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19 Avril 2005
 

Pour le pape Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi

 

Le 20 août 2008  - (E.S.M.) - Le sacrifice par lequel les fidèles s'offrent eux-mêmes, c'est avant tout l'eucharistie qui, souligne le pape Benoît XVI, "en tant que sacrifice du Christ, est aussi le sacrifice de l'Église, et donc des fidèles"

Par l'eucharistie, l'homme et toute la création font retour vers Dieu - Pour agrandir l'image Cliquer

Pour Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi, le culte et la vie concrète de l'Église

VIVRE SELON LE DIMANCHE

Le dimanche d'après l'exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis
Fr. Geoffroy Kemlin

Introduction

Pour Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi, le culte et la vie concrète de l'Église. Dans Deus Caritas est (n. 14), le pape écrivait : « Dans l'eucharistie, l'agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous. [...] Foi, culte et ethos se compénètrent mutuellement comme une unique réalité qui trouve sa forme dans la rencontre avec l'agapè de Dieu. ». C'est pour cette raison que l'eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11).

C'est bien ainsi qu'il faut comprendre Sacramentum Caritatis (désormais noté SC) : non pas trois parties indépendantes, mais au contraire étroitement unies entre elles : « Je désire surtout recommander dans le présent document que le peuple chrétien approfondisse la relation entre le Mystère eucharistique, l'action liturgique et le nouveau culte spirituel qui vient de l'Eucharistie en tant que sacrement de l'amour. » (SC 5)

Le dimanche est représentatif de cette unité. C'est un point de vue original de le mettre en rapport en particulier avec la vie morale concrète. C'est ce que signifie l'expression « iuxta dominicam viventes ». Jean-Paul II ne l'avait pas fait dans Dies Domini.

Il faudra donc - 1ère partie - présenter le principe de la 3ème partie de SC : l'eucharistie a une dimension morale, elle transforme la vie concrète des fidèles.

2ème partie : le dimanche est modèle ou paradigme de cette vie selon l'eucharistie. En lui le temps cyclique de la nature reçoit une orientation, de la Création vers la Parousie en passant par le Mystère pascal. On sera donc amené à parler du caractère cosmique de la liturgie : par l'eucharistie, l'homme et toute la création font retour vers Dieu.

3ème partie : à partir de là, on peut expliciter le sens du précepte dominical, et ce que la célébration du dimanche enseigne aux fidèles.

Ce plan suit donc le déroulement de SC 70-74.

I Le nouveau culte spirituel : Logikè latreia : SC 70-71

1. Présentation de SC 70-71

Benoît XVI part de Jn 6, 57 : « Celui qui me mangera vivra par moi ». L'eucharistie est principe d'une vie nouvelle. Or la vie, c'est la capacité d'agir par soi-même. Le pape en conclut que l'eucharistie transforme l'agir concret des chrétiens.

Il considère ensuite Rm 12, 1 : « Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à lui offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ; c'est là le culte spirituel (logikè latreia) que vous avez à rendre ». Il y voit la caractérisât on de l'agir concret issu de l'eucharistie : il est offrande totale de la personne elle-même en union avec le sacrifice du Christ.

Le sacrifice par lequel les fidèles s'offrent eux-mêmes, c'est avant tout l'eucharistie qui, « en tant que sacrifice du Christ, est aussi le sacrifice de l'Église, et donc des fidèles » (SC 70). Le culte nouveau a pour « commencement et accomplissement » l'eucharistie ; mais il s'étend à toute la vie concrète : « Tout ce que vous faites : manger, boire ou n'importe quoi d'autre, faites-le pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10, 31)

En tant que sacrifice, cet agir concret est aussi un acte de culte. Dès lors, dans l'eucharistie s'unisse le culte et la vie morale chrétienne : « La célébration eucharistique apparaît, dans toute sa force, en tant que source et sommet de l'existence chrétienne, étant en même temps le commencement et l'accomplissement du culte nouveau et définitif, la logikè latreia » (SC 70)

Montrer que l'eucharistie fait l'unité entre culte et vie morale était déjà l'un des thèmes principaux de L'Esprit de la liturgie (2001). Le cardinal Ratzinger y montre qu'ainsi, l'eucharistie accomplit toute la recherche religieuse d'Israël et de l'humanité.

