romaines
de son entourage installées à Bethléem vers la fin du IVe siècle,
les premiers hospices et lieux d’hébergement pour les pèlerins. Un flux de
pèlerinages commençait ainsi, que devait interrompre la domination musulmane
sur la Palestine maintenue, avec des vicissitudes, jusqu’en 1917.
La conquête de Jérusalem par les Turcs seldjoukides en 1071 marqua le
début d’une période de persécutions contre les chrétiens qui suscita
l’indignation dans la chrétienté. C’est alors que naquit le grand mouvement
des croisades, dont l’objectif était la libération du Saint-Sépulcre. Après
la fin de cette épopée, les religieux franciscains assurèrent la défense et
le culte des sanctuaires chrétiens, conservés au cours des siècles en dépit
d’innombrables vicissitudes. La mission des Frères mineurs en Terre Sainte
fut régularisée d’un côté par les deux bulles Gratias agimus et
Nuper carissimae de Clément VI (1342) et, de l’autre, par le
pacte entre le roi de Naples et le sultan d’Egypte Qalāwūn. Trois siècles
durant, les droits des catholiques furent confirmés et élargis par tous les
sultans d’Egypte, attachés aux relations commerciales avec l’Europe, jusqu’à
l’occupation de la Palestine par les Turcs Ottomans, qui reprirent les
persécutions. Ce fut à cette époque que les moines grecs orthodoxes
s’installèrent à Jérusalem. Leur installation marqua le début d’une longue
et âpre querelle entre le clergé catholique et les orientaux schismatiques,
aggravée dans les siècles suivants par les prétentions de la Russie, qui
alléguait les droits de protection de la religion orthodoxe dans tout le
Levant.
En 1847, le pape Pie IX, avec le bref Nulla celebrior restaura
le patriarcat latin de Jérusalem, vacant depuis l’époque des croisades. Le
11 décembre 1917, alors que l’Empire Ottoman se désagrégeait, le général
anglais Edmund Allenby libéra Jérusalem de la domination pluriséculaire de
l’Islam. Par respect pour la cité sainte, Allenby et ses officiers
descendirent de cheval et entrèrent à pied par la porte de Jaffa,
accompagnés des représentants militaires d’Italie, de France et
d’Angleterre. La chrétienté exultait, mais l’espoir d’une libération totale
de la Terre Sainte fut bien vite déçu.
Au cours des années où naissait l’État d’Israël et où, en Palestine, la
guerre éclatait entre Juifs et Arabes, le pape Pie XII consacra trois
encycliques aux Lieux Saints : Auspicia quaedam du 1er
mai 1948, In multiplicibus du 24 octobre 1948 et Redemptoris
nostri du 15 avril 1949.
Dans la première encyclique, le pape rappelait qu’un sujet particulier
lui affligeait et tourmentait le cœur : « Nous voulons parler des Lieux
Saints de Palestine qui depuis longtemps déjà sont troublés par de
douloureux événements et qui sont presque chaque jour ravagés par de
nouveaux meurtres et de nouvelles ruines. Pourtant, s’il y a une région au
monde qui doive être particulièrement chère à toute âme noble et civilisée,
c’est certainement la Palestine, d’où est sortie, depuis les obscurs
commencements de l’histoire, tant de lumière de vérité pour toutes les
nations ; là le Verbe de Dieu incarné, a fait annoncer, par les chœurs des
Anges, la paix à tous les hommes de bonne volonté ; là enfin Jésus-Christ,
suspendu à l’arbre de la Croix, a apporté le salut à tout le genre humain
et, les bras étendus comme pour inviter tous les peuples à une étreinte
fraternelle, a consacré par l’effusion de son sang le grand commandement de
la charité ».
Dans la deuxième encyclique (In multiplicibus), il affirmait « l’opportunité
de donner à Jérusalem et à ses environs, où se trouvent tant de précieux
souvenirs de la vie et de la mort du Sauveur, un caractère international
qui, dans les circonstances présentes, semble mieux garantir la protection
des sanctuaires. Il importera même d’assurer, par des garanties
internationales, aussi bien le libre accès aux Lieux Saints, disséminés sur
le territoire de la Palestine, que la liberté du culte et le respect des
coutumes et des traditions religieuses ».
Dans la troisième encyclique, Pie XII renouvelait son invitation aux « chefs
de gouvernements et à tous ceux à qui il revient de régler une si importante
affaire, à donner à Jérusalem et à ses environs un statut juridique
approprié dont, seules, l’entente commune des nations amies de la paix et
respectueuses des droits d’autrui peuvent, dans les circonstances actuelles,
assurer et garantir la stabilité. Mais il est, en outre, nécessaire de
pourvoir à la tutelle de tous les Lieux Saints, qui se trouvent non
seulement à Jérusalem et ses environs, mais encore dans les autres villes et
villages de la Palestine. Suite aux événements de la récente guerre, un
grand nombre d’entre eux ont été exposés à de grands dangers et ont subi de
graves dommages. Il faut donc que ces Lieux, qui gardent de si grands et
vénérables souvenirs, sources et aliments de la piété pour tout chrétien,
soient protégés par un statut juridique convenable, garanti par une forme
d’accord ou d’engagement international ».
Les plans de protection internationale de Jérusalem et des Lieux Saints
n’ont jamais été mis en œuvre et le flux des pèlerins s’est poursuivi dans
un contexte de conflit latent. Aujourd’hui, la guerre fait rage sur la terre
où naquit et mourut Celui que les prophètes avaient annoncé comme « le
Prince de la paix » (Is 9, 6) et le conflit menace de s’étendre à
l’Orient et à l’Occident.
Mais si le Christ n’est pas annoncé par celui qui devrait le représenter
et appeler l’humanité à la conversion, comment s’étonner que le monde risque
une guerre plus terrible que toutes celles qui l’ont précédée ?
de
Roberto de Mattei - Correspondance europeenne.
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Sources
: Correspondance
europeenne.
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.11.2023
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