Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
à propos de l'Afrique |
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Le 15 août 2007 -
(E.S.M.) -
La presse française semble annoncer qu'un prochain voyage du président
Sarkozy au Vatican est à l'étude, probablement avant la fin de cette
année, annonce-t-elle. Il devrait être reçu par le pape Benoît XVI
et intronisé chanoine honoraire en la basilique Saint Jean de Latran (la
cathédrale de Rome, donc du pape).
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Nicolas Sarkozy descendant de
son yacht à Malte pour répondre aux journalistes
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
La presse française semble annoncer qu'un prochain voyage du président
Sarkozy au Vatican est à l'étude, probablement avant la fin de cette année,
annonce-t-elle. Il devrait être reçu par le pape Benoît XVI et
intronisé chanoine honoraire en la basilique Saint Jean de Latran (la
cathédrale de Rome, donc du pape), fonction qui est
attachée à la présidence de la République française. Ce titre d'honneur
traditionnel qui, depuis Louis XI (1482) et confirmé par le Roi Henri IV (en
1604), rattache le Chef de l'État français à ce vénérable chapitre.
Rappelons que le Président est aussi coprince d'Andorre !
L'Élysée n'a pas confirmé ce projet
de visite de M. Nicolas Sarkozy au Vatican.
Par ailleurs, la presse semble annoncer, comme un scoop, que le voyage du Saint Père en France,
comprenant une visite des sanctuaires de Lourdes à l'occasion des
célébrations du 150è anniversaire des apparitions de la Vierge à Lourdes ne
"serait plus de mise" (sic); pourtant Mgr. Le Gall a aujourd'hui même annoncé
publiquement que "le pape Benoît XVI a fait savoir qu’il acceptait
l’invitation de notre Conférence épiscopale" ►
Mgr Le Gall confirme la venue de Benoît XVI à Lourdes
Dans cette même dépêche, nous pouvons lire que "la priorité des priorités,
précise-t-on cependant à l'Élysée, c'est de respecter la volonté du
Saint-Siège et de l'Église de France" et souligne que "le président est sans
complexe sur ce sujet" et qu'il compte bien "accueillir dignement Benoît
XVI, chef de l'Église et chef d'État".
"Le président est sans complexe sur ce sujet" ! ... et sur bien d'autres, notamment un sujet qui nous tient personnellement à cœur,
L'AFRIQUE !
Lisez donc cette lettre ouverte adressée au président Sarkozy revenant d'une
tournée en Afrique, écrite par des écrivains Africains dont vous trouvez la liste en
fin de page. Édifiant quand on sait les préoccupations du Saint-Père Benoît
XVI pour ce Continent !
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
Plusieurs écrivains africains se joignent à Raharimanana pour
répondre au président français. Vous étiez venu dites-vous à Dakar nous
parler - nous les Africains - avec franchise et sincérité, vous étiez donc
venu avec tout le fond de votre pensée, car c’est ainsi je crois, qu’on
qualifie la franchise et la sincérité, un échange sans fard et sans
arrière-pensée. Nous prenons donc acte de la conception que vous avez de ce
continent et de ses habitants. Vous étiez venu dites-vous pour nous assurer
que la France s’associera à nous si nous voulons la liberté, la justice et
le droit, mais permettez-moi d’être franc et sincère également.
Au lendemain de votre discours, que faisiez-vous donc avec Omar
Bongo, quarante ans de règne dans la dictature, un doyen dites-vous, et quel
doyen dans la corruption et l’aliénation de son pays ! De quelle liberté, de
quelle justice, de quel droit parlez-vous ? Je n’ose même pas vous poser la
question concernant votre sourire à cet autre grand dictateur africain :
Muammar al-Kadhafi ! Que dire du don nucléaire que vous lui promettiez ? Il
serait maintenant fréquentable ? Sincèrement ? Mais soit… Nous les Africains
manquons un peu de raison et ne comprenons pas ces subtilités qui nous
éloignent de la nature et de l’ordre immuable des saisons. Vous étiez donc
venu — vidi vici (j'ai vu, j'ai vaincu) complétera
l’autre, regarder en face notre histoire commune. Fort bien ! Votre posture
tombe à propos pour une génération d’Africains et de Français
avides de comprendre enfin ces drames continuels
frappant l’Afrique.
