 |
Benoît XVI pour l'apaisement du conflit politico-religieux ...
|
ROME, le 16 septembre 2006 -
(E.S.M.) - Le père Adel Theodore Khoury, théologien de renommée
internationale, cité par le pape Benoît XVI, nous livre une profonde
réflexion sur Juifs, Chrétiens et Musulmans qui se réclament tous du
patriarche Abraham, nous avons tenu à partager ce texte pour une
meilleure compréhension du conflit politico-religieux entretenu par
une partie du monde musulman.
|
|
Le pape Benoît XVI
saluant les représentants du monde musulman lors de l'audience du 01.03.2006
Benoît XVI pour
l'apaisement du conflit politico-religieux ...
Le Saint Père Benoît XVI s'explique
Préambule:
Lorsqu'il était cardinal, Josef Ratzinger, aujourd'hui pape Benoît XVI ne
s'est pas beaucoup exprimé sur l'islam. Dans un entretien à L'Express (20
mars 1997), il laissait transparaître, en une phrase, une vision
essentialiste : "L'islam ne peut pas renoncer à sa
volonté intrinsèque d'être un élément décisif de l'ordre public."
Il a signé, en septembre 2000, la fameuse déclaration
DOMINUS JESUS - Vatican 6 août 2000, dont les termes paraissent
en contraste avec les discours de Jean Paul II.
Selon ce document, les religions non chrétiennes ne
constituent pas à proprement parler une foi, mais "une
expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore
privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle".
Par ailleurs, Josef Ratzinger s'est déclaré hostile à l'entrée de la Turquie
dans l'Union européenne, mettant l'accent sur sa différence culturelle et
religieuse.
La genèse de la polémique
actuelle:
Tout cela me
revint en mémoire récemment à la lecture de l'édition publiée par le
professeur Theodore Khoury (Münster),
affirme le pape Benoît XVI dans son discours prononcé à l’Université de
Regensburg. Le dialogue, poursuit le pape Benoît XVI, porte sur toute
l'étendue de la dimension des structures de la foi contenues dans la Bible
et dans le Coran et s'arrête notamment sur l'image de Dieu et de l'homme,
mais nécessairement aussi toujours à nouveau sur la relation entre — comme
on le disait — les trois « Lois » ou trois « ordres de vie »:
l'Ancien Testament — le Nouveau Testament — le Coran.
Le père Adel Theodore Khoury, théologien de
renommée internationale, cité par le pape Benoît XVI, nous livre une
profonde réflexion sur Juifs, Chrétiens et Musulmans qui se réclament tous
du patriarche Abraham, nous avons tenu à partager ce texte pour une
meilleure compréhension du conflit politico-religieux entretenu par une
partie du monde musulman:
N.D.L.R. La
question de savoir si l'islam est une religion véritable, s'appuyant sur un
dieu vivant et puissant, si son prophète fut ou non sincère, si elle est
autre chose que le fruit des affabulations de son prophète et fondateur fut
discutée dès l'origine. Ainsi que l'attestent tous ses biographes, Mahomet
eut le plus grand mal à convaincre les membres de sa tribu d'origine de la
véracité de sa mission. Les échanges verbaux furent très vite vifs et sans
concession. On allait en venir aux mains. Ceci poussa Mahomet à l'exil
(l'Hégire) et l'incita à user de moyens beaucoup plus violents pour parvenir
à ses fins.
Cette lutte
idéologique, verbale et argumentée, entre les partisans de l'islam et ses
adversaires ne cessa jamais. Au cours des siècles les champions de tous les
partis - chrétiens de diverses obédiences, mazdéens, juifs, samaritains,
hindouistes, musulmans sunnites, chiites, kharidjites, ismaéliens, qarmates,
druzes, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Europe, aux Indes -
s'affrontèrent pratiquement sans relâche. Pour les uns comme pour les
autres, une victoire dans l'univers de la rhétorique et de la logique était
regardée comme pouvant sauver des âmes perdues des flammes de l'Enfer.
Si, aux dix-neuvième et vingtième siècles, cet affrontement intellectuel
a perdu de sa vigueur, la cause est à rechercher dans la prédominance de
l'opinion mercantile qui considère l'échange marchand, les capacités de
travail et de consommation comme essentiels et devant prédominer. On
discutait alors plutôt du bien-fondé même de toute religion, du
nationalisme, du matérialisme.
La faible
vitalité et fécondité générale du monde musulman durant la plus grande
partie de ces deux derniers siècles détournait aussi de lui l'attention des
élites: qui se souciait d'un univers faible et manifestement au dernier
stade de la décrépitude? (M. Villan)
Abraham - bénédiction pour toutes les nations
suivant les traditions juive, chrétienne et islamique
Par le Père Adel Théodore Khoury
Juifs, Chrétiens et Musulmans se réclament tous du patriarche Abraham.
Pour des considérations diverses, ils se considèrent comme la postérité
légitime d´Abraham, héritière de l´alliance divine avec lui, des promesses
proclamées par Dieu en faveur de ses descendants et de la bénédiction
accordée en lui à toutes les nations. Mais à des degrés divers, les
traditions juive, chrétienne et islamique ont réussi à dépasser l´horizon de
leur communauté particulière pour déchiffrer dans leur longue histoire les
dimensions universelles des promesses de salut que Dieu a prononcées dans la
bénédiction accordée à Abraham et par lui à toute sa descendance et à tous
les peuples.
Nous allons exposer dans l´exposé suivant les données
des trois traditions concernant la bénédiction d´Abraham, ses conditions,
ses effets et ses dimensions. Dans la conclusion nous ferons quelques
remarques sur le rôle que la figure du patriarche Abraham peut jouer dans le
cadre des relations entre les trois religions que l´on nomme aujourd´hui
volontiers « les religions abrahamiques », à savoir le Judaïsme, le
Christianisme et l´Islam.
LA BÉNÉDICTION
D´ABRAHAM DANS LA TRADITION JUIVE
La figure d´Abraham joue
dans la tradition juive un rôle prédominant. A chaque époque de l´histoire
du peuple, Abraham apparaît comme le garant de l´identité, de la prospérité
ou, dans les temps de crise, de la survie du peuple. Autour de sa figure se
sont formées diverses spéculations. Le tout oscille entre un particularisme
exclusif et un universalisme ouvert, dans lequel le peuple juif, conscient
de son appartenance à Abraham, occupe une place importante.
Nous ne
pouvons pas ici exposer tous les détails de ce développement. Nous nous
concentrerons sur les traits qui concernent la bénédiction qu´Abraham reçut
en faveur des nations. Nous partirons des données de la Bible dans l´Ancien
Testament, puis nous consulterons les textes de la tradition juive tardive
et çà et là de certains penseurs juifs à travers l´histoire.
1. Données de l´Ancien Testament
1. Les textes de la Genèse
Le texte principal est celui qu´on
peut lire dans la Genèse. Ce passage lie les bénédictions de Dieu à l´ordre
qu´il donne à Abraham de quitter son pays et sa famille pour aller à la
rencontre des desseins de Dieu.
Yahvé dit à Abraham: Quitte ton pays,
ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t´indiquerai. Je
ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom qui
servira de bénédiction. Je bénirai ceux qui te
béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront toutes
les nations de la terre (Gen 12,1-3).
Rien ne prédestinait
Abraham à la vocation que Dieu lui adresse et à la bénédiction qu´il lui
accorde si généreusement. Abraham vivait dans un contexte païen, il ne
connaissait pas encore la loi de Dieu et n´avait pas encore fait preuve
d´obéissance absolue aux ordres de Dieu. Par cela il devient clair que la
bénédiction et les promesses de Dieu à Abraham sont en premier lieu le signe
de la volonté libre de Dieu et ne peuvent être considérées comme
conditionnées par la foi et par l´obéissance d´Abraham. L´avenir d´Abraham
et de sa postérité est entre les mains de Dieu qui agit dans sa vie en
fonction de sa toute-puissance et de sa bonté gratuite. Mais Dieu attend
qu´Abraham réponde à cette grâce divine par une foi solide et une obéissance
prête au sacrifice.
Dieu promet à Abraham d´être le père d´une
postérité nombreuse. « Je ferai de toi un grand peuple
» (Gen 12,2). Cette promesse est le fondement de l´histoire du peuple
hébreu sous la direction de Dieu.
L´appartenance du peule juif à la
descendance d´Abraham signifiera pour ce peuple à la fois un privilège et un
devoir à travers l´histoire et dans ses relations avec les autres nations.
La postérité d´Abraham se réclame de ce que la parole de Dieu affirme dans
le texte cité plus haut, à savoir que Dieu bénit ceux qui béniront le nom
d´Abraham, et maudit ceux qui le maudissent. Si donc Abraham est le
médiateur de la bénédiction et si sa descendance hérite de ses bénédictions,
elle sera, elle aussi, comme une médiatrice entre les nations et les
bénédictions de Dieu. (Nous verrons un peu plus loin dans quel sens la
tradition a compris ce rôle.)
Dieu promet enfin à Abraham d´être une
bénédiction pour toutes les nations. Par là s´inaugure une nouvelle étape de
l´histoire de l´humanité, une histoire de bénédiction eu égard à Abraham. Ce
passage issu da la source yahviste de la Genèse se situe à l´intérieur de
l´histoire du peuple, dans le cadre du règne plein de succès des rois juifs.
Ce règne montrait que ce peuple était vraiment devenu un peuple puissant, et
que son règne pouvait devenir une bénédiction et une promesse de prospérité
pour les peuples qui vivaient sous sa domination ou dans le rayonnement de
son territoire. La bénédiction du peuple juif signifiait alors une
bénédiction pour toutes les nations. Ainsi Dieu assure-t-il après le récit
sur le sacrifice d´Isaac:
Je te comblerai de bénédiction, je rendrai
ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est
sur le bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte de ses ennemis.
Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, en retour de
ton obéissance (Gen 22,17-18).
