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(suite) 3. PAROLE DE DIEU, LITURGIE, ÉCOUTE

9. Parole de Dieu et convocation

Le caractère historique, salvifique, de la Parole de Dieu nous aide à comprendre que celle-ci n’est pas réductible au livre des Saintes Écritures et que, toutefois, ces Écritures sont effectivement l’attestation normative et imprescriptible de cette Parole qui, comme telle – en tant que symphonie à plusieurs voix –, culmine dans la personne du Christ, qui est le Verbe incarné
(Jn 1,14). Dans cette perspective, on doit mettre en relief un grand nombre d’interventions des Pères qui ont souligné l’importance de relier la parole de Dieu à la liturgie et, en particulier, à la liturgie eucharistique. Dans la ligne de l’histoire du salut, la parole de Dieu trouve son lieu originaire dans la convocatio liturgique, comme lieu de la rencontre. Comme cela a été souligné plusieurs fois dans les interventions, toute la réalité liturgique, de la prière des psaumes aux lectures et jusqu’à la célébration du mystère eucharistique, est imprégnée de la Parole de Dieu, laquelle ici et maintenant s’adresse aux fidèles et les fait participer, afin qu’ils se laissent chaque jour davantage transformer par son efficacité durable.

Le contexte liturgique, et en particulier la célébration eucharistique, invite à bien faire comprendre la dimension sacramentelle inhérente à la Parole de Dieu. Cela implique l’importance de la liturgie pour l’herméneutique même des Saintes Écritures. L’approche de la Parole de Dieu, à l’intérieur du contexte liturgique de la célébration, met en œuvre un critère herméneutique approprié en ce qu’il permet de s’approcher des Écritures pour ce qu’elles sont réellement : Parole de Dieu qui s’adresse à l’homme, afin que celui-ci l’accueille dans la foi. Plus exactement, comme l’ont rappelé quelques interventions, le contexte de la vie ecclésiale, qui s’exprime de manière paradigmatique dans la liturgie, est l’unique lieu approprié pour une vraie compréhension de la Parole de Dieu qui est attestée dans les Saintes Écritures. En effet, la Parole de Dieu est "l’âme de toute liturgie" et dans la liturgie "la narration biblique devient évènement actuel de salut".

En ce sens, on doit dire que l’Église, avant tout dans son cycle liturgique, est le lieu vital où la "parole de Dieu est religieusement écoutée, fidèlement proclamée et interprétée" (
DV 1). On a aussi affirmé que "la célébration de la Parole de Dieu devient un des lieux privilégiés de la rencontre avec Jésus Christ, centre et plénitude de toute l’Écriture et de toute célébration liturgique".

Comment aider tout le peuple de Dieu à découvrir l’importance de la Parole de Dieu dans la richesse de la vie liturgique de l’Église ? Quelles conséquences pour la théologie et pour la spiritualité implique le fait de considérer la liturgie comme le lieu originaire de la rencontre avec la Parole de Dieu ? Quelles conséquences en tirer pour l’exégèse et l’herméneutique ? Quelle relation y a-t-il entre parole de Dieu et liturgie en tant qu’actuation sacramentelle de "l’oeconomia salutis" ?

10. L’homme, un être appelé à l’écoute de la Parole

En ce sens, la reconnaissance de la Parole de Dieu comme parole vivante que l’on rencontre dans la convocatio liturgique rappelle de manière inévitable, à celui auquel cette parole s’adresse, pourquoi elle est écoutée, accueillie, générant en nous, dans la foi, une authentique obéissance. Si, d’une part, le Christ, dans la Parole
(et dans l’Eucharistie), nous dit : Je suis à toi, d’autre part, nous sommes appelés à Lui répondre : Je suis à Toi (Benoît XVI).

La Parole demande à être authentiquement écoutée, accueillie, non d’une manière superficielle. Ceci met au premier plan, comme l’ont fait plusieurs intervenants, la dimension anthropologique de la révélation de Dieu dans sa Parole. L’homme apparaît ici comme convoqué par la Parole, appelé intimement à en être un auditeur loyal. Mais cela ne peut pas se produire si l’homme n’ouvre pas la porte à Dieu qui frappe pour entrer chez lui
(cf. Lc 24; Ap 3, 20) et s’il reste attaché à l’étroitesse de ses limites.

Cette dimension anthropologique particulière selon laquelle l’homme est appelé à l’écoute, à l’accueil et à la réponse à la parole de Dieu, s’oppose certainement aux codes culturels de notre temps marqué par la distraction et par un manque fondamental d’éducation à l’écoute de l’autre.

11. L’Église, mère et maîtresse de l’écoute de la Parole de Dieu


Indispensable et incontournable est la tâche de l’Église d’éduquer à l’écoute de la Parole de Dieu; l’Église est, au plus profond d’elle-même, l’épouse qui écoute, accueille et rend féconde la Parole donnée par son époux. En conséquence, l’Église peut répondre aux défis de notre temps qui, au contraire, tend à distraire l’homme, en le rendant incapable d’accueillir l’invitation du Seigneur à la liberté.

À notre époque, plus que jamais, l’Église doit être maîtresse d’écoute. On doit, comme cela s’est fait dans l’aula, exprimer notre disponibilité ecclésiale à l’écoute: "Parle, Seigneur, que ton Église t’écoute". Même si l’homme peut être distrait et vivre dans une culture qui fait obstacle à la soif de transcendance, l’Église sait pourtant que l’homme a été créé par Dieu pour écouter et accueillir Sa Parole. Sa disposition à l’écoute n’est pas, pour l’homme, une option facultative, mais elle est l’une de ses constituantes ontologiques. L’Église, quand elle invite l’homme à l’écoute de la Parole de Dieu, lui rappelle du même coup l’une de ses caractéristiques constitutives en tant qu’homme. L’homme est tiré du néant par la puissance de la Parole créatrice de Dieu et ne peut se réaliser que comme auditeur qui accueille la Parole, en lui obéissant.

Ces considérations sont lourdes de conséquences pastorales. Mettre au centre la Parole de Dieu signifie éduquer l’homme à l’écoute, à se redécouvrir lui-même comme ayant besoin de l’écoute de la Parole de Dieu, aider l’homme à se redécouvrir comme un affamé de la Parole. Comment expliquer cette mission ecclésiale d’être mère et maîtresse de l’écoute ?

12. Parole et vocation

Une considération découle de cette réflexion: la Parole de Dieu comme telle se manifeste en interpellant l’homme et en l’appelant, par vocation, à se réaliser lui-même en sortant de lui-même précisément pour faire sien le projet de Dieu sur lui. En ce sens, on doit mettre en évidence le caractère éminemment vocationnel qu’implique une juste conception de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu qui appelle, a-t-on dit, constitue l’homme en une "identité responsoriale". La Parole de Dieu nous invite à une réponse.

La rareté et la crise des vocations sont souvent une crise de la capacité d’écoute. De cela découle naturellement la nécessité pour l’Église de jeter les bases d’une action spirituelle et pastorale apte à mettre en lumière la structure anthropologique de chaque homme en relation à l’appel de Dieu.

13. Dieu qui parle et écoute l’homme dans le besoin

Mais, au cours de notre assemblée synodale, on a fait ressortir plus d’une fois, ce qui peut paraître étonnant, le fait qu’en Dieu Lui-même nous trouvons aussi l’écoute et que Lui-même nous éduque à l’écoute. En effet, la Parole de Dieu est une parole qui donne voix à ceux qui n’en ont pas; le Seigneur écoute le cri de l’homme qui recherche la paix, la justice et la vérité. Donc, à l’école de la Parole de Dieu, nous pouvons aussi apprendre l’écoute. Plusieurs Pères nous ont rappelé, dans l’aula synodale, combien l’Écriture nous parle non seulement d’un Dieu qui parle, mais aussi d’un Dieu qui écoute. À ce sujet, diverses interventions nous ont remémoré la nécessité de cultiver dans le cœur de l’homme cette attitude d’écoute, de réceptivité face à la Parole de Dieu. L’Église également doit apprendre à écouter: écouter Dieu pour porter la Parole de Dieu à l’homme; écouter l’homme de la manière dont Dieu l’écoute, pour porter à Dieu, à travers cette médiation, la parole de l’homme adressée à Dieu. Le Seigneur s’adresse à notre cœur, à l’intimité profonde de notre existence, attentif à nos demandes et à nos besoins, surtout au besoin décisif de salut et de rédemption. La prédication et l’annonce de l’Église requièrent, des humains, qu’ils soient des gens qui parlent extérieurement et écoutent intérieurement.

Comment approfondir, dans l’Église, cette dimension d’écoute des sans-voix, et comment nous éduquer à l’écoute ?

14. La Parole et les pauvres

Ici, comme on l’a rappelé, la figure des pauvres, des enfants et des simples de cœur a été puissamment mise en évidence. Les pauvres apparaissent ici comme une figure décisive pour nous enseigner la manière juste d’accueillir et de répondre promptement et loyalement à l’invitation qui nous vient du Seigneur à travers Sa Parole. "Les pauvres ont une ouverture profonde envers la Parole de Dieu et pour cela l’Église doit les fréquenter tous les jours". Les pauvres constituent certainement un grand défi pour le monde mais aussi pour l’Église. Ceux-ci manifestent une faim particulière de la Parole.

L’Église a la responsabilité de répondre à ce besoin en mettant à profit toutes les ressources à sa disposition afin que la faim des pauvres puisse trouver une réponse adéquate dans la pastorale ecclésiale. Comment être toujours plus une Église qui vit de la Parole de Dieu et qui, pour cela, donne voix à ceux qui sont sans voix ?

15. Parole, silence et prière

Dans l’assemblée synodale est ressortie plus d’une fois, en lien avec l’écoute, la nécessité du silence, de faire place en nous-mêmes à la Parole vivante de Dieu. Comme le rappelle l’Imitation du Christ : "Verbo crescente, verba deficiunt". Dans l’aula, les rappels significatifs n’ont pas manqué à l’effet qu’il ne peut y avoir de véritable accueil de la Parole de Dieu si on ne l’aborde pas avec un cœur qui prie et contemple. Il ne saurait y avoir d’approche neutre de la Parole de Dieu; aussi dans le concret de l’approche des Saintes Écritures, l’unique attitude adéquate s’avère celle de la prière. Dans cette perspective, quelques Pères synodaux ont rappelé la nécessité, pour les fidèles, de demeurer longuement penchés sur les Écritures pour qu’elles puissent s’enraciner dans leur cœur. À l’exemple de Marie qui contemplait et méditait les paroles du Fils et les événements, ainsi nous sommes appelés à nous attarder aux paroles des Saintes Écritures, en valorisant aussi la mémorisation de quelques versets particulièrement expressifs de la Vérité révélée. Aussi la prière comme le Rosaire
(ou l’Angélus, où nous faisons mémoire de l’Incarnation de la Parole de Dieu, ou bien le chemin de Croix où nous méditons la Parole qui se fait silence ou devient muette dans la mort par amour pour nous), doit être valorisée, ainsi que la rumination de la Parole en fixant des versets significatifs. On a affirmé que Marie, de cette manière, a fait de son cœur une "bibliothèque de la Parole". Voilà ce qu’il faut désirer pour nous-mêmes et pour tous fidèles. Marie se présente à nous comme l’authentique clef d’accès aux trésors de l’Écriture. Dans l’aula, il n’a pas manqué d’émouvants témoignages illustrant comment, en temps de persécution et de manque de prêtres, la communauté ecclésiale est demeurée fidèle à la Parole à travers la prière du Rosaire.

Quelles propositions pouvons-nous faire concrètement afin que le Peuple de Dieu demeure dans la Parole et grandisse en elle ? Comment penser à une formation concrète pour les fidèles ?

16. La Parole de Dieu et la foi

Somme toute, notre écoute de la Parole, comme la lecture de l’Écriture, doit être une écoute et une lecture de croyant. L’annonce de la Parole de Dieu ne réalise pas le but pour lequel elle a été prononcée si elle n’est pas écoutée et rendue féconde par la foi. Il ne faut jamais oublier – comme cela a été dit – que la prédication de la Parole doit inciter à la foi. Il faut toujours chercher la Parole de Dieu à travers les paroles. Si nous nous arrêtons aux paroles, nous risquons de ne pas trouver la vraie Parole de Dieu et de ne pas reconnaître leur vrai auteur: l’Esprit Saint. En entrant dans la Parole, nous sortons vraiment de nous-mêmes, de nos limites, et nous entrons dans une dimension universelle.

Seule la foi sait vraiment correspondre à la convocation que la Parole de Dieu adresse à notre existence. L’écoute croyante sait trouver la Parole à travers les paroles; à travers l’humanité de Jésus, la foi sait reconnaître le Fils de Dieu; ainsi dans la foi, dans les paroles humaines et les limites, nous recueillons la Parole éternelle de Dieu qui change notre vie. La Parole de Dieu, et toute annonce, ont comme fin l’attitude de la foi en nous, parce que seule la foi sait accueillir la présence du Christ opérant dans l’aujourd’hui de notre vie qui, dans le temps, nous conforme à Lui.

Dans la perspective de la Parole de Dieu, il faut reprendre une vraie pédagogie de la foi qui implique le développement d’une écoute et d’une lecture croyantes de la Parole. Comment approfondir une authentique vie de foi qui se configure dans l’obéissance à la Parole ? Cette perspective peut-elle aider à dépasser certaines dichotomies à l’intérieur de la vie chrétienne, entre lecture spirituelle et scientifique des Saintes Écritures ? Peut-elle aider à développer une nouvelle relation entre exégèse et théologie ?

17. Parole de Dieu et sainteté

Donc la foi ne s’ajoute pas de l’extérieur à l’approche donnée à la Parole de Dieu. La foi est essentielle pour comprendre l’autocommunication de Dieu attestée dans les Écritures et dans la Tradition
(cf. DV 5). Dans ce contexte, il semble important de rappeler, comme l’ont fait quelques intervenants, que l’exégèse la plus authentique de la Parole de Dieu se trouve en ceux qui, dans la foi, ont écouté cette Parole. Dans cette perspective, dans l’aula, sont ressortis de nombreux témoignages émouvants de Parole de Dieu vécue. On reconnaît toujours plus la sainteté dans l’Église comme une interprétation vivante de la Parole de Dieu, parce qu’elle en est un véritable témoignage.

On a souligné aussi l’importance des charismes, en tant que dons de l’Esprit Saint à l’Église, qui permettent de vivre la Parole même de Dieu d’une manière créative dans le temps et les diverses cultures. Que l’on pense en particulier, comme on y a fait allusion, aux diverses formes de vie consacrée dans l’Église, lesquelles sont "des exégèses vécues de la Parole"
(Benoît XVI).

En ce sens, il est important de souligner, comme l’ont fait quelques intervenants, que la Parole de Dieu continue à s’incarner dans la vie des croyants, en particulier dans leur témoignage de charité. Chacun est appelé à être un Évangile vivant, qui se fait "chair et sang".

En définitive, le vrai auditeur est celui qui vit une rencontre personnelle avec le Christ, qui l’amène à "se conformer totalement au Christ, se laisser transformer par lui et adhérer à lui, inconditionnellement, dans la foi, développant ainsi une véritable attitude de disciple, une fidèle sequela Christi, partout où le Christ le conduit".

Comment renouer de façon efficace l’exégèse de l’Écriture et la sainteté ?  Comment développer dans le Peuple de Dieu une sainteté enracinée toujours plus dans l’écoute et la célébration de la Parole de Dieu ?

II. PAROLE DE DIEU, SAINTE ÉCRITURE ET TRADITION

4. ÉVÉNEMENT, RENCONTRE, INTERPRÉTATION


18. La Parole de Dieu comme événement dans l’histoire

Aussi bien l’Intrumentum Laboris
(n°15) que nombre d’interventions dans l’aula ont souligné le fait que la Parole de Dieu comme telle ne coïncide pas simplement avec la Sainte Écriture, même si, souvent, dans le langage commun, de fait, les deux termes sont retenus comme synonymes. Cela implique certainement une retombée pastorale qu’il faut prendre au sérieux. La doctrine exprimée dans Dei Verbum affirme clairement que la Parole de Dieu nous est transmise inséparablement dans la Parole écrite inspirée (Saintes Écritures) et dans la Tradition vivante de l’Église (n°9). La même constitution dogmatique, à travers le concept d’histoire du salut, aide à comprendre le caractère dynamique de la Révélation, et à saisir ainsi le caractère "vivant" de la Parole de Dieu, qui ne s’arrête pas à la lettre.