Il nous reste simplement à tomber d’accord pour définir le sens de ce
mot 'histoire'. Car quand vous dites que l’homme africain n’est pas assez
entré dans l’histoire, vous avez tort. Nous étions au cœur de l’histoire
quand l’esclavage a changé la face du monde. Nous étions au cœur de
l’histoire quand l’Europe s’est partagée notre continent. Nous étions au cœur
de l’histoire quand la colonisation a dessiné la configuration actuelle du
monde. Le monde moderne doit tout au sort de l’Afrique, et quand je dis
monde moderne, je n’en exclus pas l’homme africain que vous semblez reléguer
dans les traditions et je ne sais quel autre mythe et contemplation béate de
la nature. Qu’entendez-vous par histoire ? N’y comptent que ceux qui y sont
entrés comme vainqueurs ? Laissez-nous vous raconter un peu cette histoire
que vous semblez fort mal connaître. Nos pères, par leurs luttes sont entrés
dans l’histoire en résistant à l’esclavage, nos pères par leurs révoltes,
ont contraint les pays esclavagistes à ratifier l’abolition de l’esclavage,
nos pères par leurs insurrections - connaissez-vous Sétif 1945,
connaissez-vous Madagascar 1947 ? ont poussé les pays colonialistes à
abandonner la colonisation. Et nous qui luttions depuis les indépendances
contre ces dictateurs soutenus entre autres par la France et ses grandes
entreprises - le groupe de votre ami si généreux au large de Malte par
exemple, ou la compagnie Elf. Savez-vous au moins
combien de jeunes Africains sont tombés dans les manifestations, les grèves
et les soulèvements depuis cette quarantaine d’années de dictature et
d’atteinte aux droits de l’homme ? Fait-on partie de l’histoire quand
on tombe dans un coin de rue d’Andavamamba, les bottes des militaires
foulant votre corps et vous livrant aux chiens ? Croyez-vous vraiment que
jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir, jamais il ne lui vient
à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ? Jamais
dites-vous ? Devons-nous l’interpréter comme ignorance, comme cynisme, comme
mépris ? Ou alors, comme ces colonisateurs de bonne foi, vous vous exprimez
en croyant exposer un bien qui serait finalement un mal pour nous.
Seriez-vous aveugle ? Dans ce cas, vous devriez sincèrement reprendre la
copie nous concernant.
Vous avez tort de mettre sur le même pied d’égalité la responsabilité
des Africains et les crimes de l’esclavage et de la colonisation, car s’il y
avait des complices de notre côté, ils ne sont que les émanations de ces
entreprises totalitaires initiées par l’Europe, depuis quand les systèmes
totalitaires n’ont-ils pas leurs collaborateurs locaux ? Car oui,
l’esclavage et la colonisation sont des systèmes totalitaires, et vous avez
tort de tenter de les justifier en évoquant nos responsabilités et ce bon
côté de la colonisation. Mais tout comme vous sûrement, nous reconnaissons
qu’il y a eu des «justes». Or vous savez fort bien que les justes n’excusent
pas le totalitarisme. Vous avez tort de penser que les dictateurs sont de
nos faits. Foccart vous dit peut-être quelque chose ? Et les jeux des
grandes puissances - dont la France évidemment, qui font et défont les
régimes ? Paranoïa de notre part ? Oui, nous devons résister, et nous
résistons déjà, mais la France est-elle franchement de notre côté ?
Qui a oublié le Rwanda ?
Vous appelez à une «renaissance africaine», venez d’abord parler à
vos véritables interlocuteurs, de ceux qui veulent sincèrement et
franchement cette renaissance, nous la jeunesse
africaine, savons qu’ils ne se nomment pas Omar Bongo, Muammar
al-Kadhafi, Denis Sassou Nguesso, Ravalomanana ou bien d’autres chefs d’État
autoproclamés démocrates. Nous vous invitons au débat, nous vous invitons à
l’échange. Par cette lettre ouverte, nous vous prenons au mot,
cessez donc de côtoyer les fossoyeurs de nos
espérances et venez parler avec nous. Quant à l’Eurafrique, en
avez-vous parlé à Angela ?
Sincèrement et franchement à vous.
Antananarivo, le 3 août 2007 Raharimanana et les écrivains Boubacar
Boris Diop (Sénégal), Abderrahman Beggar (Maroc, Canada), Patrice Nganang
(Cameroun, Etats-Unis) Koulsy Lamko (Tchad), Kangni Alem (université de
Lomé), et l’éditrice Jutta Hepke (Vents d’ailleurs).
Notre cher pape Benoît XVI aime l'Afrique et nous rappelle bien souvent qu'il
faut aider l'Afrique. "Nous ne pouvons pas oublier le Continent
africain”: c’est ainsi que le saint Père a introduit son intervention devant
le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège dédiée à l’Afrique,
dont il a passé en revue certaines des plus graves situations. ►
Benoît XVI- "N'oublions pas l'Afrique"
Des mesures doivent être prises afin que ces pays ne finissent pas de
nouveau dans une situation de dette insoutenable”. C’est ce que souligne le
Saint Père dans une lettre envoyée à la Chancelière Angela Merkel ►L'Afrique
au coeur des préoccupations de Benoît XVI
Il serait peut-être souhaitable que notre chef d'État s'imprègne des
textes de notre Saint Père Benoît XVI avant d'envisager un déplacement au
Vatican, bien qu'il se dise "sans complexe".
L'Eglise en Afrique - Actualité
Sources:
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.08.2007 - BENOÎT XVI -
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