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Benoît XVI : l’immense cosmos
matériel tout entier
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Le 15 février 2023 -
(E.S.M.)
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Jésus n'est pas revenu à une vie humaine normale de ce monde,
précise Benoît XVI, comme
c'était arrivé à Lazare et aux autres morts ressuscites par Jésus.
Il est sorti vers une vie différente, nouvelle - vers l'immensité de
Dieu et, partant de là, il s'est manifesté aux siens.
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Benoît XVI prie sur le
tombeau vide et nous parle d'espérance, de l'espérance qui ne déçoit
pas parce qu'elle est don de l'Esprit de vie.-
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Benoît : Dieu s'est alors vraiment manifesté
Chapitre 9
La Résurrection de Jésus d'entre les morts
1. Ce qui est jeu dans la Résurrection de Jésus
« Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est
notre message, vide aussi votre foi. Il se trouve même que nous sommes des
faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu'il a
ressuscité le Christ » (I Co 15,14s.). Par ces paroles, saint Paul
souligne de manière radicale toute l'importance pour l'ensemble du message
chrétien qu'a la foi en la Résurrection de Jésus Christ: elle en est le
fondement. La foi chrétienne tient par la vérité du
témoignage selon lequel le Christ est ressuscité des morts, ou bien elle
s'effondre.
Si on supprime cela, il est certes possible de recueillir de
la tradition chrétienne un certain nombre d'idées dignes d'attention sur
Dieu et sur l'homme, sur l'être de l'homme et sur son devoir être - une
sorte de conception religieuse du monde -, mais la foi chrétienne est morte.
Jésus, dans ce cas, est une personnalité religieuse qui a échoué; une
personnalité qui, malgré son échec, demeure grande et peut s'imposer à notre
réflexion, mais cette personnalité demeure dans une dimension purement
humaine et son autorité ne vaut que dans la mesure où son message nous
convainc. Il n'est plus lui-même le critère de référence ; le critère est
alors seulement notre appréciation personnelle qui choisit ce qui lui est
utile, à partir de ce qu'elle a reçu. Et cela signifie que nous sommes
abandonnés à nous-mêmes. Notre appréciation
personnelle est l'ultime instance.
Seulement si Jésus est ressuscité, quelque chose de
véritablement nouveau s'est produit qui change le monde et la situation de
l'homme. Lui, Jésus, devient alors le critère, sur
lequel nous pouvons nous appuyer. Car Dieu
s'est alors vraiment manifesté.
Voilà pourquoi, dans notre recherche sur la figure de Jésus,
la Résurrection est le point décisif. Que Jésus n 'ait existé que
dans le temps passé ou qu'au contraire, il existe encore dans ce
temps présent - cela dépend de la Résurrection. Dans le « oui » ou le « non
» donné à cette interrogation, on ne se prononce pas sur un simple événement
parmi d'autres, mais sur la figure de Jésus comme telle.
C'est pour cela qu'il est nécessaire d'écouter avec une
attention particulière le témoignage sur la Résurrection que le Nouveau
Testament nous propose. Mais nous devons, en premier lieu, constater que ce
témoignage, considéré du point de vue historique, se présente à nous sous
une forme particulièrement complexe, au point de susciter bien des
questions.
Qu'est-ce qui s'est produit alors ? Évidemment, pour les
témoins qui avaient rencontré le Ressuscité, cela n'était pas facile à
exprimer. Ils s'étaient trouvés face à un phénomène qui, pour eux-mêmes,
était totalement nouveau, puisqu'il allait au-delà de l'horizon de leurs
expériences. Pour autant que la réalité de ce qui était arrivé les ait
profondément bouleversés et les ait poussés à en donner témoignage - cela
toutefois était totalement inhabituel. Saint Marc nous raconte que les
disciples réfléchissaient, en descendant de la montagne de la
Transfiguration, préoccupés par la parole de Jésus selon laquelle le Fils de
l'homme serait « ressuscité d'entre les morts ». Et ils se demandaient entre
eux ce que signifiait « ressusciter d'entre les morts » (9,9s.). Et, de
fait, en quoi cela consiste-t-il ? Les disciples ne le savaient pas et
devaient l'apprendre seulement par la rencontre avec la réalité.