Quelques interventions de Pères synodaux dans cette perspective de l’histoire du salut ont souligné combien la Parole de Dieu possède intrinsèquement le caractère d’événement dans l’histoire, attesté normativement dans les Saintes Écritures et transmis fidèlement dans la Tradition vivante de l’Église. Beaucoup d’intervenants ont tenu à citer le Prologue de l’Évangile selon Jean(Jn 1, 14): "Le Verbe, le Logos de Dieu, s’est fait chair et est venu habiter parmi nous". La Parole de Dieu est devenue une présence humaine qui communique et agit parmi les hommes.

Si, en effet, Dieu se révèle et communique la vérité salvifique aux hommes dans l’histoire, alors l’auto-communication de Dieu ne peut que se présenter à nous avant tout sous la forme d’une rencontre. On a rappelé à plusieurs reprises dans les interventions, à ce propos, le passage initial de l’encyclique de Benoît XVI,
Deus Caritas est : "Au commencement du devenir chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon, et avec lui, la direction décisive" (DCE 1).

De là, on peut comprendre pourquoi la Parole de Dieu est une Personne qui s’offre à nous dans une rencontre, capable de provoquer notre liberté et notre raison. Ceci, en effet, ne peut être vraiment accueilli que dans la foi: la grâce d’une rencontre qui provoque notre raison à élargir sa mesure pour accueillir la nouveauté de la révélation, et qui interpelle une réponse libre, comme adhésion à l’invitation de la sequela.

Qu’implique le fait que souvent l’expression "Parole de Dieu" soit comprise seulement comme Sainte Écriture ? Quelle attention pastorale nous impose cette constatation ?

Que peut vouloir dire pour la pastorale de l’Église le fait de valoriser le caractère historique et essentiel de la rencontre avec le Christ, Parole de Dieu faite chair ?

La rencontre avec le Christ, Parole faite chair, requiert l’engagement de la raison et de la liberté.

Que peut vouloir dire pour notre démarche pastorale le fait d’impliquer la réalité humaine dans sa capacité de connaissance et de décision ?

19. L’interprétation entre Écriture Sainte et vie croyante dans l’Église

On a aussi affirmé que rappeler ce caractère historique et essentiel de la Parole de Dieu ne réduit pas, de fait, le sens des Saintes Écritures. Au contraire, les Saintes Écritures demeurent muettes ou sont réduites à une interprétation arbitraire pour l’homme qui ne s’ouvre pas à la rencontre où Dieu se rend présent dans sa vie.

On a rappelé à ce sujet l’affirmation du document de la Commission biblique sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église: "La juste connaissance du texte biblique est accessible seulement à qui a une affinité vécue avec ce dont le texte parle"
(n°70). Une telle affirmation a des conséquences tant sur la qualité de la vie ecclésiale que sur les études de la Bible.

La rencontre qui se produit grâce à l’Église et aux témoins authentiques de la foi crée dans la personne cette affinité existentielle capable de lui faire découvrir la profonde pertinence du témoignage scripturaire pour sa propre vie. De cette manière, la Sainte Écriture se présente à nous comme un témoignage écrit, normatif et inspiré, de cet événement originaire dont nous sommes rendus participants aujourd’hui au moyen de la vie de l’Église: "La contemporanéité du Christ par rapport à l’homme de tout temps se réalise dans son Corps, qui est l’Église"
(Veritatis Splendor 25, cf. Fides et ratio 11).

On doit approfondir l’aspect de témoignage qui caractérise la relation entre vie de l’Église et la Sainte Écriture dans l’important développement de la Tradition vivante: on a dit que "le témoignage des hommes qui participent à l’événement du Christ et le témoignage de la Parole écrite s’appellent réciproquement".

Il y a une profonde logique du témoignage qui lie le texte sacré
(la Parole attestée) et la rencontre avec le témoignage chrétien: cette logique est lourde de conséquences pastorales.

L’immanence dans une authentique expérience ecclésiale permet de développer correctement l’herméneutique du texte biblique dans une lecture réellement croyante. L’interprétation peut trouver une voie intéressante de confrontation dans le rapport entre Sainte Écriture comme norma normans, et la vie de l’Église comme unique sujet adéquat pour comprendre le sens et la vérité du texte sacré, et pour l’approfondir dans le temps. De cette manière, on comprend le processus herméneutique comme processus enraciné dans la Tradition vivante de l’Église, que l’Esprit conduit dans la connaissance de la vérité toute entière. L’Esprit qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui anime l’Église aujourd’hui; et donc, c’est dans cet Esprit que l’Écriture doit être lue (
DV 8).

La Parole de Dieu attestée et la rencontre avec le Christ aujourd’hui dans la vie de l’Église, à travers les témoins, permettent ainsi de redécouvrir, comme il a été dit, "les traits singuliers, ne pouvant être confondus", de la personne du Christ, non seulement comme caractéristiques d’un fait du passé, mais aussi comme réalité atteignant l’homme dans le présent de la vie de l’Église, dans l’objectivité de sa structure sacramentelle, et dans la vitalité avec laquelle l’action de l’Esprit anime toujours le Corps du Christ avec les dons et les charismes: "L’Église dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit" (
DV 8).

Qu’implique dans l’action pastorale le fait de découvrir la circularité entre la Parole de Dieu, écrite et transmise, et la vie de l’Église, comme sujet authentique capable de pratiquer une écoute et une lecture croyante de la Sainte Écriture ?

Comment affronter le problème d’une exégèse et d’une herméneutique de l’Écriture dans la foi de l’Église, pour qu’au sein de cette dernière se développe une authentique expérience ecclésiale et une intelligence spirituelle des Écritures ?

20. Parole de Dieu et défis culturels de notre temps

Comme l’ont encore affirmé certains Pères, la Parole de Dieu, même dans le présent, ne cesse de se montrer significative et attrayante pour l’homme. La Parole de Dieu qui se rend présente dans l’histoire des hommes est parole salvifique, se révélant à nous pour notre salut et pleine de sens. Il est de la responsabilité des pasteurs et des diverses composantes de la réalité ecclésiale, que chacun, à sa place, affronte notre culture contemporaine qui tend à ne pas reconnaître, à censurer et dénigrer la valeur salvifique de la Révélation et le besoin d’être sauvé, repliant l’expérience anthropologique sur elle-même et la rendant esclave du relativisme.

Face aux aberrations dont l’homme contemporain devient victime, aberrations qui attestent la faillite de l’homme vivant comme si Dieu n’existait pas, la Parole de Dieu nous pousse à profiter de la capacité de l’Évangile d’assainir les blessures de cet homme qui, trop souvent, s’émancipant de la grâce de Dieu, a ouvert les portes à de nouvelles servitudes. Pourtant, dans la présentation de la Parole de Dieu, on mettra tout en œuvre pour aider à saisir l’intérêt et la pertinence anthropologique de la Révélation. Les fidèles, aussi, développeront leur intérêt pour la Parole de Dieu quand ils seront formés à découvrir la pertinence de cette Parole dans leur propre vie.
Comment aider les fidèles à vérifier la capacité de la Parole de Dieu à changer leur vie, et à répondre aux questions profondes du cœur de tout homme ? En termes de travail pastoral, que veut dire affronter les grands défis culturels qui tendent à délégitimer l’annonce chrétienne du salut ? Comment aider les fidèles à découvrir la capacité de la Parole de Dieu de venir à notre rencontre et de soigner nos blessures ?

5. UNITÉ, PRIMAUTÉ, CIRCULARITÉ

21. Unité et primauté de la Parole de Dieu


Dans les interventions des Pères synodaux, on a repris la présentation classique des termes fondamentaux du rapport entre la Parole de Dieu et l’Église. À partir de Dei Verbum
(chap. 2), on a plus d’une fois mis en relation les Saintes Écritures, la Tradition et le Magistère. On doit reconnaître que la profonde synthèse entre Écritures, Tradition et Magistère, comme elle est articulée en Dei Verbum, a besoin d’un approfondissement ultérieur, aussi bien dans le cadre des études théologiques que dans le cadre de la communauté chrétienne.

