Pour le pape Benoît XVI,
l'eucharistie concentre en elle toute la foi |
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Le 20 août 2008 -
(E.S.M.)
- Le sacrifice
par lequel les fidèles s'offrent eux-mêmes, c'est avant tout
l'eucharistie qui, souligne le pape Benoît XVI, "en tant que sacrifice
du Christ, est aussi le sacrifice de l'Église, et donc des fidèles"
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Par
l'eucharistie, l'homme et toute la création font retour vers Dieu
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Pour Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi, le culte et
la vie concrète de l'Église
VIVRE SELON LE DIMANCHE
Le
dimanche d'après l'exhortation apostolique post-synodale
Sacramentum Caritatis Fr.
Geoffroy Kemlin
Introduction
Pour Benoît
XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi, le culte et la vie
concrète de l'Église. Dans
Deus Caritas est (n. 14), le pape
écrivait : « Dans l'eucharistie, l'agapè de Dieu vient à nous
corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous. [...]
Foi, culte et ethos se compénètrent mutuellement comme une unique réalité
qui trouve sa forme dans la rencontre avec l'agapè de Dieu. ». C'est
pour cette raison que l'eucharistie est « la source et
le sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11).
C'est bien ainsi qu'il faut comprendre
Sacramentum Caritatis (désormais noté SC)
: non pas trois parties indépendantes, mais au contraire étroitement unies
entre elles : « Je désire surtout recommander dans le présent document
que le peuple chrétien approfondisse la relation entre le
Mystère eucharistique, l'action liturgique et le
nouveau culte spirituel qui vient de l'Eucharistie en tant que sacrement de
l'amour. » (SC 5)
Le dimanche
est représentatif de cette unité. C'est un point de vue original de le
mettre en rapport en particulier avec la vie morale
concrète. C'est ce que signifie l'expression « iuxta dominicam
viventes ». Jean-Paul II ne l'avait pas fait dans
Dies Domini.
Il faudra donc - 1ère
partie - présenter le principe de la 3ème partie
de SC : l'eucharistie a une dimension morale, elle transforme la vie
concrète des fidèles.
2ème partie : le
dimanche est modèle ou
paradigme de cette vie selon l'eucharistie.
En lui le temps cyclique de la nature reçoit une orientation, de la Création
vers la Parousie en passant par le Mystère pascal. On sera donc amené à
parler du caractère cosmique de la liturgie
: par l'eucharistie, l'homme et toute la création font retour vers Dieu.
3ème partie : à partir de là, on peut
expliciter le sens du précepte dominical, et ce que la célébration du
dimanche enseigne aux fidèles.
Ce plan
suit donc le déroulement de SC 70-74.
I Le nouveau culte spirituel : Logikè latreia :
SC 70-71
1. Présentation de SC 70-71
Benoît
XVI part de Jn 6, 57 : « Celui qui me mangera vivra par moi ». L'eucharistie
est principe d'une vie nouvelle. Or la vie, c'est la capacité d'agir par
soi-même. Le pape en conclut que l'eucharistie
transforme l'agir concret des chrétiens.
Il considère
ensuite Rm 12, 1 : « Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de
Dieu, à lui offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ;
c'est là le culte spirituel (logikè
latreia) que vous avez à rendre ». Il y voit la caractérisât
on de l'agir concret issu de l'eucharistie : il est offrande totale de la
personne elle-même en union avec le sacrifice du Christ.
Le sacrifice
par lequel les fidèles s'offrent eux-mêmes, c'est avant tout l'eucharistie
qui, « en tant que sacrifice du Christ, est aussi le sacrifice de l'Église,
et donc des fidèles » (SC 70). Le culte nouveau
a pour « commencement et accomplissement » l'eucharistie ; mais il s'étend à
toute la vie concrète : « Tout ce que vous faites : manger, boire ou
n'importe quoi d'autre, faites-le pour la gloire de Dieu. »
(1 Co 10, 31)
En tant que sacrifice, cet
agir concret est aussi un acte de culte. Dès lors,
dans l'eucharistie s'unisse le culte et la vie morale chrétienne
: « La célébration eucharistique apparaît, dans toute sa force, en
tant que source et sommet de l'existence chrétienne, étant en même temps le
commencement et l'accomplissement du culte nouveau
et définitif, la logikè latreia » (SC
70)
Montrer que l'eucharistie fait l'unité entre culte et
vie morale était déjà l'un des thèmes principaux de L'Esprit de la
liturgie (2001). Le cardinal Ratzinger y
montre qu'ainsi, l'eucharistie accomplit toute la recherche religieuse
d'Israël et de l'humanité.
2. Unité entre culte et vie morale dans
l'Ancien Testament
L'importance du culte dans l'AT apparaît dans
le fait que le motif pour lequel Moïse réclame que Pharaon laisse les
Israélites quitter l'Egypte, c'est le culte : « Laisse partir mon peuple,
qu'il me rende un culte dans le désert» (Ex 7, 16.26; 9,
1.13 ; 10, 3). Tout le Pentateuque unit ensuite étroitement loi
morale et prescriptions cultuelles.
La conclusion de l'Alliance au
Sinaï en Ex 24, 4-8 en est un exemple typique : « Moïse mit par écrit toutes
les paroles de Yahvé [le décalogue] puis, se
levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne, et douze
stèles pour les douze tribus d'Israël. Puis il envoya de jeunes Israélites
offrir des holocaustes et immoler à Yahvé déjeunes taureaux en sacrifice de
communion. Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et
l'autre moitié du sang, il la répandit sur l'autel. Il prit le livre de
l'Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara: "Tout ce que Yahvé
a dit, nous le ferons et nous y obéirons." Moïse, ayant pris le sang, le
répandit sur le peuple et dit: "Ceci est le sang de l'Alliance que Yahvé a
conclue avec vous moyennant toutes ces clauses." »
L'autre motif de
la sortie d'Égypte, la possession de la Terre promise, est en vue du culte,
comme le montrent bien les livres historiques de la Bible, où toutes les
défaites d'Israël, et finalement l'Exil, sont présentés comme des
conséquences de l'idolâtrie.
3. La signification du sacrifice dans
le culte
Pour montrer comment l'eucharistie accomplit
parfaitement l'unité entre culte et ethos préfigurée dans l'AT, il faut
partir de la notion de sacrifice,
élément essentiel du culte dans presque toutes les religions. Le sacrifice
n'est pas de soi une destruction. Il est le fait de faire passer quelque
chose du monde profane à celui de Dieu. Sacri-ficium veut dire rendre
sacré ; or est sacré ce qui est à part, ce qui n'appartient pas au monde
profane. Le but, c'est que l'homme lui-même devienne sacré, saint, c'est
donc l'union de l'homme à Dieu. À ce
schéma fondamental énoncé par l'épître aux Hébreux, s'ajoute le fait que
l'homme est pécheur. Il y a donc aussi une dimension de satisfaction et de
guérison de la liberté blessée.
Comme l'homme ne peut de lui-même
s'unir à Dieu qui lui est infiniment transcendant, Israël et la plupart des
civilisations ont eu recours au sacrifice de
substitution : on offre quelque chose d'extérieur à l'homme, qui
une fois devenue sacré, permet à l'homme d'entrer à son tour en contact avec
Dieu. Plus la chose est précieuse à l'homme, plus le sacrifice sera
efficace. Les sacrifices humains sont la caricature dramatique de ce
principe.
Cette substitution est instituée
par Dieu lui-même dans l'AT : toute la législation cultuelle du
Pentateuque fonctionne sur ce système. Deux exemples typiques : Gn 22, où
Dieu demande à Abraham le sacrifice d'Isaac, puis le remplace au dernier
moment par un bélier ; et Ex 12 : lors de la sortie d'Égypte, sacrifice des
agneaux à la place des premiers-nés des Hébreux.