2. Unité entre culte et vie morale dans l'Ancien Testament

L'importance du culte dans l'AT apparaît dans le fait que le motif pour lequel Moïse réclame que Pharaon laisse les Israélites quitter l'Egypte, c'est le culte : « Laisse partir mon peuple, qu'il me rende un culte dans le désert» (Ex 7, 16.26; 9, 1.13 ; 10, 3). Tout le Pentateuque unit ensuite étroitement loi morale et prescriptions cultuelles.

La conclusion de l'Alliance au Sinaï en Ex 24, 4-8 en est un exemple typique : « Moïse mit par écrit toutes les paroles de Yahvé [le décalogue] puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d'Israël. Puis il envoya de jeunes Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé déjeunes taureaux en sacrifice de communion. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. Il prit le livre de l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara: "Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons." Moïse, ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit: "Ceci est le sang de l'Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses." »

L'autre motif de la sortie d'Égypte, la possession de la Terre promise, est en vue du culte, comme le montrent bien les livres historiques de la Bible, où toutes les défaites d'Israël, et finalement l'Exil, sont présentés comme des conséquences de l'idolâtrie.

3. La signification du sacrifice dans le culte

Pour montrer comment l'eucharistie accomplit parfaitement l'unité entre culte et ethos préfigurée dans l'AT, il faut partir de la notion de sacrifice, élément essentiel du culte dans presque toutes les religions. Le sacrifice n'est pas de soi une destruction. Il est le fait de faire passer quelque chose du monde profane à celui de Dieu. Sacri-ficium veut dire rendre sacré ; or est sacré ce qui est à part, ce qui n'appartient pas au monde profane. Le but, c'est que l'homme lui-même devienne sacré, saint, c'est donc l'union de l'homme à Dieu. À ce schéma fondamental énoncé par l'épître aux Hébreux, s'ajoute le fait que l'homme est pécheur. Il y a donc aussi une dimension de satisfaction et de guérison de la liberté blessée.

Comme l'homme ne peut de lui-même s'unir à Dieu qui lui est infiniment transcendant, Israël et la plupart des civilisations ont eu recours au sacrifice de substitution : on offre quelque chose d'extérieur à l'homme, qui une fois devenue sacré, permet à l'homme d'entrer à son tour en contact avec Dieu. Plus la chose est précieuse à l'homme, plus le sacrifice sera efficace. Les sacrifices humains sont la caricature dramatique de ce principe.

Cette substitution est instituée par Dieu lui-même dans l'AT : toute la législation cultuelle du Pentateuque fonctionne sur ce système. Deux exemples typiques : Gn 22, où Dieu demande à Abraham le sacrifice d'Isaac, puis le remplace au dernier moment par un bélier ; et Ex 12 : lors de la sortie d'Égypte, sacrifice des agneaux à la place des premiers-nés des Hébreux.

Simultanément, on observe dès les prophètes d'avant l'Exil la conscience de l'insuffisance des sacrifices de substitution. Ce que Dieu veut, c'est la sainteté de la vie.

1 S 15, 22 : « Oui, l'obéissance est autre chose que le meilleur sacrifice, la docilité autre chose que la graisse des béliers. »

Is 1, 11.16 : « Que m'importent vos innombrables sacrifices ? dit Yahvé. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. Le sang des taureaux et des boucs me répugne.. Ôtez votre méchanceté de ma vue, cessez de faire le mal. »

Am 5, 21-24 : « Je hais, je méprise vos fêtes ; pour vos solennités je n'ai que dégoût. Quand vous m'offrez vos holocaustes, vos oblations, je n'en veux pas, vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde pas. Éloigne de moi le bruit de tes cantiques, que je n'entende pas le son de tes harpes ! Mais que le droit coule comme l'eau, et la justice comme un torrent qui ne tarit pas. »

Os 6, 6 : « C'est l'amour que je veux, non les sacrifices, la connaissance de Dieu, non les holocaustes »

Ps 39, 7-9 : « Tu ne voulais ni sacrifice ni oblation, tu m'as ouvert l'oreille, tu n'exigeais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : voici je viens. Au rouleau du livre il m'est prescrit de faire tes volontés. »

