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Extrémistes hindous, mais pas seulement. En Inde, c’est l’État qui
persécute les chrétiens
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Le 20 avril 2023 -
E.S.M.
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Récemment,
le Pape François a reçu l’ex-évêque de Jalandhar, Franco Mulakkal, acquitté par le tribunal de
l’accusation d’avoir abusé d’une religieuse. Sans pour autant que le
Pape ne le réintègre dans le diocèse dont il l’avait déposé en 2018,
ni dans aucun autre office d’ailleurs.
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Extrémistes hindous, mais pas seulement. En Inde, c’est l’État qui persécute
les chrétiens
Le 18 avril 2023 -
E.S.M. -
Le jour de Pâques, le premier ministre indien Narendra Modi a posé
un geste inattendu. Il a visité la cathédrale catholique de New
Delhi. Accueilli par l’archevêque, il a allumé un cierge devant la
statue du Christ ressuscité, s’est entretenu avec les fidèles, a
planté un arbre dans le jardin et a appelé à « l’harmonie dans notre
société ».
Quelques jours plus tôt, Modi avait également rencontré le chef de
l’Église orthodoxe syro-malankare. Et à Pâques d’autres leaders du
Bharatiya Janata Party, le BJP, le parti hindouiste au pouvoir, ont
visité des églises du Kerala, l’État indien dans lequel les
catholiques sont les plus représentés.
Le cardinal George Alencherry, archevêque majeur des catholiques de
rite syro-malabar, a
commenté avec enthousiasme le geste de Modi. Un « bon leader »,
a-t-il déclaré, « très ouvert et accueillant ». Avec lui et son
parti, les chrétiens « n’ont aucune raison de se sentir en
insécurité ».
Mais en est-il bien ainsi ? On ne dirait pas, bien au contraire. Au
cours de cette même semaine sainte et le jour de Pâques, le diocèse
de Jhabua, dans le Madhya Pradesh, a demandé une protection
policière contre des attaques perpétrées par les extrémistes
hindous, qui ne tolèrent pas les écoles catholiques ouvertes par le
diocèse pour les enfants hors-caste et tribaux, qui seraient, selon
eux, des lieux de conversion forcée.
Dans un autre diocèse du Madhya Pradesh, celui de Jabalpur, l’évêque
Gerald Almeida a été menacé d’arrestation pour une raison analogue.
Et ce ne sont là que les derniers épisodes d’une hostilité endémique
contre les minorités religieuses menée par les franges les plus
fanatiques de l’hindouisme et du soutien qui leur est apporté par
les institutions. La président de la Commission pour les droits de
l’enfant, Priyank Kanoongo, qui s’acharne sans relâche contre les
écoles catholiques, a grandi dans le Rashtriya Swayamsevak Sangh, le
RSS, le creuset historique de l’idéologie du nationalisme hindou.
La « faute » des catholiques en Inde, pays dans lequel les
discriminations de caste, bien qu’elles soient abolies par la loi,
ont encore un poids important, est avant tout d’appartenir en grande
partie aux castes inférieures, aux hors-caste, aux groupes tribaux,
et d’œuvrer surtout pour le bien des milieux plus humbles de la
population. Même les évêques, de plus en plus souvent, sont issus de
ces milieux.
Mais ce qui a surtout déchaîné l’intolérance, ce sont les
conversions, bien qu’elles soient numériquement très limitées. Les
intégristes hindous les considèrent comme la peste et ils peuvent
compter depuis plusieurs années sur les lois « anti-conversions »,
déjà approuvées par une douzaine d’États. Ce qui est punissable, ce
sont les conversions réalisées sous la contrainte ou la tromperie,
mais en termes si vagues que ces lois permettent des accusations et
des condamnations très larges. Même les Missionnaires de la Charité,
les braves sœurs de Sainte Mère Teresa de Calcutta, ont à plusieurs
reprise fait les frais de cette loi impitoyable. Une loi qui se
montre en revanche très magnanime envers ceux qui font le chemin
inverse et qui se reconvertissent, avec même quelques avantages à la
clé.
Les chrétiens sont 27 millions en Inde, soit 2% de la population
totale d’1,4 milliards d’habitants, et un tiers d’entre eux est
catholique. Et malgré l’image pacifiste généralement associée à la
religion hindouiste, sur place les chrétiens sont également parmi
les plus persécutés au monde. Avec des violences en tous genres, des
écoles attaquées, des églises vandalisées, des villages incendiés,
que le dernier rapport
d’Aide à l’Église en détresse à quantifié à 279 cas en 2020, à 505
cas en 2021 et à 302 cas pour les sept premiers mois de 2022, donc
en augmentation constante.
Mais curieusement, on en parle très peu au sommet de l’Église. Le 30
octobre 2021, le premier ministre Modi a été reçu au Vatican par le
Pape François. Cinquante-cinq minutes d’entretien, synthétisés dans
le communiqué final en ces quelques mots laconiques : « Au cours
d’une brève conversation, on a insisté sur les rapports cordiaux
entre le Saint-Siège et l’Inde ». Modi a déclaré avoir invité le
Pape en Inde. Rien d’autre.
Il est vrai que la hiérarchie catholique en Inde connaît une période
difficile. Le 8 février dernier, le Pape François a reçu l’ex-évêque
de Jalandhar, Franco Mulakkal, acquitté par le tribunal de
l’accusation d’avoir abusé d’une religieuse. Sans pour autant que le
Pape ne le réintègre dans le diocèse dont il l’avait déposé en 2018,
ni dans aucun autre office d’ailleurs.
Un autre scandale a secoué l’été dernier le cardinal Oswald Gracias,
archevêque de Bombay et membre du conseil des neuf cardinaux qui
assiste le Pape dans le gouvernement de l’Église universelle. Lors
d’un appel téléphonique qui a filtré dans les médias, Gravias
tentait de convaincre l’évêque de Mysore, Kannikadass William
Antony, suspecté d’avoir eu des enfants de quatre maîtresses, de
réaliser un test de paternité dans un hôpital catholique, de manière
à « contrôler » les médecins et les médias, comme « indiqué par
Rome ». En réalité, le 7 janvier dernier, l’ordre est arrivé de Rome
pour l’évêque de Mysore de quitter son diocèse et de s’abstenir de
tout ministère.
En outre, il règne une forte agitation au sein de l’Église
syro-malabare, l’une des plus anciennes d’Inde, avec 5 millions de
fidèles. Des pans entiers du clergé se sont rebellés contre le
cardinal Alencherry, accusé de corruption dans la vente de terrains
de l’archidiocèse. Il y a eu des cas de suicides d’une novice et
d’un prêtre. Et surtout, le conflit frontal n’a toujours pas été
résolu entre les partisans d’une réforme « latinisante » du rituel
de la messe, approuvée par Rome, et les défenseurs de la tradition
antique.
Mais malgré tous ses défauts, l’Église syro-malabare se trouve elle
aussi dans la ligne de mire en Inde et souffre le même martyre que
tous les catholiques indiens. Et tout cela face au silence de
l’Église de Rome.
Un silence qui tombe également sur d’autres persécutions de
catholiques, dans d’autres pays. Comme en Chine. Comme au Nicaragua.
Dans ces cas-là, la justification donnée est politique : il n’est
pas opportun de contester publiquement le pouvoir en place, au
risque d’empirer les choses.
Mais qu’en est-il en Inde que l’on définit comme étant « la plus
grande démocratie du monde » ? Le discours officiel attribue les
persécutions à des groupes de fanatiques. Mais la réalité n’est pas
celle-là. C’est également le fait de lois et de jugements. Il y a en
Inde une multitude de magistrats, d’administrateurs, de gouvernants,
d’avocats et d’associations qui font partie intégrante de cette
oppression des religions « étrangères ». Et cela remonte jusqu’au
parti nationaliste BJP et au premier ministre, qui compte bien
remporter à nouveau les élections en 2024. À Pâques, Modi a visité
une église. Pour museler un peu plus le Pape.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso.
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Sources : diakonos.be
-Traduction
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.)
17.04.2023
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