Benoît XVI précise la signification de la
pauvreté vécue à partir de Dieu |
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Le 22 novembre 2007 -
(E.S.M.) - Le terme « doux, humble » fait
partie du vocabulaire du peuple de Dieu, d'Israël devenu universel dans
le Christ, mais c'est aussi, relève Benoît XVI, une parole royale qui
nous révèle la nature de la royauté nouvelle du Christ.
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Entrée
solennelle de Jésus à Jérusalem
Benoît XVI précise la signification de la pauvreté vécue à partir de Dieu
Quatrième chapitre - Le Sermon sur
la montagne (p. 85 à 150)
1) De quoi s'agit-il ?
Benoît XVI
2)
Le renversement
des valeurs
:
Benoît
XVI
3) Les pauvres de cœur :
Benoît XVI
4) (suite)
Les doux posséderont la terre
D'entrée, Benoît XVI indique que la deuxième Béatitude de l'Évangile de Matthieu est étroitement liée à la
première : « Heureux les doux (les humbles) : ils obtiendront la terre
promise » (Mt 5, 5). Cette Béatitude est quasiment la citation d'un psaume :
« Les doux posséderont la terre »
(Ps 37 [36], 11). Dans la Bible en grec,
le mot praeîs (au singulier prays) (« les doux — les humbles
»), qui est
porteur d'une riche et longue tradition, traduit le mot hébreu anawin qui
désignait les pauvres de Dieu dont il a été question à propos de la première
Béatitude. La première et la deuxième Béatitudes se recoupent donc
largement, la deuxième précisant une nouvelle fois un aspect essentiel de ce
que signifie la pauvreté vécue à partir de Dieu et dans la perspective de
Dieu.
Mais l'éventail s'élargit encore si l'on considère d'autres textes où
apparaît le même terme. Au Livre des Nombres, il est écrit : « Or, Moïse
était très humble, l'homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12,
3). Comment ne pas penser dans ce contexte à la parole de Jésus : « Prenez
sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de
cœur, et vous trouverez le repos » (Mt 11, 29) ? Le Christ est le nouveau
Moïse, le vrai Moïse (telle est la pensée fondamentale qui traverse tout le
Sermon sur
la montagne) ; en lui s'affirme la présence de la bonté pure,
qui est le
propre du Très-Haut, de celui qui règne.
Nous sommes conduits encore plus profondément si nous considérons une autre
correspondance entre Ancien et Nouveau Testament, au centre de laquelle nous
rencontrons à nouveau le mot prays, doux, humble. Dans le Livre de Zacharie,
nous trouvons cette promesse de salut : « Exulte de toutes tes forces, fille
de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui
vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un
âne tout jeune. Ce roi fera disparaître [...] les chars de guerre [...] ; il
brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination
s'étendra d'une mer à l'autre » (Za 9, 9-10). Le prophète proclame ici la
venue d'un roi pauvre, un roi dont le règne ne repose pas sur le pouvoir
politique et militaire. Sa nature même est l'humilité, la douceur envers
Dieu et envers les hommes. Cette nature qui l'oppose aux grands rois de la
terre se manifeste par le fait qu'il fait son entrée sur une ânesse, la
monture des pauvres, par opposition aux chars de guerre qu'il supprime.
Il
est le roi de la paix, il l'est par le pouvoir de Dieu et non en vertu de
son propre pouvoir.
À cela, s'ajoute l'universalité de sa royauté,
qui s'étend sur toute la
terre, « d'une mer à l'autre ». Cette expression suggère l'image du globe
terrestre entouré d'eau de toutes parts et elle nous fait pressentir
l'étendue de son règne qui englobe l'univers tout entier. Karl Elliger a
raison de dire qu'« émergeant du brouillard, apparaît avec une étonnante
netteté la figure de celui qui a réellement apporté la paix au monde entier,
qui se situe au-delà de toute raison puisque, en fils obéissant, il a
renoncé à user d'une quelconque violence et qu'il a souffert jusqu'à ce que
son père le sauve de la souffrance, et qui à présent construit sans
répit son royaume à travers cette simple parole de paix... »
(K. Elliger, Das Buch der zwolf Kleinen Propheten, Altes Testament Deutsch
24/25, p. 151, voir bibliographie, p. 398). C'est
seulement maintenant que nous saisissons toute la portée du récit du
dimanche des Rameaux et que nous comprenons la signification de ce qui vient
d'être raconté par Luc (cf. 19, 30)
(tout comme par Jean), nous rapportant
que Jésus envoie ses disciples chercher une ânesse avec son ânon : « Cela
s'est passé pour accomplir la parole transmise par le prophète : Dites à la
fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, humble, monté sur une
ânesse et un petit âne, le petit d'une bête de somme »
(Mt 21,4-5 ;cf. Jn 12,
14-15).
Malheureusement, les traductions françaises ont effacé ces correspondances en
traduisant chaque fois prays par un mot différent. Dans ce large éventail de
textes - du Livre des Nombres (chap. 12) à Zacharie
(chap. 9), jusqu'aux
Béatitudes et au récit du dimanche des Rameaux — on reconnaît la vision de
Jésus roi de la paix, qui fait éclater les frontières entre les peuples et
qui instaure « d'une mer à l'autre» un espace de paix. Par son obéissance,
il nous appelle à entrer dans cette paix ; il la plante en nous. Le terme «
doux, humble » fait partie du vocabulaire du peuple de Dieu, d'Israël devenu
universel dans le Christ, mais c'est aussi une parole royale qui nous révèle
la nature de la royauté nouvelle du Christ. En ce sens, on pourrait dire que
ce terme relève à la fois de la christologie et de l'ecclésiologie ; en
tout cas il nous appelle à suivre celui qui, en faisant son entrée dans
Jérusalem monté sur une ânesse, nous révèle l'essence même de sa royauté.
à suivre... :
5) Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |