Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

LÉON XIV

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Benoît XVI disciple de Jésus

 

ROME, le 20 Mai 2007 - (E.S.M.) - Nous poursuivons notre recherche d'articles éclairés sur le livre du pape Benoît XVI qui sortira en librairie, en français, le jeudi 24 mai. Nous vous en proposons deux supplémentaires.

Le rabbin Jacob Neusner

Benoît XVI et le rabbin, au coeur du dialogue entre le christianisme et le judaïsme

(Patrice de Plunkett)

Avec simplicité et clarté, le livre de Benoît XVI prend un à un les préjugés de l’air du temps et montre leur absence de fondement. Par exemple l’idée (ressassée par les médias) selon laquelle la foi chrétienne a été inventée par des goyim qui ne connaissaient rien au judaïsme ; et que, par conséquent, il n’y a pas de dialogue théologique possible entre les chrétiens (croyants) et les juifs (croyants) d’aujourd’hui. Dans son chapitre 4, le livre Jésus de Nazareth montre le contraire.

Il s’appuie sur l’ouvrage remarquable A rabbi talks with Jesus*, dans lequel le rabbin Jacob Neusner s’approche au plus près de Jésus dans les évangiles. Le rabbin explique : a) qu’il ne peut adhérer à la personne et à la pensée de Jésus, b) parce que cette personne et cette pensée, quoique intrinsèquement juives, le sont d’une façon qui met en question la communauté d’Israël.

Neusner et Benoît XVI apportent un enrichissement passionnant à la question du « procès à Jésus » fait par les chefs religieux de Jérusalem au Ier siècle. On comprend l’immense gravité de ce que ces chefs reprochent à Jésus sur le plan théologique : le condamner est légitime à leurs yeux, puisqu’il n'a cessé de parler comme s’il était Dieu ! En fins connaisseurs de la religion juive antique, le rabbin et le pape montrent que ce message (qui révolte les chefs religieux) est constamment sous-entendu par les propos les plus simples de Jésus dans les évangiles.

Donc :

1. Le « Jésus de l’histoire » et le « Christ des chrétiens » sont bien une seule et même personne. Ceux qui disent le contraire ne le font qu’en écartant les paroles de Jésus : ce qui revient à écarter le matériel de l’enquête. Leur démarche se discrédite elle-même.

2. Ce qui unit les juifs religieux et les croyants chrétiens est tellement crucial que c’est aussi ce qui les divise ! Jésus dans les évangiles se présente comme étant en personne la nouvelle Torah. Et comme étant lui-même le chabbat : raison pour laquelle le dimanche de sa résurrection deviendra pour les chrétiens le nouveau « Jour du Seigneur »** (chose dont Fabrice Hadjadj a exposé les résonances essentielles dans son intervention à Notre-Dame d’Auteuil, le 13 mai***). Mais le chabbat est un pilier du judaïsme, et celui-ci a rejeté l’évolution qu’apportait Jésus.

Entre juifs et chrétiens, la question théologique ne peut donc être esquivée (comme on essaie de le faire un peu partout aujourd’hui au nom du « dialogue » ; un dialogue qui n'aborderait pas l'essentiel). Le dialogue ne peut se faire que dans la vérité des deux côtés. Les chrétiens qui veulent dialoguer doivent assumer pleinement leur Credo, sinon ils ne parleront pas d'une chose cruciale : ce qui unit/divise la foi chrétienne et le judaïsme.
P P

notes:
(*) Montréal, 2000.

(**) D’où la p. 134 de Jésus de Nazareth, où Benoît XVI qualifie d’ « inquiétant » le fait que des catholiques d’aujourd’hui veuillent « écarter la fonction sociale du dimanche ». J’ai connu des catho de droite partisans de l’ouverture de tous les commerces le dimanche ; ces gens-là ne voyaient que « les intérêts de l'entreprise bafoués par le socialo-communisme ». Ils ne se rendaient pas compte qu’en parlant ainsi, ils rejetaient les deux Testaments.

(***) L’autre intervenant était le P. Hennique (ND de Paris et pastorale diocésaine). J’avais l’honneur d’animer le débat.


Le second émane du Journal La Croix de ce jour.

Benoît XVI disciple de Jésus

«Heureux les pauvres...»

Un important chapitre du livre est consacré au «Sermon sur la montagne », et particulièrement aux Béatitudes annoncées dans ce cadre par Jésus.

"Voyons maintenant de plus près les différents maillons de la chaîne des Béatitudes. Il y a tout d'abord l'expression énigmatique sur laquelle on s'est tant interrogé: 'les pauvres de cœur' ". (...)

Un grand nombre de psaumes expriment la piété des pauvres, qui s'est approfondie; ils se reconnaissent comme le véritable Israël. Dans la piété que manifestent ces psaumes, dans leur profond attachement à la bonté de Dieu, dans la bonté et l'humilité humaines qui ont ainsi été forgés, dans l'attente vigilante de l'amour salvifique de Dieu, s'est développée l'ouverture du cœur qui a ouvert toutes grandes les portes au Christ. Marie et Joseph, Syméon et Anne, Zacharie et Elisabeth, les bergers de Bethléem, les Douze que le Seigneur a appelés pour constituer le premier cercle des disciples, tous appartiennent à des milieux qui se distinguent des pharisiens et des sadducéens, mais aussi de la communauté de Qumrân, malgré une certaine proximité spirituelle. C'est en eux que commence le Nouveau Testament, qui se sait en union totale avec la foi d'Israël qui mûrit en vue d'une pureté toujours plus grande.

Ce sont eux aussi qui ont mûri en silence cette attitude devant Dieu que Paul développera dans sa théologie de la justification. Devant Dieu, ces hommes ne se glorifient pas de leurs actes. Devant Dieu, ils ne prétendent pas être une sorte de partenaire commercial égal en droits, qui exige d'être rétribué à hauteur de ses actes. Ces hommes savent qu'intérieurement aussi, ils sont pauvres, qu'ils aiment tout en recevant simplement ce que Dieu leur donne, et c'est précisément en cela qu'ils vivent en accord intime avec l'Être et la Parole de Dieu. Quand sainte Thérèse de Lisieux disait qu'un jour elle paraîtrait devant Dieu les mains vides et qu'elle les lui tendrait ouvertes, elle décrivait l'esprit de ces pauvres de Dieu: ils arrivent les mains vides, ces mains-là n'agrippent pas, ne retiennent pas, elles s'ouvrent et donnent, prêtes à s'abandonner à la bonté de Dieu qui donne.

« La pauvreté dont il est question ici n'est jamais d'ordre strictement matériel. »

Dans ces conditions, il n'y a pas d'opposition entre Matthieu qui parle des pauvres de cœur et Luc chez qui le Seigneur s'adresse simplement aux "pauvres". On a dit qu'à l'origine Luc entendait la pauvreté au sens tout à fait matériel et concret tandis que Matthieu avait spiritualisé ce concept, le dépouillant ainsi de son caractère radical. Quiconque lit l'Évangile de Luc sait parfaitement qu'il nous présente bien les "pauvres de cœur" ! en quelque sorte le groupe sociologique qui a constitué le point de départ de l'itinéraire terrestre et du message de Jésus. Et il est clair, à l'inverse, que Matthieu se situe encore dans la tradition de la piété des psaumes et donc dans la vision du véritable Israël dont les psaumes étaient l'expression.

La pauvreté dont il est question ici n'est jamais d'ordre strictement matériel. La pauvreté purement matérielle ne sauve pas, même s'il est certain que les défavorisés de ce monde peuvent tout particulièrement compter sur la bonté divine. Mais le cœur de ceux qui ne possèdent rien peut être endurci, vicié, mauvais, intérieurement possédé par l’envie de posséder, oublieux de Dieu et avide de s’approprier le bien d’autrui.

D’autre part, la pauvreté dont il est question n’est pas non plus une attitude purement spirituelle. Certes, l’attitude radicale qui nous a été et qui nous est encore donnée en exemple dans la vie de tant de chrétiens authentiques, depuis Antoine, le père des moines, jusqu’à François d’Assise et les pauvres exemplaires de notre siècle, n’est pas une mission assignée à tous.

Mais pour être la communauté des pauvres de Jésus, l’Église a sans cesse besoin des grandes figures du renoncement ; elle a besoin des communautés qui les suivent, qui vivent la pauvreté et la simplicité, et qui nous montrent par là la vérité des Béatitudes, afin de tous nous secouer et nous réveiller, pour comprendre que posséder des biens, c’est simplement servir, pour s’opposer à la culture de l’avoir par une culture de la liberté intérieure, et pour créer ainsi les conditions de la justice sociale.

Le Sermon sur la montagne en tant que tel n’est pas, il est vrai, un programme social. Mais la justice sociale ne peut croître que là où la grande orientation qu’il nous donne reste vive dans nos convictions et dans notre façon d’agir, là où la foi procure la force de se déposséder soi-même et de se sentir responsable de son prochain comme de la société.

Et l’Église tout entière doit rester consciente du fait qu’elle doit être reconnaissable aux yeux de tous comme la communauté des pauvres de Dieu. Tout comme l’Ancien Testament s’est ouvert au renouveau apporté par la Nouvelle Alliance à partir des pauvres de Dieu, tout renouveau de l’Église ne peut venir que de ceux chez qui sont vivantes une humilité résolue et une bonté toujours prête à servir autrui. » (p. 96-99)

"Ne nous soumets pas à la tentation"

Autre chapitre déterminant, celui où le pape commente le Notre Père, avec notamment l'avant-dernière demande de cette "prière du Seigneur"

«La formulation de cette demande semble choquante aux yeux de beaucoup de gens. Dieu ne nous soumet quand même pas à la tentation. Saint Jacques nous dit en effet : “Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ‘Ma tentation vient de Dieu.’ Dieu en effet ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne(Jc 1, 13).

Nous pourrons avancer d’un pas si nous nous rappelons le mot de l’Évangile : “Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon (Mt 4, 1). La tentation vient du diable, mais la mission messianique de Jésus exige qu’il surmonte les grandes tentations qui ont conduit et qui conduisent encore l’humanité loin de Dieu.

Il doit, nous l’avons vu, faire lui-même l’expérience de ces tentations jusqu’à la mort sur la croix et ainsi ouvrir pour nous le chemin du salut. Ce n’est pas seulement après la mort, mais en elle et durant toute sa vie, qu’il doit d’une certaine façon “descendre aux enfers”, dans le lieu de nos tentations et de nos défaites, pour nous prendre par la main et nous tirer vers le haut.

La Lettre aux Hébreux a particulièrement insisté sur cet aspect en y voyant une étape essentielle du chemin de Jésus : “Ayant souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l’épreuve(He 2, 18). “En effet, le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché(He 4, 15).

Un regard sur le Livre de Job, où se dessine déjà à maints égards le mystère du Christ, peut nous aider à y voir plus clair. Satan se moque des hommes pour ainsi se moquer de Dieu. La créature que Dieu a faite à son image est une créature misérable. Tout ce qui semble bon en elle n’est que façade. En réalité, l’homme, c’est-à-dire chacun de nous, ne se soucie toujours que de son bien-être. Tel est le diagnostic de Satan que l’Apocalypse désigne comme “l’accusateur de nos frères”, “lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu(Ap 12, 10). Blasphémer l’homme et la créature revient en dernière instance à blasphémer Dieu et à justifier le refus de lui.

Satan se sert de Job, le juste, afin de prouver sa thèse : si on lui prend tout, il va rapidement laisser tomber aussi sa piété. Ainsi, Dieu laisse Satan libre de procéder à cette expérimentation, mais, certes, dans des limites bien définies. Dieu ne laisse pas tomber l’homme, mais il permet qu’il soit mis à l’épreuve. Très discrètement, implicitement, apparaît ici déjà le mystère de la satisfaction vicaire qui prendra toute son ampleur en Isaïe 53.

Les souffrances de Job servent à la justification de l’homme. À travers sa foi éprouvée par les souffrances, il rétablit l’honneur de l’homme. Ainsi, les souffrances de Job sont par avance des souffrances en communion avec le Christ, qui rétablit notre honneur à tous devant Dieu et qui nous montre le chemin, nous permettant, dans l’obscurité la plus profonde, de ne pas perdre la foi en Dieu.

