Synode sur la Parole de Dieu dans la
vie et dans la mission de l'Église, 16è C.G. |
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Cité du Vatican, le 16 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Hier, à 09h00, avec le chant de l’Heure
Tierce, a débuté la Seizième Congrégation générale, pour la continuation
des interventions des Pères synodaux en Salle sur le thème "La Parole de
Dieu dans la vie et la mission de l’Église."
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Le pape Benoît XVI
salue les évêques à la pause de 10h30
Synode sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église
SEIZIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (Mercredi 15
OCTOBRE 2008, matin)
Le 16 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement
de la Miséricorde
- Mercredi 15 octobre 2008, à 09h00, avec le chant de l’Heure Tierce, a
débuté la Seizième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions des Pères synodaux en Salle sur le thème "La Parole de Dieu
dans la vie et la mission de l’Église."Le Président Délégué du jour était
S.Ém. le Card. Odilo Pedro SCHERER, Archevêque de São Paulo
(BRÉSIL).
À l’ouverture de cette Congrégation générale, a eu lieu un sondage sous
forme électronique qui a révélé que 144 Pères Synodaux de la XIIe Assemblée
Générale Ordinaire du Synode des Évêques participent pour la première fois à
une Assemblée Générale.
A la fin de la Seizième Congrégation Générale, S. Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ,
Archevêque titulaire de Sisak, Secrétaire Général du Synode des Évêques
(CITÉ DU VATICAN) a annoncé que la Célébration de la Parole du samedi 18
octobre 2008 aura lieu dans la Chapelle Sixtine. À cette occasion, prendront
la parole Sa Sainteté BARTHOLOMÉE Ier, Archevêque de Constantinople,
Patriarche Oecuménique (TURQUIE) et Sa Sainteté le Pape Benoît XVI.
À cette Congrégation générale, qui s’est conclue à 12h30 avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 238 Pères.
À cette Seizième Congrégation générale sont intervenus les
Pères suivants:
- S.Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la
Conférence Épiscopale (ITALIE)
- S.Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l'État de la
Cité du Vatican (CITÉ DU VATICAN)
- S.Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du
Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
- S.Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong (CHINE)
- S.Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong (GHÂNA)
- S.Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la
Conférence Épiscopale (MALTE)
- S.Exc. Mgr Venant BACINONI, Évêque de Bururi (BURUNDI)
- S.Exc. Mgr Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S., Archevêque de Ribeirão Preto
(BRÉSIL)
- S.Exc. Mgr Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar (SRI LANKA)
- S.Exc. Mgr Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou (MALI)
- S.Exc. Mgr Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë (ALBANIE)
- S.Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo (ESPAGNE)
- S.Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova,
Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU
VATICAN)
- S.Exc. Mgr Fragkiskos PAPAMANÓLIS, O.F.M. Cap., Évêque de Syros,
Administrateur de Milos (GRÈCE)
- S.Exc. Mgr Felix TOPPO, S.I., Évêque de Jamshedpur (INDE)
- S.Exc. Mgr Joaquim FERREIRA LOPES, O.F.M. Cap., Évêque de Viana (ANGOLA)
- Très Rév. P. Kieran O'REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des
missions Africaines
- S.Exc. Mgr Daniel CARO BORDA, Évêque de Soacha (COLOMBIE)
- S.Em. le Card. Giovanni Battista RE, Préfet de la Congrégation pour les
Évêques (CITÉ DU VATICAN)
- B. D.nus Baselios Cleemis THOTTUNKAL, Archevêque Majeur de Trivandrum des
Syro-Malankars, Président du Synode de l' Église syro-malankare (INDE)
- S.Exc. Mgr Joseph Albert SERRANO ANTÓN, I.E.M.E., Évêque de Hwange
(ZIMBABWE)
- S.Exc. Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d'Abuja (NIGÉRIA)
- S.Exc. Mgr Louis-Marie Ling MANGKHANEKHOUN, Évêque titulaire d'Acque nuove
di Proconsolare, Vicaire Apostolique de Paksé (LAOS)
- S.Exc. Mgr Jörg Michael PETERS, Évêque titulaire de Fordongianus, Évêque
auxiliaire de Tréves (ALLEMAGNE)
- S.Exc. Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.I., Évêque de Lira (OUGANDA)
- S.Exc. Mgr Pierre-André DUMAS, Évêque d'Anse-à-Veau et Miragoâne (HAÏTI)
À cette Seizième Congrégation générale sont
intervenus les Pères suivants :
- S.Em.le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la
Conférence Épiscopale (ITALIE)
1. Je souhaite, tout d’abord, remercier le Seigneur pour l’expérience de
grâce que constitue le Synode: en cette sainte Assemblée, on voit le visage
toujours plus jeune du Ressuscité, vraie espérance du monde. L’Église est
consciente de sa grande joie qu’elle ne peut retenir. Pour cette raison, au
coeur du dialogue, dans n’importe quel contexte culturel et social,
communautaire et personnel, se trouve le noyau irradiant de la mission.