Qui s'approche des récits de la Résurrection dans l'espoir
d'apprendre ce que peut être la résurrection des morts, ne peut
qu'interpréter ces récits de manière erronée et doit alors les rejeter comme
quelque chose d'insensé. Contre la foi en la Résurrection Rudolf Bultmann a
objecté que, même si Jésus était revenu du tombeau, on devrait cependant
dire qu'un « fait miraculeux de la nature tel que la réanimation d'un mort »
ne nous aiderait en rien et que, du point de vue existentiel, cela n'aurait
aucune importance (cf. Neues Testament und Mythologie, p. 19).
Et c'est bien le cas : si dans la Résurrection de Jésus il ne
s'était agi que du miracle d'un cadavre réanimé, cela ne nous intéresserait,
en fin de compte, en aucune manière. Cela ne serait pas plus important que
la réanimation, grâce à l'habileté des médecins, de personnes cliniquement
mortes. Pour le monde en général et pour notre existence, rien ne serait
changé. Le miracle d'un cadavre réanimé signifierait que la Résurrection de
Jésus était du même ordre que la résurrection du jeune de Naïn (cf. Lc
7,11-17), de la fille de Jaïre (cf. Mc 5,22-24. 35-43 et par.) ou de
Lazare (cf. Jn 11,1-44). De fait, après un temps plus ou moins bref,
ceux-ci reprirent le cours de leur vie d'auparavant pour, ensuite plus tard,
mourir définitivement.
Les témoignages néotestamentaires ne nous laissent aucun
doute sur le fait que dans la « Résurrection du Fils de l'homme » quelque
chose de totalement différent se soit produit. La Résurrection de Jésus fut
l'évasion vers un genre de vie totalement nouveau, vers une vie qui n'est
plus soumise à la loi de la mort et du devenir mais qui est située au-delà
de cela - une vie qui a inauguré une nouvelle dimension de l'être-homme.
C'est pourquoi la Résurrection de Jésus n'est pas un événement singulier,
que nous pourrions négliger et qui appartiendrait seulement au passé, mais
elle est une sorte de « mutation décisive » (pour employer cette expression
de manière analogique, bien qu'elle soit équivoque), un saut de qualité.
Dans la Résurrection de Jésus, une nouvelle possibilité d'être homme a été
atteinte, une possibilité qui intéresse tous les hommes et ouvre un avenir,
un avenir d'un genre nouveau pour les hommes.
C'est pourquoi, à juste raison, Paul a uni de manière
indissociable la résurrection des chrétiens et la Résurrection de Jésus : «
Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas
ressuscité... Mais non, le Christ est ressuscité d'entre les morts, prémices
de ceux qui se sont endormis » (I Co 15,16.20). Ou bien la
Résurrection du Christ est un événement universel ou elle n'est pas, nous
dit Paul. Et c'est seulement dans la mesure où nous la comprenons comme un
événement universel, comme inauguration d'une nouvelle dimension de
l'existence humaine, que nous sommes sur la voie d'une interprétation juste
du témoignage sur la Résurrection telle qu'elle se présente dans le Nouveau
Testament.
À partir de cela, nous pouvons comprendre l'originalité de ce
témoignage néotestamentaire. Jésus n'est pas revenu à une vie humaine
normale de ce monde, comme c'était arrivé à Lazare et aux autres morts
ressuscites par Jésus. Il est sorti vers une vie différente, nouvelle -
vers l'immensité de Dieu et, partant de là, il s'est
manifesté aux siens.
Cela aussi était pour les disciples une chose tout à fait
inattendue, face à laquelle ils avaient besoin de temps pour retrouver leurs
esprits. Il est vrai que la foi juive connaissait la résurrection des morts
à la fin des temps. La vie nouvelle était reliée au début d'un monde nouveau
et, dans cette perspective, c'était quelque chose de bien compréhensible :
s'il y a un monde nouveau, alors il existe aussi un nouveau mode de vie.
Mais une résurrection vers une condition définitive et différente, en plein
milieu du vieux monde qui continue d'exister - cela n'était pas prévu et
donc, de prime abord, ce n'était même pas compréhensible. C'est pourquoi la
promesse de la Résurrection était, dans un premier temps, restée
insaisissable pour les disciples.
Le processus pour devenir croyants se déploie de manière
analogue à ce qui est advenu à propos de la Croix. Personne n'avait pensé à
un Messie crucifié. Maintenant, le « fait » était là, et à partir de ce
fait, il fallait lire l'Écriture d'une manière nouvelle. Dans le chapitre
précédent, nous avons vu comment, en partant de l'inattendu, l'Écriture
s'est dévoilée de manière nouvelle et comment, de cette manière aussi, le
fait a pris tout son sens. La lecture nouvelle de l'Écriture ne pouvait
commencer, évidemment, qu'après la Résurrection, parce que c'est
seulement en raison de celle-ci que Jésus a été accrédité comme envoyé de
Dieu. Il fallait alors discerner les deux événements - Croix et
Résurrection - dans les Écritures, les comprendre de manière nouvelle et
ainsi arriver à la foi en Jésus comme Fils de Dieu.
Ceci, par ailleurs, présuppose que pour les disciples la
Résurrection soit tout aussi réelle que la Croix. Ceci présuppose qu'ils
furent tout simplement dépassés par la réalité; qu'après toutes les
hésitations et la stupéfaction des débuts, ils n'étaient plus capables de
s'opposer à la réalité : c'est vraiment lui ; il est vivant et il nous a
parlé, il nous a permis de le toucher, même s'il n'appartient plus au monde
de ce qui est normalement touchable.
Le paradoxe était indescriptible : le fait qu'il soit
complètement différent, non pas un cadavre réanimé, mais quelqu'un qui, par
l'œuvre de Dieu, vivait de manière nouvelle et pour toujours ; et qu'en même
temps, en tant que tel, tout en n'appartenant plus à notre monde,
il fût présent de manière réelle, vraiment lui, dans
la plénitude de son identité. Il s'agissait d'une expérience
absolument unique, qui dépassait les horizons ordinaires de l'expérience et
qui, toutefois, demeurait pour les disciples
absolument incontestable. Cette expérience unique explique la
singularité des témoignages sur la Résurrection: ils parlent d'une chose
paradoxale, de quelque
chose qui dépasse toute expérience et qui est cependant
présent de manière absolument réelle.
Mais est-ce qu'il en a été vraiment ainsi ? Pouvons-nous -
nous surtout, en tant que personnes modernes - donner crédit à des
témoignages de ce genre ? La pensée « éclairée » dit que non. Selon Gerd
Ludermann, par exemple, il paraît évident que, à la suite du « changement de
l'image scientifique du monde... les idées traditionnelles sur la
Résurrection de Jésus » doivent « être considérées comme dépassées » (cité
selon Wilckens 1/2, p. 119s.). Cependant, que veut dire au juste « l'image
scientifique du monde » ? Jusqu'où arrive son caractère normatif ? Hartmut
Gese, dans son importante étude intitulée Die Frage des Weltbildes à
laquelle je voudrais renvoyer ici, a décrit avec précision les limites d'une
telle normativité.
Bien sûr, il ne peut y avoir aucune opposition avec ce qui
constitue un donné scientifique clair. Dans les témoignages sur la
Résurrection, certes, on parle de quelque chose qui ne rentre pas dans le
monde de notre expérience. On parle de quelque chose de nouveau, de quelque
chose qui, jusqu'à ce moment-là, est unique - on parle d'une nouvelle
dimension de la réalité qui se manifeste. On ne conteste pas la réalité
existante. On nous dit plutôt : il existe une autre dimension par rapport à
celles que nous connaissons jusqu'à maintenant. Cela peut-il être en
opposition avec la science ? Est-ce que
vraiment il ne peut exister que ce qui a existé depuis toujours
? Est-ce que quelque chose d'inattendu,
d'inimaginable, quelque chose de nouveau ne peut pas exister
? Si Dieu existe, ne peut-il pas, lui, créer
aussi une dimension nouvelle de la réalité humaine ?
de la réalité en général ? La création
n'est-elle pas, au fond, en attente de cette ultime et plus haute « mutation
», de ce saut décisif de qualité ?
N'attend-elle pas l'unification du fini avec l'infini, l'unification entre
l'homme et Dieu, le dépassement de la mort ?
Dans l'histoire tout entière de ce qui vit, les débuts des
nouveautés sont petits, presque invisibles - ils peuvent être ignorés. Le
Seigneur lui-même a dit que le « Royaume des cieux », en ce monde, est comme
un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences (cf. Mt
3,31s. et par.). Mais il porte en lui les potentialités infinies de Dieu.
La Résurrection de Jésus, du point de vue de
l'histoire du monde, est peu voyante, c'est la semence la plus petite de
l'histoire.
Ce retournement des proportions fait partie des mystères de
Dieu. En fin de compte, ce qui est grand, puissant, c'est ce qui est petit.
Et la petite semence est la chose vraiment grande. Ainsi la Résurrection est
entrée dans le monde, seulement à travers quelques apparitions mystérieuses
aux élus. Et pourtant, elle était le début vraiment
nouveau - ce dont, en secret, le tout était en attente. Et, pour les
quelques témoins - justement parce que eux-mêmes n'arrivaient pas à s'en
convaincre - c'était un événement tellement bouleversant et réel, tellement
puissant dans sa manifestation devant eux, que tous les doutes fondaient et
qu'alors, avec un courage absolument nouveau, ils
se présentèrent au monde pour témoigner :
le Christ est vraiment ressuscité.
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Cinq homélies du pape Benoit XVI prononcées lors de veillées pascales, où il
affirme le caractère cosmique de la résurrection :
-
Benoît XVI préside la Vigile de Pâques (2006)
" La résurrection est un avènement cosmique,
qui comprend le ciel et la terre, et qui les lie l’un à l’autre."
-
Benoît XVI confie que les mains de Dieu sont de bonnes mains
(2007)
Dans le Baptême, unis au Christ, nous avons déjà accompli
le voyage cosmique
jusqu’aux profondeurs de la mort.
-
Benoît XVI rappelle l'importance pour tous les fidèles du précepte dominical
(2008)
Il faut se souvenir ici de tout ce qu'on a dit sur
la dimension cosmique de la liturgie,
qui inclut la création et la conduit à son achèvement.
-
Homélie de Benoît XVI lors de la Veillée pascale (2009)
Là où il y a la lumière, la vie apparaît, le chaos peut se transformer en
cosmos.
Dieu lui-même, qui fait naître une nouvelle création au cœur de l’ancienne,
transforme le chaos en cosmos.
-
Homélie de Benoît XVI, Veillée solennelle de la Nuit Sainte de Pâques
(2010)
Oui, l’herbe médicinale contre la mort existe.
Le Christ est l’arbre de la vie, rendu à nouveau accessible.
-
Homélie du pape Benoît XVI, veillée pascale
(2011)
Il n’est pas une information sur le déroulement extérieur
du devenir du cosmos et de l’homme.
Devant Dieu, le cœur de l’homme qui lui répond est plus grand et plus
important que l’immense cosmos matériel tout
entier qui, certainement, nous laisse entrevoir quelque chose de la
grandeur de Dieu.
A RELIRE : LE PELERINAGE
DE BENOIT XVI EN TERRE SAINTE :
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►
Benoît XVI raconte l'espérance que représente le tombeau vide de Jésus
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.02.2023
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