"Le Livre de Job peut aussi nous aider à distinguer entre mise à l’épreuve et tentation".

Le Livre de Job peut aussi nous aider à distinguer entre mise à l’épreuve et tentation. Pour mûrir, pour passer vraiment de plus en plus d’une piété superficielle à une profonde union avec la volonté de Dieu, l’homme a besoin d’être mis à l’épreuve. Tout comme le jus du raisin doit fermenter pour devenir du bon vin, l’homme a besoin de purifications, de transformations, dangereuses pour lui, où il peut chuter, mais qui sont pourtant les chemins indispensables pour se rejoindre lui-même et pour rejoindre Dieu.

L’amour est toujours un processus de purifications, de renoncements, de transformations douloureuses de nous-mêmes, et ainsi le chemin de la maturation. Si François Xavier a pu dire en prière à Dieu : “Je t’aime, non pas parce que tu as à donner le paradis ou l’enfer, mais simplement parce que tu es celui que tu es, mon Roi et mon Dieu”, il fallait certainement un long chemin de purifications intérieures pour arriver à cette ultime liberté – un chemin de maturation où la tentation et le danger de la chute guettaient – et pourtant un chemin nécessaire.

Dès lors, nous pouvons interpréter la sixième demande du Notre Père de façon un peu plus concrète. Par elle, nous disons à Dieu : “Je sais que j’ai besoin d’épreuves, afin que ma nature se purifie. Si tu décides de me soumettre à ces épreuves, si – comme pour Job – tu laisses un peu d’espace au mal, alors je t’en prie, n’oublie pas que ma force est limitée. Ne me crois pas capable de trop de choses. Ne trace pas trop larges les limites dans lesquelles je peux être tenté, et sois proche de moi avec ta main protectrice, lorsque l’épreuve devient trop dure pour moi.” C’est dans ce sens que saint Cyprien a interprété la demande. Il dit : “Lorsque nous demandons ‘Ne nous soumets pas à la tentation’, nous exprimons notre conscience que l’ennemi ne peut rien contre nous, si Dieu ne l’a pas d’abord permis. Ainsi nous devons mettre entre les mains de Dieu nos craintes, nos espérances, nos résolutions, puisque le démon ne peut nous tenter qu’autant que Dieu lui en donne le pouvoir.

En prenant la mesure de la forme psychologique de la tentation, il développe deux raisons différentes pour lesquelles Dieu accorde un pouvoir limité au mal. Tout d’abord pour nous punir de nos fautes, pour tempérer notre orgueil, afin que nous redécouvrions la pauvreté de notre foi, de notre espérance et de notre amour, et pour nous empêcher de nous imaginer que nous pourrions être grands par nos propres moyens. Pensons au pharisien qui parlait à Dieu de ses propres œuvres et qui croyait pouvoir se passer de la grâce.

Malheureusement, Cyprien ne développe pas plus longuement ce que signifie l’autre forme d’épreuve, la tentation que Dieu nous impose “ad gloriam”, pour sa gloire. Mais ne devrions-nous pas considérer ici que Dieu a imposé une charge particulièrement lourde de tentations aux personnes qui lui sont les plus proches, aux grands saints, à commencer par Antoine dans le désert jusqu’à Thérèse de Lisieux dans l’univers pieux de son carmel ?

Ils se tiennent en quelque sorte dans l’imitation de Job, comme une apologie de l’homme qui est en même temps une défense de Dieu. Plus encore, ils se tiennent d’une façon toute spéciale dans la communion avec Jésus-Christ, qui a vécu nos tentations dans la souffrance. Ils sont appelés à surmonter, pour ainsi dire, dans leur corps, dans leur âme, les tentations d’une époque, de les porter pour nous, les âmes ordinaires, jusqu’au bout et de nous aider à aller vers celui qui a pris sur lui notre fardeau à tous.

Lorsque nous disons la sixième demande du Notre Père, nous devons nous montrer prêts à prendre sur nous le fardeau de l’épreuve, qui est à la mesure de nos forces. D’autre part, nous demandons aussi que Dieu ne nous impose pas plus que nous ne pouvons supporter, qu’il ne nous laisse pas sortir de ses mains.

Nous formulons cette demande dans la certitude confiante, pour laquelle saint Paul nous a dit : “Et Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de ce qui est possible pour vous. Mais, avec l’épreuve, il vous donnera le moyen d’en sortir et la possibilité de la supporter (1 Co 10, 13). » (p. 184-188)


Jésus selon saint Jean

Le quatrième évangile fait l'objet d'une attention privilégiée de Joseph Ratzinger /Benoît XVI, qui y discerne un portrait spécifique du Christ.

«A travers ces passages, l’évangéliste nous fournit lui-même les indices déterminants quant à la composition de son évangile et quant à la vision dont il est issu. Il repose sur le souvenir du disciple qui est alors un “se souvenir ensemble” dans le “nous” communautaire de l’Église. Ce souvenir est une compréhension guidée par le Saint-Esprit.

En se souvenant, le croyant entre dans la dimension profonde de ce qui est advenu et il voit ce qui tout d’abord n’était pas visible de l’extérieur. Mais par là, il ne s’éloigne pas de la réalité, il la comprend plus profondément et il voit ainsi la vérité qui se cache dans le fait. Dans le souvenir de l’Église, advient ce que le Seigneur avait prédit aux siens au Cénacle : “Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière(Jn 16, 13).

Ce que Jean dit dans son Évangile concernant le fait de se souvenir, qui devient compréhension et chemin vers “la vérité tout entière”, est très proche de ce que Luc rapporte à propos du souvenir de la mère de Jésus. En trois points du récit de l’enfance, Luc nous décrit le déroulement du “souvenir”. Tout d’abord dans le récit de l’Annonciation, par l’archange Gabriel, de la conception de Jésus, Luc nous dit que Marie fut très troublée par la salutation et qu’elle engagea un “dialogue” intérieur, se demandant ce que cela pouvait signifier.

Les passages les plus importants se trouvent dans le récit sur l’adoration des bergers, où l’évangéliste nous dit : “Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur (Lc 2, 19). À la fin du récit sur Jésus à l’âge de 12 ans, on lit encore : “Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements(Lc 2, 51). La mémoire de Marie retient d’abord les événements dans le souvenir, mais elle est plus que cela. Elle est une fréquentation intérieure de l’événement. Ainsi, elle pénètre dans la dimension intérieure en voyant les choses dans leur contexte et en apprenant à les comprendre.

C’est justement sur ce type de “souvenir” que repose l’Évangile de Jean qui approfondit plus encore la notion de mémoire en tant que mémoire du “nous” des disciples, mémoire de l’Église. Ce souvenir n’est pas seulement un processus psychologique ou intellectuel, c’est un événement pneumatique. Le souvenir de l’Église n’est justement pas quelque chose d’uniquement privé, il transcende la sphère de l’intelligence et du savoir humains. On est guidé par le Saint-Esprit qui nous montre le contexte de l’Écriture, le lien entre la Parole et la réalité, nous conduisant dans “la vérité tout entière”.

Au fond, on trouve ici aussi des énoncés essentiels concernant la notion d’inspiration. L’Évangile provient de l’effort de remémoration humain et il présuppose la communauté de ceux qui se souviennent, dans ce cas très concrètement l’école johannique et auparavant la communauté des disciples. Mais comme l’auteur pense et écrit avec la mémoire de l’Église, le “nous” auquel il appartient est ouvert au-delà de l’individuel, il est, au plus profond, conduit par l’Esprit de Dieu qui est l’Esprit de Vérité. En ce sens, l’Évangile ouvre lui-même un chemin de compréhension, qui reste toujours lié à cette parole, mais qui peut et doit, de génération en génération, conduire toujours de nouveau dans les profondeurs de la vérité tout entière.

Cela signifie que l’Évangile de Jean, en tant qu’“Évangile pneumatique”, ne fournit certainement pas une sorte de transcription sténographique des paroles et des activités de Jésus, mais que, en vertu de la compréhension née du souvenir, il nous accompagne, au-delà de l’aspect extérieur, jusque dans la profondeur des paroles et des événements, profondeur qui vient de Dieu et qui conduit vers Dieu. L’Évangile en tant que tel est une “remémoration” de ce genre, et cela signifie qu’il s’en tient à la réalité effective, et qu’il n’est pas une épopée sur Jésus, ni une violence faite aux événements historiques.

