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19 Avril 2005
 

Le cardinal Ouellet nous conte le pape Benoît XVI

 

Le 21 janvier 2008 - (E.S.M.) - Le cardinal Ouellet nous précise que le pape Benoît XVI, est un homme humble de l’Église, maintenant exposé à tous, doué d’une grande sensibilité artistique et d’une courtoisie exquise, tout en possédant une intelligence extraordinaire et une forte capacité de discernement intellectuel et spirituel.

Mgr Marc Ouellet a été élevé au rang de cardinal par le pape Jean-Paul II, à l'âge de 59 ans.

Le cardinal Ouellet nous conte le pape Benoît XVI

Première partie : Benoît XVI : pasteur, collègue et ami : (ici)

(deuxième partie)

À un autre niveau d’implication, j’ai pu collaborer avec lui dans la fondation d’une association dont le but était de promouvoir la spiritualité et la théologie de Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et Adrienne von Speyr. Avec quelques amis qui travaillaient ensemble sous son patronage personnel, nous avons ouvert à Rome en 1990 une maison de discernement et de formation pour jeunes hommes intéressés à la prêtrise et la vie religieuse. Très conscient que l’héritage de Balthasar était précieux, le cardinal Ratzinger appuya l’initiative et se fit un devoir de visiter la Casa Balthasar presque chaque année, lors de l’Assemblée générale des associés. Nous avons beaucoup aimé partager avec lui les trouvailles et les problèmes de nos étudiants. Nos meilleurs souvenirs ont trait aux périodes de questions soulevées par les étudiants; il y répondait chaque fois avec grand soin pour leur plus grand profit. Là comme en plusieurs autres occasions, j’ai admiré sa capacité d’adaptation à son auditoire; il parlait toujours avec clarté et simplicité.

À cet égard, je me rappelle très vivement sa conversation avec les enfants sur la Place Saint-Pierre, en octobre 2005, durant le Synode sur l’Eucharistie. C’était un énorme rassemblement d’environ 100 000 jeunes qui avaient célébré leur première communion durant l’Année eucharistique. Pendant 25 minutes, le pape Benoît a accueilli leurs questions concernant la Sainte Eucharistie et répondu sans aucune note. Une fois de plus, j’ai pu apprécier son talent extraordinaire pour la catéchèse et le dialogue. Comme je me tenais près de lui avec un cardinal qui n’avait probablement pas voté pour lui au Conclave, je me souviens d’avoir entendu ce dernier y aller, avec stupeur et émerveillement, d’une déclaration éloquente: « c’est l’homme de la situation à la bonne place! ». Je rêve de réaliser un jour la même expérience avec les jeunes de mon diocèse qui se préparent au Congrès eucharistique international de 2008 à Québec.

Avant d’aller plus loin, en me rappelant mon expérience du ministère du pape Benoît, je voudrais mentionner nos contacts dans le domaine du dialogue oecuménique. Comme j’étais désigné secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité chrétienne, une controverse se continuait à Rome entre le cardinal Walter Kasper et le cardinal Joseph Ratzinger sur l’ecclésiologie, plus précisément sur la relation et la priorité entre l’Église universelle et les églises locales. Je me suis trouvé coincé, pour parler ainsi, entre deux grands théologiens pour lesquels j’avais beaucoup d’estime et de respect. Je me souviens alors que je présidais l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour l’unité, où le cardinal Ratzinger et le cardinal Kasper discutaient de nouveau à ce sujet, qu’ils étaient unanimes sur l’interprétation de la célèbre subsistit in d’une Église unique dans l’Église catholique. Le premier félicita alors le second pour avoir rédigé à nouveau plus positivement ce que l’Église catholique a en commun avec les autres Églises et les communautés locales, sans en arriver à la pleine unité dans tous les moyens de salut.

