Benoît XVI ne veut pas taire son
inquiétude sur les unions de fait |
|
CITE DU VATICAN, le 25 décembre 2006 -
(E.S.M.) - Nous avons présenté hier la synthèse et le texte officiel
de la 1ère partie du discours que le pape Benoît XVI a adressé aux
cardinaux. Ci-dessous, le 2è volet et demain le 3è et dernier.
|
Benoît XVI
Le pape
Benoît XVI ne veut pas taire son inquiétude
au sujet des lois sur les unions de fait
Synthèse et texte officiel de la deuxième partie du discours du Saint Père Benoît XVI
(1ère partie ►
Benoît XVI - 3è partie ►Benoît XVI)
Les unions homosexuelles
"À l'heure actuelle - a souligné Benoît XVI -
je ne peux pas taire mon
inquiétude au sujet des lois sur les unions de fait". "Lorsque
de nouvelles formes juridiques qui relativisent le mariage sont créées, la
renonciation au lien définitif obtient, pour ainsi dire, également un sceau
juridique". En
outre, si on relativise la différence de sexes, "ceci
est une confirmation tacite des théories funestes qui ôtent toute importance
à l'aspect masculin ou féminin de la personne humaine, comme s'il s'agissait
d'un fait purement biologique".
Le Saint Père a affirmé que "la dépréciation de l'aspect corporel, qui a
pour conséquence que l'homme, en voulant s'émanciper de son corps - de la «
sphère biologique » - finit par se détruire lui-même".
Benoît XVI a énergiquement clarifié : "Face à ceux qui disent que l'Eglise ne
devrait pas s'ingérer dans ces affaires, alors nous ne pouvons que répondre
: l'homme ne nous intéresse-t-il pas ? Elle a le devoir de défendre
l'homme, la créature dont l'union corps et âme est image de Dieu".
Le Saint Père a ajouté que les théories «selon lesquelles l’homme
déciderait de manière autonome de
ce qu'il est ou n'est pas»
finissent par l’amener à détruire sa propre identité.
Visite pastorale en l'Allemagne
En se référant à son voyage apostolique en Bavière - Munich, Altötting,
Ratisbonne et Freising, Benoît XVI a rappelé une nouvelle fois que
le voyage de septembre passé dans sa patrie était "placé sous le signe de
Dieu, en affirmant que "le grand problème
de l'Occident est l'oubli de Dieu".
"Au sujet de Dieu - a continué le Pape - sont attachés
deux thèmes qui ont marqué les
journées de la visite en Bavière : le thème du sacerdoce et celui du
dialogue", en
rappelant que selon l'Ancien Testament, la tribu de Levi (les prêtres)
n'avait pas de terres à cultiver.
Sacerdoce et célibat
"Le véritable fondement de la
vie du prêtre, le sol de son existence, la terre de sa vie est Dieu lui-même".
"Ce théocentrisme de l'existence
sacerdotale est nécessaire précisément dans notre monde totalement
fonctionnel, dans lequel tout est basé sur des prestations qui peuvent être
calculées et vérifiées. Le
prêtre doit véritablement connaître Dieu de l'intérieur et l’apporter ainsi
aux hommes : tel est le service prioritaire dont l'humanité a aujourd'hui
besoin ".
En se référant au célibat, Benoît XVI a affirmé que le sacerdoce "ne se
conçoit et ne peut se vivre que sur cette base", car "les
raisons uniquement pragmatiques, la référence à la plus grand disponibilité
ne suffisent pas : cette plus grande disponibilité de temps pourrait
facilement devenir également une forme d'égoïsme, qui s'épargne les
sacrifices et les difficultés découlant de l'exigence de s'accepter et de se
supporter réciproquement contenue dans le mariage".
"Le véritable fondement du
célibat ne peut être contenu que dans la phrase : Dominus pars - Tu
es ma terre, ce qui
signifie" être privés d'amour, mais il doit signifier se laisser gagner par
la passion pour Dieu, et apprendre ensuite, grâce à une présence plus intime
à ses côtés, à servir également les hommes", a ajouté le pape.
Texte officiel - 2ème partie
A ce point, je ne peux pas taire
mon inquiétude au sujet des lois sur les unions de fait. Beaucoup de ces
couples ont choisi cette voie car, - au moins pour le moment - ils ne se
sentent pas en mesure d'accepter la coexistence juridiquement organisée et
contraignante du mariage. Ils préfèrent ainsi rester dans un simple état de
fait. Lorsque de nouvelles formes juridiques qui relativisent le mariage
sont créées, la renonciation au lien définitif obtient, pour ainsi dire,
également un sceau juridique. Dans ce cas, se décider, pour ceux qui ont
déjà du mal, devient encore plus difficile. S'ajoute ensuite, pour l'autre
forme de couples, la relativisation de la différence des sexes. Ainsi, que
ce soit un homme et une femme qui se mettent ensemble, ou deux personnes du
même sexe revient au même. Ceci est une confirmation tacite des théories
funestes qui ôtent toute importance à l'aspect masculin ou féminin de la
personne humaine, comme s'il s'agissait d'un fait purement biologique : des
théories selon lesquelles l'homme - c'est-à-dire son intellect et sa volonté
- déciderait de manière autonome de ce qu'il est ou n'est pas. Il y a là une
dépréciation de l'aspect corporel, qui a pour conséquence que l'homme, en
voulant s'émanciper de son corps - de la « sphère biologique » - finit par
se détruire lui-même. Si l'on nous dit que l'Eglise ne devrait pas s'ingérer
dans ces affaires, alors nous ne pouvons que répondre : l'homme ne nous
intéresse-t-il pas ? Les croyants, en vertu de la grande culture de leur
foi, n'ont-ils pas le droit de se prononcer sur tout cela ? N'est-ce pas
plutôt leur -nôtre - devoir d'élever la voix pour défendre l'homme, cette
créature qui, précisément dans l'unité inséparable de son corps et de son
âme, est l'image de Dieu ? Le voyage à Valence est devenu pour moi un voyage
à la recherche de ce que signifie être un homme.
Nous poursuivons en esprit vers la
Bavière, Munich, Altötting,
Ratisbonne, Freising. Là j'ai pu vivre des journées d'une beauté
inoubliable de rencontre avec la foi et avec les fidèles de mon pays. Le
grand thème de mon voyage en Allemagne était Dieu. L'Eglise doit parler de
tant de choses : de toutes les questions liées à l’être humain, sa propre
structure et sa propre organisation. Mais son véritable thème et - sous
certains aspects - unique est « Dieu ». Et le grand problème de l'Occident
est l'oubli de Dieu : c'est un oubli qui se diffuse. En définitive, je suis
convaincu que tous les problèmes particuliers sont liés à cette question.
C'est pourquoi, au cours de ce voyage mon intention principale était de bien
mettre en lumière le thème « Dieu », me rappelant du fait que dans certaines
parties de l'Allemagne vit une majorité de personnes qui ne sont pas
baptisées, pour lesquelles le christianisme et le Dieu de la foi semblent
appartenir au passé. En parlant de Dieu, nous abordons aussi précisément le
thème qui, dans la prédication terrestre de Jésus, constituait son intérêt
central. Le thème de cette prédication est le règne de Dieu, le « Royaume de
Dieu ». Ceci n’exprime pas quelque chose qui adviendra un jour, dans un
avenir indéterminé. Ceci n’indique pas non plus le monde meilleur que nous
cherchons à créer petit à petit, avec nos propres forces. Dans le terme «
Règne de Dieu » la parole « Dieu » est un génitif subjectif. Ce qui signifie
que Dieu n'est pas un ajout au « Royaume » que l'on pourrait peut-être même
laisser de côté. Dieu est le sujet. Royaume de Dieu signifie en réalité :
Dieu règne. Il est lui-même présent et il est déterminant pour les hommes
dans le monde. Il est le sujet, et là où ce sujet manque il ne reste rien du
message de Jésus. C'est pourquoi Jésus nous dit : le Royaume de Dieu ne
vient pas de façon à ce que l'on puisse, pour ainsi dire, se mettre sur le
côté de la route et observer son arrivée. « Il est parmi vous ! »
(Lc 17,
20sq). Il se développe là où est accomplie la volonté divine. Il est présent
là où se trouvent des personnes qui s'ouvrent à son arrivée et laissent
ainsi entrer Dieu dans le monde. C'est pourquoi Jésus est le Royaume de Dieu
en personne : l'homme à travers lequel Dieu est parmi nous et à travers
lequel nous pouvons toucher Dieu, nous approcher de Dieu. Là où cela se
produit, le monde se sauve.
Au thème de Dieu étaient et sont liés deux thèmes qui ont marqué les
journées de la visite en Bavière : le thème du sacerdoce et celui du
dialogue. Paul appelle Timothée - et à travers lui l'évêque et, en général
le prêtre - « homme de Dieu » (1 Tm 6, 11). Tel est le devoir central du
prêtre : apporter Dieu aux hommes. Certes, il ne peut le faire que si
lui-même vient de Dieu, s'il vit avec et de Dieu. Cela est
exprimé de façon merveilleuse dans un verset d'un Psaume sacerdotal que nous
- l'ancienne génération - avons prononcé au cours de l'admission à l'état
clérical : « Yahvé, ma part d'héritage et ma coupe, c'est toi qui garantis
mon lot » (Ps 16 [15], 5). L'orant-prêtre de ce Psaume interprète son
existence à partir de la forme de la distribution du territoire établie dans
le Deutéronome (cf. 10, 9). Après la prise de possession de la Terre, chaque
tribu obtient par tirage au sort sa portion de la Terre sainte et prend
ainsi part au don promis par le chef de lignée Abraham. Seule la tribu de
Lévi ne reçoit aucun terrain : sa terre est Dieu lui-même. Cette affirmation
avait certainement une signification tout à fait pratique. Les prêtres ne
vivaient pas, comme les autres tribus, de la culture de la terre, mais des
offrandes. L'affirmation va cependant plus loin. Le véritable fondement de
la vie du prêtre, le sol de son existence, la terre de sa vie est Dieu
lui-même. Dans cette interprétation de l'Ancien Testament sur l'existence
sacerdotale - une interprétation qui apparaît à plusieurs reprises également
dans le Psaume 118 [119] - l’Eglise a vu, à juste titre, l'explication de ce
que signifie la mission sacerdotale dans la sequela des Apôtres, dans
la communion avec Jésus lui-même. Le prêtre peut et doit dire aujourd'hui
également avec le Lévite : « Dominus pars hereditatis meae et calicis mei
». Dieu lui-même est ma part de terre, le fondement extérieur et intérieur
de mon existence. Ce théocentrisme de l'existence sacerdotale est nécessaire
précisément dans notre monde totalement fonctionnel, dans lequel tout est
basé sur des prestations qui peuvent être calculées et vérifiées. Le prêtre
doit véritablement connaître Dieu de l'intérieur et l’apporter ainsi aux
hommes : tel est le service prioritaire dont l'humanité a aujourd'hui
besoin. Si, dans une vie sacerdotale, on perd l’aspect central de Dieu, le
zèle de l'action disparaît peu à peu. Dans l'excès des choses extérieures,
il manque le centre qui donne un sens à tout et le reconduit à l'unité. Il y
manque le fondement de la vie, la « terre » sur laquelle tout cela peut
demeurer et prospérer.
Au thème de Dieu étaient et sont liés deux thèmes qui ont marqué les
journées de la visite en Bavière : le thème du sacerdoce et celui du
dialogue. Paul appelle Timothée - et à travers lui l'évêque et, en général
le prêtre - « homme de Dieu » (1 Tm 6, 11). Tel est le devoir central du
prêtre : apporter Dieu aux hommes. Certes, il ne peut le faire que si
lui-même vient de Dieu, s'il vit avec et de Dieu. Cela est
exprimé de façon merveilleuse dans un verset d'un Psaume sacerdotal que nous
- l'ancienne génération — avons prononcé au cours de l'admission à l'état
clérical : « Yahvé, ma part d'héritage et ma coupe, c'est toi qui garantis
mon lot » (Ps 16 [15], 5). L'orant-prêtre de ce Psaume interprète son
existence à partir de la forme de la distribution du territoire établie dans
le Deutéronome (cf. 10, 9). Après la prise de possession de la Terre, chaque
tribu obtient par tirage au sort sa portion de la Terre sainte et prend
ainsi part au don promis par le chef de lignée Abraham. Seule la tribu de
Lévi ne reçoit aucun terrain : sa terre est Dieu lui-même. Cette affirmation
avait certainement une signification tout à fait pratique. Les prêtres ne
vivaient pas, comme les autres tribus, de la culture de la terre, mais des
offrandes. L'affirmation va cependant plus loin. Le véritable fondement de
la vie du prêtre, le sol de son existence, la terre de sa vie est Dieu
lui-même. Dans cette interprétation de l'Ancien Testament sur l'existence
sacerdotale - une interprétation qui apparaît à plusieurs reprises également
dans le Psaume 118 [119] - l’Eglise a vu, à juste titre, l'explication de ce
que signifie la mission sacerdotale dans la sequela des Apôtres, dans
la communion avec Jésus lui-même. Le prêtre peut et doit dire aujourd'hui
également avec le Lévite : « Dominus pars hereditatis meae et calicis mei
». Dieu lui-même est ma part de terre, le fondement extérieur et intérieur
de mon existence. Ce théocentrisme de l'existence sacerdotale est nécessaire
précisément dans notre monde totalement fonctionnel, dans lequel tout est
basé sur des prestations qui peuvent être calculées et vérifiées. Le prêtre
doit véritablement connaître Dieu de l'intérieur et l’apporter ainsi aux
hommes : tel est le service prioritaire dont l'humanité a aujourd'hui
besoin. Si, dans une vie sacerdotale, on perd l’aspect central de Dieu, le
zèle de l'action disparaît peu à peu. Dans l'excès des choses extérieures,
il manque le centre qui donne un sens à tout et le reconduit à l'unité. Il y
manque le fondement de la vie, la «terre» sur laquelle tout cela peut
demeurer et prospérer.
Le
célibat, qui vaut pour les évêques dans toute l'Eglise orientale et
occidentale, et, selon une tradition qui remonte à une époque proche de
celle des Apôtres, pour les prêtres en général dans l'Eglise latine, ne peut
être compris et vécu en définitive qu’à partir de ce fondement. Les raisons
uniquement pragmatiques, la référence à la plus grand disponibilité ne
suffisent pas : cette plus grande disponibilité de temps pourrait facilement
devenir également une forme d'égoïsme, qui s'épargne les sacrifices et les
difficultés découlant de l'exigence de s'accepter et de se supporter
réciproquement contenue dans le mariage; elle pourrait ainsi conduire à un
appauvrissement spirituel ou à une dureté de cœur. Le véritable fondement du
célibat ne peut être contenu que dans la phrase : Dominus pars - Tu
es ma terre. Il ne peut être que théocentrique. Il ne peut signifier être
privés d'amour, mais il doit signifier se laisser gagner par la passion pour
Dieu, et apprendre ensuite, grâce à une présence plus intime à ses côtés, à
servir également les hommes. Le célibat doit être un témoignage de foi : la
foi en Dieu devient concrète dans la forme de vie qui a un sens uniquement à
partir de Dieu. Placer sa vie en Lui, en renonçant au mariage et à la
famille signifie que j'accueille et que je fais l'expérience de Dieu comme
réalité et que je peux donc l'apporter aux hommes. Notre monde devenu
totalement positiviste, dans lequel Dieu entre en jeu tout au plus comme une
hypothèse, mais non comme une réalité concrète, a besoin de s'appuyer sur
Dieu de la façon la plus concrète et radicale possible. Il a besoin du
témoignage de Dieu qui réside dans la décision d'accueillir Dieu comme terre
sur laquelle se fonde notre existence. C'est pourquoi notre célibat est si
important aujourd'hui, dans notre monde actuel, même si son application à
notre époque est constamment menacée et remise en question. Une préparation
attentive est nécessaire au cours du chemin vers cet objectif ; de même
qu'un accompagnement permanent de la part de l'évêque, d'amis prêtres et de
laïcs, qui soutiennent ensemble ce témoignage sacerdotal. Il faut une prière
qui invoque sans cesse Dieu comme le Dieu vivant et qui s'appuie sur Lui
dans les moments de confusion comme dans les moments de joie. De cette
façon, contrairement à la tendance culturelle qui cherche à nous convaincre
que nous ne sommes pas capables de prendre de telles décisions, ce
témoignage peut être vécu et ainsi, dans notre monde, il peut remettre en
jeu Dieu comme réalité.
Fin de la deuxième partie du discours du
pape Benoît XVI
1ère partie ►
Benoît XVI
3è partie ►Benoît XVI
Sources:
© Copyright du texte original en italien :
Libreria Editrice Vaticana
(ZF06122205)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.12.2006 - BENOÎT XVI |