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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : Une anthologie de la symphonie "du nouveau monde"

 

Rome, le 22 juillet 2008  - (E.S.M.) - Du voyage de Benoît XVI en Australie pour la Journée Mondiale de la Jeunesse, les médias du monde entier ont retenu l’arrivée du pape par la mer en baie de Sydney, les danses des aborigènes, les tableaux vivants du Chemin de Croix, les myriades de bougies des jeunes pendant la veillée, la condamnation pleine d’émotion des abus sexuels commis par des prêtres et la rencontre avec quatre de leurs victimes.

Le pape Benoît XVI - Pour agrandir l'image Cliquer

Benoît XVI : Une anthologie de la symphonie "du nouveau monde"

Aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Sydney, Joseph Ratzinger prêche une "nouvelle ère" de l’Esprit qui changerait la face de la terre. Il y a trois ans, en Allemagne, c'est une "révolution" qu'il avait proposée aux jeunes. L’espérance historique du pape théologien

par Sandro Magister

Du voyage de Benoît XVI en Australie pour la Journée Mondiale de la Jeunesse, les médias du monde entier ont retenu l’arrivée du pape par la mer en baie de Sydney, les danses des aborigènes, les tableaux vivants du Chemin de Croix, les myriades de bougies des jeunes pendant la veillée, la condamnation pleine d’émotion des abus sexuels commis par des prêtres et la rencontre avec quatre de leurs victimes.

Sur cette page, en revanche, on trouvera une anthologie des passages marquants des discours prononcés par Benoît XVI au cours de son voyage.

Inévitablement, cette sélection laisse de côté d’autres passages non moins importants des discours et homélies du pape. Par exemple, il faudrait relire intégralement la catéchèse sur l’Esprit Saint que le pape a prononcée devant les jeunes lors de la veillée nocturne du samedi 19 juillet: on comprendrait pourquoi “L’Osservatore Romano“ l’a présentée comme “l’un des plus beaux textes du pontificat“.

Quoi qu’il en soit, on retrouve dans cette anthologie une caractéristique de Benoît XVI : c’est un pape théologien. Comme saint Augustin – qu’il a beaucoup cité pendant son voyage en Australie – Benoît XVI veut prêcher à tous, y compris aux plus humbles et aux plus simples, les merveilles de Dieu. Sans les simplifier ni les édulcorer, mais en les présentant dans toute leur essentialité, aussi complexe soit-elle, et dans leurs retombées historiques.

De par leur contenu et leur style, les extraits reproduits ci-dessous sont ceux que l’on peut le plus sûrement attribuer à Joseph Ratzinger, à son esprit et à sa plume, plutôt qu’aux services du Vatican chargés de préparer les discours du pape et d’y joindre des compléments.

Voyage apostolique à Sydney 12-21 juillet 2008

Voici donc notre anthologie:

1. Lorsque Dieu est éclipsé, le sein maternel devient lui aussi un lieu de violence indicible

Extrait du Discours d’arrivée, Sydney, Môle de Barangaroo, jeudi 17 juillet 2008

Chers amis, [...] d’en haut, la vue de notre planète fut quelque chose de vraiment magnifique. Le miroitement de la Méditerranée, la magnificence du désert nord africain, la forêt luxuriante de l’Asie, l’immensité de l’Océan Pacifique, l’horizon sur la ligne duquel le soleil se lève et se couche, la splendeur majestueuse de la beauté naturelle de l’Australie, dont j’ai pu jouir au cours de ces derniers jours ; tout cela suscite un profond sentiment de crainte révérencielle. C’est comme si nous capturions de rapides images sur l’histoire de la création racontée dans la Genèse : la lumière et les ténèbres, le soleil et la lune, les eaux, la terre et les créatures vivantes. Tout cela est « bon » aux yeux de Dieu (cf. Gn 1, 1-2, 4). Plongés dans une telle beauté, comment ne pas faire écho aux paroles du Psalmiste quand il loue le Créateur : « Qu’il est grand ton nom par toute la terre » (Ps 8, 2) ?

Mais il y a bien plus encore [...]: des hommes et des femmes créés rien que moins à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Au cœur de la merveille de la création, nous nous trouvons, vous et moi, la famille humaine « couronnée de gloire et d’honneur » (cf. Ps 8, 6). Quelle merveille ! Avec le psalmiste, nous murmurons : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (cf. Ps 8, 5). Introduits dans le silence, pleins de reconnaissance et par la puissance de la sainteté, nous réfléchissons.