Il nous montre plutôt réellement la personne de Jésus, comment il était et, précisément de cette manière, il nous montre Celui qui non seulement était, mais qui est ; Celui qui peut toujours dire au présent : “Je suis.” “Avant qu’Abraham ait existé, moi, JE SUIS(Jn 8, 58). L’Évangile nous montre le vrai Jésus, et nous pouvons l’utiliser en toute confiance comme source sur Jésus. »  (p. 259-261)

Ce que Jésus dit de lui-même

Ce premier tome de "Jésus de Nazareth" s'achève sur une méditation des "titres" christologiques que les Évangiles ont mis dans la bouche de Jésus

«Jetons un regard en arrière. Nous avons trouvé trois expressions dans lesquelles Jésus à la fois voile et dévoile son propre mystère : “Fils de l’homme”, “Fils”, “Je suis.” Ces trois expressions manifestent son profond enracinement dans la Parole de Dieu, la Bible d’Israël, l’Ancien Testament. Mais c’est en lui seulement que ces trois expressions prennent tout leur sens, comme si elles l’avaient pour ainsi dire attendu.

Ces trois expressions révèlent l’originalité de Jésus, sa nouveauté, sa caractéristique exclusive, à laquelle il n’y a pas de dérivé ultérieur. Aussi ces trois expressions ne sont-elles possibles que dans sa bouche. Au centre, on trouve le mot de la prière, le mot “Fils”, auquel correspond le mot de l’interpellation Abba-Père. Aucune des trois expressions ne pouvait donc devenir, en l’état, un langage de profession de foi de la “communauté”, de l’Église naissante.

L’Église naissante a placé le contenu de ces trois expressions centrées sur “le Fils” dans la locution “Fils de Dieu”, la détachant ainsi définitivement de ses origines mythologiques et politiques. Sur la base de la théologie de l’élection d’Israël elle acquiert maintenant une signification tout à fait nouvelle, qui avait été préfigurée dans les discours où Jésus parlait en tant que Fils et “Je suis”.

Il a fallu bien des processus complexes et laborieux de distinction et de lutte pour clarifier complètement cette nouvelle signification et la préserver des interprétations mythologiques et polythéistes aussi bien que politiques. Pour ce faire, le premier concile de Nicée (325) a recouru à l’adjectif “consubstantiel” (homoousios). Loin d’helléniser la foi, de la charger du poids d’une philosophie qui lui serait étrangère, ce mot a justement retenu l’incomparable nouveauté, l’incomparable différence apparue dans les dialogues de Jésus avec son Père. Dans le symbole de Nicée, l’Église ne cesse d’affirmer ce que Pierre disait à Jésus : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant(Mt 16, 16). » (p. 382-383)

Jésus de Nazareth, de Joseph Ratzinger/Benoît XVI. Tome 1 : Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration. Édition française sous la direction de Mgr François Duthel. Traduit de l'allemand par Dieter Hornig, Marie-Ange Roy et Dominique Tassel. Flammarion, 428 p., 22,50 Euros.

Repères:
Extraits de la préface du livre « Jésus de Nazareth » Joseph Ratzinger - Benoît XVI Préface du livre « Jésus de Nazareth »
L'introduction Benoît XVI nous livre un premier regard sur le secret de Jésus

Les éditions Rizzoli, chargées par la Librairie éditrice du Vatican des droits d'édition universels de l'ouvrage, précise aujourd'hui qu'il s'agit de la première des deux parties d'une œuvre retraçant la vie publique du Christ, de son baptême au Jourdain à la Transfiguration   "Jésus de Nazareth"

Les deux derniers titres:
En lisant le livre de Benoît XVI, « Jésus de Nazareth » - 17.05.07
"Jésus de Nazareth"de Benoît XVI en vente en France - 16.05.07
 

Sources:  www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 20.05.2007 - BENOÎT XVI - Eglise

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante