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19 Avril 2005
 

Benoît XVI rejette la thèse du créationnisme

 

Le 15 février 2009 - (E.S.M.) - Benoît XVI reconnaît des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.

La "nouvelle théorie de l'évolution"

Benoît XVI rejette la thèse du créationnisme

Dieu ou Darwin : un pseudo-combat par Marion Guében Baugniet

Le 15 février 2009 -  Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Depuis quelques mois, Darwin revient en force dans l’actualité. À la suite de consignes ministérielles, il se manifeste avec bruit et sans nuances dans les écoles. Avec pour effet de s’entendre interroger par des élèves de l’enseignement catholique : « Tu es pour qui ? Pour Dieu ou pour Darwin ?? » Récemment un professeur de l’ULB (Belgique) a amené son public au comble de l’hilarité en caricaturant les chrétiens confrontés à Adam, la pomme, le serpent. Que se passe-t-il ? Pourquoi cette soudaine agression des darwinistes autour d’un thème qui paraissait ne plus devoir générer de polémiques ? En réaction, semble-t-il, à des résurgences du créationnisme chez certains fondamentalistes aux États-Unis, l’Europe a cru devoir se mettre sur pied de guerre pour dénoncer une « menace de l’obscurantisme religieux contre la Science ». En fait, l’on s’aperçoit que l’évolution reste une question très controversée. Il n’est pas facile d’y voir clair, tant les amalgames et parfois la mauvaise foi sont fréquents en ces matières. Et le chrétien, qui ouvre sa Bible au chapitre de la Genèse, que lui faut-il comprendre ?

I. CRÉATION
Le récit de la Création par lequel s’ouvre l’Ancien Testament ne doit pas être pris au pied de la lettre. Le scribe, saisi d’une inspiration d’origine divine, a tenu à évoquer une vérité profonde et essentielle, en se servant d’images telles qu’elles parlent au peuple de son temps. Pour trouver la clé des événements bibliques, il est essentiel de recourir à une bonne exégèse sans jamais perdre de vue que les Écritures veillent à nous exposer le pourquoi des choses plutôt que le comment. La Bible veut nous dire essentiellement que Dieu est le créateur du monde et son sauveur. Il n’est donc pas de foi que Dieu ait créé le monde en six jours, comme la Genèse le raconte de façon métaphorique.

Et Mgr Léonard insiste à juste titre sur le fait que les créationnistes fondamentalistes rendent un très mauvais service à la philosophie, à la foi et à la théologie en s’en tenant au fixisme, c’est-à-dire la doctrine selon laquelle les animaux et les plantes ont été créés subitement et isolément par espèces fixes et immuables.

En d’autres termes, la création n’est pas une fabrication artisanale. Elle est avant tout une relation de dépendance originelle : les créatures reçoivent leur être
(leur existence et leur essence) de Dieu comme la Source de tout être, mais dès lors que les lois de la Nature sont établies, Dieu peut agir par l’intermédiaire des causes naturelles. Et ce n’est donc pas à la création que s’oppose l’évolution, c’est au fixisme.

Creatio continua. Dieu n’agit pas seulement au point de départ. Il opère en permanence. Il nous tient tous en tout instant entre Ses mains en nous communiquant Son souffle. Si Dieu abandonnait la création, celle-ci retomberait aussitôt dans le néant. Saint Paul dit que Dieu « opère tout en tous » et « Il soutient tout l’Univers par sa Parole puissante. »

II. ÉVOLUTION
Au Ve siècle, saint Augustin déjà distinguait la création originelle par laquelle Dieu a fait toutes choses dans leurs raisons causales, et la création dans le cours des temps. Les raisons causales sont les virtualités déposées à l’origine dans les éléments du monde ; sous l’action de la Providence, ces virtualités produisent de nouvelles créatures, chacune en son temps.

Et en suivant la pensée de saint Thomas, au XIIIe siècle, on constate que l’idée de l’évolution peut d’une certaine manière aussi s’y intégrer.

a) Le darwinisme.
Déjà annoncé par le naturaliste français Lamarck, Charles Darwin, publie en 1859 De l’origine des espèces. Servi par un don exceptionnel de l’observation et déployant un zèle immense, Darwin a réalisé une œuvre qui restera prégnante dans l’histoire des idées, selon l’affirmation du cardinal Schönborn, peu suspect pourtant d’être un disciple forcené du darwinisme !

En développant sa théorie, Darwin a tenté de donner une explication mécaniste de l’évolution des espèces. Le mécanisme central en est la sélection naturelle
(struggle for life) qui opère au niveau des populations en sélectionnant les individus les plus forts, les mieux adaptés à leur environnement. Il s’agirait d’un processus continu de transformations aléatoires au fil des âges allant de l’invertébré à l’homo sapiens. Au départ toutefois, Darwin n’avait aucune prétention philosophique. C’est à la suite de la violente polémique lancée contre lui par l’Église anglicane qu’il se met à radicaliser sa position, déclarant que l’homme est d’origine animale et qu’il n’y a pas de cause finaliste à son apparition. Il semble bien nier de ce fait le Dieu créateur. Encore qu’en d’autres circonstances, il le glorifie…

b) Le néo-darwinisme.
Enrichi par d’autres apports, dont la découverte de l’ADN en 1953, le néo-darwinisme devient une synthèse multidisciplinaire dans laquelle l’évolution part d’un fondement génétique, les mutations aléatoires, pour être ensuite passée au crible de la sélection naturelle. Mais ce modèle ignore le sens de l’évolution en ceci que tout changement est imprédictible. Autrement dit, l’homme n’a aucune raison d’être au monde. Il pourrait aussi bien régresser à l’état animal, disparaître,.... Exit tout sens métaphysique. C’est à partir des années 1960 que les idéologies vont se saisir du darwinisme pour en faire une arme de combat contre la croyance religieuse. La théorie dite synthétique de l’évolution deviendra la position dominante adoptée « officiellement » par la communauté scientifique internationale. Ses implications philosophiques déterminent pour une large part nos décisions en matière bioéthique, politique et sociale. Le plus surprenant est que personne ou presque ne semble plus s’apercevoir qu’il ne s’agit que d’une théorie.

Jean Staune, fondateur de l’Université interdisciplinaire de Paris, s’étonne de la virulence des néo-darwiniens comme de l’impossibilité à questionner leurs postulats. Pourtant il est un adepte convaincu de l’évolution tout en étant un chrétien convaincu. Or oser croire en Dieu peut suffire pour se faire rejeter par les tenants de Darwin dans le camp créationniste. D’où l’équivoque délibérément entretenue aujourd’hui dans l’enseignement scolaire sous couleur de sauver la jeunesse de l’obscurantisme. Largement relayée par les media, elle imprègne la pensée ambiante, sans oublier toute une sous-culture entretenant un chaos mental où opère la désinformation. L’exemple le plus percutant de cette docu-fiction est incontestablement L’Odyssée de l’espèce
(2003) où des faits établis se mélangent avec des hypothèses plus ou moins étayées.

En fait, ce qui était, au départ, considéré comme une désaliénation
(du créationnisme) par la science s’est transformé en scientisme dogmatique. En d’autres termes, les scientifiques athées ne veulent pas reconnaître que beaucoup de chrétiens, en plein accord avec leur foi, croient en l’évolution, et même une évolution scientifique, mais pas en tous points celle de Darwin ; ces scientifiques-là préfèrent répéter que tous les chrétiens sont des créationnistes fondamentalistes ou adeptes du fixisme.

c) De quelle évolution parle l’Église ?
C’est toute la question ! Tâchons d’y voir clair.