Que découvrons-nous ? [...] Que non seulement le milieu naturel, mais aussi le milieu social – l’habitat que nous nous créons nous-mêmes – a ses cicatricesi, [...] comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. [...] Il y a aussi quelque chose de sinistre qui découle du fait que la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité. Cela est alimenté par l’idée, largement diffusée aujourd’hui, qu’aucune vérité absolue ne peut guider nos vies. Le relativisme, en donnant une valeur quasi indistincte à toute chose, a rendu l’« expérience » plus importante que tout. En réalité, les expériences, sans tenir compte de ce qui est bon et vrai, peuvent conduire non pas à une liberté authentique, mais au contraire, à une confusion morale ou intellectuelle, à un affaiblissement des principes, à la perte de la propre estime, et même au désespoir.

Chers amis, la vie n’est pas réglée par le hasard, elle n’est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n’est pas une simple succession de faits et d’expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C’est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c’est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrants de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l’expérience subjective remplace la vérité.

Le Christ offre davantage ! Bien plus, il offre tout ! Seulement Lui, qui est la Vérité, peut être le chemin et donc aussi la Vie. Ainsi, le « chemin », que les Apôtres portèrent jusqu’aux extrêmes limites de la terre, est la vie en Christ. C’est la vie de l’Église. Et l’entrée dans cette vie, dans la vie chrétienne, se fait par le Baptême. [...]

Beaucoup prétendent aujourd’hui que Dieu doit être laissé de côté et que la religion et la foi, acceptables sur le plan individuel, doivent être, ou exclues de la vie publique, ou utilisées uniquement pour poursuivre des objectifs pragmatiques limités. Cette vision sécularisée tente d’expliquer la vie humaine et de modeler la société en se référant peu ou sans se référer du tout au Créateur. Il est présenté comme une force neutre, impartiale et respectueuse de chacun. En réalité, comme toute idéologie, le sécularisme impose une vision globale. Si la présence de Dieu est insignifiante dans la vie publique, alors la société pourra être modelée d’après une image dépourvue de Dieu. Mais quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre naturel, le but et le « bien » commence à s’évanouir. [...]

Et que dire de notre milieu social ? [...] Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s’appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu’ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C’est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu’occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmenter tant de mères et d’enfants ? Comment se fait-il que l’espace humain, le plus beau et le plus sacré qu’est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ?

Chers amis, la création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d’une importance vitale pour l’humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable.

2. Le “point critique“ qu’a atteint le mouvement œcuménique

Extrait du Discours aux représentants des autres confessions chrétiennes, Sydney, Crypte de la Saint Mary's Cathedral, vendredi 18 juillet 2008

Chers amis dans le Christ, je pense que vous serez d’accord pour constater que le mouvement œcuménique est parvenu à un point critique. Pour progresser, nous devons sans cesse demander à Dieu de renouveler nos esprits par la grâce de l’Esprit Saint (cf. Rm 12, 2), qui nous parle à travers les Écritures et nous conduit à la vérité tout entière (cf. 2 P 1, 20-21 ; Jn 16, 13). Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l’histoire de l’Église démontre que la "praxis" non seulement est inséparable de la "didaché", ou enseignement, mais qu’elle en découle au contraire.

3. Jésus seul est l’Alpha et l’Oméga

Extrait du Discours aux représentants des autres religions, Sydney, Salle capitulaire de la Saint Mary’s Cathedral, vendredi 18 juillet 2008

Chers amis, [...] l’Église aborde le dialogue avec les autres religions convaincue que la véritable source de la liberté se trouve en la personne de Jésus de Nazareth. Les chrétiens croient que c’est Lui qui nous révèle pleinement les potentialités humaines en ce qui concerne la vertu et le bien, et que c’est Lui qui nous libère du péché et des ténèbres. L’universalité de l’expérience humaine, qui dépasse toutes les frontières géographiques et toutes les limites culturelles, permet aux disciples des religions de s’engager dans le dialogue afin d’affronter le mystère des joies et des souffrances de la vie. À cet égard, l’Église cherche ardemment toutes les occasions pour se mettre à l’écoute des expériences spirituelles des autres religions. Nous pourrions affirmer que toutes les religions cherchent à pénétrer le sens profond de l’existence humaine en le ramenant à une origine ou principe extérieur à elle. Les religions offrent une tentative de compréhension du cosmos comme provenant de cette origine ou principe et y retournant. Les chrétiens croient que Dieu a révélé cette origine et principe en Jésus, que la Bible définit comme l’« Alfa et Omega » (cf. Ap 1, 8 ; 22, 1).

4. Soyez des "signes de contradiction" dans le monde

Extrait de l’Homélie prononcée au cours de la messe avec les évêques, les prêtres, les séminaristes et les novices, Sydney, Saint Mary's Cathedral, samedi 19 juillet 2008

Chers frères et sœurs, [...] dans la liturgie de ce jour, l’Église nous rappelle que, comme cet autel, nous avons nous aussi été consacrés, mis « à part » pour le service de Dieu et la construction de son règne. Trop souvent, cependant, nous nous retrouvons immergés dans un monde qui voudrait mettre Dieu « de côté ». Au nom de la liberté et de l’autonomie humaine, le nom de Dieu est mis sous silence, la religion est réduite à une dévotion personnelle et la foi est écartée de la place publique. Parfois, une mentalité de ce genre, totalement opposée à l’essence de l’Évangile, peut même en venir à obscurcir notre compréhension de l’Église et de sa mission. Nous aussi, nous pouvons être tentés de réduire la vie de foi à une simple question de sentiment, affaiblissant ainsi sa capacité d’inspirer une vision cohérente du monde et du dialogue rigoureux avec les nombreuses autres visions qui concourent pour gagner à elles les esprits et les cœurs de nos contemporains. [...]

Je désire ici [...] évoquer la honte que nous avons tous éprouvée à la suite des abus sexuels commis sur des mineurs par quelques prêtres et religieux de ce pays. Je suis vraiment profondément désolé pour la douleur et la souffrance que les victimes ont supportées et je les assure qu’en tant que Pasteur je partage leur souffrance. Ces méfaits qui constituent une trahison grave de la confiance doivent être condamnés sans équivoque. Ils ont causé de grandes souffrances et ont porté porter préjudice au témoignage de l’Église. Je demande à chacun de vous de soutenir et d’assister vos Évêques et de collaborer avec eux pour combattre ce mal. Les victimes doivent recevoir compassion et soin et les responsables de ces maux doivent comparaître devant la justice. [...]

Je désire m’adresser maintenant aux séminaristes et aux jeunes religieux qui sont parmi nous pour leur manifester mon affection et mes encouragements. [...] Faites de la célébration quotidienne de l’Eucharistie le centre de votre vie. À chaque messe, quand le Corps et le Sang du Seigneur sont élevés au terme de la prière eucharistique, élevez votre cœur et votre vie dans le Christ, avec Lui et par Lui, dans l’unité de l’Esprit Saint, comme un sacrifice agréable à Dieu notre Père.

Ainsi, chers jeunes, séminaristes et religieux, deviendrez-vous vous-mêmes des autels vivants, sur lesquels le sacrifice d’amour du Christ sera rendu présent comme un modèle et une source de nourriture spirituelle pour tous ceux que vous rencontrerez. En répondant à l’appel du Seigneur à le suivre dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, vous avez entrepris, en tant que disciples, une démarche radicale qui fera de vous des « signes de contradiction » (cf. Lc 2, 34) pour beaucoup de vos contemporains. Modelez quotidiennement votre vie sur la libre offrande pleine d’amour du Seigneur, en obéissance à la volonté du Père. De cette façon, vous découvrirez la liberté et la joie qui peuvent attirer les autres à cet Amour qui est au-dessus de tout autre amour comme sa source et son accomplissement ultime. N’oubliez jamais que la chasteté pour le Royaume signifie embrasser une vie entièrement dédiée à aimer. Aimer vous rend capables de vous consacrer sans réserve au service de Dieu pour être pleinement présents à vos frères et à vos sœurs, spécialement à ceux qui sont dans le besoin.

5. L’Esprit Saint, l’"Oublié" de la Sainte Trinité

Extrait du discours aux jeunes lors de la veillée nocturne, Sydney, Hippodrome de Randwick, samedi 19 juillet 2008

Très chers jeunes, [...] l’unité et la réconciliation ne peuvent être atteintes par nos seuls efforts. Dieu nous a fait l’un pour l’autre (cf. Gn 2, 24) et nous ne pouvons trouver qu’en Dieu et que dans l’Église l’unité que nous cherchons. Cependant, face aux imperfections et aux désillusions aussi bien individuelles qu’institutionnelles, nous sommes parfois tentés de construire une communauté « parfaite ». Ce n’est pas là une tentation nouvelle. L’histoire de l’Église contient de multiples exemples de tentatives pour contourner et dépasser les faiblesses et les échecs humains pour créer une unité parfaite, une utopie spirituelle.

De telles tentatives pour bâtir l’unité, en fait, la minent ! Séparer l’Esprit Saint du Christ présent dans la structure institutionnelle de l’Église compromettrait l’unité de la communauté chrétienne, qui est précisément un don de l’Esprit ! Cela trahirait la nature de l’Église en tant que Temple vivant de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 3, 16). C’est l’Esprit, en fait, qui guide l’Église sur le chemin de la pleine vérité et en assure l’unité dans la communion et le service (cf. Lumen Gentium, 4). Malheureusement, la tentation d’« aller de l’avant tout seul » persiste. Certains parlent de leur communauté locale comme d’une réalité séparée de la soi-disant Église institutionnelle, décrivant la première comme souple et ouverte à l’Esprit, et la seconde comme rigide et privée de l’Esprit. [...]

Il y a des moments dans lesquels nous pouvons être tentés de rechercher la félicité loin de Dieu. Jésus lui-même demande aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67). Un tel éloignement offre peut-être l’illusion de la liberté. Mais où nous conduit-il ? Vers qui pouvons-nous aller ? Dans nos cœurs, nous savons, en fait, que seul le Seigneur a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 67-69). S’éloigner de lui n’est qu’une tentative inutile de nous fuir nous-mêmes (cf. Saint Augustin, Les Confessions VIII, 7). Dieu est avec nous dans la réalité de la vie et non dans notre imaginaire ! Affronter la réalité, et non la fuir, c’est ce que nous voulons ! Pour cela, l’Esprit Saint avec délicatesse, mais aussi avec fermeté, nous attire vers ce qui est réel, vers ce qui est durable, vers ce qui est vrai. C’est l’Esprit qui nous ramène à la communion avec la Sainte Trinité.

L’Esprit Saint a été, de quelque manière, l’oublié de la Sainte Trinité. Une claire compréhension de sa Personne semble presque hors de notre portée. Et cependant quand j’étais encore un petit garçon, mes parents, comme les vôtres, m’ont enseigné le signe de la Croix. J’ai ainsi très tôt compris qu’il y a un Dieu en trois Personnes et que la Trinité est au centre de la foi et de la vie chrétienne. Quand j’ai cru au point d’avoir une certaine compréhension de Dieu le Père et de Dieu le Fils – leurs noms parlaient déjà d’eux-mêmes –, ma compréhension de la troisième Personne de la Trinité restait faible. C’est pourquoi, comme jeune prêtre chargé d’enseigner la théologie, j’ai décidé d’étudier les grands témoins de l’Esprit dans l’histoire de l’Église. C’est en parcourant cet itinéraire que je me suis retrouvé à lire, entre autres, le grand saint Augustin.

Sa compréhension de l’Esprit Saint se développa de manière graduelle ; elle fut un combat. Jeune, il avait embrassé le Manichéisme – l’une de ses tentatives, dont j’ai parlé il y a un instant, de créer une utopie spirituelle en séparant les réalités de l’esprit des réalités de la chair. En conséquence, au début, il était méfiant à l’égard de l’enseignement chrétien sur l’incarnation de Dieu. Et cependant, son expérience de l’amour de Dieu présent dans l’Église le conduisit à en rechercher la source dans la vie du Dieu Un et Trine. Ceci le porta à avoir trois intuitions particulières sur l’Esprit Saint comme lien d’unité au sein de la Sainte Trinité : unité comme communion, unité comme amour durable, unité comme don, donné et reçu. Ces trois intuitions ne sont pas seulement théoriques. Elles aident à expliquer comme l’Esprit agit. Dans un monde où aussi bien les individus que les communautés souffrent souvent de l’absence d’unité et de cohésion, de telles intuitions nous aident à demeurer en syntonie avec l’Esprit et à étendre et à clarifier la nature de notre témoignage. [...]

Ce qui constitue notre foi ce n’est pas en premier lieu ce que nous faisons, mais ce que nous recevons. En effet, il se peut que des personnes généreuses, qui ne sont pas chrétiennes, fassent beaucoup plus que nous. Amis, acceptez-vous d’être introduits dans la vie trinitaire de Dieu ? Acceptez-vous d’être introduits dans sa communion d’amour ?

Les dons de l’Esprit qui agissent en nous, orientent et déterminent notre témoignage. Orientés, de par leur nature, à l’unité, les dons de l’Esprit nous lient encore plus étroitement à l’ensemble du Corps du Christ (cf. Lumen Gentium, 4), en nous rendant davantage capables d’édifier l’Église, pour servir ainsi le monde (cf. Ep 4, 13). Ils nous appellent à participer activement et joyeusement à la vie de l’Église [...]. Oui, l’Église doit grandir dans l’unité, elle doit s’affermir dans la sainteté, se rajeunir et se renouveler constamment (cf. Lumen Gentium, 4). Mais suivant quels critères ? Ceux de l’Esprit Saint ! Adressez-vous à lui, chers jeunes, et vous découvrirez la signification véritable du renouvellement.

6. Une “nouvelle ère“ qui renouvellerait le monde et l’Eglise

Extrait de l’Homélie prononcée au cours de la messe avec les jeunes, Sydney, hippodrome de Randwick, dimanche 20 juillet 2008

Chers amis, [...] « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous » (Ac 1, 8). Ces paroles du Seigneur ressuscité ont une signification particulière pour les jeunes qui seront confirmés, marqués par le don de l’Esprit Saint, au cours de cette Messe. Mais ces paroles sont aussi adressées à chacun d’entre nous, à tous ceux qui ont reçu de l’Esprit le don de la réconciliation et de la vie nouvelle au Baptême, qui l’ont accueilli dans leurs cœurs comme leur soutien et leur guide à la Confirmation et qui, chaque jour, grandissent dans ses dons de grâce par la Sainte Eucharistie. En effet, à chaque Messe, l’Esprit Saint, invoqué par la prière solennelle de l’Église, descend de nouveau non seulement pour transformer nos offrandes, le pain et le vin, dans le Corps et le Sang du Seigneur, mais aussi pour transformer nos vies, pour faire de nous, par sa puissance, « un seul corps et un seul esprit dans le Christ ».

Mais quel est donc ce « pouvoir » de l’Esprit Saint ? C’est le pouvoir de la vie Dieu ! C’est le pouvoir de l’Esprit lui-même qui se répandit sur les eaux à l’aube de la création et qui, dans la plénitude des temps, releva Jésus de la mort. C’est le pouvoir qui nous conduit nous et le monde vers l’avènement du Royaume de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus annonce qu’une nouvelle ère a commencé, dans laquelle l’Esprit Saint sera répandu sur l’humanité entière (cf. Lc 4, 21). Jésus lui-même, conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie, est venu parmi nous pour nous donner cet Esprit. Comme source de notre vie nouvelle dans le Christ, l’Esprit Saint est aussi, d’une manière très réelle, l’âme de l’Église, l’amour qui nous lie au Seigneur et entre nous et la lumière qui ouvre nos yeux pour voir les merveilles de la grâce de Dieu autour de nous. [...]

Cette force, la grâce le l’Esprit, n’est pas quelque chose que nous pouvons mériter ou acquérir, mais nous pouvons seulement la recevoir comme un don. L’amour de Dieu peut répandre sa puissance uniquement quand nous lui permettons de nous transformer intérieurement. Nous devons lui permettre de traverser dans la dure carapace de notre indifférence, de notre lassitude spirituelle, de notre conformisme aveugle à l’esprit de notre temps. Alors seulement nous pouvons lui permettre d’enflammer notre imagination et de façonner nos désirs les plus profonds. Voilà pourquoi la prière est si importante : la prière quotidienne, la prière personnelle, dans le silence de notre cœur et devant le Saint Sacrement ainsi que la prière liturgique en Église. Elle est réceptivité pure de la grâce de Dieu, amour en acte, communion avec l’Esprit qui demeure en nous et nous conduit, à travers Jésus, dans l’Église, à notre Père céleste. Par la puissance de son Esprit, Jésus est toujours présent en nous, attendant tranquillement que nous nous mettions en silence à côté de Lui pour écouter sa voix, demeurer dans son amour et recevoir la « force qui vient d’en-haut », force qui nous rend capables d’être sel et lumière pour notre monde. [...]

La puissance de l’Esprit Saint ne nous éclaire ni ne nous console seulement. Elle nous oriente aussi vers l’avenir, vers l’avènement du Royaume de Dieu. Quelle magnifique vision d’une humanité rachetée et renouvelée entrevoyons-nous dans la nouvelle ère promise par l’Évangile d’aujourd’hui ! Saint Luc nous dit que Jésus Christ est la réalisation de toutes les promesses de Dieu, le Messie qui possède en plénitude l’Esprit Saint pour le communiquer à l’humanité tout entière. L’effusion de l’Esprit du Christ sur l’humanité est un gage d’espérance et de libération vis-à-vis de tout ce qui nous appauvrit. Elle redonne la vue à l’aveugle, elle libère les opprimés, et crée l’unité dans et à travers la diversité (cf. Lc 4, 18-19 ; Is 61, 1-2). Cette force peut créer un monde nouveau : elle peut « renouveler la face de la terre » (cf. Ps 104, 30) !

Fortifiée par l’Esprit et s’inspirant d’une riche vision de foi, une nouvelle génération de chrétiens est appelée à contribuer à l’édification d’un monde où la vie est accueillie, respectée et aimée, non rejetée ou ressentie comme une menace et par conséquent détruite. Une nouvelle ère où l’amour n’est pas avide et égoïste, mais pur, fidèle et sincèrement libre, ouvert aux autres, respectueux de leur dignité, cherchant leur bien et rayonnant la joie et la beauté. Une nouvelle ère où l’espérance nous libère de la superficialité, de l’apathie et de l’égoïsme qui mortifient nos âmes et enveniment les relations humaines. Chers jeunes amis, le Seigneur vous demande d’être des prophètes de cette nouvelle ère, des messagers de son amour, capables d’attirer les personnes au Père et de bâtir un avenir plein d’espérance pour toute l’humanité.

Le monde a besoin de ce renouvellement ! Dans nombre de nos sociétés, à côté de la prospérité matérielle, le désert spirituel s’étend : un vide intérieur, une crainte indéfinissable, un sentiment caché de désespoir. Combien de nos contemporains se sont creusés des citernes fissurées et vides (cf. Jr 2, 13) en cherchant désespérément le sens, la signification ultime que seul l’amour peut donner ? C’est là le don immense et libérateur que l’Évangile apporte : il nous révèle notre dignité d’hommes et de femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il nous révèle la sublime vocation de l’humanité qui est de trouver sa propre plénitude dans l’amour. Il renferme la vérité sur l’homme, la vérité sur la vie.

L’Église a aussi besoin de ce renouvellement ! Elle a besoin de votre foi, de votre idéalisme et de votre générosité, afin d’être toujours jeune dans l’Esprit (cf. Lumen Gentium, 4). Dans la deuxième Lecture d’aujourd’hui, l’Apôtre Paul nous rappelle que chaque chrétien a reçu un don qui doit être utilisé pour l’édification du Corps du Christ.

7. Ce “oui“ qui change l’histoire

Extrait de l’Angélus qui a suivi la messe avec les jeunes, Sydney, Hippodrome de Randwick, dimanche 20 juillet 2008

Chers jeunes, [...] dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu. L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son « oui ».

Dans les fables, les récits s’achèvent ainsi : et tous « vécurent alors heureux et contents ». Dans la vie réelle, ce n’est pas aussi facile. Marie dut faire face à de nombreuses difficultés pour affronter les conséquences de ce « oui » dit au Seigneur. Syméon prophétisa qu’une épée lui transpercerait le cœur. Lorsque Jésus eut douze ans, elle connut les pires cauchemars que tout parent éprouve quand, pendant trois jours, elle dut affronter la disparition de son Fils. Et après l’activité publique de Jésus, elle souffrit l’agonie, étant présente à sa crucifixion et à sa mort. Dans ses différentes épreuves, elle resta toujours fidèle à sa promesse, soutenue par l’Esprit de force. Et elle en fut récompensée par la gloire.

Chers jeunes, nous aussi nous devons rester fidèles au « oui » par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite. Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous avons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la « proposition » du Seigneur en notre nom. [...] Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers.
 

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Sources : La chiesa.it

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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 22.07.2008 - JMJ

 

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