Benoît XVI a à coeur la diffusion de
la Lectio divina |
 |
Cité du Vatican, le 15 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Deuxième partie du texte du Rapport par le cardinal Marc
Ouellet après le Débat général en cette dix-septième Congrégation
générale du Synode des Évêques.
|
Le cardinal Marc
Ouellet
Benoît XVI a à coeur la diffusion de la Lectio divina
Pages précédentes
1◄
2 ◄
3
►
4
Page suivante
(suite)
6. EUCHARISTIE, HOMÉLIE, COMMUNAUTÉ
24. Écriture et Eucharistie
Un autre point abordé à plusieurs reprises dans les interventions est le
rapport entre la Sainte Écriture et l’Eucharistie. Nous avons déjà mentionné
la liturgie comme lieu originel des Saintes Écritures, en tant que lieu de
la rencontre avec Dieu qui se révèle dans le Christ. Un tel cadre liturgique
trouve son expression particulière dans la célébration eucharistique.
Toutefois le Synode s’interroge sur le moyen de favoriser parmi les fidèles
une perception plus unitaire de ce rapport. Certainement l’Écriture possède
le maximum d’actualité et d’énergie spirituelle quand elle est proclamée
durant la Sainte Messe. Cette suprême efficacité se vérifie quand la Parole
que l’on proclame est écoutée, comprise, aimée, intériorisée; cela suppose
une grande familiarité qui se développe seulement par la lecture constante
de la Parole de Dieu. Dans cette perspective, la relation entre Écriture et
Eucharistie est décisive. La Bible en effet parle de l’amour de Dieu au
travers de la longue histoire de son peuple, qui se condense dans le geste
suprême d’amour de Jésus. Voilà pourquoi l’Eucharistie aide à comprendre le
message de la Bible, de même que la Bible explique le mystère eucharistique.
On a rappelé, de manière suggestive dans l’aula, un chemin de conversion
qui, de façon toute spéciale, a reconnu dans l’Eucharistie le Dieu de la
Parole.
L’unité intrinsèque entre le Dieu de la Parole et le mystère eucharistique
nous porte à envisager le problème déjà signalé concernant une certaine
juxtaposition des deux parties de la messe, problème dont
Sacramentum Caritatis
s’était déjà occupé
(n°44 & 45) : la liturgie de la
Parole et la liturgie de l’Eucharistie. Cette relation est assurée par
l’action de l’Esprit, à l’œuvre dans les deux parties. L’Esprit, qui agit
dans la Parole, est à l’œuvre dans la liturgie eucharistique. Ici, un Père a
parlé d’une "dimension épiclétique" qui concerne tout autant la Parole que
l’Eucharistie. Ce même Esprit constitue l’unité intrinsèque et le renvoi
mutuel entre Parole et Sacrement eucharistique.
Comment est-il possible d’aider, par une pastorale liturgique vraiment
adéquate, à faire comprendre plus intimement l’unité de la célébration et la
relation intrinsèque entre Écriture et Sacrement eucharistique ?
25. Dimension sacramentelle de la Parole
Sur le même sujet du rapport entre Parole de Dieu et Eucharistie, quelques
intervenants ont mis en évidence la nécessité de parler d’un caractère
sacramentel de la Parole de Dieu et de la Sainte Écriture. L’Écriture et la
voix qui proclame la Parole de Dieu sont, par analogie avec les espèces
eucharistiques, "signes" qui véhiculent le mystère eucharistique. Ce n’est
pas par une analyse de la matérialité du signe que l’on peut saisir le
mystère; ce qui est communiqué ne peut être saisi que dans l’Esprit qui
opère dans la foi.
Comme les espèces eucharistiques communiquent le mystère sous le voile du
signe, ainsi la Parole éternelle de Dieu se communique dans les limites
d’une parole humaine. En ce sens, aussi bien l’Eucharistie que la Sainte
Écriture se rejoignent dans l’horizon sacramentel de la Révélation de Dieu
(Fides
et ratio 13), que seule la foi peut reconnaître, accueillir et vivre.
26. Parole et dimension eschatologique
Cette dimension sacramentelle de la Parole s’unit aussi à sa dimension
eschatologique. Celle-ci brille alors dans l’unité entre la Parole de Dieu
proclamée dans la célébration et le mystère eucharistique. La proclamation
de l’Évangile durant l’Eucharistie est communication du Christ ressuscité
par la puissance de l’Esprit Saint; ainsi, elle offre l’opportunité de voir
maintenant déjà la gloire de Dieu. C’est un moment eschatologique de la
révélation. La Parole qui est proclamée est la Parole définitive de Dieu.
L’évêque, le prêtre et le diacre qui proclament l’Évangile dans la
célébration liturgique doivent être conscients de leur grande
responsabilité, chacun selon son ordre. La proclamation de l’Évangile doit
aider les participants à la célébration à accueillir la manifestation de
Jésus, le Fils de Dieu, comme accomplissement de l’histoire.
En effet, toute la célébration eucharistique possède le caractère "
d’anticipation " de la Manifestation finale de la Gloire de Dieu, comme l’a
affirmé le pape Benoît XVI dans
Sacramentum Caritatis
(n°30 & 31). De la même manière,
la Parole de Dieu proclamée en son sein participe d’un tel caractère
eschatologique.
27. Célébration de la Parole
L’unité entre Parole et Sacrement apparaît décisive pour la vie des fidèles.
Cette constatation fait sentir toute la douleur que vivent les communautés
chrétiennes quand – à cause de la raréfaction du clergé ou en raison de
situations de persécutions – la célébration eucharistique ne peut être
assurée de manière continue. Quelques intervenants, faisant allusion à ces
situations, ont souligné l’importance de la célébration de la Parole de Dieu
dans la communauté ecclésiale, qui ne doit jamais être laissée de côté.
Grâce à la célébration de la Parole, beaucoup de communautés ecclésiales
privées de l’Eucharistie célèbrent la foi dans le mystère du Christ et
nourrissent ainsi leur foi et le témoignage chrétien. La célébration de la
Parole même sans prêtre est un des lieux privilégiés de la rencontre avec le
Christ. Sacramentum Caritatis invite à ces célébrations
(SC, n°75).
Moyennant l’action de l’Esprit Saint, la Parole de Dieu ainsi proclamée et
célébrée fructifie dans le cœur et dans la vie de ceux qui la reçoivent.
28. L’importance de l’homélie
Toujours dans le contexte de la relation entre Parole et Eucharistie,
beaucoup de Pères ont noté l’importance de l’homélie pendant la Sainte Messe
en relation avec l’Écriture proclamée. Cela est certainement un thème qui a
besoin d’être approfondi et sur lequel on doit donner des indications
claires.
En effet, l’homélie occupe une place importante et nécessaire et est l’un
des services majeurs que l’évêque, le prêtre, et le diacre, chacun dans son
ordre, doivent prêter à la communauté des fidèles : pour la majeure partie
d’entre eux, c’est l’unique occasion d’écouter la Parole de Dieu,
particulièrement lors de la célébration dominicale.
Un intervenant a suggéré que l’homélie doit être préparée dans un climat
d’étude, de prière et de méditation répondant à trois demandes: Que
signifient les lectures qui ont été proclamées ? Que signifient-elles pour
moi personnellement ? Que dois-je, moi en tant que pasteur, communiquer aux
fidèles en tenant compte des circonstances dans lesquelles se développe la
vie de la communauté ?
À ce propos, d’autres interventions ont rappelé que le renouveau conciliaire
invite à faire des homélies qui soient principalement une exposition et une
application de la Sainte Écriture. On a recommandé comme une nécessité de
passer d’une prédication moralisante à une prédication plus kérygmatique.
Une prédication simplement moralisatrice ne génère pas la foi qui sauve. Une
prédication du kérygme s’avère nécessaire, une prédication plus missionnaire
qui tend à évoquer la foi.
Quelles indications doivent être données de la part du Synode à ce sujet ?
Peut-il être utile et nécessaire d’élaborer un Directoire homilétique
général qui aide à former les prédicateurs dans l’ars predicandi ?
29. Formes analogiques de prédication: l’art
Certaines interventions des Pères, instructives et enrichissantes, ont
rappelé combien la proclamation de la Parole de Dieu trouve un écho non
seulement dans les homélies, mais aussi dans d’autres formes de
communication liées à l’art et à la beauté. Comme illustration de ce fait,
on a donné le témoignage et l’exemple de la liturgie byzantine. La
communication de la Parole de Dieu est liée à l’hymnographie liturgique et à
l’iconographie.
À ce sujet, un intervenant a souligné l’importance, durant la liturgie, de
chants qui soient adaptés, beaux et clairement inspirés des textes de la
Sainte Écriture. De là aussi l’importance que les chants utilisés dans la
liturgie soient approuvés par l’Autorité compétente qui peut vérifier une
telle qualité.
La Parole de Dieu, a-t-on encore souligné, trouve une incontournable
communication dans l’art figuratif: qu’on pense, par exemple, aux icônes.
Ces expressions artistiques sont non seulement une illustration du texte
biblique, mais encore une fenêtre ouverte sur le ciel à travers laquelle se
développe le dialogue entre Dieu et l’homme et entre l’homme et Dieu.
Comment valoriser et promouvoir un art, en ses diverses formes, toujours
plus enraciné dans la Parole de Dieu, qui soit non seulement une biblia
pauperum mais aussi un approfondissement, véritable expression de la foi et
du dialogue avec Dieu qui se donne lui-même à nous dans Son Fils ?
30. Parole de Dieu, célébration et communauté
Dans la célébration liturgique, dans la proclamation de la Parole de Dieu,
les fidèles sont appelés à se découvrir comme communauté vivante qui se
nourrit de la Parole et du Pain de la Vie. Le Saint-Esprit crée une harmonie
et une syntonie entre l’Écriture et la communauté. Il sera donc important de
respecter le besoin intérieur qui pousse la communauté à la rencontre de la
Parole de Dieu, mais on fera attention aussi à contrôler cette sensibilité
qui exalte l’excès de spontanéité, l’expérience strictement subjective et la
soif du prodigieux. La communauté chrétienne se construit chaque jour en se
laissant conduire par la Parole de Dieu sous l’action du Saint-Esprit qui
donne illumination et consolation.
La célébration authentique de la Parole et du Pain de Vie empêchent la
communauté chrétienne de se replier sur elle-même. Au contraire, s’ouvrir et
se laisser atteindre dans le mystère célébré permet d’élargir les limites de
sa propre réalité, empêchant les lectures intimistes, fondamentalistes, qui
sont typiques des sectes. Les communautés deviennent ainsi sous l’action
vivifiante de l’Esprit Saint servantes de la Parole, avec la tâche
particulière de l’offrir au monde qui l’entoure.
Dans ce contexte, se sont succédé dans l’aula divers intervenants qui ont
recommandé le contexte communautaire pour l’écoute et le partage de la
Parole de Dieu comme contexte qui favorise le développement avec le mystère
communiqué dans la Sainte Écriture.
À propos de cette dimension communautaire de l’approche du texte sacré, qui
se réalise de façon paradigmatique dans la liturgie eucharistique, n’ont pas
manqué les interventions qui ont recommandé la constitution de petites
communautés pour l’écoute et le partage biblique, communautés qui peuvent
être composées des noyaux familiaux, dans l’horizon plus ample de la
communauté paroissiale et des diverses expériences liées aux mouvements
ecclésiaux et aux nouvelles communautés. De telles communautés sont aussi
des lieux où on peut expérimenter la réalité concrète de la Parole qui veut
faire croître, en nous et parmi nous, l’amour fraternel.
7. EXÉGÈSE, THÉOLOGIE, LECTIO DIVINA
31. Exégèse et théologie
"[…] L’étude des Saintes Lettres doit être comme l’âme de la sainte
théologie"
(DV
24). En référence à cette expression de Dei
Verbum, de
nombreuses interventions dans l’aula ont signalé certaines problématiques
qui nécessitent un approfondissement. Certainement l’étude biblique a fait
de grands progrès dans les dernières décennies. On a évoqué dans l’aula
synodale les divers instituts bibliques à la charge de grands ordres
religieux. Il ne manque pas de figures de chercheurs qui, emblématiquement,
ont vécu non sans tension la fidélité à la recherche scientifique et la
fidélité au Magistère de l’Église.
Aussi Sa Sainteté Benoît XVI, dans la célébration du cinquantième
anniversaire de la mort de Pie XII, a rappelé durant l’homélie l’important
document
Divino Afflante Spiritu, qui a marqué une introduction
significative, dans la rechercher biblique, des méthodes modernes d’analyses
textuelles que Vatican II a ultérieurement approfondies et relancées.
Nonobstant quelques pas significatifs, on peut dire que beaucoup
d’intervenants, durant la discussion, ont fait état d’une tension entre
l’exégèse biblique et la théologie, où se répercute la difficulté de saisir
adéquatement le lien entre sens littéral/historique et sens
spirituel/plénier de l’Écriture. Quelqu’un a parlé de divorce pratique entre
exégèse, théologie biblique et théologie dogmatique. Cette tension s’est
vérifiée à plusieurs reprises dans la relation entre exégèse et Magistère de
l’Église. On ne doit jamais oublier, a-t-on affirmé, que le sens des
Écritures est, de par sa nature, théologique.
Certainement, de nos jours, on affirme la nécessité d’expliquer le sens des
Écritures selon le sens de l’Église, interprétant la Parole écrite dans la
Bible dans le contexte de la Tradition vivante, valorisant en cela
l’héritage des Pères. D’autre part, il est indubitable que l’Esprit de Dieu
nous pousse à penser de nouveaux chemins que la Parole de Dieu entend
accomplir chez les hommes de notre temps, en recueillant les attentes et les
défis que l’humanité d’aujourd’hui pose à la Parole. Il en découle de
nouvelles tâches.
Il devient indispensable de développer l’étude selon les indications du
Magistère, aussi bien quant à la connaissance et l’emploi des méthodes de
recherche scientifique qu’au processus interprétatif qui doit aboutir à la
plénitude du sens spirituel du texte sacré. On demande que soit dépassée la
distance qu’on observe entre la recherche exégétique et l’élaboration
théologique, en vue d’une collaboration réciproque. Le théologien utilise le
donné biblique sans l’instrumentaliser, alors que l’exégète ne limite pas sa
recherche aux seules données littéraires, mais s’emploie à reconnaître et à
communiquer les contenus théologiques présents dans le texte inspiré.En
particulier, on demande au théologien de se faire un devoir de développer
une théologie de la Sainte Écriture qui aide à comprendre et à valoriser la
vérité de la Bible, dans la vie de foi et le dialogue avec les cultures,
tout en réfléchissant aux tendances anthropologiques actuelles, aux défis
posés par la morale, au rapport entre raison et foi, au dialogue avec les
grandes religions… En outre, la communauté attend, des savants, qu’ils
aident les ministres de la Parole de Dieu à offrir au peuple de Dieu
l’aliment des Écritures. Pour cela, on souhaite un dialogue intense entre
exégètes, théologiens et pasteurs.
À ce propos, s’impose aujourd’hui la nécessité d’une lecture croyante de la
Sainte Écriture qui se fait un devoir d’insérer toute la problématique du
texte à l’intérieur d’une vision de foi. Il ne s’agit pas seulement d’aller
au-delà de la lettre, mais de percevoir le texte comme signe dans lequel la
Parole révélée demande d’être écoutée. Voilà pourquoi l’exégèse ne peut être
réduite à une simple philologie neutre. Cela vaut pour les études bibliques
et en particulier pour les études dans les séminaires où se forment les
prêtres qui devront rompre le pain de la Parole pour le peuple de Dieu.
À ce sujet, il est nécessaire d’approfondir la problématique ici soulevée.
Comment dépasser la dichotomie souvent présente entre les savants, entre les
problématiques du texte et le sens théologique de la Parole de Dieu dans la
Sainte Écriture ?
Comment favoriser la collaboration entre exégètes et théologiens et comment
aider à saisir l’importance de se référer au Magistère de l’Église, comme un
processus inhérent à l’étude même de la Parole de Dieu ?
Au sujet de la relation entre exégètes, théologiens et Magistère, certains
Pères ont demandé d’aborder certains thèmes spécifiques qui aujourd’hui
requièrent un approfondissement: c’est le cas de l’inspiration (et
conséquemment, de l’herméneutique), et de l’inerrance des Saintes Écritures.
Comment comprendre aujourd’hui ces concepts ?
32. Sainte Écriture et Lectio divina
Dans le contexte d’une lecture et d’une étude réellement croyantes du texte
sacré, il convient de situer certains instruments qui forment à une approche
authentiquement spirituelle de la Bible. Ici, on doit rappeler, comme du
reste l’avait fait amplement l’Intrumentum Laboris, le fait que les
intervenants dans l’aula synodale ont mis l’accent sur l’importance de la
Lectio divina en notre temps.
À ce sujet, on doit rappeler que pour une authentique spiritualité de la
Parole, "la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour
que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car ‘c’est à lui que nous
nous adressons quand nous prions; c’est Lui que nous écoutons quand nous
lisons les oracles divins’" (DV 25). C’est ce que confirme saint Augustin:
"Ta prière est ta parole orientée vers Dieu; quand tu lis la Bible, c’est
Dieu qui te parle; quand tu pries, c’est toi qui parles à Dieu".