L’Église catholique rejette assez rapidement la théorie du darwinisme. En 1907, Pie X défend la théologie naturelle dans l’encyclique Pascendi Dominici gregis et condamne toute dépendance de la foi à l’égard de la raison critique. Bien que Pie XI ait résolument affirmé l’intérêt de l’Église pour la science en créant l’Observatoire du Vatican, il n’en faudra pas moins attendre Vatican II pour que l’Église fasse son aggiornamento en commençant par la réhabilitation de Teilhard de Chardin, grâce aussi au concours déterminant du Père de Lubac. Un nouveau seuil sera franchi avec Jean-Paul II lorsqu’il avancera en octobre 1996 : l’évolution est plus qu’une hypothèse. Il aura toutefois soin de préciser : « Mais plutôt que de la théorie de l’évolution, il convient de parler des théories de l’évolution. Cette pluralité tient d’une part à la diversité des explications qui ont été proposées au mécanisme de l’évolution, et d’autre part aux diverses philosophies auxquelles on se réfère […] Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne ».

Venons-en à Benoît XVI. Déjà en 1968, le cardinal Ratzinger tente de préciser l’apport de la science par rapport à la théologie. Sa position est alors très nettement avant-gardiste, tout en étant dans le fil de l’inspiration du Concile : « La théorie de l’évolution ne supprime pas la foi ; elle ne la confirme pas non plus. Mais elle la pousse à se comprendre elle-même plus profondément ». Et de faire référence à Teilhard de Chardin pour dépasser l’alternative radicale et simpliste entre matérialisme et spiritualisme, hasard et sens. En 1981, il reviendra avec force sur l’articulation entre évolution et création : deux approches qui se complètent et ne s’excluent pas. Il s’oppose nommément à Jacques Monod qui met à la place de la volonté divine, le hasard, la loterie censés nous avoir produits. Lors de l’accession de Benoît XVI au pontificat, les positions néo-darwinistes se sont encore durcies. Désormais, dans le langage de la majorité des scientifiques, le concept de l’évolution est devenu quasiment indissociable de la théorie du Chaos lequel aurait présidé à la genèse du cosmos. Lors de sa première homélie, le nouveau pape souligne que nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est d’abord le fruit d’une pensée de Dieu. Nous sommes tous et toutes aimés de Dieu dès notre conception. De plus en plus à ses yeux, s’il est bien entendu que l’évolution est compatible avec la création et avec la foi chrétienne, il est essentiel à présent de rejeter l’option d’une existence irrationnelle et insensée qui ne serait que le fruit du hasard, et d’une raison qui ne serait de ce fait qu’un produit de l’irrationalité. À la suite d’un séminaire sur ces questions, Benoît XVI en fait paraître les conclusions dans un ouvrage Création et l'évolution
(avril 2007). Il y rejette la thèse du créationnisme (donc le fixisme) qui lui-même rejette la science. La position créationniste est basée sur une interprétation de la Bible que l’Église catholique ne partage pas. Toutefois, Benoît XVI n’adopte pas pleinement les revendications de la théorie de l’évolution telle que la conçoit Darwin. Et ceci pour plusieurs raisons que nous étudierons plus loin. Il reconnaît certes des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.

Pour dire un mot de l’Intelligent Design : l’appellation est bonne. Mais c’est le nom dont s’est emparé abusivement un courant néo-fondamentaliste américain. Et tant l’observatoire du Vatican que la communauté scientifique l’ont relégué à l’étage des pseudo-sciences et en ont dénoncé la méthodologie. C’est à un autre niveau que se situe Benoît XVI lorsqu’il affirme que le monde est né d’un processus d’évolution très complexe mais qu’au fond il est issu du Logos. Donc de la Raison. Dès lors « Création » signifie un progetto intelligente che è il cosmo
(un projet, un plan intelligent qui est le cosmos).

Nos derniers papes n’ont cessé d’encourager les chercheurs à poursuivre leurs travaux : car la foi en Christ n’a rien à redouter de la Vérité.

III. ANNE DAMBRICOURT ET LES ÉVOLUTIONNISTES NON-DARWINIENS

Pierre Teilhard de Chardin, le grand mystique de l’Évolution ! Sans adhérer en tous points à ses vues, on ne peut qu’admirer la vision d’ensemble qu’il a eue de la science et de la foi chrétienne. Citons aussi, chacun selon son école, le grand paléontologue Conway Morris, le généticien américain Michaël Denton, le Prix Nobel suisse Werner Arber, P.-P. Grassé, ex-titulaire de la chaire de l’évolution à la Sorbonne, le Professeur Jérôme Lejeune, le scientifique bouddhiste Varela, etc..

La plus interpellante de ces paléontologues non-darwiniens d’aujourd’hui est sans conteste la Française, Anne Dambricourt-Malassé, avec sa découverte révolutionnaire. Chercheur au CNRS, qui propose un autre regard sur l’origine de l’homme. Le principe de l’évolution ? oui ! mais elle en explique le mécanisme par un phénomène interne à l’homme : « le moteur de l’évolution n’est donc pas extérieur, mais à l’intérieur de chacun de nous ». En étudiant l’évolution d’un os situé à la base du crâne, le sphénoïde, l’os le plus complexe et le plus différencié du crâne, A.D. a découvert qu'il subissait une torsion sur lui-même, toujours dans le même sens, à chaque saut d'espèce. Cette torsion s'accompagne de ce que la chercheuse nomme la « contraction cranio-faciale ». Cette étude, A.D. l'a menée en comparant les os crâniens des singes, petits et grands, anciens et contemporains, ceux de l'Australopithèque, de l'homo erectus, de l'homo habilis, du Néandertalien et de nous-mêmes, hommes de Cro-Magnon
(homo sapiens). Soit des mesures sur 60 millions d'années, appliquées à tous les crânes d'hominiens disponibles !

Il y a 7 millions d’années, quand apparaît l’australopithèque bipède dont la mâchoire est beaucoup plus rentrée et le prognathisme moins développé, l’homme est déjà là en puissance. Plus la mâchoire rentre, plus cela tire sur la colonne vertébrale et plus l’homme se relève, ce qui génère la bipédie.

Chaque torsion supplémentaire du fameux os sphénoïde coïncide avec une restructuration complète du squelette en gestation, sans qu'il ne perde rien toutefois, de la logique organisationnelle générale propre à l'espèce qui lui donne naissance. À chaque saut d'espèce, c'est un être totalement inédit, restructuré de la tête aux pieds, qui voit le jour, restructuration basée sur l'architecture du squelette de l'espèce précédente. Ainsi cette restructuration serait-elle la marque d'un mouvement, ce qui fait dire à A.D. que l'homme est un processus en cours, qui se développe en dedans de l’homme. Autrement dit, l'évolution existe bien mais elle n'est pas seulement le fruit d'une adaptation de l'homme au milieu extérieur. Car l'os sphénoïde n'a aucune raison de subir une torsion sur lui-même par adaptation de l'homme à un milieu spécifique. Le phénomène métamorphique ne peut se produire qu'au stade de l'embryon. Pour que l’homo sapiens fasse son apparition, il a fallu qu'il soit enfanté par une mère qui n'était pas homo sapiens, mais à son stade précédent. Ici, l'évolution est bien un processus intérieur, au fonctionnement observable, mais aux causes inexpliquées : « Chaque fois que l'on franchit une étape au cours de l'évolution, c'est que l'embryon a su intégrer un flot d'instabilité de façon harmonieuse et non chaotique, en conservant la logique de la refonte embryonnaire ».

Les crânes ont révélé à A.D.que l’hominisation s’inscrit dans une logique chronologique stable, extrêmement têtue, et qui, des premiers singes, mène droit au cerveau pensant en déroulant le fil d’Ariane d’un processus évolutif qui ne doit rien au hasard. La contraction croissante de la base du crâne est toujours suivie d’une complexification du cerveau
(donc intelligence accrue). Pour elle, les « sauts » d’une espèce à l’autre pourraient être assimilés à des créations successives, intégrées dans une même trajectoire évolutive, soumise à des « attracteurs ».

Selon Jean Staune, Anne Dambricourt est la seule qui permet de concilier la continuité biologique propre à l’évolution et la rupture entre l’homme et l’animal.

Les chaînons manquants ?
L’évolution due à l’adaptation aux fluctuations de l’environnement selon Darwin serait-elle donc non fondée ? A.D. répond qu’il faut distinguer. La micro évolution darwinienne explique en gros comment, à l’intérieur d’un même plan, on se promène d’une variété à l’autre. Mais seulement au sein d’une même espèce. Comment passe-t-on d’un plan d’ensemble à un autre plan d’ensemble ? Quid de cette continuité voulue par la logique de l’évolution darwinienne ? Avec beaucoup d’honnêteté, Charles Darwin exprime son incompréhension : « Pourquoi donc chaque formation géologique, dans chacune des couches qui la compose, ne grouille-t-elle pas de formes intermédiaires ? La géologie ne révèle aucunement une série organique bien graduée, et c’est en cela peut-être que consiste l’objection la plus sérieuse qu’on puisse faire à ma théorie. » Il est évidemment question ici des célèbres chaînons manquants. S’il est vrai que tout a évolué à partir d’un premier germe, il devrait alors y avoir d’innombrables stades intermédiaires. On ne les trouve pas. Comment se fait-il que les néo-darwiniens, manifestement moins honnêtes que leur maître, cherchent à ignorer cette incontournable réalité.

La théorie du Chaos. Le Néandertalien : une erreur du hasard ?
AD ne nie pas la réalité du chaos. Elle en dénonce l’utilisation et la généralisation abusives. Il y a selon elle une logique qui se déploie imperturbablement à travers le halo du hasard, et elle ajoute : on pourrait même dire une logique qui se nourrit du hasard.

En matière d’évolution, le chaos peut certes intervenir. Cela se passe il y a quelque cent vingt mille ans. Brusquement apparaît en Europe un être totalement imprédictible : le Néandertalien. Son os sphénoïde, au lieu de se contracter comme à chaque saut d’espèce, s’allonge. En écho, la face se projette vers l’avant et le front s’affaisse. Le cerveau grossit, oui, mais son drainage sanguin régresse. Il a une énorme langue et pousse sans doute des cris puissants, mais peut-il seulement articuler des mots clairs ? Ce n’est pas du tout certain.

Bref, toutes les corrélations se sont rompues entre les tissus. Le chaos s’est introduit dans le jeu. Le Néandertalien disparaîtra sans descendance. Disparition qui plonge la communauté scientifique dans une immense perplexité. De même que l’absence de croisement entre la population de Néandertal et celle de Cro-Magnon, qui cependant ont cohabité pendants des millénaires. Il s’agit donc bien de deux espèces distinctes.

C’est alors ici une fluctuation chaotique ? Oui, répond A.D., mais elle fait remarquer : chaotique par rapport à une logique qui, elle, est prédictible. En effet, on pouvait prévoir que si un nouveau plan devait émerger, il y aurait une contraction cranio-faciale intensifiée, un front haut au stade adulte, des lobes frontaux plus développés, des méninges mieux oxygénées, un appareil phonatoire favorisé par la verticalisation de l’ensemble, une meilleure capacité à prononcer des phrases (ce qui consomme beaucoup d’oxygène), une conscience symbolique plus élevée, une meilleure maîtrise de son milieu… Voilà ce qu’on aurait prédit. Et c’est ce qui est arrivé : notre ancêtre Cro-Magnon était donc attendu.

Anne Dambricourt est loin de prétendre qu’elle a élucidé tout le mystère. Mais grâce à son patient travail de scientifique intuitive et pointue, elle a enrichi l’approche de la genèse de l’être humain d’un apport impressionnant. De « saut » en « saut », elle a retracé le fil menant au sapiens, dont les propriétés émergentes sont la conscience et la quête de Sens. Ce qui, pour nombre de scientifiques du jour, est insupportable. Car puisqu’ils postulent que l’homme est né du hasard et qu’ils nient tout sens à son évolution, cet homme pourrait tout aussi bien régresser, voire disparaître. Tandis que si l’homme est prédictible, et que son apparition s’inscrit dans l’évolution évoquée ci-dessus, il y a forcément une cause finaliste à son origine, une programmation, un projet intelligent.

Un dernier mot au sujet d’Anne Dambricourt. Il serait temps que la communauté scientifique cesse d’incriminer la chrétienne pour disqualifier la scientifique car, indifférente à la foi au départ, c’est son travail de paléontologue qui l’a menée à rencontrer Teilhard de Ch. Personnalité courageuse, et forte des faits concrets qui étayent sa thèse, elle fait face au tollé de ses détracteurs
(moins nombreux cependant aujourd’hui). Peu lui importe le risque de retombées négatives sur sa carrière. Ce qui lui fait souci, c’est qu’elle subodore la nature philosophique de la motivation sous-jacente de ses opposants. Beaucoup de leaders intellectuels et scientifiques vont jusqu’à nier la possibilité même de se poser des questions sur le Sens. Comme si l’on pouvait nier cela rationnellement ! Les directions d’avenir nous sont accessibles, le Sens pas encore. Sa négation est une très grave mutilation de la nature humaine.

CONCLUSION
Comment conclure… alors que le champ des spéculations est illimité, qu’il continue à générer des tonnes de commentaires controversés et que, si l’homme, tout sapiens soit-il, poursuit vaille que vaille son travail de défrichement, il ne peut toujours capter de l’ineffable Vérité que des lueurs ?

Attachons-nous plutôt aux pas de notre Pape Benoît XVI en précisant un point de son approche. Si le pape rejette avec force le concept du hasard comme cause première de la création, il ne l’exclut pas de façon absolue. Si bien que, « moyennant l’hypothèse de la subsomption du chaos par l’ordre, ou du hasard par la raison, le Saint-Père peut ainsi espérer réconcilier à la manière de Teilhard de Chardin la raison théologique et la raison scientifique »
(V.Aucante) Dans une homélie à la veillée pascale (2006), loin de rejeter l’évolution et ses opérations, Benoît XVI considérera même que l’évolution permet de saisir analogiquement la résurrection et la formation de l’homme nouveau : « La résurrection du Christ est la plus grande « mutation », le saut absolument le plus décisif dans une dimension totalement nouvelle qui soit jamais advenue dans la longue histoire de la vie et de ses développements : un saut d’un ordre complètement nouveau, qui nous concerne et qui concerne toute l’histoire ».

Bibliographie
- Charles DARWIN, De l’origine des espèces, 1859
- Episcopat allemand, La foi de l’Église, catéchisme pour adultes
- cardinal Christoph SCHÖNBORN, Hasard ou plan de Dieu , 2007
- Mgr A.-M. LÉONARD aborde ce sujet dans les Communications du Diocèse de Namur, nov. 2007, pp. 339-444
- Vincent AUCANTE, Création et évolution : la pensée de Benoît XVI » , NRT n°130, 2008
- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, Le cerveau de l’évolution, entretien
- http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=444
- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, La logique de l’évolution, entretien
- http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=508
La bataille de l’évolution, La Nef n° 170, avril 2006
La fin du néo-darwinisme , La Nef n° 185, septembre 2007
D’où vient l’homme ? Famille Chrétienne n°1563, 4 janvier 2008


Marion Guében Baugniet
64, av. Joséphine-Charlotte
1330 RIXENSART (Belgique)

 

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Sources  : (E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité)  15.02.2009 - T/Église

 

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