Benoît XVI rappelle l'importance pour
tous les fidèles du précepte dominical |
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Le 24 août 2008 -
(E.S.M.)
- Benoît XVI a insisté dans Deus Caritas est, sur le fait que notre
eucharistie, participation à l'agapè divine, doit se manifester en
témoignages concrets de charité. Nous continuons notre lecture par le
chapitre 3, qui nous expose la signification du Dimanche.
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Veillée
pascale -
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Benoît XVI rappelle l'importance pour tous les fidèles du précepte dominical
L'ecclésiologie eucharistique dans la Tradition
Lire la première partie :
Pour le pape Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi
la seconde :
Benoît XVI parle du dimanche
Le dimanche d'après
l'exhortation apostolique post-synodale
Sacramentum Caritatis Fr.
Geoffroy Kemlin
III
Significations du dimanche : SC 73-74
1. Le précepte
dominical
Parce que le culte nouveau, la logikè latreia,
est participation à la vie du Créateur, il n'est pas aliénation par rapport
à la nature, mais accomplissement gratuit et transcendant. Dès lors,
l'obligation que fait l'Église à tous les fidèles de participer à
l'eucharistie dominicale (cf.
CIC can.
1247) n'est en aucune manière un précepte imposé de l'extérieur,
mais répond au contraire à un véritable besoin intérieur. C'est ce
qu'illustre l'épisode des martyrs d'Abitène (SC 95).
Des fonctionnaires romains avaient surpris un groupe de chrétiens qui
célébraient l'eucharistie dominicale malgré l'interdiction imposée par
Dioclétien. Ceux-ci déclarèrent à leurs juges : « Sine dominico non
possumus » : sans le dimanche, sans l'eucharistie,
nous ne pouvons pas vivre. Se séparer de l'eucharistie dominicale met
en péril grave la vie chrétienne, puisque c'est elle qui lui donne sa forme,
comme nous l'avons vu.
SC 73 : « Conscients de ce nouveau principe de
vie que l'Eucharistie apporte au chrétien, les Pères synodaux, rapporte
Benoît XVI, ont rappelés l'importance pour tous les fidèles du précepte
dominical comme source de liberté authentique, pour pouvoir vivre tous les
autres jours selon ce qu'ils ont célébré le "Jour du Seigneur" ». Ici, il
faut noter l'insistance du pape sur le thème de la liberté, au sens de la
vraie liberté, celle des enfants de Dieu, celle qui nous accomplit, que seul
le Christ peut nous donner. Ga 5, 1 : « C'est pour que nous restions libres
que le Christ nous a libérés ». Le péché en est le contraire.
Le dimanche a une dimension profondément ecclésiale.
La résurrection est principe d'unité. Ep 2, 14.16 : « C'est lui [le Christ]
qui est notre paix, lui qui des deux n'a fait qu'un peuple, détruisant la
barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, [...] pour les
réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la croix : en sa
personne, il a tué la haine » Par conséquent, l'eucharistie est également
principe d'unité. C'est elle qui fait l'Église. 1 Co 10, 17 : « Puisqu'il
n'y a qu'un pain, à nous tous nous ne formons qu'un corps, car tous nous
avons part à ce pain unique. » C'est pour cette raison que, depuis les
origines, les chrétiens se rassemblent pour célébrer la résurrection du
Seigneur, et ceci malgré les interdits impériaux. SC 76 : « Le jour du
Seigneur, tout chrétien retrouve la dimension communautaire de son existence
rachetée »
Ainsi, « vivre selon le dimanche » est une
exigence à la fois profondément personnelle, mais
aussi ecclésiale, comme d'ailleurs tout ce qui touche
l'eucharistie et les sacrements. C'est sans doute pour cette raison que
cette conférence est la dernière de celles placées sous le titre «
Eucharistie, mystère à vivre ; unité de vie personnelle », ayant ainsi déjà
un pied dans la partie suivant intitulée « Mystère à vivre, unité de
l'Église ».
2. Les quatre sens du dimanche
SC 73 : «
Participer à l'assemblée liturgique dominicale, avec tous nos frères et
sœurs qui forment une unique corps dans le Christ Jésus, précise Benoît
XVI, est requis par la conscience chrétienne et, en même temps, forme la
conscience chrétienne. » C'est l'axiome de la correspondance entre la lex
orandi et la lex credendi, que les Pères synodaux ont exprimé
sous la forme : « La foi s'exprime dans le rite, et le rite renforce et
fortifie la foi » (proposition 16, citée par SC n. 6).
Afin d'expliciter l'enseignement que le peuple chrétien doit tirer de sa
célébration, le pape fait mention de la lettre apostolique de Jean-Paul II
Dies Domini, qui rappelle les différentes dimensions du dimanche.
a) Le dimanche rappelle la création.
Il est le 1er jour de la semaine, le
jour de la création de la lumière. Il faut se souvenir ici de tout ce qu'on
a dit sur la dimension cosmique de la liturgie, qui inclut la création et la
conduit à son achèvement. Ce rapport à la création vient du sabbat. Il n'est
pas supprimé, mais renforcé par le dimanche. Le dimanche rappelle chaque
semaine aux chrétiens que Dieu est créateur, que nous sommes ses créatures,
que nous avons reçu la création comme un don de Dieu pour en prendre soin.
L'homme n'en est pas le propriétaire mais le gardien.
b) Le dimanche
rappelle le mystère pascal. En ce sens,
il est le témoignage le plus sûr de notre foi car, de dimanche en dimanche,
depuis le premier dimanche après Pâques (Jn 20, 26),
les disciples de Jésus se réunissent pour faire mémoire de la résurrection
(Cf. Dom Guéranger, L'Année liturgique, Préface
générale, p. xxvi : « Qu'est-ce donc que la liturgie, sinon une incessante
affirmation, sinon une solennelle adhésion aux faits divins qui se sont
passés une fois, mais dont la réalité est inattaquable, parce que chaque
année, depuis lors, on en a vu renouvelé la mémoire ? »). C'est
précisément dans le mystère pascal, rendu sacramentellement présent dans
l'eucharistie dominicale, que Dieu révèle de la façon la plus inouïe qu'il
est amour. Cet aspect du dimanche est complémentaire du précédent, dans la
mesure où la création est pour le salut. Le sabbat était lui aussi un
mémorial du salut divin. Dt 5, 15 : « Tu te souviendras que tu as été en
servitude au pays d'Égypte et que le Seigneur ton Dieu t'en as fait sortir
d'une main forte et d'un bras étendu ; c'est pourquoi le Seigneur ton Dieu
t'a commandé de garder le jour du sabbat. » En tant que jour du salut
eschatologique, le dimanche est le 3eme jour.
1 Co 15, 3-4 : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même
reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures,
qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les
Écritures. » De fait, l'alliance mosaïque fut conclue le 3ème jour. Ex 19,
11.16 : « Que le peuple se tienne prêt pour après-demain, car après-demain,
Yahvé descendra à la vue de tout le peuple, sur la montagne du Sinaï. »
C'est le jour où Dieu vient pour sauver. Os 6, 2 : « Après deux jours, il
nous rendra la vie, le troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons en
sa présence. » En tant que jour spécifique de la résurrection du Christ,
c'est aussi le 1er jour, comme les
quatre évangiles s'accordent à le désigner (Mt 28, 1 ; Mc
16, 2.9 ; Lc 24, 1 ; Jn 20, 1). C'est aussi le jour du don
eschatologique de l'Esprit, qui eut lieu le jour même de la résurrection
d'après Jn 20, 22, et le 50eme jour après la Pâque, donc aussi le 1er jour
de la semaine, d'après Ac 2, 1. Le dimanche est aussi préfiguration de la
plénitude des temps. Il est alors le 8eme jour,
le jour transcendant parce qu'il sort du cycle septénaire, le jour qui ne
s'achève pas pour laisser place à un autre. C'est cette désignation qu'a
retenue le concile Vatican II pour parler du dimanche (Sacrosanctum
Concilium 106).
c) Le dimanche rappelle la place de
l'Église, puisqu'il est le jour de
l'eucharistie qui fait l'Église. Dans la célébration communautaire du
dimanche, tous les fidèles sont réunis autour de la Parole de Dieu et du
sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, signe efficace de leur unité avec
Dieu et entre eux. L'importance de la Parole de Dieu pour l'assemblée
dominicale a été heureusement mise en valeur par la réforme liturgique issue
de Vatican II, qui prévoit trois lectures bibliques le dimanche, ainsi que
par l'obligation pour le curé de prononcer l'homélie le dimanche
(CIC can. 767). Les fidèles manifestent leur
adhésion par la récitation du symbole de la foi.
d) Enfin, le
dimanche rappelle qui est l'homme. C'est
une conséquence de ce qu'il rappelle la création et la recréation,
c'est-à-dire d'où l'homme vient et où il va. Il est le jour de la joie
pascale, manifestée par l'alléluia depuis la plus haute Antiquité, comme le
montre encore notre office du dimanche. Comme jour de repos, il hérite du
rôle social du sabbat, dont la marque la plus visible est la suspension du
travail. A fortiori le dimanche doit-il
intégrer ces caractéristiques. Le dimanche doit enfin être jour de la
solidarité, et cela précisément en tant qu'il est jour de l'eucharistie
(cf. 1 Co 11, 20-22 ; 16, 2 ; Je 2, 2-4). Benoît
XVI a insisté dans
Deus Caritas est sur le fait que notre eucharistie,
participation à l'agapè divine, doit se manifester en témoignages concrets
de charité (14 ; SC 90).
3. Le
dimanche donne le sens du repos et du travail
SC 74 développe un
aspect particulier de l'enseignement du dimanche sur l'homme : le dimanche
comme jour de repos par rapport au travail. Cet aspect était très marquant
dans le sabbat : celui-ci était en effet le signe le plus visible de
l'appartenance au peuple d'Israël. Seuls les juifs cessaient de travailler
le samedi. C'est par analogie avec le sabbat que le
dimanche est devenu le jour du repos, comme le note explicitement
le pape Benoît XVI. Aux origines, toutefois, les chrétiens célébraient bien
le jour du Seigneur, mais l'aspect de suspension du travail n'y était pas
lié. Ce n'est qu'à l'époque de Constantin, au début du 4eme siècle, que le
dimanche devint jour férié pour toute la société civile. Pour cette raison,
certains liturgistes catholiques ont défendu l'idée selon laquelle le
dimanche chrétien n'aurait aucun rapport avec la suspension du travail.
Selon eux, ce lien ne serait qu'une invention de l'époque constantinienne,
un alignement du dimanche sur le sabbat qui ne serait qu'une déformation de
l'institution primitive du dimanche. De fait, Jésus s'est élevé durant sa
vie publique contre les abus auxquels conduisait cette dimension du sabbat
(Mc 2, 23). De même, Ignace définit les
chrétiens comme « ceux qui n'observent plus le sabbat». En réalité, le
Nouveau Testament ne supprime pas purement et simplement l'Ancien, mais il
l'accomplit. Aussi le dimanche hérite-t-il de tout ce que le sabbat comporte
de vrai et de bon. Le cardinal Ratzinger écrivait dans Un Chant nouveau
pour le Seigneur, p. 99 : Jésus et Paul entendent « défendre le sens
véritable du sabbat comme fête de la liberté contre une pratique qui en
avait fait le jour de la non-liberté. Mais si Jésus n'a pas voulu abroger le
sabbat dans son contenu véritable, mais bien le sauver, une théologie
chrétienne se fourvoierait donc qui voudrait l'éliminer du dimanche. » Le
magistère l'a rappelé : la suspension du travail fait partie des aspects que
le dimanche a reçu à bon droit du sabbat, même s'il n'est qu'une conséquence
d'autres aspects plus importants. (Sacrosanctum
Concilium 106) : « Le jour dominical est le jour de fête
primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles, de sorte
qu'il devienne aussi jour de joie et de cessation du travail. »
Dies Domini 64 : « Ce serait une erreur de ne voir dans cette
législation respectueuse du rythme hebdomadaire qu'un simple fait historique
sans valeur pour l'Église et qui pourrait être négligé par elle »
Le
principe immuable que signifiait le sabbat dans la première Alliance et que
signifie aussi le dimanche dans la Nouvelle, c'est que
le travail n'est pas un absolu. Il n'est
bon que pour autant qu'il favorise le bien de l'homme. SC 74 : « Le travail
est pour l'homme et non l'homme pour le travail. » Le dimanche rappelle que
Dieu a tout créé pour l'homme, et qu'il l'appelle à partager son repos
eschatologique avec toute la création. Il rappelle aussi l'origine et la
vocation communes de tous les hommes, qui interdisent tout asservissement de
l'homme par l'homme.
Conclusion
L'eucharistie
dominicale perpétue le mystère pascal. Son retour régulier au cours du temps
transforme peu à peu les fidèles, et avec eux toute la création. Comme
membres du corps du Christ par leur baptême, les chrétiens apprennent à
s'offrir avec lui en hostie agréable à Dieu. Ils célèbrent ainsi le culte
nouveau, la logiké latreia, qui n'est rien d'autre que l'extension au
cours du temps et dans toute la vie des fidèles du sacrifice de la Croix,
jusqu'à ce que « Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 28).
Le dimanche est donc au principe de la morale et du culte chrétiens.
Le dimanche est également rappel constant des mystères de la foi : création,
incarnation rédemptrice, retour glorieux du Seigneur à la fin des temps -
mais aussi de tout ce qui en découle pour l'homme : le sens de l'existence,
du temps, du travail.
Ainsi, parce qu'il est le jour de la
résurrection et de l'eucharistie, le dimanche
concentre la foi, le culte et l'agir concret de l'Église,
c'est-à-dire tout ce qu'elle fait, tout ce qu'elle est. Aussi Ignace
d'Antioche a-t-il pu définir les chrétiens : « ceux qui vivent selon le
dimanche ». C'est pour cette raison que le
Catéchisme de l'Église catholique peut dire à son tour que « la
célébration dominicale du Jour et de l'Eucharistie du Seigneur est au cœur
de la vie de l'Église » (2177).
En lui
se présente à nous comme un résumé du regard si riche et original de Benoît
XVI sur l'eucharistie, qui est indissociablement « mystère à croire », «
mystère à célébrer » et « mystère à vivre ».
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Table : le Jour du Seigneur
Sources :www.abbayedesolesmes.fr
- E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.08.2008 -
T/T. S.C. - T/Liturgie - T/Dimanche |