Benoît XVI au centre de la réflexion
du Cardinal Ouellet |
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Cité du Vatican, le 15 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Lors de cette Dix-septième Congrégation générale du Synode des
Évêques, le Rapporteur
général, S.Ém. le Card. OUELLET, P.S.S., Archevêque de Québec (CANADA)
est intervenu pour la lecture en latin du Rapport après le Débat général
(Relatio post disceptationem).
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Le cardinal Marc
Ouellet
Préparation des propositions pastorales à soumettre au pape Benoît XVI
- DIX-SEPTIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE
(MERCREDI 15 OCTOBRE 2008, APRÈS-MIDI)
Le 15 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Dans le rapport, un cadre d’ensemble est offert à la réflexion des Pères
Synodaux afin de faciliter l’approfondissement du thème et la préparation
des propositions pastorales à soumettre à l’attention du Saint-Père Benoît XVI.
RAPPORT APRÈS LE DÉBAT GÉNÉRAL
Lors de cette Dix-septième Congrégation générale, le Rapporteur général, S.Ém.
le Card. OUELLET, P.S.S., Archevêque de Québec
(CANADA) est intervenu pour
la lecture en latin du Rapport après le Débat général
(Relatio post
disceptationem). Dans son second rapport, en conclusion du Débat général sur
le thème synodal en Salle, le Rapporteur général a fait la synthèse des
différentes interventions qui se sont suivies lors des journées dans les
Congrégations générales et a proposé certaines lignes d’orientation pour
faciliter les travaux des Carrefours.
Nous publions, ci-dessous, la traduction en français de la présentation et
de l’intégralité du texte du Rapport après le Débat général.
Présentation
Le Rapport après le Débat général (Relatio post disceptationem)
présenté par
le Rapporteur général, S. Ém. le Card. Marc OUELLET, s’est ouvert en mettant
en évidence comment la discussion initiale dans la salle du Synode sur le
thème La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église s’est déroulée
dans une atmosphère fraternelle d’écoute de la Parole de Dieu et d’attention
à la présence du Seigneur au milieu de ses disciples, climat favorisé par la
Messe inaugurale en la Basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs, par la
Célébration du 50e anniversaire de la mort du Serviteur de Dieu et Souverain
Pontife Pie XII et par la Canonisation de quatre nouveaux saints, qui ont
déterminé un cadre de prière privilégié pour les travaux synodaux et exprimé
la vie même de l’Église.
Selon le Règlement du Synode des Évêques, a expliqué le Rapporteur général,
le rôle du Rapport après le Débat général est celui de présenter une
synthèse de la discussion tenue en salle, pour faire émerger les éléments
principaux sur lesquels se poursuivra la discussion dans les Carrefours.
Dans le rapport, un cadre d’ensemble est offert à la réflexion des Pères
Synodaux afin de faciliter l’approfondissement du thème et la préparation
des propositions pastorales à soumettre à l’attention du Saint-Père Benoît XVI.
Une telle synthèse émerge des interventions prononcées en salle après le
Rapport avant la Discussion générale
(Relatio ante disceptationem) et est
élaborée à partir d’un cadre général en dix chapitres, choisis par le
Rapporteur général et développés avec l’aide du Secrétaire spécial et des
Experts. En suivant la division utilisée dans le cadre du Document de
travail, elle est présentée en trois parties :
La première partie a pour titre “Dieu nous écoute” et contient trois points:
1- Révélation, création, histoire du salut; 2- Le Christ, l’Esprit et
l’Église; 3- Parole de Dieu, liturgie, écoute.
Le premier point part de la considération de la réflexion du Saint-Père
Benoît XVI qui, commentant le Psaume 18, a rappelé que la Parole de Dieu
est solide, constitue la réalité, le fondement stable et durable de toute
chose. À partir de cette invitation à un nouveau réalisme fondé sur la
Parole de Dieu, l’Assemblée Synodale - a expliqué le Rapporteur général - a
entrepris une précieuse discussion. La synthèse se poursuit en traitant les
arguments de la “Révélation et le dialogue intratrinitaire”, le caractère
dialogique de la Parole, dont le fondement se trouve dans le mystère de la
Trinité et qui appelle l’homme au dialogue; la “Parole de Dieu et l’histoire
du salut”, la révélation comme mouvement dialogique dans lequel Dieu
s’adresse à sa créature et la conduit à la plénitude du salut; enfin
l’histoire du salut, qui s’est réalisé dans l’Incarnation, la mort et la
Résurrection du Verbe et par le don définitif du Saint Esprit.
Le second point présente le Christ, plénitude et accomplissement de la
révélation trinitaire; le Christ, unique médiateur, et le dialogue; le
mystère de l’Église, l’action de l’Esprit Saint et l’interprétation des
Écritures.
Le troisième point rappelle la dimension sacramentelle inhérente à la Parole
de Dieu et l’importance, soulignée par un grand nombre d’interventions des
Pères Synodaux, que le rapport existant entre la Parole de Dieu et la
liturgie et, en particulier, la liturgie eucharistique, soit renforcée; la
dimension anthropologique de la révélation de Dieu dans sa Parole, par
laquelle l’homme est un être appelé à l’écoute de la Parole; l’Église, mère
et maîtresse d’écoute de la Parole de Dieu; enfin le rapport entre Parole et
vocation, la Parole et les pauvres, Parole, silence et prière, Parole et
foi, Parole et sainteté.
La deuxième partie s’intitule: “Parole de Dieu, Écriture Sainte, Tradition”
et est développée en quatre points: 1- Événement, rencontre, interprétation;
2- Unité, primat, circularité; 3- Eucharistie, homélie, communauté; 4-
Exégèse, théologie, lectio divina.
Dans le premier point, “Événement, rencontre, interprétation”, la Parole de
Dieu est présentée comme événement dans l’histoire. Il est rappelé que de
nombreuses interventions en salle ont souligné le fait que la Parole de Dieu
en tant que telle ne s’identifie pas seulement avec la Sainte Écriture ,
bien que les deux termes soient souvent considérés comme synonymes. La
doctrine exprimée en effet par la Dei
Verbum affirme clairement que la
Parole de Dieu nous est transmise de manière inséparable par la Parole
écrite inspirée (Écritures Saintes) et par la Tradition vivante de l’Église.
La synthèse se poursuit en traitant de l’interprétation et du lien entre la
Sainte Écriture et la vie du croyant dans l’Église; la Parole de Dieu et les
défis culturels de notre temps.
Dans le deuxième point, intitulé “Unité, primat, circularité”, sont
présentés les thèmes de l’unité et du primat de la Parole de Dieu, de
l’unité dans la relation entre Écriture, Tradition et Magistère exprimée
dans la Dei
Verbum; l’oeuvre de l’Esprit Saint dans la triple connexion
Écriture-Tradition-Magistère. Le troisième point “Eucharistie, homélie,
communauté” traite de la relation entre l’Écriture et l’Eucharistie, avec la
question, ayant émergé au cours de la discussion synodale, de savoir comment
favoriser parmi les fidèles, une perception plus unitaire de ce rapport; la
dimension sacramentelle de la Parole, Parole et dimension eschatologique; la
célébration de la Parole; l’importance de l’homélie; l’art comme forme
analogique de prédication; enfin le rapport entre Parole de Dieu,
célébration et communauté.
Le quatrième point, “Exégèse, théologie, lectio divina”, traite du rapport
entre exégèse et théologie et présente la Lectio divina comme lecture
individuelle et communautaire d’un passage, rappelant que l’approche au
texte sacré, lorsqu’elle est faite personnellement par le fidèle, ne peut
être séparée de la communion et du contexte ecclésial.
Enfin, la troisième partie s’intitule “Parole de Dieu, mission et dialogue”
et comprend trois points : 1- Témoignage, kérygme, catéchèse; 2- Culture,
dialogue, engagement; 3- Communication, proclamation, traductions. Dans
cette partie, au deuxième point, “Culture, dialogue, engagement”, la Parole
de Dieu est présentée comme lien oecuménique et source de dialogue entre
croyants et juifs; la synthèse se poursuit en présentant la Parole de Dieu
dans le cadre du dialogue interreligieux, dans le rapport avec les cultures
et comme appel à l’engagement. Il y est souligné que nombre de Pères
Synodaux ont parlé d’inculturation et qu’une intervention en salle en a
illustré le fondement christologique. Le dernier point met en lumière
l’urgence, fréquemment exprimée par les Pères Synodaux, de rendre la Bible
disponible en toutes les langues, y compris celles qui ne sont pas écrites;
il évoque les nouvelles possibilités de transmission des Écritures Saintes
au travers des moyens de communication modernes, souligne la proposition,
avancée par plusieurs Pères Synodaux, de créer un ministère spécifique ou de
valoriser le lectorat dans l’Église.