La Lectio divina est une lecture individuelle et communautaire d’un passage
plus ou moins long de l’Écriture écoutée comme Parole de Dieu et qui se
prolonge sous la stimulation de l’Esprit dans la méditation, la prière et la
contemplation
(cf. PCB, Interprétation de la Bible dans l’Église, 4 C 2)
C’est une forme d’oraison qui purifie le désir et produit une disponibilité
en harmonie avec la Volonté de Dieu. La diffusion de la Lectio divina tient
au cœur de Benoît XVI : il l’a proposée comme un point décisif pour un
renouveau de la foi
(cf. L’Osservatore Romano, 7 avril 2006).
Toutefois, on doit aussi dire que la Lectio divina n’est pas facile. Une
approche pédagogique d’initiation s’avère nécessaire, approche qui fasse
bien comprendre de quoi il s’agit et qui contribue à clarifier le sens des
diverses étapes et une manière de les appliquer qui soit aussi fidèle que
sagement créative.
On a rappelé dans l’aula quelques méthodes qu’il faut bien tenir présentes
et qui rendent compte des divers contextes culturels d’approche de la Sainte
Écriture. Le nom même de Lectio divina est en partie modifié, par exemple en
"école de la Parole", ou bien "lecture orante". Surtout on gardera à
l’esprit le fait que le fidèle d’aujourd’hui vit dans un contexte de
rapidité et de fragmentation; cela demande une formation claire, patiente et
continue chez les prêtres, les personnes dans la vie consacrée et les laïcs.
Un intervenant dans l’aula a rappelé à ce sujet que Dei
Verbum parle aussi
d’un approfondissement de l’Écriture "per piam lectionem". Pour en
arriver là, on doit toujours rappeler que la nature du texte sacré est
d’être témoignage de l’œuvre de salut accomplie par Jésus. La lecture pieuse
recommandée par Dei
Verbum exprime en ce sens "la modalité de connaissance
amoureuse de foi".
Dans cette perspective, on doit toujours rappeler que l’approche du texte
sacré quand elle est faite personnellement par le fidèle, ne peut être
isolée de la communion et du contexte ecclésial. La lecture de foi reconnaît
dans l’Écriture le "témoignage fidèle et vrai", le Christ lui-même, la Parole
incarnée de Dieu et pourtant qui veut faire de nous des témoins toujours
plus crédibles de la vérité révélée.
Pour cela, on peut dire que Marie est le meilleur exemple d’accueil de la
Parole de Dieu. En particulier, si l’on considère sa manière d’écouter la
Parole. Le texte évangélique "Marie, pour sa part, gardait toutes ces choses
dans son cœur et les méditait"
(Lc 2, 19) signifie qu’elle écoutait et
connaissait les Écritures, les méditait dans son cœur en une sorte de
processus intérieur, où l’intelligence n’est pas séparée du cœur. Marie
recherchait le sens spirituel de l’Écriture et le trouvait en le reliant (symballousa)
aux paroles, à la vie de Jésus et aux événements qu’elle découvrait dans son
histoire personnelle.
Comment aider pastoralement à une lecture de la Parole de Dieu qui fasse
croître, personnellement et communautairement, dans la vie spirituelle, et
rende les croyants chaque jour toujours plus capables d’un témoignage
crédible de l’amour communicatif de la Révélation chrétienne ?
III. PAROLE DE DIEU, MISSION, DIALOGUE
Passons maintenant à la troisième partie : "Parole de Dieu, mission,
dialogue". Un participant a affirmé: "Le saint Synode de la Parole est le
Synode de la mission." Un autre a même suggéré de reformuler le titre de
cette troisième partie: non pas "La Parole de Dieu DANS la mission de
l’Église", mais "La Parole de Dieu EST la mission de l’Église". Maintes
fois, dans cette aula, on a affirmé le statut de la Parole comme "âme de
toute la pastorale", en en faisant un objectif ferme à réaliser. Dans une
intervention libre, l’un de nous a même parlé de la Parole comme "âme de
l’humanisation". C’est dire toute l’ampleur de la mission : ad intra, certes,
mais encore et surtout ad extra, en dialogue effectif avec l’humanité tout
entière
(cf. Mt 28, 19-20).
Je développerai le sujet en trois étapes contenant chacune trois points. Je
traiterai d’abord de tout ce qui touche au contenu : le témoignage, le kérygme, la catéchèse.
Pages précédentes
1◄
2 ◄
3
►
4
Page suivante
Nouveau: conseils aux personnes qui
désirent recevoir les actualités ou consulter le site régulièrement:
ICI
|
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.10.2008 -
T/Synode |