Et le texte voit tout cela lié à la
promesse originaire de Dieu de bénir Abraham dans sa postérité directe et
dans toutes les nations de la terre.
Le rôle d´Abraham comme
bénédiction pour les nations se manifeste dans l´histoire de la destruction
des villes pécheresses Sodome et Gomorrhe. Dans l´introduction à la
destruction de Sodome est insérée la scène de l´intercession d´Abraham en
faveur des habitants de la ville. Cette intercession est rattachée par la
Bible expressément à la bénédiction d´Abraham pour les nations:
Yahvé
s´était dit: « Vais-je cacher à Abraham ce que je vais faire, alors
qu´Abraham deviendra un grand peuple et que par lui se béniront toutes les
nations de la terre ?» (Gen 18,17).
Abraham reçoit de Dieu la
bénédiction pour lui-même, pour sa descendance immédiate, et pour le peuple
que formera sa postérité. Cette bénédiction lui est accordée par une
initiative divine libre, mais Abraham s´est montré capable de la recevoir eu
égard à sa foi et à son obéissance à la volonté et aux desseins de Dieu.
Ainsi lit-on: « Abraham crut en Yahvé, qui le lui compta comme justice » (Gen
15,6).
Déjà dans les textes cités ici se montre la tension entre les
deux pôles: Abraham-Israël et Abraham-les nations. Les conséquences de cette
tension se manifesteront au cours de l´histoire de la tradition juive, comme
nous le montrerons dans la suite.
2. Divers textes de l´Ancien
Testament
La postérité d´Abraham est comprise çà et là comme
étant identique à l´appartenance au peuple juif. Le psaume 47,10 nomme les
Juifs « le peuple du Dieu d´Abraham ».
Cette postérité assume la
fonction de médiatrice des bénédictions de Dieu pour les nations et en même
temps obtient une domination très étendue:
C´est pourquoi Dieu lui
promit (à Abraham) par serment de bénir toutes les nations en sa
descendance, de la multiplier comme la poussière de la terre et d´exalter sa
postérité comme les étoiles, de leur donner le pays en héritage, d´une mer à
l´autre, depuis le Fleuve jusqu´aux extrémités de la terre (Ecclésiastique:
Si 44,21).
C´est dans cette perspective que se place la vision du
Deutero-Isaïe (60,3-7), qui décrit le pèlerinage des nations à Jérusalem,
venues y adorer le Dieu d´Israël:
Les nations marchent vers ta
lumière et les rois vers ta clarté naissante. Lève les yeux aux alentours et
regarde: tous se rassemblent et viennent à toi. Tes fils arrivent de loin et
tes filles sont portées sur les bras.
Si on applique les termes « tes
fils » et « tes filles » aux membres des divers peuples cités dans le texte,
on peut conclure que les Non-Israélites y sont considérés, eux aussi, comme
appartenant à la postérité d´Abraham, tout comme les autres descendants
rassemblés à Jérusalem.
En outre on trouve chez Isaïe un passage dans
lequel deux peuples étrangers, l´Égypte et Assur, sont nommés, lesquels
recevront la bénédiction de Dieu avec Israël (Is 19, 24-25).
Enfin
l´histoire du prophète Jonas, envoyé à Ninive pour convertir ses habitants
non-juifs, montre qu´à côté du peuple juif un autre peuple est l´objet de la
miséricorde et du salut de Dieu.
3. Données de la tradition juive
La tradition juive oscille entre deux pôles. Elle met l´accent tantôt
sur le rapport étroit, particulier - et exclusif - entre Abraham et le
peuple juif, et tantôt sur le rapport universaliste entre Abraham et les
nations de la terre.
La ligne particulariste
Dans la ligne particulariste se place la lutte des Maccabées contre la
domination des Séleucides (à partir du milieu du 2e siècle avant Jésus
Christ) et contre la tentation de s´assimiler à la culture des païens. De
même en est-il, sur un autre plan, de l´idéologie de la communauté de Qumran,
qui se retire de la société contaminée et cherche à sauver l´identité du
peuple juif contre la fascination de la culture hellénique. Dans le Livre
des Jubilées (chap. 18, 16) est mentionnée l´importance d´Abraham pour les
autres nations, mais toute l´attention de l´ouvrage est dirigée vers
l´exclusivité des bénédictions accordées par Dieu à Abraham et transférées
exclusivement à Jacob.
Après la destruction du temple de Jérusalem en
l´an 70 après Jésus Christ, la tradition juive se concrétise d´une manière
toujours plus exclusive dans la tradition rabbinique, laquelle se concentre
autour de la Tora et de la loi. Dans cette tradition Abraham apparaît comme
la propriété presque exclusive du peuple juif. Sa descendance légitime
héritière de l´alliance divine et des bénédictions de Dieu est la postérité
issue de Jacob et des tribus, à l´exclusion des autres enfants et
descendants d´Abraham.
La ligne
universaliste
Abraham est considéré par Philon
d´Alexandrie par exemple comme le modèle des tous les convertis. Car il a
reconnu le Créateur et a suivi ses commandements. Cette voie est ouverte à
tous les Non-Juifs dans le monde. Le Prophète Isaïe avait déjà annoncé
concernant Jacob et sa postérité: « Je ferai de toi la lumière des nations
pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre » (49,6).
Abraham « le premier converti » est considéré comme le père spirituel de
tous les hommes de bonne volonté, qui cherchent le Dieu unique. Le salut est
ainsi possible aux Non-Juifs, parce que tous les hommes sont les créatures
du Dieu Unique. Dans la vision du règne messianique de Dieu, sa parole
adressée au peuple juif est la même qui est destinée à tous les peuples (Is
2,2-5 ; Michée 4,1-2).
Conclusion: Ainsi donc la tradition juive
considère-t-elle Abraham comme une bénédiction pour tous les peuples, mais
surtout pour le peuple juif, héritier direct de l´alliance et des promesses
de Dieu. Un rôle décisif joue là la descendance d´Abraham selon la chair et
dans la lignée de Jacob.
LA BÉNÉDICTION
D´ABRAHAM DANS LA TRADITION CHRÉTIENNE
1. Données
fondamentales
La réflexion chrétienne se concentre autour de deux
points principaux: Qui est la vraie descendance d´Abraham, héritière de sa
bénédiction ? Et qu´est-ce qui rend les nations païennes aptes à recevoir
cette bénédiction ?
1. La vraie postérité
d´Abraham
En scrutant les textes de la Bible, l´Apôtre
Paul découvre la condition indispensable qui prédestine les Juifs et, du
même coup, transforme encore les païens en membres de la postérité
d´Abraham.
La descendance selon la chair
n´est pas décisive. C´est la foi d´Abraham qui lui fut comptée comme justice
(Gen 15,6 ; Gal 3,6). Donc c´est la foi
qui fonde la vraie appartenance à la postérité d´Abraham.
Comprenez-le donc: ce sont ceux qui se réclament de
la foi, ce sont eux les fils d´Abraham. Et l´Écriture, prévoyant
que Dieu justifierait les païens par la foi, annonça d´avance à Abraham
cette bonne nouvelle: En toi seront bénies toutes les nations. Si bien que
ceux qui se réclament de la foi sont bénis avec Abraham le croyant (Gal
3,7-9).
Cette foi d´Abraham s´est manifestée dans ses œuvres, dans
son obéissance aux ordres de Dieu, même quand il ignorait les desseins de
Dieu sur lui et sur son avenir. L´Épître aux Hébreux dénombre les actes
d´obéissance d´Abraham: son départ pour un pays inconnu ; - la naissance
d´Isaac ; - le sacrifice d´Isaac (11,8-19).
In ne suffit donc pas de
se réclamer de la descendance charnelle d´Abraham, comme s´en vantent les
Juifs. Jean le Baptiste disait aux Pharisiens et Sadducéens qui venaient se
faire baptiser par lui: « Produisez donc un fruit qui
soit digne du repentir et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes: Nous
avons pour père Abraham. Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que
voici, faire des enfants à Abraham (Mt 3,8-9 ; cf. Luc 3,8). - Et
Jésus à son tour, face aux Juifs qui refusaient de croire et qui assuraient
pleins de suffisance: « Notre Père, c´est Abraham », de leur reprocher: « Si
vous étiez les enfants d´Abraham, vous feriez les œuvres d´Abraham » (Jean
8,39).
Saint Paul argumente ici qu´Abraham reçut la bénédiction en
considération de sa foi et avant la circoncision, c´est-à-dire avant qu´il
ait reçu l´alliance de Dieu et soit devenu particulièrement le père du
peuple juif. Par là Abraham est devenu eu égard à sa foi le père des
incirconcis, des peuples païens (Rom 4,9-12).
2. Le peuple juif n´est pas exclu, mais il n´a plus de privilèges
exclusifs
L´appartenance au peuple juif, dont le père est
Abraham, donne à ses membres le droit accordé par Dieu de participer à son
salut.
Même les descendants d´Abraham selon la chair sont soumis au
danger d´être exclus de la bénédiction d´Abraham, s´ils ne remplissent pas
les conditions nécessaires pour recevoir cette bénédiction. Dans le passage
de Saint Jean cité plus haut, Jésus reproche à ses
adversaires, qui se vantaient d´avoir Abraham pour père, que cela
n´empêchait pas qu´ils soient devenus des fils du diable, puisqu´ils veulent
accomplir ses désirs (cf. Jean 8,44).
Encore plus sévère est
l´avertissement dirigé contre les Juifs réticents: Après la guérison du
serviteur d´un centurion romain, Jésus proclame: « En
vérité, je vous le dis, chez personne je n´ai trouvé pareille foi en Israël.
Eh bien! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre
place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux,
tandis que les sujets du Royaume seront jetés dehors, dans les ténèbres »
(Mt 8,10-12).
3. Le salut
universel par Jésus Christ
Le
témoignage chrétien se concentre autour de la personne de Jésus Christ le
Seigneur. Toutes les promesses de Dieu données jadis à Abraham et aux Pères
se réalisent en lui ; l´alliance nouvelle et éternelle est scellée dans son
sang et confirmée par sa résurrection d´entre les morts ; les bénédictions
d´Abraham pour le peuple juif et pour toutes les nations de la terre
reposent maintenant sur l´appartenance directe ou indirecte à Jésus Christ.
Ainsi peut-on lire dans l´Épître aux Galates:
Or c´est à
Abraham que les promesses furent adressées et à sa descendance. l´Écriture
ne dit pas: « et aux descendants », comme s´il
s´agissait de plusieurs ; elle n´en désigne qu´un:
et à ta descendance, c´est-à-dire le Christ (Gal 3,16).
Et
encore un peu avant ce passage: « afin qu´aux
païens passe dans le Christ Jésus la bénédiction d´Abraham et que par la foi
nous recevions l´Esprit de la promesse » (Gal 3,14).
Toute
l´espérance d´Abraham se réalise en Jésus Christ.
Tous ceux qui ont
été baptisés au nom du Christ sont un dans le Christ, sans différence entre
les Juifs et les grecs, entre les hommes et les femmes, les esclaves et les
libres. « Car tous vous ne faites qu´un dans le Christ.
Mais si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la
descendance d´Abraham, héritiers selon la promesse » (Gal
3,28-29).
2. Conséquences
Sous la direction du
Saint-Esprit la communauté chrétienne a appris non seulement que Dieu « veut
que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la
vérité » (1 Tim 2,4), mais aussi que les voies que Dieu choisit pour
réaliser ce salut, cachent bien des surprises. Tandis que les
Judéo-Chrétiens insistaient que les païens devaient d´abord devenir Juifs
pour pouvoir devenir Chrétiens et ainsi participer au salut du Christ, Dieu
leur a montré que sa volonté libre ne se laisse pas enchaîner dans les liens
humains et qu´Israël n´est plus, comme certains le pensaient, le médiateur
nécessaire du salut des païens. L´histoire de la conversion du centurion
romain Corneille le démontre d´une manière extraordinairement instructive.
Les Actes des Apôtres au chapitre 10 décrivent l´événement et concluent:
Pierre parlait encore quand l´Esprit Saint tomba sur tous ceux qui
écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient avec Pierre
furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi
sur les païens. Alors Pierre déclara: « Peut-on refuser l´eau du baptême à
ceux qui ont reçu l´Esprit Saint aussi bien que nous ? » Et il ordonna de
les baptiser au nom de Jésus Christ (Actes 10, 44-48).
Que l´on
remarque que le don du Saint Esprit fut accordé à Corneille et à sa famille
avant qu´ils aient été baptisés, et que le baptême ne servit en ce cas qu´à
confirmer ce que Dieu avait effectué dans la vie de ces nouveaux convertis.
Le salut dans le Christ n´est pas lié à la biologie, à une descendance
selon la chair (Mt 3,9), ni à la géographie, c´est-à-dire à des lieux saints
particuliers. Jésus l´affirme d´une manière claire dans sa conversation avec
la Samaritaine: « Crois-moi, femme, l´heure vient où ce n´est ni sur cette
montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
Mais l´heure vient - et nous y sommes - où les vrais adorateurs adoreront le
Père en esprit et en vérité, car ce sont là les adorateurs tels que les veut
le Père » (Jean 4,21.23).
Le salut est définitivement lié à
la foi, au moins dans sa forme fondamentale, comme le formule l´Épître aux
Hébreux: « Or sans la foi il est impossible de lui plaire. Car celui qui
s´approche de Dieu doit croire qu´il existe et qu´il se fait le rémunérateur
de ceux qui le cherchent » (Hébr 11,6).
Le salut est aussi lié aux
bonnes œuvres. Dans le récit de la conversion de Corneille, Pierre déclare:
« Je constate en vérité que Dieu ne fait pas acception
des personnes, mais qu´en toute nation celui qui le craint et pratique la
justice lui est agréable » (Actes 10,35).
De là naît la
nécessité d´une nouvelle orientation dans les relations avec les
Non-Chrétiens.
3. Tension entre particularisme et universalisme
1. Dépassement du particularisme
Dans la première phase du développement de la communauté chrétienne se
place l´effort de surmonter le particularisme judaïque. Bien des textes et
des hymnes témoignent de cette orientation universelle et de la conscience
du rôle cosmique de Jésus Christ. Citons-en quelques passages.
Après
la descente du Saint Esprit à la première Pentecôte, l´Apôtre Pierre déclare
devant les groupes rassemblés à Jérusalem: « C´est pour vous qu´est la
promesse, ainsi que pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en
aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Actes 2,39).
Dans l´Évangile selon Saint Jean, Jésus lui-même déclare: «
J´ai d´autres brebis encore, qui ne sont pas de cet
enclos ; celles-là aussi, je dois les mener ; elles écouteront ma voix ; et
il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jean 10,16-17).
Saint Pierre se défend à Jérusalem contre les critiques des adeptes du
particularisme judéo-chrétien. Il décrit l´expérience qu´il a fait lors de
la conversion de Corneille: « Si donc Dieu leur a accordé le même don qu´à
nous, pour avoir cru au Seigneur, Jésus Christ, qui étais-je moi, pour faire
obstacle à Dieu ? » (Actes 11,17). Un témoignage semblable fut porté devant
l´Assemblée des Apôtres à Jérusalem, de sorte que la porte du salut fut
ouverte toute large devant les païens, sans qu´on leur imposât des charges
qui les auraient liés à la Loi judaïque (cf. Actes 15,4-19).
2. Le Christ cosmique
L´universalisme du salut et de la réconciliation dans le Christ acquiert une
dimension cosmique, de sorte que non seulement les Juifs et les païens sont
appelés à participer directement au salut du Christ, mais aussi tout
l´univers est englobé dans le mystère du Christ.
On lit dans l´hymne
qui sert d´ouverture à l´Épître aux Colossiens:
Il est l´Image du Dieu invisible, Premier-Né de toute
créature, car c´est en lui qu´ont été créées toutes choses dans les cieux et
sur la terre... Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes
choses et tout subsiste en lui.
Car Dieu
s´est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier
tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en
faisant la paix par le sang de sa croix (Col 1,15-20).
3. Le seul médiateur du salut est Jésus Christ
Nous trouvons dans le Nouveau Testament des textes qui montrent
clairement que l´Église dès les premières générations était convaincue que
le salut s´accomplit dans le Christ et en lui seul. Citons-en quelques-uns:
Jésus affirme clairement dans l´Évangile selon Saint Jean: « Je suis
le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14,6).
Saint Pierre déclare
officiellement devant le Sanhédrin: « Il n´y a pas sous le ciel d´autre nom
donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4,12).
Nous lisons enfin dans la Première Épître à Timothée: « Car Dieu est
unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus,
homme lui-même » (1 Tim 2,5).
4. La
nécessité de l´Église pour le salut ?
Avec le temps, on
remarque que l´Église commença à se comprendre comme le prolongement de
Jésus Christ, comme le lieu où s´accomplit la médiation salvatrice du
Christ. De là surgit l´insistance sur la nécessité d´appartenir à l´Église
pour pouvoir participer au salut du Christ. De là aussi est née la formule:
Extra Ecclesiam nulla salus ; pas de salut en dehors de l´Église. Par
une interprétation absolutiste de cette formule, certains théologiens
commencèrent à dénier aux Non-Chrétiens la possibilité de participer au
salut du Christ, tant qu´ils n´ont pas été baptisés et ainsi intégrés dans
la communauté chrétienne.
La foi chrétienne affirmait: Jésus Christ
est absolument nécessaire au salut. Maintenant surgit l´affirmation: L´Église
est absolument nécessaire au salut.
Aujourd´hui on interprète la
formule citée plus haut (Extra ecclesiam nulla salus) de la manière
suivante: Là où le salut du Christ s´accomplit - et cela de la manière dont
Dieu le veut et selon ses propres voies - là l´Église est aussi présente.
Ainsi la voie est-elle ouverte pour aller à la recherche des moyens dont
Dieu se sert pour réaliser son salut, même entre les Non-Chrétiens. C´est
pourquoi le Concile Vatican II encourage les Chrétiens à chercher à
découvrir chez les religions non-chrétiennes les éléments de vérité et de
sainteté qu´elles contiennent, de reconnaître et de promouvoir ces éléments,
car ils constituent des rayons de la vérité du Christ et sont un effet de
l´action du Saint Esprit dans l´histoire de l´humanité.
Jésus Christ
demeure le centre et le point de liaison de toute l´histoire du salut de
l´humanité. Mais il n´est pas toujours clair à nos yeux humains, comment se
forment les liens qui relient les sauvés de toutes les nations, ceux qui
participent à la bénédiction et à la promesse d´Abraham, à Jésus Christ, qui
les a sauvés et réconciliés dans le sang de sa croix et la gloire de sa
résurrection.
ABRAHAM DANS LA TRADITION
ISLAMIQUE
Les données de la tradition islamique sur le
rôle d´Abraham dans la pensée et la pratique religieuses des hommes et des
peuples - surtout dans le Coran - se déploient parallèlement aux lignes que
nous avons déjà constatées dans la tradition juive et la tradition
chrétienne.
1. Abraham, le croyant parfait
et le serviteur obéissant parfait
Abraham porte dans le
Coran (4,125) et dans la tradition islamique le titre d´honneur d´ami de
Dieu (khalil Allah). En considération de son élection, de sa bénédiction et
de l´alliance de Dieu, Abraham est un serviteur comblé de la grâce de Dieu,
un serviteur qui marcha malgré toutes les impasses aux yeux des hommes sur
le chemin que Dieu lui indiqua, et il se montra fidèle malgré les grandes
épreuves qu´il dut endurer. Par sa fidélité inébranlable à la foi en Dieu
Abraham est un exemple pour les Musulmans.
Abraham est aussi le
modèle de l´homme parfaitement ouvert à la vocation de Dieu. Car il est doté
d´un « cœur pur » (37,84), capable de s´ouvrir à la connaissance de Dieu. Et
Dieu le conduisit à la foi grâce à une science particulière qui n´est pas
parvenue à son père (19,43). Alors il put se détacher de l´erreur des ses
pères pour se tourner vers le Dieu Unique.
Et effectivement Dieu le
guida, lui accorda la révélation (2,1-36 ; 4,1-63), la prophétie (4,1-63) et
même une écriture sainte, « les Livres d´Abraham », cités à côté du Livre de
Moïse (53,36-37; 87,19).
2. Abraham le
Musulman
Le Coran appelle Abraham le premier Musulman, le
modèle du croyant qui se livre en toute confiance à Dieu. Sa fidélité aux
ordres de Dieu l´amena à observer les devoirs religieux d´un Musulman pieux:
il confessa la foi monothéiste, il s´acquitta de la prière, il donna
l´aumône imposée par la loi (21,73), il accomplit le pèlerinage y compris
l´entrée dans l´état sacré, l´accomplissement des circuits et l´offrande
(22,26-29), et il accomplit aussi les bonnes œuvres (21,73).
Enfin
Abraham reçut de Dieu la promesse d´une descendance bénie: Isaac, Jacob et
la longue postérité qui s´étend jusqu´à Jésus Christ, une postérité choisie
par Dieu et guidée par lui sur une voie droite (6,84-87 ; cf. 19,49 ; 21,72
; 29,27 ; 37,112). Et cette « famille d´Abraham », Dieu lui donna « le Livre
et la Sagesse », et il lui accorda « un immense royaume » (4,54).
Vu
tous ces dons et la bénédiction dont Dieu a comblé Abraham, celui-ci est
devenu le père des adeptes de la vraie religion. Et le Coran de donner
l´ordre à Mahomet: « Suis la Religion d´Abraham, un vrai croyant » (16,123)
; et de même aux Musulmans: « Dieu est véridique ; suivez la Religion
d´Abraham, un vrai croyant, qui n´était pas au nombre des polythéistes »
(2,95 ; cf. 4,125 ; 6,161).
3. Importance
d´Abraham pour l´Islam
L´appartenance à la descendance
d´Abraham gagna une importance décisive pour l´Islam, lorsque celui-ci se
mit à définir son identité à l´égard du Judaïsme et du Christianisme. Après
l´émigration de la Mecque à Médine en 622, Mahomet, qui était conscient de
ses liens avec la tradition biblique, essaya en vain de gagner l´alliance
des Juifs en faveur de sa cause et de ses intérêts contre ses adversaires
mecquois. Comme ses tentatives demeurèrent sans succès, il accomplit en 624
deux démarches qui assurèrent à l´Islam son indépendance religieuse et lui
ouvrirent l´entrée dans un patrimoine politique propre.
La première
démarche est de nature religieuse. Au-delà des ambitions exclusives des
Juifs et des Chrétiens d´être les héritiers d´Abraham et de posséder la
seule religion salvatrice, Mahomet se réclama d´une manière directe et
définitive d´Abraham, père de tous les croyants. La religion d´Abraham,
argumente-t-il, était là avant l´avènement du Judaïsme et du Christianisme.
Ainsi fut scellée l´indépendance de l´Islam par rapport au Judaïsme et au
Christianisme.
La deuxième démarche est da nature
politico-religieuse. Elle devait souligner la descendance légitime directe
d´Abraham et le caractère arabe de la révélation coranique. Le Coran
proclame que la Kaaba, le sanctuaire central de l´Arabie, a été bâtie par
Abraham et son fils Ismaël, et qu´elle n´est donc pas un temple païen, mais
un sanctuaire voué à l´adoration du Dieu unique (2,142-150). C´est pourquoi
le Coran ordonna à partir de là aux Musulmans de prier non plus en direction
de Jérusalem, comme ils l´avaient fait jusque-là, mais en direction de la
Kaaba. Par là fut confirmée l´indépendance religieuse de l´Islam et en même
temps son appartenance à la tradition biblique issue d´Abraham. De plus la
Kaaba devint le lieu de rassemblement de toutes les tribus arabes et le
symbole de l´unité religieuse et politique de l´Islam.
Sur ce nouveau
fondement, les Musulmans pouvaient donc désormais développer un sentiment
d´appartenance particulière à Abraham et se réclamer de lui de préférence
aux Juifs et aux Chrétiens. Sur ce sujet le Coran s´exprime d´une manière
claire: « Les hommes les plus proches d´Abraham sont vraiment ceux qui l´ont
suivi, ainsi que ce Prophète (Mahomet) et ceux qui ont cru» (3,68).
Cette place préférée dans la postérité d´Abraham est attestée une fois de
plus par le fait, comme l´affirme le Coran, qu´Abraham, lors de
l´édification de la Kaaba, a avec son fils Ismaël prié Dieu d´envoyer à sa
descendance un prophète pris parmi eux, lequel est identifié par l´exégèse
islamique à Mahomet (2,127-129).
4.
Importance d´Abraham pour les nations
Abraham est donc le
modèle de tous ceux qui se soumettent à Dieu par la foi et les bonnes
œuvres. De là on peut donc, bien que le Coran et la tradition islamique
soient moins explicites à ce sujet, tirer certaines conséquences concernant
le salut des nations et la solidarité des Musulmans avec les Non-Musulmans.
1. Salut des Non-Musulmans
La plupart des
théologiens musulmans affirment que seuls les Musulmans auront accès au
paradis, tandis que les Non-Musulmans, y compris les Juifs et les Chrétiens,
seront voués à l´enfer éternel. Mais le Coran assure ce qui suit: «
Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le Judaïsme, ceux qui sont Chrétiens
ou Sabéens, - ceux qui croient en Dieu et au dernier Jour, ceux qui font le
bien: voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils
n´éprouveront plus alors aucune crainte, ils ne seront pas affligés » (2,62
; cf. 5,69). Et il confirme cela malgré les réticences des Musulmans et des
Gens du Livre, Juifs et Chrétiens: « Cela ne dépend ni de vos souhaits, ni
des souhaits des Gens du Livre. Quiconque fait le mal sera rétribué en
conséquence. Tous les croyants, hommes et femmes, qui font le bien: voilà
ceux qui entreront au Paradis. » (4,123-124). Dans la perspective des ces
versets, de grands théologiens musulmans, comme Ghazzali, Mahmud Shaltut et
Muhammad ´Abduh, affirment que les Juifs et les Chrétiens, par exemple,
peuvent avoir accès au paradis de Dieu.
2. Solidarité des Musulmans
L´Islam comprend sa mission comme adressée à tous les peuples, de là son
orientation universelle. Mais cette universalité est liée à la conversion à
l´Islam et ne comporte dans la pratique qu´une solidarité partielle
réticente avec certaines communautés religieuses, détentrices d´une Ecriture
sainte, comme les Juifs et les chrétiens. Les autres peuples non-musulmans
doivent bien être traités suivant les exigences de la justice, mais ils ne
jouissent pas de la bienveillance et de la solidarité des Musulmans.
CONCLUSION
L´appartenance à la
postérité d´Abraham peut promouvoir une rencontre ouverte entre les fidèles
des trois religions abrahamiques. En se rapportant à sa foi et à son
obéissance aux ordres de Dieu, même dans les épreuves et les tribulations,
on peut trouver en lui un repère commun qui englobe tous les hommes de bonne
volonté, ouverts à la foi et prêts à s´orienter vers le bien. Cette attitude
est capable d´élargir les horizons des croyants pour englober tous les
hommes et tous les peuples et pour faire d´eux les témoins de la bénédiction
que Dieu a accordée à Abraham et qu´il lui a confiée pour toutes les nations
de la terre.
Au lieu d´être un objet de dispute et de litige entre
les trois religions qui se réclament de lui, Abraham peut devenir
l´initiateur et le garant d´un dialogue sérieux entre eux et d´une
coopération fructueuse pour le bien de toute l´humanité.
Car nous
vivons aujourd´hui dans un monde, qui, dans le cadre de la globalisation
envahissante, n´est plus et ne peut plus être le monde que les uns peuvent
confisquer à leur profit aux dépens des autres. Notre présent est le présent
de nous tous ensemble, et notre avenir est l´avenir de nous tous ensemble.
Il faut enfin cesser de nous traiter mutuellement en adversaires, il faut
réussir à nous constituer comme partenaires les uns des autres, et il faut
nous efforcer à créer entre nous une atmosphère de confiance qui nous rende
capables de devenir - si Dieu le veut - amis les uns des autres. Cela nous
conduira à pratiquer les uns à l´égard des autres et nous tous à l´égard de
tous les hommes une solidarité universelle, la solidarité de tous à l´égard
de tous.
Bibliographie
Art. Abraham, dans
Bibel-Lexikon, ed. Herbert Haag,3e édition, Benziger, Zürich-Einsiedeln-Köln
1982.
Art. Abraham, dans
Vocabulaire de Théologie biblique, édité par Xavier Léon-Dufour, Cerf, Paris
1962.
Ludwig Hagemann, Propheten
- Zeugen des Glaubens. Koranische und biblische Deutungen (Religionswissenschaftliche
Studien 26), 2e édition, Echter, Würzburg - Oros, Altenberge 1993, p. 51-64.
Adel Theodor Khoury,
Einführung in die Grundlagen des Islams, 4e édition, Echter, Würzburg - Oros,
Altenberge 1995 (nouveau tirage 1999), p. 40-44.
Karl-Josef Kuschel, Streit
um Abraham. Was Juden, Christen und Muslime trennt - und was sie eint,
Piper, München 1994.
Le texte intégral du discours académique du pape
Benoît XVI:
Benoît XVI
Déclaration du cardinal
Tarcissio Bertone, Secrétaire d'Etat:
Le Saint Père Benoît XVI s'explique
Sources: Vatican Texte original : Plurilingue - traduction E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.09.2006 - BENOÎT XVI |