Message de Benoît XVI à la rencontre
de Sant’Egidio à Chypre |
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Le 17 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le salut de Benoît XVI résonne de la rencontre de Chypre, où la
Communauté de Sant'Egidio et l'Eglise orthodoxe de Chypre au coeur de
Méditerranée ont réunis des leaders religieux et chefs d'Etat,
vingt-deux ans après la journée historique d'Assise de prière pour la
paix, voulue "pour chasser le brouillard du soupçon et de
l'incompréhension et pour demander à Dieu le don de la paix".
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Professeur Andrea Riccardi,
fondateur de Sant’Egidio -
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Message de Benoît XVI à la rencontre
de Sant’Egidio à Chypre
Assemblée inaugurale - "La civilisation de la paix : religions et cultures
en dialogue"
Le 17 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le salut de Benoît XVI résonne de la
rencontre de Chypre, où la Communauté de Sant'Egidio et l'Église orthodoxe de Chypre au
coeur de Méditerranée ont réunis des leaders religieux et chefs d'Etat,
vingt-deux ans après la journée historique d'Assise de prière pour la paix,
voulue "pour chasser le brouillard du soupçon et de l'incompréhension et
pour demander à Dieu le don de la paix"
"La rencontre de Chypre - peut-on lire dans un message du Cardinal Bertone -
est une expérience forte de communion, grâce à laquelle il est possible de
voir la réalité et la rencontre, pour parvenir à la vraie connaissance des
différences et des éléments qui se rapprochent. Seul à travers le dialogue,
il est possible d'intégrer le cosmos linguistique multiforme, dans cet écrin
précieux qu'est la création, confiée à la responsabilité et au bien de tous.
Nous sommes fortement convaincus que la paix, comme le rappelle le Saint
Père Benoît XVI, "est à la fois un don et un devoir".
Le message, avec la bénédiction apostolique de Benoît XVI, augure que la
"rencontre pour la paix de Chypre offre aux participants la possibilité
d'une rencontre et d'une croissance communes. Tenez haute la flamme de la
paix, alimentez-la avec des gestes quotidiens de charité et d'amitié
fraternelle
Texte intégral du message du Saint-Père au
Professeur Andrea Riccardi
Au Très cher Monsieur
Prof. Andrea RICCARDI
Communauté de Sant’Egidio
Très cher Professeur,
Je suis très heureux de vous faire parvenir le salut de Sa Sainteté à
l'occasion de la rencontre internationale de Prière pour la Paix. Ce salut,
je vous prie de le transmettre avec affection à tous ceux qui prendront part
aux travaux sur le thème : « La civilisation de la paix, religions et
cultures en dialogue ».
La présente rencontre, qui a été promue par la Communauté de Sant'Egidio et
l'Église orthodoxe de Chypre, et qui verra se réunir au coeur de la
Méditerranée pendant trois jours des chefs d'État de l'Europe, de l'Afrique
et de l'Amérique centrale, a lieu vingt-deux ans après l'historique journée
mondiale de prière pour la paix d'Assise convoquée par le Serviteur de Dieu
Jean-Paul II. En cette mémorable circonstance, le bien-aimé Pontife exhorta
les personnes présentes et le monde entier à vivre cette halte précieuse
près de Saint François comme un moment d'écoute réciproque, occasion pour "chasser
les brumes du soupçon et de l'incompréhension" et pour demander à Dieu
le don précieux de la paix. Votre rencontre est certainement une expérience
forte de communion grâce à laquelle chacun pourra voir la réalité et la
rencontre réciproque avec ses frères. Elle représente, en outre, un moment
de connaissance vraie, réelle et réciproque de différences et des
singularités et des éléments qui sont communs. C'est seulement à travers la
voie du dialogue et l'effort sincère, qu'il est possible d'intégrer « ce
cosmos linguistique et polyèdre », au sein de l'écrin précieux qu'est la
Création, confiée à la responsabilité et au bien de tous.
Comment ne pas être convaincus fermement que la paix, comme le rappelle le
Saint-Père Benoît XVI est « à la fois un don et un devoir »: don et devoir
qui sont accueillis parce qu'ils viennent de la sagesse multiforme de Dieu,
mais que l'on doit conserver et peut faire grandir et mûrir pour que les
fruits qui peuvent naître de cette seconde plante dépendent aussi de notre
responsabilité personnelle et de notre effort infatigable. "Le critère
- ainsi écrit Sa Sainteté dans le message de la
Journée Mondiale de la Paix de l'année dernière - dont doit
s'inspirer une telle réponse - ne peut être que le respect de la grammaire
écrite dans le coeur de l'homme par son divin créateur"
(n. 3).
Le Souverain Pontife, tout en souhaitant que la rencontre de prière pour la
paix offre aux participants la possibilité d'une rencontre approfondie et
d'une croissance commune, assure Son souvenir dans la prière. Il invite à
tenir haute la flamme de la paix, alimentée par des gestes quotidiens de
charité et d'amitié fraternelle et de tout coeur envoie à tous une
bénédiction apostolique spéciale.
Je vous envoie également mes souhaits cordiaux pour la bonne réussite de la
rencontre internationale et je profite de l'occasion pour vous transmettre,
ainsi qu'à tous les participants mes salutations distinguées.
Tarcisio cardinal Bertone
Secrétaire d'État
Discours de M. Andrea Riccardi, fondateur de
Sant’Egidio à l'Assemblée inaugurale
A Monsieur le Président de la République de Chypre
Altesse, Messieurs les Présidents
Saintetés, Béatitudes, Éminences
Illustres représentants
des Églises chrétiennes, des communautés ecclésiales, des grandes religions
mondiales,
Aujourd’hui Chypre est le carrefour d’un grand nombre d’hommes et de femmes
de religions et cultures différentes qui se rencontrent, parlent,
dialoguent, prient les uns à côté des autres, les uns pour les autres.
Je salue tous les participants et je remercie en particulier Monsieur le
Président de la République, Dimitris Christofias, pour ses paroles de
bienvenue et pour l’accueil cordial du gouvernement chypriote. Je formule
tous mes vœux pour le succès de ses actions de paix et de dialogue.
Alors que j’adresse à tous les chefs religieux ici présents une pensée
reconnaissante, je ne peux pas ne pas signaler le rôle décisif joué par Sa
Béatitude Chrysostomos II, Archevêque de la Nouvelle Justianie et de tout
Chypre, dans la réalisation de cet événement, qui a lancé l’invitation à
venir dans cette île. Mais aussi l’Église de Chypre qui nous accueille avec
une hospitalité généreuse. L’Archevêque manifeste ainsi la grande tradition
d’accueil, typique du peuple chypriote.
Je remercie tous ceux qui ont travaillé à la réalisation de cet événement.
Je remercie la très active Ambassade de Chypre près le Saint-Siège, Monsieur
Charilaou, et tant d’autres dont je ne citerai pas le nom pour faire court.
Je salue les mille personnes venues d’Italie et de toute l’Europe qui, entre
autres, offrent leur contribution volontaire à la réussite de ces journées.
Le peuple de Chypre sait ce que veut dire la paix, ayant connu les
souffrances de la guerre et de l’abandon de sa maison. Chypre a derrière lui
une histoire de cohabitation entre deux communautés ethniques et
religieuses. Mais depuis quelques décennies, cette île est devenue le
dernier vestige de l’Europe occupée. Chypre sait ce qu’est la souffrance de
la division, de la haine et de l’absence de dialogue : c’est pourquoi elle
accueille avec joie notre rencontre. Elle se réjouit de voir la colombe de
la paix se poser sur cette île, d’où part l’arc-en-ciel de la paix. Nous
avons l’ambition de faire de cette île blessée un lieu de rencontre et de
dialogue dans la Méditerranée.
Les terres de la Méditerranée sont des mondes où vivent ensemble des
personnes différentes, du point de vue religieux et ethnique. Cette
cohabitation est parfois difficile. Je pense au Liban tout proche. Et
comment ne pas avoir dans le cœur la situation impossible où se trouve la
Terre Sainte toute proche ? Vivre ensemble est un défi qui concerne la rive
sud et la rive nord de la Méditerranée, à cause des nouvelles migrations. Il
concerne aussi tout le Moyen-Orient et l’Iraq. Et tant d’autres régions du
monde. Pour vivre ensemble, il faut comprendre que la présence de l’autre,
même très différent de nous, est un don. En effet, la civilisation est
telle, non pas si elle est monocolore, mais au contraire si elle est comme
un arc-en ciel, fruit de nombre de métissages profonds entre histoires et
identités diverses. Un monde où l’autre, le différent, est supprimé, est une
terre de barbaries. La vraie civilisation est celle du vivre-ensemble.
Pourquoi parler aujourd’hui des religions et de la civilisation du
vivre-ensemble, alors que le monde est aux prises avec une débâcle
financière dont la portée nous échappe ?
Nous sommes à un moment de transition difficile de l’histoire. Beaucoup de
certitudes sont ébranlées. Les pauvres du monde vont payer cette crise à un
prix très fort, tandis que les pays industrialisés concentrent leur
attention sur la protection de leurs contribuables. Je l’ai constaté avec
tristesse dans un appel récent de mon ami Michel Camdessus, de Kofi Annan et
de Robert Rubin. Lesquels observent cependant que cette crise peut donner
une impulsion à des changements radicaux. Nous avons besoin de changements
radicaux. Mais pour les réaliser, nous avons besoin de plus d’esprit et de
plus d’humanité. Un esprit et un sens le l’humanité qui montrent qu’un monde
où il y a tant de misère, marqué par tant de conflits, est intolérable.
Mais venons-en à Chypre, une île de la Méditerranée belle et blessé, dont le
cheminement a montré la force pacifique et efficace de l’esprit.
Notre histoire vient de loin. De l’année 1986. Alors a eu lieu un événement
exceptionnel dans la ville italienne d’Assise, berceau de saint François.
L’invitation sincère d’un pape, Jean-Paul II, a réuni de nombreux chefs
religieux du monde entier. Ce ne fut pas une négociation. Seulement une
rencontre. Des paroles simples, se reconnaître comme frères, prier les uns à
côté des autres. Beaucoup se demandaient, dans le climat de guerre froide,
de sécularisation dominante qui régnait alors : les religions ne sont-elles
pas un fait archaïque, destiné à disparaître avec les progrès de la
modernité ? Que peuvent faire les religions face au système
politico-militaire de la guerre froide ?
L’événement d’Assise a mis en lumière un esprit : l’esprit d’Assise, qui
continue à souffler très fort. Jamais une chose aussi simple et décisive ne
s’était produite. Jean-Paul II, avec un regard prophétique, avait eu
l’intuition que les religions auraient un rôle décisif. Le soir du 27
octobre 1986, sur les collines d’Assise, dans un grand froid, devant un ciel
sombre, il a déclaré :
« Ensemble, nous avons rempli nos yeux de visions de paix : elles libèrent
des énergies pour un nouveau langage de paix, pour de nouveaux gestes de
paix, des gestes qui brisent l’enchaînement fatal des divisions héritées de
l’histoire ou engendrées par les idéologies modernes ».
Voir côte à côte les leaders des grandes religions, chrétiens, juifs,
musulmans, bouddhistes, hindouistes, dans le respect et dans un climat
spirituel, fut une vision de paix. Il faisait très froid, le ciel du futur
était sombre. Était-ce l’utopie d’un pape mystique ? Un rêve consolateur
face à la puissance des deux empires de la guerre froide ?
Nous de la Communauté de Sant’Egidio, ne l’avons pas cru. Nous étions à
Assise ce 27 octobre 1986 et nous avons senti le frémissement de l’histoire
et la fascination d’une prophétie. Jean-Paul II a dit, à la fin de son
discours : « La paix est un chantier ouvert à tous et pas seulement aux
spécialistes, savants et stratèges ». Nous avons répondu : ce chantier est
notre chantier !
Il y a beaucoup de travail à faire dans le chantier de la paix : tant de
guerres sont en cours. Et pas seulement de la part des spécialistes. Nous,
qui à l’époque étions en majorité des jeunes, avons compris que la paix
était notre chantier. Que l’esprit d’Assise devait continuer à souffler. Et
nous avons obstinément et passionnément continué à nous rencontrer, d’année
en année. Certains ont dit que c’était inutile : que cette rencontre
annuelle était une répétition rituelle ; que les religions ne changeraient
pas le monde. Mais Assise a été une prophétie : des hommes différents
ensemble sous le signe de la paix, attentifs à la réalité humaine.
La Communauté de Sant’Egidio est un petit peuple de croyants, enfants de
l’Église catholique, qui vivent dans de nombreuses régions du monde, en
Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique : beaucoup sont des jeunes, des
personnes pauvres et simples, tous, nous sommes amis des pauvres et des
indigents. Oui, les premiers amis de Sant’Egidio ne sont pas les grands,
mais les pauvres, ceux des villes d’Europe, les malades du sida en Afrique,
les détenus, les mendiants… Les pauvres savent que la guerre est la mère de
toutes les pauvretés, que les conflits et les violences engendrent la
misère, et qu’ils sont les premiers à en payer le prix.
Ayant grandi à l’école de l’Évangile, nous avons horreur de la guerre et
nous sentons que la paix est notre vocation. La paix n’est pas seulement la
fin de la guerre : c’est la solidarité envers les millions de pauvres du
monde. Si nous voulons la paix, nous devons aller à la rencontre des pauvres
! Il ne peut y avoir de paix quand des millions de femmes, d’enfants,
d’hommes subissent la violence de la pauvreté ! Ceci n’est pas une théorie :
c’est la conscience vive de quelqu’un qui a vu souffrir les pauvres. Une
telle souffrance n’est pas supportable !
Depuis ce jour de 1986, nous nous sommes chargés de l’esprit d’Assise et
nous l’avons porté aux quatre coins du monde. Comme une bête de somme, en le
portant en de nombreux endroits du monde. À tel point qu’il est devenu
difficile aujourd’hui de nous distinguer de cet esprit.
L’esprit d’Assise manifeste la force de l’esprit. À Assise on a vu les
accolades entre hommes de religions diverses qui ne se comprenaient pas
depuis des siècles, qui avaient eu des différends ou pire encore, qui
s’étaient fait la guerre. Nous avons compris le lien profond entre un esprit
religieux authentique et la recherche du grand bien de la paix. Nous avons
vu que le monde de l’esprit possède une force, une force humble et faible,
vis-à-vis du pouvoir politique et économique arrogant. C’est la force de la
prière, de l’amour, du dialogue, de la rencontre. Oui, le monde spirituel
possède une force pacifique et pacificatrice, qui change les hommes et
l’histoire.
En effet, après Assise 1986, quelques gestes de paix, non violents, ont
brisé les divisions des idéologies modernes. Ce fut la fin du monde
soviétique, qui voulait construire un futur nouveau en foulant aux pieds la
liberté de l’homme. Nous avons vu la force de la paix et des valeurs de
l’esprit dans maintes transitions pacifiques des années 1990, comme celle
(qui paraissait impossible) de l’Afrique du Sud de Nelson
Mandela. L’esprit d’Assise s’est montré efficace aussi dans le travail de la
Communauté de Sant’Egidio. Celle-ci, en 1992, a conclu l’accord de paix
entre gouvernement et rebelles au Mozambique, après que ce pays avait payé
le prix d’un million de morts. La force de l’esprit peut mettre fin à la
guerre.
Aujourd’hui les religions occupent la scène de la vie publique de façon
beaucoup plus évidente qu’il y a vingt ans. André Malraux disait que le XXIe
siècle serait celui des religions ou ne serait pas. Mais les religions sont
malheureusement aussi comme de l’essence jetée sur le feu de la guerre.
C’est l’histoire des fondamentalismes religieux, de la haine et de la
violence au nom de Dieu. Oui, les religions peuvent être l’eau qui éteint le
feu de la haine, comme elles peuvent être l’essence qui l’enflamme. C’est
pourquoi elles doivent cultiver un langage de paix. C’est pourquoi, surtout,
elles doivent cultiver une recherche profonde de Dieu, qui conduit à la
découverte de l’esprit de paix au fond de toute religion.
L’an dernier nous étions à Naples, dans une rencontre de paix entourée d’une
grande ferveur populaire (et je remercie encore le
cardinal Crescenzio Sepe, archevêque de Naples). Alors, Benoît
XVI, en rencontrant les chefs religieux, a parlé de l’authentique esprit
d’Assise en disant qu’il « qui s’oppose à toute forme de violence et à
l’abus de la religion comme prétexte à la violence. Face à un monde déchiré
par les conflits, où l’on justifie parfois la violence au nom de Dieu, il
est important de réaffirmer que jamais les religions ne peuvent devenir des
véhicules de haine ; jamais, en invoquant le nom de Dieu, on ne peut arriver
à justifier le mal et la violence. Au contraire, les religions peuvent et
doivent offrir de précieuses ressources pour construire une humanité
pacifique, car elles parlent de paix au cœur de l’homme ».
L’esprit d’Assise s’oppose à la violence au nom de Dieu. C’est pourquoi
l’esprit a soufflé avec force à Naples et souffle ici avec tant de force.
Notre dialogue, notre rencontre, sera une façon de souffler avec toute la
force de nos poumons pour que cet esprit grandisse, embrasse les esprits et
les cœurs, devienne le vent d’une nouvelle saison pour les femmes et les
hommes, pour le monde entier : pour qu’il devienne une culture et un climat
de paix.
Nombreux sont ceux qui disent qu’une civilisation de paix est impossible et
qu’il faut se résigner à la dure réalité. Ils disent que cela fait partie de
la nature de l’homme et des peuples. Ils croient que la guerre peut créer la
paix, malgré le sillage de poison qu’elle laisse derrière elle. Ils
affirment que la paix ne peut provenir que du développement du marché, et
mettent leur confiance dans la seule providence qu’ils connaissent : le
marché. Au cours du mois qui vient de s’écouler, nous avons assisté à
l’effondrement de cette confiance dans le marché. Il faut être raisonnable
et savoir tirer les leçons de l’histoire. Ce n’est pas la providence de
l’économie qui apportera la paix. Ce ne sera pas un pays à lui seul, si
puissant qu’il soit. Ce ne sera pas un unique acteur. Les acteurs et les
protagonistes de l’histoire sont nombreux et forts aujourd’hui. Nous ne
sommes pas de doux rêveurs. Nous sommes réalistes. La réalité est complexe,
déterminée par de nombreux acteurs.
Celui qui a marché sur le chemin de l’esprit sait que la réalité ne peut pas
être réduite à la seule économie et aux lois brutes de la force. Un monde
nouveau est possible : non pas comme le fruit d’un tour de magie, mais comme
un processus patient de construction d’une civilisation du vivre-ensemble,
dans le petit dialogue quotidien, dans la rencontre, dans le respect de la
liberté et de la personnalité de l’autre, dans la solidarité avec les plus
pauvres, avec les petits, avec la vie dans toutes ses manifestations et
saisons. Pour construire un monde nouveau, nous avons besoin de plus
d’humanité et de plus d’esprit. Humanité et esprit peuvent réaliser une
véritable communauté humaine, une communauté de peuples.
Ce ne sera pas un spécialiste, ni un puissant de ce monde, ni un seul homme,
qui construira un monde nouveau. Ce seront les peuples, avec l’aide de Dieu,
avec le respect envers tous. Nous avons besoin de plus d’esprit, d’un esprit
de paix, de compassion, en ce moment de l’histoire : cela peut être l’aube
d’un monde meilleur ou celle d’un temps de chaos.
Les religions font espérer des millions d’hommes et de femmes : dans la
possibilité de se perfectionner personnellement, dans un monde meilleur,
dans la vie éternelle. Les religions sont un patrimoine d’espérance. Mais ne
sommes-nous pas trop résignés à la réalité de la guerre, des innombrables
conflits armés, d’une trop grande pauvreté ? Ne sommes-nous pas trop
résignés à une mentalité marquée par le conflit permanent entre nations,
cultures, religions ? Et même les croyants, porteurs de l’espérance, ne
sont-ils pas trop résignés, eux aussi ?
C’est pour cela que nous sommes ici : pour confronter nos points de vue,
dialoguer, nouer des amitiés qui durent et qui éloignent la haine, trop
souvent semée dans les esprits.
Nous devons, mes illustres amis, espérer dans une civilisation de paix
véritable, faite de rejet de la guerre, de cohabitation sincère entre
cultures et religions diverses, de solidarité avec les plus pauvres. Nous
devons espérer que du monde de l’esprit naisse un humanisme véritable,
capable de compassion.
Diverses sont nos convictions, nos traditions, notre foi. Mais cela ne nous
incite pas à la haine ou au mépris. Cela ne nous pousse pas non plus à
effacer les différences. Ce ne serait pas juste ! La paix dans la différence
est le vrai signe dont notre temps a besoin : un signe d’humanité, de
liberté, de richesse. C’est pour cela que nous sommes reconnaissants à vous
tous qui, de cette île de Chypre si belle dans un monde difficile, enverrez
un signal de paix : celui de la colombe et de l’arc-en-ciel.
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Chypre- cultiver le talent de la paix
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Avec Benoît XVI sur le flambeau de la paix…
Sources : santegidio
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.11.2008 -
T/Oecuménisme |