Simultanément, on
observe dès les prophètes d'avant l'Exil la conscience de
l'insuffisance des sacrifices de substitution.
Ce que Dieu veut, c'est la sainteté de la vie.
1 S 15, 22 : « Oui, l'obéissance est autre chose que le meilleur
sacrifice, la docilité autre chose que la graisse des béliers. »
Is
1, 11.16 : « Que m'importent vos innombrables sacrifices ? dit Yahvé. Je
suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. Le sang
des taureaux et des boucs me répugne.. Ôtez votre méchanceté de ma vue,
cessez de faire le mal. »
Am 5, 21-24 : « Je hais, je méprise vos
fêtes ; pour vos solennités je n'ai que dégoût. Quand vous m'offrez vos
holocaustes, vos oblations, je n'en veux pas, vos sacrifices de bêtes
grasses, je ne les regarde pas. Éloigne de moi le bruit de tes cantiques,
que je n'entende pas le son de tes harpes ! Mais que le droit coule comme
l'eau, et la justice comme un torrent qui ne tarit pas. »
Os 6, 6 : «
C'est l'amour que je veux, non les sacrifices, la connaissance de Dieu, non
les holocaustes »
Ps 39, 7-9 : « Tu ne voulais ni sacrifice ni
oblation, tu m'as ouvert l'oreille, tu n'exigeais ni holocauste ni victime,
alors j'ai dit : voici je viens. Au rouleau du livre il m'est prescrit de
faire tes volontés. »
Ps 49, 12-14 : « Si j'ai faim, je n'irai pas te
le dire, car le monde est à moi et son contenu. Vais-je manger la chair des
taureaux, le sang des boucs vais-je le boire ? Offre à Dieu un sacrifice
d'action de grâces, accomplis tes vœux pour le Très Haut. »
Avec
l'Exil, le Temple et ses sacrifices sanglants disparaissent. La seule forme
de culte qui demeure est la prière intime, humble
et fervente, avec la soumission à la volonté divine. Dn 3, 37-40
: « Seigneur, nous voici plus petits que toutes les nations, nous voici
humiliés par toute la terre, aujourd'hui, à cause de nos péchés. Il n'est
plus, en ce temps, chef, prophète, ni prince, holocauste, sacrifice,
oblation ni encens, lieu où t'offrir les prémices, et trouver grâce auprès
de toi. Mais qu'une âme brisée et un esprit humilié soient agréés de toi,
comme des holocaustes de béliers et de taureaux, comme des milliers
d'agneaux gras ; que tel soit notre sacrifice aujourd'hui devant toi, et
qu'il te plaise que pleinement nous te suivions. »
À cette évolution
dans le judaïsme, correspond dans le monde hellénistique le même rejet des
sacrifices sanglants, et la recherche d'un culte spirituel, à l'image du
dieu auquel la philosophie est parvenue. C'est le concept de logikè
thysia : sacrifice de la parole, de l'esprit, qui unit l'homme au
Logos, la raison qui imprègne la réalité.
4. Le sacrifice du
Christ réalise la véritable unité entre culte et morale
Le NT est
le point de convergence et le dépassement radical de ces deux mouvements.
L'opposition faite par les prophètes entre sacrifice et justice disparaît,
car le sacrifice du Christ est précisément ce qui donne la justice aux
hommes. C'est le thème central de la lettre aux Hébreux. He 9, 8-14 : « La
voie du sanctuaire n'est pas ouverte tant que subsiste la première tente.
C'est là une figure pour la période actuelle ; sous son régime on offre des
dons et des sacrifices qui n'ont pas le pouvoir de
rendre parfait l'adorateur en sa conscience ; ce sont des règles
pour la chair, ne concernant que les aliments, les boissons, diverses
ablutions, et imposées seulement jusqu'au temps de la réforme.