2. Nous ne pouvons pas oublier que la rencontre de l’homme avec le Christ,
Parole incarnée, et avec la “Parole de Dieu écrite et transmise”
(DV 10),
est toujours la rencontre de deux libertés, celle de Dieu et celle de la
personne particulière. Jésus aussi, Messager et message, n’a pas toujours
été accueilli! Face au sécularisme, nous devons nous interroger sur la façon
d’améliorer l’annonce, de mieux connaître les cultures et les contextes,
mais sans jamais oublier le drame décisif de la liberté personnelle, et en
sachant que les voies de Dieu sont infinies. Il est toujours nécessaire que
chacun parie librement lui-même avec la Parole qu’il lit.
3. Sans exclure des occasions organisées, il me semble opportun d’utiliser
des moyens simples et petits : ceux-ci sont plus praticables dans un
contexte, tout du moins pour celui occidental, pris de rythmes convulsifs
qui normalement ne facilitent pas des occasions de longue haleine et d’un
approfondissement engagé. Quelques suggestions sont donc ressorties, que je
partage : le soin apporté à l’homélie, la diffusion de la Bible, des outils
simples et faciles à consulter, des petits groupes...
4. En ce qui concerne
la formation à une foi pensée et consciente, en mesure de donner raison de
son espérance (cf. 1 P), il me paraît opportun
de rappeler que s’il est nécessaire de parcourir la voie de la connaissance
documentée, priée et partagée de la Parole de Dieu écrite,
il est tout aussi
nécessaire de parcourir celle de la raison. L’Écriture Sainte est imprégnée
non seulement des vérités surnaturelles, mais aussi de celles naturelles
qu’elle assume, confirme et amène à leur accomplissement. Il est à nouveau
nécessaire et urgent de garder unie l’Écriture, la Tradition et le Magistère
(DV 10), pour
que le croyant puisse mieux comprendre les grandes questions du naître et du
mourir, de la famille et de la liberté, de l’amour et de la loi naturelle,
de l’euthanasie, de la fécondation... et qu’il sache les présenter aussi aux
non-croyants, pour lesquels la Bible n’a de valeur que pour la force des
arguments. Lorsque l’Église parle de ces thèmes, elle ne commet pas
d’ingérence, elle ne s’éloigne pas de sa mission évangélisatrice, mais elle
est dans sa mission. En même temps, elle aide les cultures et les sociétés à
devenir plus humaines. Tel est exactement l’esprit et le but du “Projet
culturel” que la CEI développe depuis 1995 en Italie.
- S.Em. le Card. Giovanni LAJOLO, Président du Gouvernorat de l'État de la
Cité du Vatican (CITÉ DU VATICAN)
La question posée est de savoir comment transmettre d’une manière
convaincante la Parole de Dieu à trois catégories de personnes :
- Les analphabètes et ceux qui, tout en sachant lire, ne lisent pas, ceux-ci
pouvant être facilement induits à des croyances et des superstitions
absurdes. Il serait préférable d’étudier la manière de s’adresser à eux
personnellement ou par des moyens audio-visuels facilement compréhensibles
et largement diffusés.
- Les personnes d’un certain niveau culturel, parfois même assez élevé, qui
sont heurtés par les pages de la Bible dans lesquelles les droits
fondamentaux de l’homme apparaîtraient violés par ordre ou avec le
consentement de Dieu. Pour elles, il faudrait chercher à approfondir le
concept d’inspiration de la Sainte Écriture.
- Les croyants de l’Ancien Testament, pour qui il n’est pas bon de proposer
la réalisation des prophéties en tant que connaissable post fidem. À eux, il
faudrait donc pouvoir leur montrer la signification chrétienne des
prophéties réalisées dans le Messie Jésus en tant que connaissable ante fidem.
- S.Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet du
Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
1. Concernant le n. 58 du
Document
de travail
les Saintes Écritures
enseignent que Dieu a écrit sa Loi dans le coeur de tous les hommes. On peut
découvrir la loi naturelle divine, gravée dans le coeur des hommes, au moyen
de la raison, mais elle est clairement annoncée à tous par la Parole
inspirée de Dieu (cf. Rm 2, 15).
2. Dans un contexte diffus de matérialisme, de relativisme et
d’individualisme radical, il est particulièrement urgent que l’enseignement
de la Parole de Dieu basé sur la loi morale naturelle soit présenté comme le
patrimoine commun de tout un chacun.
3. Il est également nécessaire de proclamer d’urgence l’enseignement divin
inspiré sur la discipline qui prédispose l’homme à faire ce qui est bien et
à éviter ce qui est mal. Les Saintes Écritures nous enseignent que
l’obéissance à la loi n’est pas le summum de l’expression de soi de la part
de l’homme, mais le fondement irremplaçable de l’expression la plus haute de
la bonté qui est au coeur de l’homme.
4. Proclamer l’enseignement des Écritures en lieu et place de la discipline
dans la vie des individus est un défi dans une société antinomique qui a
fait de la loi un outil dans les mains des puissants.
5. En considérant la relation qu’entretienne la Parole de Dieu et la loi, il
est important de souligner le service du Droit canonique dans l’Église, par
lequel la vie du Christ peut grandir et se développer dans toute l’Église.
Dans sa Constitution apostolique Sacrae disciplinae leges, le Pape Jean-Paul
II, décrivant le service du Droit canonique dans l’Église, fit référence à
“ce lointain patrimoine du droit, qui est contenu dans les livres de
l’Ancien et du Nouveau Testament et duquel toute la tradition juridique et
législative de l’Église tire ses origines, comme de sa source première”.
6. Dans l’Église, comme dans la société, la compréhension de la loi a été
obscurcie et, dans certains cas, perdue, menant à de dommageables et graves
conséquences, par exemple, le non-respect diffus des lois liturgiques et
l’échec des procédés au travers desquels les fidèles revendiquent leurs
droits et au travers desquels les délits ecclésiastiques sont dûment punis.
7. Une plus grande connaissance du service de la loi dans l’Église, à
travers l’étude de la Parole de Dieu, n’aide pas seulement l’Église à
comprendre et à cumuler le don de la discipline canonique pour accomplir la
mission divine, mais aide toute la société en général à comprendre et à
cumuler le service irremplaçable de la loi pour la réalisation du bien
commun.
- S.Em. le Card. Joseph ZEN ZE-KIUN, S.D.B., Évêque de Hong Kong
(CHINE)
Je voudrais m’attarder un instant sur la Parole de Dieu en tant que
Créatrice de beauté de l’Univers et de l’être humain, doté d’intelligence et
de coeur, et capable donc de dialoguer avec son Créateur.
Cet aspect de la Parole est présent dans le
Document
de travail
mais venant
d’un pays où la Parole révélée n’a pas encore été transmise à un grand
nombre et où les semina verbi, en revanche, abondent dans la culture
sapientielle du peuple, permettez-moi de revenir sur le sujet en exprimant
quelques desiderata.
Mon premier souhait est que cet aspect de la Parole soit développé de
manière adéquate dans le texte final et que quelques recommandations soient
données par cette Assemblée à cet égard.
À Hong Kong, nous travaillons avec les six religions principales afin de
conserver l’héritage précieux de la sagesse chinoise.
L’Église catholique en Chine a toujours trouvé une bonne alliée dans la
doctrine confucéenne.
Si nous parvenions, mus par la charité, à inculquer dans la génération de
jeunes les vertus chinoises traditionnelles, nous l’aiderions à faire un
grand pas vers la sainteté.
Nous voyons malheureusement ce qu’il se passe lorsque ces vertus font
défaut: un déclin épouvantable des valeurs sacrées de la vie, du
mariage et
de la famille, une corruption effrontée, un bâillonnement des consciences à
cause duquel on peut en arriver, pour obtenir des gains faciles, à polluer
le lait au détriment de la santé et de la vie d’enfants sans défense.
Il est vrai que cette Parole Créatrice de l’Univers et de la conscience
humaine est toujours une Parole visant au salut, qui est surnaturel. Ceci
dit, je pense encore pouvoir recommander que, suivant l’exemple de la
patience divine, l’on accorde une grande place à cette parole propédeutique
de Dieu et que l’on ne succombe pas à la tentation de brûler les étapes. Je
citerai deux exemples. J’ai entendu le Professeur Yang, Prix Nobel, dire “je
ne suis pas croyant mais je ne cache pas que, dans deux cas, je me sens
touché par le mystère: le premier est quand je me trouve face à une
découverte de la science: c’est comme si j’étais pris en flagrant délit
pendant que je regarde quelque chose que je n’ai pas le droit de regarder.
Le second est lorsque je m’aperçois de l’énorme puissance destructrice de la
technique. Je pense alors que nous usurpons des forces qui ne nous
appartiennent pas”.
Je dois avouer qu’il ne m’est pas venu à l’esprit de demander au Professeur
quand il fera le prochain pas. Je lui aurais plutôt dit qu’il était proche
du Royaume de Dieu.
Le deuxième cas est celui d’un journaliste consciencieux et patriote, qui
fut injustement condamné pour espionnage. Quand il était jeune et qu’il
étudiait dans un Collège protestant, il avait refusé de lire la Bible en
public parce qu’il était athée mais ensuite, dans le long silence de son
incarcération, l’Évangile avait trouvé le chemin de son coeur.
Voici quelques jours, nous nous sommes retrouvés ensemble à déjeuner.
J’espère que je ne vous choquerai pas en vous disant que, à cette
occasion-là, je l’ai félicité pour la fois où il avait refusé de lire la
Bible.
- S.Exc. Mgr Joseph OSEI-BONSU, Évêque de Konongo-Mampong
(GHÂNA)
Cette intervention, réalisée au nom de la Conférence épiscopale du Ghana,
examine l’efficacité de notre prédication de la Parole de Dieu à la lumière
du paragraphe 23 du Document de travail qui parle de la Parabole du Semeur
(Mc
4, 1-20).
On notera que, bien que l’Église au Ghana ait fait des progrès considérables
depuis que le bon grain du catholicisme s’y est solidement enraciné en 1880,
certains aspects de la vie de nombreux Ghanéens et catholiques africains
mettent en cause l’efficacité de notre prédication. D’abord et avant tout,
face aux adversités - maladies, manque d’enfants etc. - certains voient leur
foi vaciller et passent d’une église à l’autre à la recherche d’une solution
à leurs problèmes. Ceux qui se sont convertis de la Religion traditionnelle
africaine retournent parfois à leur credo originaire. Dans un deuxième
temps, certains catholiques adhèrent aux églises pentecôtistes et
charismatiques affirmant que ces églises répondent davantage à leurs
exigences et enseignent mieux la Bible. En troisième lieu, sur le continent
africain, une grande partie de la corruption, de l’injustice et des
violations des droits de l’homme est perpétrée par des personnes qui se
professent chrétiennes et même catholiques.
À la lumière de tout cela, je propose ce qui suit. Tout d’abord que l’homélitique
soit réexaminée et considérablement améliorée dans l’intérêt d’une
prédication efficace. En deuxième lieu, il faut prêter plus d’attention à
la
formation des laïcs, surtout des catéchistes qui constituent les piliers de
l’Église dans les zones les plus reculées. En troisième lieu, la Parole que
nous proclamons devrait transformer la vie non seulement spirituelle mais
également sociale, économique et politique de notre peuple. Pour cette
raison, là où cela est possible, il faudrait prévoir un apostolat spécial
destiné à nos hommes politiques. Ceci contribuerait, selon moi, à créer des
“hommes politiques saints” qui respectent les droits de notre peuple. Notre
catéchèse et la prédication de la Parole devrait garantir qu’à l’avenir en
Afrique, il n’y ait plus ni tyrans ni dictateurs.
- S.Exc. Mgr Paul CREMONA, O.P., Archevêque de Malte, Président de la
Conférence Épiscopale (MALTE)
Je parlerai dans le contexte des pays traditionnellement catholiques comme
Malte. Chaque fois que nous parlons de la nouvelle évangélisation, nous nous
heurtons à un obstacle. Un grand nombre de nos fidèles éprouvent encore une
certaine nostalgie pour le modèle de l’Église qui existait il y a 30 ou 40
ans, et comparent la situation actuelle avec l’ancienne. Du fait que
l’Église catholique n’a pas maintenu la position privilégiée qu’elle
occupait alors, quand l’Église et ses pasteurs sont confrontés à un défi,
ils le vivent comme un choc. Souvent, ils ont peur de parler ouvertement
dans cette culture souvent hostile.
Nous devons sortir de cette expérience traumatique et nous engager dans une
nouvelle évangélisation. Nous devons aider les fidèles à reconnaître que ce
genre d’Église n’existe plus et qu’elle ne peut pas être proposée de nouveau
dans ce monde qui a changé. Nous ne pouvons pas continuer à comparer notre
réalité à celle d’antan.
Nous devons proposer un nouveau modèle d’être Église, et celui qui
correspond le plus à la réalité actuelle est la communauté chrétienne
primitive, telle qu’elle est décrite aux chapitres 2 et 4 des Actes des
Apôtres, et qui a été décrite dans les autres écrits du Nouveau Testament.
Nous devons comparer l’Église actuelle à cette communauté, et la conformer à
elle.
- S.E.R. Mons. Venant BACINONI,
Évêque de Bururi
(BURUNDI)
La Constitution conciliaire "Dei
Verbum" a suscité une grande ouverture à la Parole de Dieu, et le
résultat le plus marquant, du moins dans mon pays
(le Burundi)
s'est manifesté dans une catéchèse plus biblique. Cependant,
pour un pays catholique à plus de 65 %, ayant une même langue, après plus
d'un siècle d'évangélisation, c'est un paradoxe de n'avoir pas encore toute
la Bible en langue nationale. Seul le Nouveau Testament est diffusé, et pour
l'Ancien Testament, nous ne disposons que du lectionnaire dominical et
férial. Un tel retard s'explique-t-il par la méfiance traditionnelle à
l'égard de l'Ancien Testament, qui présente un Dieu irascible, une humanité
inconstante, infidèle et pécheresse, avec souvent des scènes de violence, de
vengeance ou de duplicité ? En outre, sortant à peine d'une longue décennie
d'instabilité et de violence fratricide
(causée par une impitoyable lutte pour le pouvoir),
nos populations sont meurtries et tenaillées par une grande pauvreté
économique, accentuée par une faim chronique due aux aléas climatiques, à
l'érosion non maîtrisée et à une agriculture aux méthodes primitives ; elles
sont aussi confrontées à des difficultés financières pour l'éducation
scolaire des enfants et l'accès aux soins médicaux, elles doivent ainsi
affronter une lutte quotidienne pour la survie. Une telle situation ne
permet pas d'aborder la parole de Dieu avec sérénité et profit.
Beaucoup de gens ne croient plus à la capacité de la
Parole de Dieu de changer leur vie, d'où certains se tournent vers les
sectes, avec le risque d'être vite désabusés. Dans la formation des
futurs pasteurs, la Bible ne devrait pas être considérée comme un cours
parmi les autres, mais comme Parole du Dieu vivant adressée à chaque
personne et invitant au dialogue et à l'alliance; la lectio divina,
contact personnel avec la Parole, devrait y être pratiquée davantage. Comme
priorité, un grand effort doit être fait pour achever la traduction de la
Bible, afin de la mettre à la portée de tous. C'est un droit du peuple
chrétien de disposer d'une Bible et c'est un devoir des pasteurs de
rendre possible l'accès à la nourriture de la Parole de Dieu, pour y
rencontrer Jésus Sauveur. De même, il est urgent de former les laïcs,
sans oublier les personnes consacrées, à une rencontre personnelle et
communautaire avec la Parole de Dieu, source de conversion, de service, de
réconciliation et de construction d'une paix durable.
- S.E.R. Mons. Joviano DE LIMA JÚNIOR, S.S.S.,
Archevêque de Ribeirão Preto
(BRÉSIL)
Dieu parle dans le coeur et la vie de toute personne, homme ou femme,
enfant, adolescent ou jeune, adulte ou ancien ... , de toutes les cultures
et traditions religieuses ou philosophiques, de toutes les classes sociales,
dans toutes les circonstances, joyeuses ou douloureuses de notre vie
personnelle et sociale. Dieu parle dans les circonstances et les réalités
particulières du peuple brésilien, du continent de l' Amérique Latine et des
Caraïbes... Il nous propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la
malédiction. À nous le choix
(Cf Dt 30,19).
Nous, les chrétiens et chrétiennes, membres du Corps du Christ vivant,
ressuscité, nous sommes à l' écoute de cette parole de Dieu, nous sommes
attentifs aux gémissements de l'Esprit, attentifs aux 'signes du temps',
attentifs au mystère pascal se déroulant à travers les événements. C'est
pourquoi nous ouvrons le Livre des Écritures Saintes, scrutant l'auto-révélation
de Dieu et la réalisation de son Plan de Salut, tout au long de l'histoire
du cosmos, tout au long de l'histoire humaine, jusqu'à nos jours. Nous
essayons de comprendre le défi de notre mission au moment présent, dans
chacune des réalités qui tissent notre vie personnelle et sociale.
La Bible est toujours présente dans les petites communautés de base. Dans
les moments de lecture communautaire, s'établit un échange très riche entre
les expériences de vie du peuple de Dieu d'aujourd'hui et d'antan: la
préoccupation de la survie
(la faim, les maladies, le logis, nécessités de toute
sorte), essais d' organisations communautaires,
engagement dans les luttes sociales et la participation politique ... , la
foi au Dieu vivant surtout, qui permet la résistance contre le désespoir. Il
y a beaucoup de gens - des enfants, jeunes et adultes - qui ouvrent
l'Écriture Sainte dans leurs rencontres d'études et de prières, dans leur
réunions concernant les activités pastorales et pour la célébration
liturgique. On voit ainsi apparaître des communautés missionnaires dans les
familles, les universités, dans les quartiers et même dans les milieux
d'études et de travail avec le souci de vivre et d'annoncer l'Évangile.
À la Table de la Parole, le peuple de Dieu trouve la sagesse et la
nourriture pour les combats de chaque jour. La Liturgie étant imprégnée de
la Parole, les célébrations liturgiques sont des moments privilégiés pour la
proclamation et l'interprétation des Écritures Saintes, pour l'écoute de la
Parole vivante qu'est le Christ et qui se manifeste à l'assemblée lors de la
célébration de l’Eucharistie et les autres sacrements, la liturgie des
heures et ses offices divins, les sacramentaux, les expressions de la piété
populaire ...
- S.Exc. Mgr Rayappu JOSEPH, Évêque de Mannar
(SRI LANKA)
La Lectio Divina : Je souhaite parler de la valeur nutritive et formative de
la Lectio Divina expliquée au n. 38 du
Document
de travail
dans le contexte
de l’expérience de notre pays, avec une référence particulière à mon diocèse
au Sri Lanka. Le terme Lectio Divina est mentionné plus de 28 fois dans le
Document
de travail
et dans la vie des Églises particulières il est indiqué
comme second seulement à la Célébration Eucharistique en tant que lieu
privilégié pour faire l’expérience de la Parole de Dieu. Comme dans
l’Eucharistie, prière suprême de l’Église, dans la Lectio Divina aussi, la
Parole de Dieu est intimement reliée à la prière. La Parole de Dieu et la
prière sont deux aspects d’un seul acte. Le
Document
de travail
au n. 41,
indique: “En vue d'une spiritualité authentique de la Parole, il faut
rappeler que " la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture
pour que s'établisse un dialogue entre Dieu et l'homme, car ‘c'est à lui que
nous nous adressons quand nous prions; c'est lui que nous écoutons, quand
nous lisons les oracles divins’”. Les disciples du Seigneur lui demandent de
leur enseigner à prier, car ils savaient que la source de Sa vie et mission
était Sa vie de prière, grâce à laquelle il parlait avec le Père et le Père
avec Lui.
La Lectio Divina dans mon pays: La Conférence épiscopale du Sri Lanka, dans
son effort de revenir aux origines pour renouveler l’Église, s’est engagée,
il y a 14 ans, dans la formation de petites communautés chrétiennes
(SCC) à
travers le Modèle pastoral intégral asiatique (AsIPA), comme priorité
pastorale. Dans cette approche, l’antique pratique de la Lectio Divina s’est
traduite en sept moments de rencontre avec la Bible.
La Lectio Divina dans mon diocèse: Mon diocèse de Mannar, au nord du Sri
Lanka, compte 35% de catholiques, le reste du troupeau est Hindou ou
Musulman. Au tout début du Christianisme dans cette région, 600 néophytes
ont témoigné de leur foi en versant leur propre sang, en 1544. Ils sont
connus comme étant “les martyrs de Mannar”. Leurs disciples dans la foi, les
personnes vivent aujourd’hui une foi profonde et le diocèse est riche de
vocations au sacerdoce et à la vie religieuse, fruits de la foi de leurs
pères. Cependant, une guerre ethnique qui dure depuis un quart de siècle,
avec ses destructions de vies et de propriétés, de déplacements de masse,
etc., ont conduit notre population à une perte du sens d’appartenance car la
crise s’est transformée en une question de survie des plus forts. Les sectes
fondamentalistes sont en train de se frayer un chemin pour pêcher dans les
eaux troublées.
- S.E.R. Mons. Augustin TRAORÉ, Évêque de Ségou
(MALI)
Les chrétiens du Mali constituent une petite minorité au point de vue du
nombre, mais ils sont appréciés et respectés à cause du témoignage qu’ils
rendent à l’Évangile de Jésus-Christ.
La qualité du témoignage de vie des chrétiens catholiques et protestants
maliens force l’admiration de leurs frères et soeurs musulmans qui aiment à
dire souvent qu’il faut toujours confier la gestion des choses sérieuses aux
chrétiens parce que l’Évangile qu’ils annoncent apporte la justice et la
paix.
La cohérence dans le témoignage est à promouvoir par une collaboration
toujours plus fructueuse entre les communautés chrétiennes catholiques et
protestantes.
Le secrétariat de l’Apostolat Biblique de la conférence des Évêques du Mali
a décidé depuis sa création de favoriser le dialogue oecuménique au Mali.
Ainsi travaille-t-il étroitement avec l’Alliance Biblique Universelle au
Mali, de manière plus directe avec le Bureau national de l’Alliance Biblique
au Mali dans un esprit d’oecuménisme.
Les bonnes relations entretenues entre les membres du Secrétariat Biblique
et l’Alliance Biblique au Mali ont permis une collaboration fructueuse dans
les domaines de la formation des traducteurs de la Bible, de la diffusion de
la Bible, de l’Alphabétisation ...
La Parole de Dieu, étant pour tous les enfants de Dieu, est un puissant
moyen de communication entre les hommes de différentes religions. Le synode
sur la Parole de Dieu va certainement favoriser un dialogue interreligieux
fructueux à partir d’une meilleure connaissance de cette Parole. Le dialogue
interreligieux suppose une bonne connaissance de la Parole de Dieu qui est
aussi DIALOGUE et qui favorise les conditions d’un dialogue fructueux entre
les différentes confessions.
- S.Exc. Mgr Lucjan AVGUSTINI, Évêque de Sapë
(ALBANIE)
L’histoire de l’Église au sein du peuple albanais nous indique que Dieu fait
en sorte que sa parole donne beaucoup de fruits.
Des catholiques albanais ont vécu la même expérience que le peuple juif à
Babylone, où la Parole de Dieu a conservé son identité. Sous le régime
communiste, alors que toute pratique religieuse était interdite, le souvenir
de la Parole de Dieu a préservé la foi des catholiques albanais.
Pendant que le Concile Vatican II, avec ses encycliques et ses documents,
dont
Dei Verbum, apportait de nombreux changements au sein de l’Église
universelle, l’Église en Albanie était contrainte au silence.
Nous pouvons dire que l’exemple des évêques, des prêtres et des laïcs
fusillés ou incarcérés pour avoir professé la foi dans la Parole Incarnée a
encouragé tous les fidèles à traduire la Parole de Dieu dans la vécu. Par
leur attitude, ils ont enseigné au peuple la fidélité, l’amour et le pardon
des ennemis.
Dans la prière liturgique, d’importants progrès ont été accomplis pour
mettre en valeur l’Écriture Sainte et en faire le point de départ de tout
culte en Esprit et en Vérité et la force qui unit la communauté qui prie.
Les personnes écoutent avec un sentiment de foi la Parole de Dieu mais ils
ont encore faim et soif. Nous n’avons pas la possibilité d’assouvir cette
faim et cette soif. Nous avons encore de nombreuses difficultés et une
grande nécessité de rééditer l’Écriture Sainte.
- S.Em. le Card. Antonio CAÑIZARES LLOVERA, Archevêque de Toledo
(ESPAGNE)
L’intervention se réfère à la catéchèse, comprise comme l’une des formes du
ministère de la Parole. On veut souligner le rôle irremplaçable et
fondamental de la catéchèse pour la transmission de la Parole de Dieu, dont
la particularité consiste à être une période d’enseignement et de maturité,
de réflexion vitale sur le mystère du Christ, d’initiation intégrale -
vitale, ordonnée et systématique - dans la Révélation que Dieu lui-même a
faite à l’homme en Jésus Christ, ni séparée de la vie ni juxtaposée
artificiellement à elle, et conservée dans la mémoire profonde de la
Tradition vivante de l’Église. La catéchèse introduit, initie, à l’écoute et
à l’accueil de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, dans la liturgie,
dans la vie morale évangélique conforme à la charité et dans la prière.
Sans catéchèse, la majorité des chrétiens ne seraient pas en mesure de
s’approprier et de traduire l’Évangile dans la vie, ni d’agir dans le sens
missionnaire et apostolique, ni de se confronter avec succès aux courants
spirituels et culturels de notre temps. C’est seulement à partir d’une
catéchèse sérieuse, authentique et renouvelée, que l’Église pourra déployer
avec force toute l’amplitude des éléments et des fonctions de son action
évangélisatrice.
Il est nécessaire que la catéchèse, en tant qu’oeuvre évangélisatrice de
l’Église, trouve ses fondements dans la nature de la révélation chrétienne
et de la Tradition vivante de l’Église, telle qu’elle est exprimée dans la
Constitution
Dei Verbum du Concile Vatican II.
Lorsque la catéchèse se situe dans cette perspective, elle suscite
l’adoration et, avec elle, l’admiration et l’étonnement devant Dieu. Avec la
force du témoignage, elle parle de Dieu pour lui rendre gloire. De là
jaillissent la louange, l’action de grâces, la prière. De là aussi
proviennent l’initiation à l’écoute et à l’obéissance à la Parole de Dieu, à
la prière et à la liturgie. De là jaillit aussi la vie conforme au vouloir
de Dieu. Lorsque la catéchèse s’appuie sur ces bases, il naît dans le coeur
de l’homme le désir de Dieu, sa recherche, la contemplation de son Visage,
qui est sa Parole faite chair, Jésus Christ, l’expérience joyeuse d’être
avec Lui, qui est Amour, contemplé dans sa Parole incarnée, et vivre en
conformité avec Lui dans l’amour, et en cheminant dans l’espérance.
- S.Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova,
Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales
(CITÉ DU
VATICAN)
Je souhaite commencer mon intervention en faisant référence au paragraphe 53
du
Document
de travail
qui parle de “méthodes” et des “nouvelles formes de
langage et de communication” dans la transmission de la Parole de Dieu.
Nous vivons actuellement une période de changements profonds dans le monde
de la communication. Les experts parlent souvent d’une révolution numérique
pour indiquer les avancées extraordinaires des technologies des
communications dont nous avons été témoins au cours des vingt dernières
années. Il serait toutefois erroné de considérer ces changements comme
purement technologiques, car ils ont révolutionné aussi la culture des
communications. Ils ont changé la manière de communiquer des personnes,
leurs modes de s’agréger et de créer des communautés, de connaître le monde,
de s’engager dans des organisations politiques ou commerciales.
En tant que communauté de croyants engagée à faire connaître à toutes les
nations la Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus Christ, l’Église est
confrontée au défi qui consiste à réfléchir sur la manière dont elle peut
réussir à communiquer son message dans le contexte de la nouvelle culture
émergente des communications. Nous avons considéré, d’une manière générale,
les nouveaux moyens et technologies de la communication comme des
instruments permettant de transmettre la Parole -
Evangelii
Nuntiandi a
défini les nouveaux moyens comme “une version moderne et efficace de la
chaire”. Le défi d’aujourd’hui est de comprendre que les nouvelles
technologies ne sont pas seulement des instruments de communication mais
qu’ils influencent profondément la culture même des communications.
La communication digitale a transformé les modèles d’utilisation et de
consommation des médias. Là où, par le passé, nous avions tendance à
considérer les lecteurs, les auditeurs ou les observateurs des médias comme
des spectateurs passifs d’un contenu produit par un centre, il est clair
qu’aujourd’hui nous devons considérer le public comme plus fortement
sélectif ou interactif d’une plus vaste gamme de médias. La logique des
communications a été radicalement modifiée: le centrage sur les médias a été
remplacé par une concentration sur le public qui est toujours plus autonome
et délibératif en ce qui concerne sa consommation des médias.
Nous avons toujours été - à juste raison - attentifs au contenu de notre
enseignement; aujourd’hui nous devons être plus attentifs à notre public ou
aux multiples publics auxquels nous nous adressons afin de comprendre leurs
préoccupations et leurs demandes. Nous avons besoin de mieux comprendre et
de tenir compte des contextes et des environnements dans lesquels ils
rencontrent la Parole de Dieu. Le développement d’Internet en tant que moyen
interactif dans lequel les usagers cherchent à s’imposer en qualité de
sujets et non pas seulement de consommateurs, nous invite à développer de
manière plus explicite des formes dialogiques d’enseignement et de
présentation.
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Benoît XVI : l'Église doit toujours se renouveler et retrouver sa jeunesse
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.10.2008 -
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