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Le 24 novembre 2007 -
(E.S.M.)
- A la suite des débats publics qui ont eu
lieu l'année dernière au moment de la campagne nationale en faveur du
Téléthon, l'Assemblée des Évêques, réunie à Lourdes du 3 au 8 novembre
2007, a voulu réfléchir à nouveau sur cette question.
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Dès la fécondation est
commencée l'aventure d'une vie humaine dont chacune des grandes capacités
demande du temps pour se mettre en place et se trouve prête à agir.
A PROPOS DU TÉLÉTHON
On ne peut pas, en effet, passer sous silence le grave
problème éthique que soulève à la conscience humaine - et donc aussi à la
conscience chrétienne - l'utilisation d'embryons humains pour la recherche
médicale. Environ 2% des fonds recueillis par l'Association Française
contre les Myopathies (AFM) servent à ces recherches. Jusqu'alors ces
informations étaient restées dans un cercle relativement restreint. Depuis
l'année dernière, elles sont entrées dans le domaine public et elles ont été
confirmées par les Responsables eux-mêmes de l'AFM, qui organise le
Téléthon.
Comment ne pas s'interroger sur la portée et la gravité des questions
humaines que met en jeu ce type de recherche. Voici en quels termes, s'est
exprimé Mgr André Vingt-Trois, nouveau Président de la Conférence des
Évêques de France, dans son
discours de clôture, le 8 novembre : "Des
chrétiens nombreux se joignent à ce grand mouvement de solidarité comme à
d’autres initiatives qui ne sont pour autant ni confessionnelles ni
implantées dans des organisations ecclésiales. Mais la générosité ne
légitime pas tout. Nous souhaitons donc que chacun réfléchisse et que soient
entendues les graves questions que nous avons soulevées : tri embryonnaire,
utilisation des cellules embryonnaires et médiatisation de jeunes malades.
Ces questions ne sont pas seulement les nôtres, mais nous devons les
formuler."
Au centre des réflexions auxquelles invite l'archevêque de Paris, se trouve
la fameuse question sur le statut de l'embryon humain. Comment identifier
les premières cellules embryonnaires ? Ne sont-elles qu'un amas
indifférencié, dont il est impossible de dire ce qu'il est : une
excroissance inconnue, une tumeur maligne, le début d'un végétal ou d'un
animal ? Etc...
La Congrégation pour la doctrine de la foi a donné une réponse sans
ambiguïté dans son Instruction
Donum Vitae du 22 février 1987. Voici un des passages les plus décisifs
: "Dès que l'ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n'est ni
celle du père, ni celle de la mère, mais d'un nouvel
être humain qui se développe par lui-même. Il ne sera jamais rendu
humain s'il ne l'est pas dès lors. A cette évidence de toujours, la science
génétique moderne apporte de précieuses confirmations. Elle a montré que,
dès le premier instant, se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant
: un homme, cet homme individuel avec ses notes caractéristiques bien
déterminées. Dès la fécondation est commencée
l'aventure d'une vie humaine dont chacune des grandes capacités
demande du temps pour se mettre en place et se trouve prête à agir."
Ce qui est remarquable dans cette réponse, c'est qu'elle ne provient pas de
la foi ! Ses affirmations ne prennent en compte que la réalité qu'observent
les scientifiques. Elle ne nécessite donc pas de faire appel à des
convictions confessionnelles. Quand, par exemple, Lucien Sève, ancien
responsable du Comité national consultatif d'éthique, dit qu'un embryon
congelé n'a pas perdu sa potentialité humaine,
il exprime un fait objectif que chaque observateur peut constater, aussi
bien celui qui est athée que celui qui croit. Nous ne sommes pas dans le
domaine de la religion, mais dans le domaine des sciences de l'homme. C'est
sur cette base uniquement anthropologique qu'est affirmé le caractère humain
des cellules embryonnaires. Ces cellules
appartiennent bien à l'espèce humaine. On peut ajouter que si, de
fait, dans leur origine, leur identité humaine est récusée, en vertu de quoi
pourra-t-on la leur reconnaître par la suite ? A quel niveau de leur
développement ? Dans une formule ramassée le document romain le dit : "L'embryon
ne sera jamais rendu humain s'il ne l'est pas dès lors".
Dans cette perspective, peut-on "utiliser" comme un moyen un embryon humain,
à la manière d'un matériau, fût-ce pour la recherche la plus généreuse qui
soit ? A-t-on le droit, en conscience, de transformer un embryon humain en
un objet, une chose, une matière première autorisant sur elle toutes les
manipulations ? Le respect du plus faible - de celui qui est absolument sans
défense - n'appelle-t-il pas l'homme conscient et responsable à trouver
d'autres chemins pour faire progresser la science et faire reculer les
maladies d'ordre génétique ? Même le désir de venir en aide à ceux qui sont
atteints de telle maladie n'autorise pas à faire n'importe quoi sur un
embryon humain.
Que peuvent faire alors les donateurs ? Il faut qu'ils puissent être
assurés que leur don ira à des recherches qui respectent l'embryon. Ils ont
le droit de savoir à quoi servira leur don. Ils peuvent aussi donner à
d'autres Associations dont les objectifs sont sans ambiguïté. Sans
aucunement nier tout le bienfait apporté depuis des années par l'AFM dans
son souci de venir en aide aux malades atteints de myopathie, et de chercher
les moyens de les guérir, on ne peut néanmoins accepter n'importe quelle
manipulation sur l'embryon humain. On ne peut se mettre en contradiction
avec l'éthique humaine, même dans le désir de soulager l'être humain. "La
fin ne justifie pas les moyens".
Face aux questions posées, Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale à
Paris, écrit au sujet des Responsables du Téléthon : "Il leur faut
assumer l'indispensable débat que suscitent les enjeux éthiques et l'impact
moral des recherches qu'ils permettent. Le Téléthon a favorisé, dans ses
vingt années de combats, la reconnaissance sociale de la personne handicapée
ou malade dans sa dignité et ses droits. Il lui faut surmonter un nouveau
défi : être à la hauteur d'une exigence morale, d'une promesse dont il est
directement comptable bien qu'elle nous concerne tous."
Père Guy Bagnard, Évêque de Belley-Ars
Repères :
Le pape Benoît XVI a déclaré qu' il n'existait pour
Dieu aucune différence entre l'embryon, l'enfant et l'adulte, en recevant
les membres d'un congrès international scientifique sur l'embryon organisé
par le Vatican : ►
Benoît XVI
Sources: communiqué
publié hier par l'évêque de Belley-Ars et reproduit par
Lesalonbeige.blogs.com :
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.11.2007 - BENOÎT XVI
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