Dans les conclusions, le Rapporteur général a enfin rappelé comment tous les
Pères Synodaux perçoivent l’urgence de l’annonce de l’Évangile et comment
les nouvelles possibilités de communication invitent à prendre des
initiatives originales pour faire connaître et aimer le Christ et les
Écritures, pour favoriser l’unité des Chrétiens et contribuer à la justice
et à la paix dans le monde. Au terme du Rapport, quelques questions sont
posées qui peuvent être utiles dans le cadre des Carrefours.
Traduction en français de l’intégralité du texte original en latin
Introduction
"Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis là au milieu d’eux"
(Mt18, 20).
La discussion initiale dans l’aula synodale sur la Parole de Dieu dans la
vie et la mission de l’Église s’est déroulée dans une atmosphère fraternelle
d’écoute de la Parole de Dieu et d’attention à la présence du Seigneur au
milieu de ses disciples. Ce climat a été facilité par la messe d’ouverture à
Saint-Paul-hors-les-murs, la célébration du 50ième anniversaire de la mort
du serviteur de Dieu Pie XII et la canonisation de quatre nouveaux saints,
qui ont fourni à nos travaux un cadre de prière privilégié exprimant la vie
même de l’Église. Comme vous tous, j’ai été profondément édifié par les
informations, les enseignements et les témoignages entendus dans cette
enceinte. J’en rends grâces à Dieu et je remercie aussi chacun et chacune
d’entre vous de votre participation.
" En cette année paulinienne, a dit le Saint Père Benoît XVI à la
messe d’ouverture, nous entendrons résonner avec une urgence particulière le
cri de l’apôtre des nations : Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile
"
(1 Co 9, 16). " Que les Saints viennent à notre aide, en particulier
l’apôtre Paul, qu’au cours de cette année nous découvrons toujours plus
comme témoin intrépide et héraut de la Parole de Dieu ".
Selon l’Ordo Synodi Episcoporum, le rôle de la Relatio post Disceptationem
est de présenter une synthèse du débat tenu dans l’aula, en vue de préciser
les points majeurs sur lesquels la discussion se poursuivra dans les groupes
linguistiques. Dans les pages qui suivent, une reprise de l’ensemble est
donc offerte à la réflexion des Pères synodaux afin de faciliter
l’approfondissement du thème et la préparation des propositions pastorales à
l’intention du Saint-Père Benoit XVI. Cette synthèse émerge des interventions
faites dans l’aula à la suite de la Relatio ante Disceptationem et ne peut
évidemment pas couvrir tous les aspects qui ont été touchés par les
orateurs. Elle a été élaborée à partir d’un cadre général en dix chapitres
que j’ai choisi et développé avec l’aide du Secrétaire spécial et des
experts, que je remercie vivement de leur précieuse collaboration.
Ce cadre reprend globalement la division de l’Intrumentum Laboris que nous
avons suivi pour la discussion. Des questions d’approfondissement en vue de
la formulation des orientations pastorales sont émises à la fin de certains
paragraphes ou reprises sous forme de brefs énoncés dans une liste à la fin.
J’ai divisé la matière en trois parties, la première sous le titre :
Dieu parle et écoute, qui contient trois points : 1) Révélation, création,
histoire du salut; 2) Le Christ, l’Esprit et l’Église ; 3) Parole de Dieu,
liturgie, écoute. La deuxième partie s’intitule: Parole de Dieu, Sainte
Écriture, Tradition et développe quatre points : 1) Événement, rencontre,
interprétation; 2) Unité, primauté, circularité; 3) Eucharistie, homélie,
communauté; 4) Exégèse, théologie, lectio divina. Enfin, la troisième partie
s’intitule: Parole de Dieu, mission, dialogue et comprend trois points: 1)
Témoignage, kérygme, catéchèse; 2) Culture, dialogue, engagement; 3)
Communication, proclamation, traductions.
I. DIEU PARLE ET ÉCOUTE
1. RÉVÉLATION, CRÉATION, HISTOIRE DU SALUT
1. La Parole de Dieu comme fondement de la réalité
Le Saint Père, Benoît XVI, au début de cette assemblée synodale nous
a rappelé, en commentant le Psaume 118, que la Parole de Dieu est solide,
est la réalité, est le fondement stable et durable de toute chose; par
conséquent, l’homme vraiment réaliste est celui qui construit sur le
fondement de la Parole
(cf. Gn 1; Mt 7, 24-27). Tout est créé dans la
Parole; aussi le but de la création est qu’il y ait la rencontre entre Dieu
et sa créature. C’est pourquoi, le Christ est le ‘prototokos’
(Col 1, 15), "le premier né de toute la création"; l’histoire du salut, l’alliance,
précède la création
(Benoît XVI, homélie de l’office de Tierce, lundi
6 octobre). Pour cela, seul celui qui entre dans la Parole de Dieu entre
véritablement dans le monde, comprend la création et se comprend lui-même. À
partir de cette invitation à un nouveau réalisme fondé sur la Parole de
Dieu, notre assemblée synodale a engagé un précieux débat.
2. Révélation et dialogue intra trinitaire
Un premier thème fondamental a émergé à plusieurs reprises dans l’assemblée
synodale; celui de la relation entre Parole et dialogue entre Dieu et tous
les hommes. La thématique concernant le dialogue a émergé non pas en termes
généraux, mais dans un cadre trinitaire. Quelques interventions en effet ont
rappelé que la première réalité, que la Parole de Dieu nous présente est la
suivante: le Dieu des chrétiens est le Dieu qui parle, le Dieu qui se
communique Lui-même et révèle son mystère de Salut dans sa Parole (cf.
DV
2). Ceci nous place immédiatement dans l’horizon trinitaire de la
Révélation: "la patrie de la Parole de Dieu" est la Trinité. Nous pouvons
dire que la Révélation est autocommunication de la Très Sainte Trinité à
l’homme, ce dernier appelé ainsi à participer, comme "fils dans le Fils"
(Ga
4, 6), à la même vie divine (cf.
DV 2).
3. La Parole de Dieu appelle l’homme au dialogue
De cette manière, comme l’on souligné les interventions de quelques Pères
synodaux, la Révélation chrétienne a, de par sa nature, un caractère
dialogique, dont le fondement se trouve dans le mystère de la Trinité. La
vie même de la Trinité est dialogue d’amour entre les personnes divines:
l’amour du Père qui s’exprime et se donne lui-même dans sa Parole éternelle,
dans le mystère de l’éternelle génération du Fils, lequel à son tour
s’accueille lui-même éternellement du Père et répond à ce don, l’être
éternellement engendré, dans leur commun Esprit Saint. Selon les grands
docteurs médiévaux saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure, les réalités
créées procèdent de la Parole du Dieu trinitaire dans le prolongement des
processions du Verbe et de l’Esprit.
La Parole de Dieu qui se communique à nous dans la révélation porte en
elle-même cette structure profondément dialogale et nous appelle au dialogue
avec le Dieu qui parle et qui s’adresse à nous comme à des amis
(cf.
DV 2).
Ainsi, créés au moyen de la Parole, nous sommes appelés à entrer en dialogue
avec Dieu Trinité. Face au mystère de la communication que Dieu fait de
lui-même dans sa Parole, Lui-même devient un "Tu" pour l’homme.
4. Parole de Dieu et histoire du salut
À partir de là, nous comprenons la "belle notion d’histoire du salut"
(IL
10, 25, 34); ce concept, comme quelques
interventions l’ont mis en évidence, exprime de manière efficace le
changement d’une vision intellectualiste en une vision dynamique de la
révélation. Cette dernière aide à comprendre de manière unitaire le plan de
Dieu et sa révélation en son ensemble comme un mouvement dialogique dans
lequel Dieu s’adresse à sa créature, par "des gestes et des paroles
intrinsèquement connexes" (DV
2), et l’engage, en la
conduisant à la plénitude du salut.
C’est dans cette perspective qu’à plusieurs reprises, dans l’aula synodale,
fut évoquée l’observation de Benoît XVI à l’effet que la Parole de
Dieu "n’est pas seulement informative mais aussi performative", puisqu’elle
se réalise dans l’histoire au moment même où elle se dit
(cf. Gn 1,
3.6.9.11.20.24). À ce propos, un intervenant a affirmé ceci:
"Dieu a
inauguré un dialogue vivant avec l’humanité et sa Parole ouvre à toutes
générations des horizons inattendus de vérité et de vérification”.
En ce sens, on peut comprendre pourquoi le christianisme est une religion de
la ‘parole’ et non du ‘livre’; elle est religion de la Parole qui dialogue
et rencontre tout homme en l’appelant à la communion.
5. Analogia Verbi – symphonie à plusieurs voix
De cette manière, on trouve ici, en plus de la Parole de Dieu dans la Sainte
Écriture et dans la Tradition vivante de l’Église, d’autres éléments de
cette symphonie à plusieurs voix. Dans l’aula synodale, plusieurs
interventions n’ont pas manqué de souligner les divers modes de la présence
de la Parole de Dieu. À partir de la Parole définitive, Jésus Christ,
s’ouvre devant nous un vaste champ qui mérite d’être approfondi en lien avec
d’autres manifestations de la Parole. De la Création jusqu’aux événements de
l’histoire et même à l’art inspiré par la foi, tout cela, à des degrés
divers, peut être compris comme des formes analogiques de la Parole qui ne
se comprennent, en dernière analyse, qu’en référence à l’événement du Christ
lui-même. Dans cette perspective, la création elle-même est lue à la lumière
de l’accomplissement de l’histoire du salut qui s’est réalisée dans
l’incarnation, la mort et la résurrection du Verbe et dans le don définitif
du Saint Esprit. Cela ne supprime pas mais rehausse la signification de la
création elle-même en tant que livre de la nature.
Un intervenant a synthétisé de la manière suivante cette idée de la Parole
de Dieu qui se vérifie dans l’Écriture en relation avec d’autres expressions
de la Parole de Dieu: "À travers l’Écriture, l’Église nous offre une
grammaire et nous éduque à l’écoute, de telle manière que nous apprenions à
discerner les diverses paroles de Dieu au milieu des voix de la nature, de
l’histoire et des cultures, aussi bien que dans notre propre existence".
Comment approfondir cette dimension dialogique de la révélation, tant dans
la théologie que dans la praxis pastorale de l’Église ? Comment aider les
fidèles à regarder toute la réalité à la lumière du Christ, capable de créer
en nous une nouvelle mentalité ? Comment apprendre à voir en toutes choses un
signe de la Parole de Dieu qui nous interpelle et nous appelle à la
conversion ?
2. LE CHRIST, L’ESPRIT ET L’ÉGLISE
6. Le Christ, plénitude et accomplissement de la révélation trinitaire
La notion d’Alliance qui, dans le dessein de Dieu, précède la création
elle-même, exprime bien l’actualisation présente et efficace de la Parole de
Dieu, qui s’est accomplie parfaitement dans l’incarnation, la mort et la
résurrection du Christ et à laquelle nous participons au moyen de la vie de
l’Église. Là, les diverses étapes, mises en évidence par la théologie
paulinienne regardant la trajectoire du mystère, trouvent leur unité
intrinsèque: mystère caché depuis les siècles en Dieu et maintenant révélé
pleinement dans le Christ, dans l’Esprit Saint, et donné à connaître aux
Gentils par le moyen de l’Évangile
(Rm 12, 25-26; Col 1, 26-27; Ep 3, 3-12).
Dans cette perspective, apparaît l’unité intime entre le mystère révélé par
Dieu et la Parole de Dieu. Une telle relation apparaît chargée de multiples
implications, tant théologiques que pastorales.
La clef dynamique et dialogale de la révélation et de la Parole de Dieu nous
fait regarder toute l’histoire du salut en y reconnaissant une concentration
christologique – comme l’a fait Dei
Verbum – par laquelle nous reconnaissons
et nous confessons le Christ comme le médiateur et la plénitude de la
révélation
(DV 2.4.7.15.16.17).
7. Le Christ, unique médiateur, et le dialogue
Le Christ apparaît dans l’histoire du salut comme la Parole de Dieu incarnée
qui accomplit et porte à son achèvement la révélation de Dieu
(cf. He 1,
1-2). Ce que nous savons du Dieu Trine, c’est Jésus qui nous l’a fait
connaître. Le Fils incarné est le Révélateur du Père
(Jn 1, 18). Mais
l’Esprit nous conduit à la pleine connaissance de la révélation de Dieu
apportée par Jésus
(Jn 16, 13). L’histoire du salut, en tant qu’histoire du
mystérieux dialogue entre Dieu et sa créature, trouve ici son
accomplissement indépassable. Dans la Parole incarnée, crucifiée et
ressuscitée, nous avons le don de l’Alliance nouvelle et éternelle. Le
Christ se révèle ainsi pour nous comme l’unique médiateur entre Dieu et les
hommes qui accomplit en lui-même notre salut éternel.
Toutefois, comme on l’a souligné dans l’aula, cela ne fait pas cesser le
dialogue avec l’homme, avec les diverses cultures et les diverses
expériences religieuses; au contraire, cela rend ce dialogue encore plus
intense, puisque le salut réalisé par Dieu dans le Christ est
continuellement offert à tous les hommes par l’action du Saint Esprit dans
les cœurs. La parole définitive de Dieu devient ainsi, précisément par
l’effet de l’unique médiateur, source de dialogue avec tous, sans pour
autant diminuer la vérité salvifique communiquée d’une manière définitive
par le sacrifice du Christ, mort et ressuscité.
Souvent, au niveau culturel, l’affirmation que Christ est l’Unique
(cf. Ac
4, 12) et qu’il est Parole ultime et définitive du Père, semble saper à la
base toute idée du dialogue: comment aider à comprendre que, justement, la
plénitude de la révélation porte elle-même l’exigence la plus profonde d’un
dialogue avec toute réalité en quête authentique de la vérité salvifique ?
Cela conduit sans doute à considérer aussi la valeur des autres traditions
religieuses face à l’unicité du Verbe de Dieu.
8. Le mystère de l’Église, l’action du Saint Esprit et l’interprétation des
Écritures
Il ressort de diverses interventions que l’Église est la réalité
fondamentale dans le dialogue entre Dieu et sa créature, en tant qu’épouse
qui accueille le don du Christ; c’est lui qui la rend féconde en elle-même
pour toute l’humanité et pour tout le cosmos. La Parole de Dieu a dans
l’Église son authentique sujet de réception. De la sorte, l’Église est déjà
originairement impliquée dans l’autocommunication de la Trinité dans le
Christ et dans le Saint Esprit. L’unicité de la médiation du Christ comporte
aussi la médiation originaire de l’Église.
Par conséquent, les Écritures aussi ont pour lieu herméneutique le mystère
de l’Église, elles sont le don de l’Esprit à l’Église; épouse du Christ. Ce
mystère est mis en lumière dans la figure de Marie; le Verbe de Dieu se fait
chair en elle par l’œuvre de l’Esprit Saint. De la même manière, les Saintes
Écritures sont don de l’Esprit à l’Église; elles sont écrites au sein de
l’Église grâce à l’inspiration de l’Esprit, qui guide aussi son acte
interprétatif. De cette manière, l’Église est le lieu où la Parole résonne,
est accueillie, proclamée et interprétée dans son contexte le plus
approprié. En ce sens, quelques interventions ont suggéré l’idée que, si,
d’une part la révélation s’est close avec la mort du dernier Apôtre, d’autre
part, il faut dire que la Parole de Dieu est aujourd’hui encore vivante plus
que jamais et à l’œuvre dans le cœur des croyants (cf. Jr 55, 10-11). Cette
Parole, pourtant, n’est pas une parole du passé, mais elle demeure toujours
contemporaine, pour nous, pour tout homme et toute époque.
Tout cela met en lumière combien la Parole même de Dieu, dans sa structure
trinitaire, peut être réellement comprise et accueillie seulement dans son
horizon pneumatologique. En effet, l’action de l’Esprit Saint est présente
dans toute l’histoire du salut, de diverses manières. Cette dimension
pneumatologique mériterait d’être soulignée, dans la réflexion synodale, de
manière significative.
Une fois comprise la centralité de l’Église par rapport à la Parole de Dieu,
on comprend pourquoi le sens vrai des Écritures – comme on l’a affirmé – se
situe dans la fides Ecclesiae. Ainsi, on a rappelé de manière
suggestive que l’importante affirmation "ignorantia scripturarum ignorantia Christi est"
comporte aussi cette autre proposition : "Ignoscere Ecclesiam ignoscere
Christum est". Dans la foi, on ne peut d’aucune manière séparer le Christ de
l’Église dans l’accueil et dans l’interprétation de l’Écriture : "La juste
interprétation faite par l’Église est absolument nécessaire dès l’instant de
la première rencontre avec la Parole de Dieu".
Comment aider théologiquement et pastoralement à comprendre le lien profond
entre la Parole de Dieu et le mystère de l’Église, en répondant aux
objections fausses ou étranges ?
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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