Le
Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la
tente plus grande et plus parfaite qui n'est pas faite de main d'homme,
c'est-à-dire qui n'est pas de cette création, entra une fois pour toutes
dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux,
mais avec son propre sang, nous ayant acquis une
rédemption éternelle.
Si en effet du sang de boucs et de
taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés,
les sanctifient en leur procurant la pureté de la chair, combien plus le
sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à
Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres
mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant. »
On peut expliciter ce texte en trois points :
Les anciens sacrifices de substitution sont déclarés abolis
par le NT. Mt 9, 13 ; 12, 7 : « C'est la miséricorde que je veux, non le
sacrifice » (citant Osée) Tout le discours d'Etienne : Ac 6, 14-7, 52. «
Nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce temple et
changera les usages que Moïse nous a légués ». Etienne montre que l'AT
lui-même déclare provisoire le culte du Temple : Dieu lui-même a dit par la
bouche d'Isaïe (66, 1-2) qu'il n'habitait pas
dans des demeures faite de main d'homme.
Le
véritable culte est désormais fondé sur le Mystère pascal. Jn 2,
19 : « Jésus dit : "Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai."
[...] Il parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand Jésus ressuscita
d'entre les morts, ses disciples [...] crurent-ils à l'Écriture et à la
parole qu'il avait dite ». Le mystère pascal de Jésus signifie donc la fin
de l'ancien Temple et de son culte et l'institution par lui d'un culte
nouveau et définitif dont le sanctuaire sera son propre corps. L'annonce de
la résurrection se double d'une annonce de l'eucharistie. Vont dans le même
sens les synoptiques (Mt 27, 15 ; Mc 15, 38 ; Lc 23, 45)
: le symbole du rideau du sanctuaire se déchirant en deux ; les récits de
l'institution de l'eucharistie, où la mention du sang de « la nouvelle
Alliance » (cf. Lc 22, 20) renvoie directement
au sacrifice sanglant qui a marqué l'entrée en vigueur de l'Alliance
mosaïque (Ex 24, 4-8). Le mystère pascal
accomplit le principe de substitution :
Jésus est le véritable Isaac, le Fils unique que le Père livre réellement.
Il est le véritable Agneau pascal par lequel tous les hommes sont délivrés
de l'esclavage du péché (cf. Jn). Jésus a
offert sa vie en substitution pour tous les hommes : il « s'est livré en
rançon pour tous » (1 Tim 2, 6). Par lui, les
hommes obtiennent vraiment l'union avec Dieu : Ep 2, 16 :« Il a réconcilié
les hommes avec Dieu par la croix. » Le sacrifice
du Christ est le culte véritable parce qu'il réalise vraiment l'unité entre
Dieu et les hommes -comme en témoigne la résurrection.
L'Esprit de la liturgie, p. 39 :« Voici enfin le culte véritable le
culte tant désiré et qui pourtant toujours dépasse nos capacités :
l'adoration "en esprit et en vérité" (Jn 4, 24).
Le rideau déchiré du Temple, n'est autre que le rideau déchiré entre
ce monde et la face de Dieu. Dans le cœur transpercé du crucifié, le cœur de
Dieu s'est ouvert : c'est là que nous pouvons voir "qui" est Dieu et
"comment" il est. Dieu est sorti de sa retraite, du sein de son obscurité. »
Ce que tentaient de faire les sacrifices de substitution, le sacrifice
du Christ l'a accompli une fois pour toutes.