D’une part, quelques interventions ont fait remarquer l’attention accrue qu’on a portée au texte de la Bible dans les dernières décennies, aussi bien de la part de la théologie que de la communauté chrétienne en général; d’autre part, quelques interventions ont mis en évidence le risque actuel de reléguer au second plan la Tradition vivante de l’Église.

S’il est vrai que le Magistère de l’Église n’est pas à mettre sur le même pied que l’Écriture et la Tradition, celui-ci apparaît toutefois essentiel pour une correcte interprétation de la Parole de Dieu, et on ne peut donc pas l’en dissocier.

Du reste, comme on l’a rappelé, ce n’est pas la Bible qui crée l’Église. La Bible présuppose l’Église, et en dépend pour son authentique interprétation. La Bible devient Sainte Écriture avec l’Église et doit y être lue avec foi et vénération.

22. Unité entre Écriture, Tradition, et Magistère

Il faut aussi rappeler à ce propos, comme l’a affirmé Dei Verbum dans ses sept premiers numéros, qu’il y a un primat de la Révélation de Dieu et de sa transmission qui advient "dans la prédication orale, avec les exemples, et les institutions par lesquelles
[les Apôtres] ont transmis aussi bien ce qu’ils avaient reçu des lèvres, des œuvres du Christ, et de leur vie avec Lui, que ce qu’ils avaient appris par l’inspiration du Saint-Esprit" (DV 7).

Des intervenants ont rappelé que l’unique dépôt de la Révélation est confié à l’Église qui, à travers le ministère vivant des successeurs des Apôtres, non seulement le transmet, mais l’interprète "authentiquement […] n’enseignant que ce qui a été transmis"
(DV 10). Néanmoins, la Parole de Dieu "vit en une indépassable unité qui permet de voir en mode différencié la Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère comme une unique source pérenne à atteindre pour connaître la vérité de la révélation en tout temps de l’histoire de l’Église".

Quelques critères pour lire la Sainte Écriture avec le Christ ont été proposés: le Saint-Esprit, la Tradition apostolique, la communion avec le Corps de l’Église, la confession de foi de l’Église
(analogia fidei), la cohérence avec la totalité de l’Écriture (analogia scripturae). En termes plus concrets, on a aussi évoqué la liturgie, le témoignage des saints, l’étude menée dans la foi, l’exégèse canonique, le contexte, la promotion de l’unité, la disposition intérieure (docilité, prière, humilité).

23. L’œuvre de l’Esprit Saint au sein de la triade Écriture-Tradition-Magistère

Cependant, même si on reconnaît l’indiscutable primat de la Parole de Dieu, on doit en même temps affirmer l’indépassable circularité entre Écriture, Tradition et Magistère, qui permet à l’Église de conserver et d’approfondir dans le temps la vérité salvifique qui nous a été révélée dans le Christ. En ce sens, la relation de la Parole de Dieu avec le Magistère n’apparaît pas extrinsèque, mais impliquée dans cette même logique que le Saint-Esprit porte en avant dans l’histoire du salut. L’Esprit de Dieu, en effet, agit d’une manière particulière quand la Parole éternelle de Dieu s’incarne dans le sein de la Vierge Marie; l’Esprit de Dieu assure la Tradition vivante tout au long de l’histoire; l’Esprit Saint que le Christ ressuscité a donné à ses disciples après la Résurrection permet de reconnaître en Jésus de Nazareth l’unique Engendré du Père. Le Magistère de l’Église, fortifié par l’assistance du même Esprit, garantit tout au long de l’histoire de l’Église la compréhension de cette vérité salvifique.

Il apparaît ici nécessaire d’approfondir le sens de cette circularité, surtout pour éviter que, aussi bien du point de vue des études que de la vie de l’Église, le rapport entre ces éléments soit perçu de manière extrinsèque et juxtaposée. Écriture, Tradition et Magistère, dans leur mutuelle corrélation, sont à même d’indiquer la condition nécessaire pour que l’Église puisse, avec le temps, croître dans la compréhension profonde de la Révélation de Dieu.

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Sources :  www.vatican.va -  E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 15.10.2008 - T/Synode

 

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