Ps 49, 12-14 : « Si j'ai faim, je n'irai pas te le dire, car le monde est à moi et son contenu. Vais-je manger la chair des taureaux, le sang des boucs vais-je le boire ? Offre à Dieu un sacrifice d'action de grâces, accomplis tes vœux pour le Très Haut. »

Avec l'Exil, le Temple et ses sacrifices sanglants disparaissent. La seule forme de culte qui demeure est la prière intime, humble et fervente, avec la soumission à la volonté divine. Dn 3, 37-40 : « Seigneur, nous voici plus petits que toutes les nations, nous voici humiliés par toute la terre, aujourd'hui, à cause de nos péchés. Il n'est plus, en ce temps, chef, prophète, ni prince, holocauste, sacrifice, oblation ni encens, lieu où t'offrir les prémices, et trouver grâce auprès de toi. Mais qu'une âme brisée et un esprit humilié soient agréés de toi, comme des holocaustes de béliers et de taureaux, comme des milliers d'agneaux gras ; que tel soit notre sacrifice aujourd'hui devant toi, et qu'il te plaise que pleinement nous te suivions. »

À cette évolution dans le judaïsme, correspond dans le monde hellénistique le même rejet des sacrifices sanglants, et la recherche d'un culte spirituel, à l'image du dieu auquel la philosophie est parvenue. C'est le concept de logikè thysia : sacrifice de la parole, de l'esprit, qui unit l'homme au Logos, la raison qui imprègne la réalité.

4. Le sacrifice du Christ réalise la véritable unité entre culte et morale

Le NT est le point de convergence et le dépassement radical de ces deux mouvements. L'opposition faite par les prophètes entre sacrifice et justice disparaît, car le sacrifice du Christ est précisément ce qui donne la justice aux hommes. C'est le thème central de la lettre aux Hébreux. He 9, 8-14 : « La voie du sanctuaire n'est pas ouverte tant que subsiste la première tente. C'est là une figure pour la période actuelle ; sous son régime on offre des dons et des sacrifices qui n'ont pas le pouvoir de rendre parfait l'adorateur en sa conscience ; ce sont des règles pour la chair, ne concernant que les aliments, les boissons, diverses ablutions, et imposées seulement jusqu'au temps de la réforme.

Le Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la tente plus grande et plus parfaite qui n'est pas faite de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création, entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.

Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant. »

On peut expliciter ce texte en trois points :

Les anciens sacrifices de substitution sont déclarés abolis par le NT. Mt 9, 13 ; 12, 7 : « C'est la miséricorde que je veux, non le sacrifice » (citant Osée) Tout le discours d'Etienne : Ac 6, 14-7, 52. « Nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce temple et changera les usages que Moïse nous a légués ». Etienne montre que l'AT lui-même déclare provisoire le culte du Temple : Dieu lui-même a dit par la bouche d'Isaïe (66, 1-2) qu'il n'habitait pas dans des demeures faite de main d'homme.

Le véritable culte est désormais fondé sur le Mystère pascal. Jn 2, 19 : « Jésus dit : "Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai." [...] Il parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand Jésus ressuscita d'entre les morts, ses disciples [...] crurent-ils à l'Écriture et à la parole qu'il avait dite ». Le mystère pascal de Jésus signifie donc la fin de l'ancien Temple et de son culte et l'institution par lui d'un culte nouveau et définitif dont le sanctuaire sera son propre corps. L'annonce de la résurrection se double d'une annonce de l'eucharistie. Vont dans le même sens les synoptiques (Mt 27, 15 ; Mc 15, 38 ; Lc 23, 45) : le symbole du rideau du sanctuaire se déchirant en deux ; les récits de l'institution de l'eucharistie, où la mention du sang de « la nouvelle Alliance » (cf. Lc 22, 20) renvoie directement au sacrifice sanglant qui a marqué l'entrée en vigueur de l'Alliance mosaïque (Ex 24, 4-8). Le mystère pascal accomplit le principe de substitution : Jésus est le véritable Isaac, le Fils unique que le Père livre réellement. Il est le véritable Agneau pascal par lequel tous les hommes sont délivrés de l'esclavage du péché (cf. Jn). Jésus a offert sa vie en substitution pour tous les hommes : il « s'est livré en rançon pour tous » (1 Tim 2, 6). Par lui, les hommes obtiennent vraiment l'union avec Dieu : Ep 2, 16 :« Il a réconcilié les hommes avec Dieu par la croix. » Le sacrifice du Christ est le culte véritable parce qu'il réalise vraiment l'unité entre Dieu et les hommes -comme en témoigne la résurrection. L'Esprit de la liturgie, p. 39 :« Voici enfin le culte véritable le culte tant désiré et qui pourtant toujours dépasse nos capacités : l'adoration "en esprit et en vérité" (Jn 4, 24). Le rideau déchiré du Temple, n'est autre que le rideau déchiré entre ce monde et la face de Dieu. Dans le cœur transpercé du crucifié, le cœur de Dieu s'est ouvert : c'est là que nous pouvons voir "qui" est Dieu et "comment" il est. Dieu est sorti de sa retraite, du sein de son obscurité. »

Ce que tentaient de faire les sacrifices de substitution, le sacrifice du Christ l'a accompli une fois pour toutes. Cependant, les effets de la rédemption, pour être pleinement efficace, doivent être ratifiés par la liberté humaine. Autrement dit, les fidèles doivent aussi s'offrir eux-mêmes librement et volontairement à Dieu. Rm 12, 1 : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir vos corps en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ; c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre ». Ainsi, la sainteté personnelle exigée par les prophètes et l'hellénisme est aussi exigée par le culte nouveau. Clément d'Alexandrie, Stromates, 7, 7 : « Le sacrifice de l'Église consiste dans la prière qui monte des âmes saintes comme l'encens, et qui contient en elle, avec l'offrande, une attitude de totale donation à Dieu »

Cette sainteté de vie ne supprime pas la nécessité du sacrifice du Christ. Au contraire, il en est la condition nécessaire et la cause (cf. He). C'est bien la vie de la grâce, le fait d'être membre du Corps du Christ qui permet aux chrétiens de s'offrir avec lui en sacrifice agréable à Dieu. Le sacrifice demandé par Rm 12, 1 a pour forme le sacrifice du Christ, comme l'ont bien compris les Pères. Pierre Chrysologue, sermon 108, commente ainsi Rm 12, 1 : « "Je vous exhorte à offrir vos corps." L'apôtre en demandant cela élève tous les hommes à la dignité sacerdotale. "À offrir vos corps en sacrifice saint." Ô fonction inouïe du sacerdoce chrétien, quand l'homme est pour lui-même à la fois la victime et le prêtre , quand l'homme ne cherche pas au dehors ce qu'il offrira à Dieu ; quand l'homme apporte avec lui et en lui ce que pour lui il va sacrifier à Dieu ; quand la victime reste la même et le prêtre demeure le même ; quand la victime est égorgée et vit, que le prêtre n'a pas tué tout en sacrifiant ! Admirable sacrifice, où le corps est offert sans le corps, le sang sans le sang ! "Je vous exhorte, dit-il, par la miséricorde de Dieu." Frères, ce sacrifice jaillit du modèle [forma] du Christ, qui a immolé son corps pour la vie du monde. Il a vraiment fait de son corps une victime vivante, lui qui vit immolé [...]. Deviens, homme, deviens le sacrifice de Dieu et son prêtre ; ne perd pas ce que t'a donné et permis l'autorité divine. Revêt l'étole de la sainteté, [...] consume-toi en encens de prière, brandis le couteau de l'Esprit, fais de ton cœur un autel et ainsi conduis ton corps à devenir une hostie pour Dieu. Dieu cherche la foi, non la mort, il a soif de ton désir, non de ton sang, la ferveur l'apaise, non le meurtre. »