Je me souviens de cet événement comme d’un moment de dialogue authentique avec la Curie, qui a même conduit à une meilleure collaboration entre la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Conseil pour l’unité chrétienne, entre lesquels avaient émergé des tensions à la suite du document Dominus Jesus, publié en l’an 2000. Après l’échec de la Conférence de Baltimore entre l’Orthodoxie et l’Église catholique la même année et la création de quatre diocèses catholiques en Russie en 2002, la relation entre les deux Églises est passée, vous le savez probablement, par une phase de refroidissement. Aucune rencontre officielle n’a eu lieu, aucune visite de Jean-Paul II n’a été possible en Russie, aucune réponse cordiale n’a été apportée aux gestes catholiques comme l’envoi de reliques ou de l’icône de Notre- Dame-de-Kazan, conservée pendant des années dans la chapelle du Pape qui rêvait de l’apporter lui-même à Moscou. Benoît XVI réaffirma rapidement son intention de poursuivre l’initiative œcuménique de l’Église catholique dans le sillage de Vatican II et il réussit en quelques mois à restaurer le dialogue officiel avec l’Orthodoxie. Nous lui sommes infiniment redevables; nos efforts pour de meilleures relations ont ainsi été récompensés. Je crois d’ailleurs que dans le futur, des progrès signifiants sont devenus possibles.

Mon expérience avec le cardinal Ratzinger, comme collègue, m’a permis de reconnaître en lui une personne de grande sagesse. Celle-ci se manifestait toujours par son ouverture et une grande écoute, par sa capacité de résumer et de reformuler les enjeux et sa prudence à tirer une conclusion quand il sentait qu’une question n’était pas assez mûrie pour être finalisée. Je me rappelle de quelques ébauches précédentes de l’encyclique Ecclesia De Eucharistia (Jean-Paul II), publiée en 2003 dans sa forme finale. Pour éviter de tomber dans une approche trop juridique, il a réussi à atteindre un consensus sur l’aspect doctrinal de l’Eucharistie dans l’encyclique, réservant par ailleurs les aspects disciplinaires pour un document séparé : Redemptionis Sacramentum. Cette sage décision a permis une meilleure réception de l’Encyclique, sans renoncer à corriger certaines distorsions et des abus liturgiques.

La Journée mondiale de la jeunesse (JMJ) à Cologne fut probablement l’apex, le point culminant, du défi de Benoît XVI pour sa première année de ministère pontifical. Je savais les attentes de l’Archevêque de Cologne, le cardinal Meisner, avec qui j’avais conversé à plusieurs reprises avant le Conclave. Il faisait face à cet événement avec une appréhension bien compréhensible après le décès de Jean-Paul II. Après l’élection de Joseph Ratzinger, je revois Mgr Meisner marchant en procession pour saluer son ami, désormais le pape Benoît XVI, et revenant à sa place tout en pleurs devant cet extraordinaire revirement de situation. Pour l’Allemagne, l’élection de Joseph Ratzinger signifiait non seulement une grande nouvelle pour la jeunesse et particulièrement la Journée mondiale de la jeunesse, mais pour le dire carrément en un mot, il signifiait la rédemption du pays, la fin de l’ère de tristesse d’après la Seconde guerre mondiale. Ce choix inaugurait pour elle un horizon d’espérance et de renouvellement spirituel.

Le voyage du Pape fut un succès extraordinaire, malgré quelques difficultés dans l’organisation locale. Comme je l’avais prévu, Benoît XVI passa le test avec succès auprès des jeunes; il leur parlait avec des mots de foi et d’amour très clairs et inspirants. On l’écoutait attentivement et on le saluait avec enthousiasme. Je n’oublierai jamais le panorama de Marienfeld du samedi soir, avec un million de jeunes tenant haut leurs chandelles en célébrant leur foi au Christ ressuscité. À la fin de la soirée, le pape Benoît clôtura la célébration avec la bénédiction eucharistique en silence et sortit rapidement de l’estrade. J’ai entendu un cardinal italien dire: « Il aurait dû ajouter quelque chose de personnel pour aider ces jeunes à passer la nuit! » Mais plusieurs autres disaient: « Quelle clôture appropriée! » Aucun autre commentaire pour distraire l’homme du principal but de notre rassemblement, à savoir Jésus-Christ, dont nous adorons la divine présence dans le Saint Sacrement et les pas duquel nous sommes appelés à suivre dans la foi et l’amour. En faisant ainsi, le pape Benoît annonçait son propre style, plus discret et plus réservé, mais très conscient que la papauté ou le ministère papal est là pour témoigner de Jésus-Christ, en évitant les tentations d’autoglorification ou d’ecclésiocentrisme. Le pape Jean-Paul II, quoique doué d’autres talents, était aussi très clair à ce sujet: il faut avant tout témoigner ainsi du Christ.

La visite du Pape en Allemagne a ému plusieurs personnes, par sa manière simple et cordiale de s’approcher des gens. Je me rappelle comment les Juifs furent touchés à la synagogue de Cologne, après avoir entendu son allocution, et avec quelle chaleur ils lui donnaient la main; ou encore l’enthousiasme du leader des Luthériens, après ma rencontre avec lui, en partageant nos pensées sur les futures orientations du dialogue oecuménique. Un des moments les plus marquants à mes yeux fut la célébration des Vêpres avec un groupe de plus de 5000 séminaristes ; on m’y a demandé de livrer un bref témoignage sur ma propre vocation, en présence du Saint-Père. Pendant que je le saluais, immédiatement après mon intervention de cinq minutes, je fus frappé de le voir si ému par quelques détails de mon histoire personnelle, mais il était heureux de souligner en quelques mots ce qu’il ne savait pas. Ceci est bien plus que la simple courtoisie d’un ami, c’est le signe de son sens authentique de la paternité spirituelle.

Le pape Benoît n’est pas du tout un intellectuel distant, comme l’ont parfois dépeint les médias, totalement concerné par l’orthodoxie académique. Il n’a jamais été une telle personne. Il est un homme humble de l’Église, maintenant exposé à tous, doué d’une grande sensibilité artistique et d’une courtoisie exquise, tout en possédant une intelligence extraordinaire et une forte capacité de discernement intellectuel et spirituel. Nous avons eu une démonstration extraordinaire de son talent et de ses compétences au dernier Synode , lors de l’ouverture de la première session, à travers notamment la belle méditation personnelle qu’il nous a partagée. Quelques jours plus tard, à la fin d'une session d'après-midi, il improvisa une allocution théologique de quinze minutes qui se révéla un chef d’oeuvre de sagesse et de leadership. (Homélie lors de l'ouverture du Synode)

Sa première encyclique suit la même inspiration, nous appelant à approfondir l’essence de notre foi chrétienne, en légitimant d’une manière nouvelle et fructueuse l’activité charitable de l’Église. Dieu est Amour et nous sommes la communauté d’amour mandatée par Lui, avec la mission d’annoncer concrètement la Bonne Nouvelle aux nations. Je remercie Dieu chaque jour pour le don de ce pape Benoît XVI, qui est certainement l’homme de l’heure, à ce moment de la vie de l’Église et du monde. Je me sens appelé à marcher avec lui, non seulement pour être un ami, mais en premier lieu choisi par le Christ pour témoigner de la Vérité et de la Vie. Je pense que nous sommes bénis de Dieu à travers le don de ce successeur de Pierre, qui pourra heureusement relever le défi de suivre Jean-Paul II, le Grand. Puissions-nous accueillir et comprendre ce qu’il dit pour notre propre édification, puisque nous avons grand besoin de sa sagesse pour être confirmés dans notre foi et nourris dans notre recherche de bonheur, d’unité et de paix.

Marc Cardinal Ouellet
Archevêque de Québec

Table : Québec 2008
 

Sources: www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 21.01.2008 - BENOÎT XVI - T/Église

 

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