Cependant, les effets de la rédemption, pour être pleinement efficace,
doivent être ratifiés par la liberté humaine. Autrement dit,
les fidèles doivent aussi s'offrir eux-mêmes librement
et volontairement à Dieu. Rm 12, 1 : « Je vous exhorte, mes
frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir vos corps en sacrifice saint,
capable de plaire à Dieu ; c'est là le culte spirituel que vous avez à
rendre ». Ainsi, la sainteté personnelle exigée par les prophètes et
l'hellénisme est aussi exigée par le culte nouveau. Clément d'Alexandrie,
Stromates, 7, 7 : « Le sacrifice de l'Église consiste dans la prière qui
monte des âmes saintes comme l'encens, et qui contient en elle, avec
l'offrande, une attitude de totale donation à Dieu »
Cette sainteté de vie ne supprime pas la nécessité du
sacrifice du Christ. Au contraire, il en est la condition
nécessaire et la cause (cf. He). C'est bien la
vie de la grâce, le fait d'être membre du Corps du Christ qui permet aux
chrétiens de s'offrir avec lui en sacrifice agréable à Dieu. Le sacrifice
demandé par Rm 12, 1 a pour forme le
sacrifice du Christ, comme l'ont bien compris les Pères. Pierre Chrysologue,
sermon 108, commente ainsi Rm 12, 1 : « "Je vous exhorte à offrir vos
corps." L'apôtre en demandant cela élève tous les hommes à la dignité
sacerdotale. "À offrir vos corps en sacrifice saint." Ô fonction inouïe du
sacerdoce chrétien, quand l'homme est pour lui-même à la fois la victime et
le prêtre , quand l'homme ne cherche pas au dehors ce qu'il offrira à Dieu ;
quand l'homme apporte avec lui et en lui ce que pour lui il va sacrifier à
Dieu ; quand la victime reste la même et le prêtre demeure le même ; quand
la victime est égorgée et vit, que le prêtre n'a pas tué tout en sacrifiant
! Admirable sacrifice, où le corps est offert sans le corps, le sang sans le
sang ! "Je vous exhorte, dit-il, par la miséricorde de Dieu." Frères, ce
sacrifice jaillit du modèle [forma] du
Christ, qui a immolé son corps pour la vie du monde. Il a vraiment fait de
son corps une victime vivante, lui qui vit immolé [...]. Deviens, homme,
deviens le sacrifice de Dieu et son prêtre ; ne perd pas ce que t'a donné et
permis l'autorité divine. Revêt l'étole de la sainteté, [...] consume-toi en
encens de prière, brandis le couteau de l'Esprit, fais de ton cœur un autel
et ainsi conduis ton corps à devenir une hostie pour Dieu. Dieu cherche la
foi, non la mort, il a soif de ton désir, non de ton sang, la ferveur
l'apaise, non le meurtre. »
5. L'eucharistie réalise concrètement
cette unité dans le temps de l'Église
Le
sacrifice du Christ nous est rendu présent et efficace pour tous les temps
par l'eucharistie.
Ecclesia De Eucharistia 12 : « La Messe rend présent le sacrifice de la
Croix. » Le cardinal Ratzinger écrivait : « Ce vrai sacrifice, qui nous
transforme tous en sacrifice, c'est-à-dire nous unit à Dieu, fait de nous
des êtres conformes à Dieu, est, certes fixé et fondé dans un événement
historique, mais il ne se trouve pas derrière nous comme une chose du passé.
Au contraire, il se fait contemporain et accessible à nous dans la
communauté de l'Église croyante et priante, dans son sacrement : c'est là ce
que signifie le "sacrifice de la Messe" » (J. RATZINGER, «
Théologie de la liturgie », in Autour de la question liturgique,
Fontgombault 2001, p. 27). C'est par l'eucharistie que les
fidèles peuvent faire du sacrifice du Christ la forme de leur propre
sacrifice.
Lumen Gentium 11 : « Participant au sacrifice eucharistique, source et
sommet de toute la vie chrétienne, les fidèles offrent à Dieu la victime
divine et s'offrent eux-mêmes avec elle. » Et S. Augustin, Cité de Dieu
(X, 6) : « Tel est le sacrifice des chrétiens : la multitude est
un seul corps dans le Christ. L'Église célèbre ce mystère par le sacrifice
de l'autel, bien connu des croyants, parce qu'en celui-ci il lui est montré
que dans les choses qu'elle offre, c'est elle-même qui est offerte. » La
Prière eucharistique III est également explicite : « Qu'il fasse de nous une
offrande éternelle »
Ainsi, apparaît
l'importance de la messe comme sacrifice pour réaliser l'union
entre Dieu et les hommes jusque dans leur agir concret. SC 70 : «
l'insistance sur le sacrifice - rendre sacré - dit ici toute la densité
existentielle impliquée dans la transformation de notre réalité humaine
saisie par le Christ ». SC insiste aussi sur la
messe comme repas, qui n'est pas séparable de la dimension
sacrificielle, car consommer la victime offerte en sacrifice fait entrer en
communion avec celui à qui on l'a offerte : « Considérez l'Israël selon la
chair : ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec
l'autel ? » (1 Co 10, 16-18). Consommer ce que
nous offrons dans l'eucharistie, qui est le vrai corps et le vrai sang du
Christ, nous unit à Dieu : « La coupe de bénédiction que nous bénissons
n'est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons
n'est-il pas communion au corps du Christ ? » Ainsi, sacrifice et repas se
rejoignent dans l'eucharistie pour produire un unique effet : l'union des
fidèles avec Dieu et entre eux, et donc la fin que vise le culte nouveau.
La participation active à la
liturgie demandée par le pape Pie X (Motu proprio Tra
le sollecitudine, 22 novembre 1903), puis de nouveau avec
insistance par le concile Vatican II n'est pas autre chose que la
disposition des fidèles à s'offrir eux-mêmes au Père en union avec le
sacrifice du Christ rendu présent à la messe.
Sacrosanctum Concilium 48 :« L'Église se soucie d'obtenir que les
fidèles n'assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs
étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses
prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l'action
sacrée [...]; qu'offrant la victime sans tache, non seulement par les mains
du prêtre, mais aussi ensemble avec lui, ils
apprennent à s'offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient
consommés par la médiation du Christ, dans l'unité avec Dieu et entre eux
pour que, finalement, Dieu soit tout en tous ». SC 52 : « En réalité, la
participation active souhaitée par le Concile doit être comprise [...] à
partir d'une plus grande conscience du mystère qui est célébrée et de sa
relation avec l'existence quotidienne. » SC 64 : « La grande tradition
liturgique de l'Église nous enseigne qu'en vue d'une participation
fructueuse, il est nécessaire de s'engager à correspondre personnellement au
mystère qui est célébré, par l'offrande à Dieu de sa propre vie, unie au
sacrifice de Christ pour le salut du monde entier. »
Désormais, le
culte ne consiste plus à offrir quelque chose d'extérieur à soi, mais à
s'offrir soi-même en s'insérant dans le sacrifice du Christ, souverainement
agréable à Dieu. La morale s'unit au culte dans la mesure où les fidèles
font de toute leur vie un acte
d'offrande à Dieu. SC 70 : « [Le mystère de l'eucharistie]
possède en lui-même un dynamisme qui en fait le principe de la
vie nouvelle en nous et la forme de l'existence chrétienne. » SC 71 :
« En tout acte de la vie, le chrétien est appelé à exprimer le vrai culte
rendu à Dieu. C'est ici que prend forme la nature intrinsèquement
eucharistique de la vie chrétienne. » Cela signifie que la logikè latreia,
c'est toute la morale chrétienne telle que la décrit le NT et la Tradition,
dont la 3ème partie de SC constitue une expression
valable pour notre temps.
(à suivre...)
: Le chrétien est celui qui
vit selon le dimanche
►
Benoît XVI parle du dimanche
Sources : www.abbayedesolesmes.fr
- E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.08.2008 -
T/T. S.C. - T/Liturgie - T/Dimanche |