5. L'eucharistie réalise concrètement cette unité dans le temps de l'Église

Le sacrifice du Christ nous est rendu présent et efficace pour tous les temps par l'eucharistie. Ecclesia De Eucharistia 12 : « La Messe rend présent le sacrifice de la Croix. » Le cardinal Ratzinger écrivait : « Ce vrai sacrifice, qui nous transforme tous en sacrifice, c'est-à-dire nous unit à Dieu, fait de nous des êtres conformes à Dieu, est, certes fixé et fondé dans un événement historique, mais il ne se trouve pas derrière nous comme une chose du passé. Au contraire, il se fait contemporain et accessible à nous dans la communauté de l'Église croyante et priante, dans son sacrement : c'est là ce que signifie le "sacrifice de la Messe" » (J. RATZINGER, « Théologie de la liturgie », in Autour de la question liturgique, Fontgombault 2001, p. 27). C'est par l'eucharistie que les fidèles peuvent faire du sacrifice du Christ la forme de leur propre sacrifice. Lumen Gentium 11 : « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, les fidèles offrent à Dieu la victime divine et s'offrent eux-mêmes avec elle. » Et S. Augustin, Cité de Dieu (X, 6) : « Tel est le sacrifice des chrétiens : la multitude est un seul corps dans le Christ. L'Église célèbre ce mystère par le sacrifice de l'autel, bien connu des croyants, parce qu'en celui-ci il lui est montré que dans les choses qu'elle offre, c'est elle-même qui est offerte. » La Prière eucharistique III est également explicite : « Qu'il fasse de nous une offrande éternelle »

Ainsi, apparaît l'importance de la messe comme sacrifice pour réaliser l'union entre Dieu et les hommes jusque dans leur agir concret. SC 70 : « l'insistance sur le sacrifice - rendre sacré - dit ici toute la densité existentielle impliquée dans la transformation de notre réalité humaine saisie par le Christ ». SC insiste aussi sur la messe comme repas, qui n'est pas séparable de la dimension sacrificielle, car consommer la victime offerte en sacrifice fait entrer en communion avec celui à qui on l'a offerte : « Considérez l'Israël selon la chair : ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec l'autel ? » (1 Co 10, 16-18). Consommer ce que nous offrons dans l'eucharistie, qui est le vrai corps et le vrai sang du Christ, nous unit à Dieu : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au corps du Christ ? » Ainsi, sacrifice et repas se rejoignent dans l'eucharistie pour produire un unique effet : l'union des fidèles avec Dieu et entre eux, et donc la fin que vise le culte nouveau.

La participation active à la liturgie demandée par le pape Pie X (Motu proprio Tra le sollecitudine, 22 novembre 1903), puis de nouveau avec insistance par le concile Vatican II n'est pas autre chose que la disposition des fidèles à s'offrir eux-mêmes au Père en union avec le sacrifice du Christ rendu présent à la messe. Sacrosanctum Concilium 48 :« L'Église se soucie d'obtenir que les fidèles n'assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l'action sacrée [...]; qu'offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi ensemble avec lui, ils apprennent à s'offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés par la médiation du Christ, dans l'unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous ». SC 52 : « En réalité, la participation active souhaitée par le Concile doit être comprise [...] à partir d'une plus grande conscience du mystère qui est célébrée et de sa relation avec l'existence quotidienne. » SC 64 : « La grande tradition liturgique de l'Église nous enseigne qu'en vue d'une participation fructueuse, il est nécessaire de s'engager à correspondre personnellement au mystère qui est célébré, par l'offrande à Dieu de sa propre vie, unie au sacrifice de Christ pour le salut du monde entier. »

Désormais, le culte ne consiste plus à offrir quelque chose d'extérieur à soi, mais à s'offrir soi-même en s'insérant dans le sacrifice du Christ, souverainement agréable à Dieu. La morale s'unit au culte dans la mesure où les fidèles font de toute leur vie un acte d'offrande à Dieu. SC 70 : « [Le mystère de l'eucharistie] possède en lui-même un dynamisme qui en fait le principe de la vie nouvelle en nous et la forme de l'existence chrétienne. » SC 71 : « En tout acte de la vie, le chrétien est appelé à exprimer le vrai culte rendu à Dieu. C'est ici que prend forme la nature intrinsèquement eucharistique de la vie chrétienne. » Cela signifie que la logikè latreia, c'est toute la morale chrétienne telle que la décrit le NT et la Tradition, dont la 3ème partie de SC constitue une expression valable pour notre temps.

(à suivre...) : Le chrétien est celui qui vit selon le dimanche
Benoît XVI parle du dimanche

Sources : www.abbayedesolesmes.fr E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 20.08.2008 - T/T. S.C. - T/Liturgie - T/Dimanche

 

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