Pour Benoît XVI le Christ est le seul
médiateur et la seule espérance de l'Église |
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Le 14 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape évoquait pour ses auditeurs la grande mosaïque
absidiale de Saint-Paul-hors-les-Murs où le Christ Pantocrator
écrase de sa stature la figure minuscule du pape Honorius III
qui, prosterné devant lui dans une attitude de proskunèsis,
(Littéralement « prosternation à genoux »)
lui baise les pieds.
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Le
Christ Pantocrator et le pape Honorius III
(lire dans le texte) -
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Pour Benoît XVI le Christ est le seul
médiateur et la seule espérance de l'Église
La deuxième session
(première partie)
Le 14 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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La mort de Jean XXIII, der gütige Papst, « le bon pape Jean », entre les deux
sessions, marqua d'un point d'interrogation l'avenir du concile; mais
l'élection de son ami, le cardinal Montini, de Milan, sous le nom de Paul
VI, mit rapidement fin à cette incertitude. J. Ratzinger accorda une
importance spéciale au discours que le nouveau pape tint le 21 septembre aux
membres de la curie romaine
(J. Ratzinger, le concile en chemin. Rétrospective sur la deuxième session, Cologne,
1964, p. 10-11). Si l'on se souvient que les papes de la
fin du moyen âge et de l'époque de la Réforme catholique s'étaient
jalousement réservé le soin de régir eux-mêmes la curie, puisqu'elle était
leur « organe personnel », la décision de Paul VI d'en inscrire la réforme
dans l'agenda conciliaire constitua un événement marquant de l'histoire de
l'Église latine. Il n'y avait pourtant pas là de rupture avec le
passé. Le pape demandait au concile qu'il lui fasse des propositions.
Il ne s'agissait pas de décisions exécutives, mais d'une participation
consultative, pour aboutir éventuellement à un jugement du
fonctionnement concret de la primauté. Joseph Ratzinger y vit la signature
propre de Paul VI :
"La promptitude à sortir pour aller à la rencontre de ce qui vient, de ce
qui est nouveau - mais toujours d'une manière qui s'inscrit
dans la continuité historique"
(Idem p. 10-11).
Malgré le contraste de tempérament entre le nouveau pape et son
prédécesseur, J. Ratzinger trouva que « cela s'accordait bien avec la
manière de faire de Jean XXIII qui disait de lui-même qu'il était le pape à
la fois de ceux qui se servent de l'accélérateur et de ceux qui se servent
du frein »
(Idem, p. 12).
Le discours de Paul VI du 29 septembre 1964, ouvrant la deuxième
session, fut, comme celui de Jean XXIII pour la première, une déclaration
programmatique. Tout en
admettant qu'on puisse mettre en avant d'autres lignes de force de ce
discours, J. Ratzinger en privilégia le christocentrisme.
Présentant le Christ comme le seul médiateur et la
seule espérance de l'Église, le pape déclarait que le Sauveur était
le véritable « président » du concile. Et il
évoquait pour ses auditeurs la grande mosaïque absidiale de
Saint-Paul-hors-les-Murs où le Christ Pantocrator écrase de sa
stature la figure minuscule du pape Honorius III qui, prosterné
devant lui dans une attitude de proskunèsis,
(Littéralement « prosternation à genoux »
[Ndlr : voir sur la photo agrandie ci-dessus]
) lui baise les pieds. Selon la transcription de
Joseph Ratzinger, le pape déclara dans son discours que le Christ est «
l'interprète du présent et la mesure de tout ce qui se produit »
(Das Konzil aufdem Weg, p. 19).
Paul VI fixa l'agenda du travail conciliaire;
l'édifice serait porté par quatre piliers : la compréhension que l'Église a
d'elle-même; son renouvellement interne; la restauration de l'unité de tous
les chrétiens ; le « dialogue » que l'Église veut entretenir avec les hommes
de notre temps. Choisissant de terminer son discours par quelques
mots en grec et en russe, le pape soulignait son engagement sur la voie de
l'œcuménisme, « sortant de l'espace de la latinité » pour entrer dans
l'universalité pentecostale de l'Église de toutes les nations
(Idem, p. 22).
Joseph Ratzinger se tourna donc, avec les Pères conciliaires, vers
l'élaboration de la constitution dogmatique sur l'Église,
Lumen
Gentium. Le schéma préparatoire sur cette question était l'œuvre de
théologiens belges, cherchant une via média entre les traités de
scolastique romaine et hispanique d'un côté, et de l'autre l'œuvre d'ecclésiologues
modernes français et allemands. J. Ratzinger estimait que c'était un très
bon texte de travail, même s'il était susceptible de quelques critiques :
dans ce domaine, il faut se garder de tout « perfectionnisme irréaliste
»
(Idem, p. 25). La ligne la plus
apparente du texte était la quête de catholicité - où l'Église est
déterminée par l'économie du Fils et celle de l'Esprit, en une structure à
la fois sacramentelle et charismatique; mais J. Ratzinger y vit encore deux
autres leitmotive.
Le premier était celui de l'historicité de l'Église,
non pas au sens simple qu'on peut lui appliquer comme à n'importe quelle
institution, mais en ce sens précis d'un corps qui appartient à l'histoire
salvifique de Dieu-avec-nous. L'Église n'est pas encore achevée, elle est
toujours marquée par le péché, et il reste à la grâce beaucoup à accomplir
en elle. Pourtant, elle se hâte sans cesse à la rencontre de son Seigneur.
Dans cet esprit, Joseph Ratzinger s'attacha à la notion d'eine Kirche der
Armen, « une Église des pauvres »,
idée que le concile dut aux terres romanes. Bien qu'elle puisse conduire à
des malentendus, ou encourager un sentimentalisme qui ne rend personne
meilleur, il pensait qu'au fond elle était juste, et constituait même «
l'expression d'une avancée historique importante ».
"L'Église, qui pour un temps sembla appartenir aux princes de l'époque
baroque, se renouvelle pour retrouver cette simplicité d'esprit qui est le
sceau de son origine comme « servante du Seigneur » qui a voulu être, sur
cette terre, le fils d'un charpentier, et qui a choisi des pêcheurs comme
premiers ambassadeurs"
(Idem, p. 30).
Le second leitmotiv du schéma de
Lumen
Gentium mis en lumière par Joseph Ratzinger est l'idée que l'Église est
un signe. Saint Augustin a défini le sacramentum comme un « signe
sacré »: ainsi, une vision « sacramentelle » de l'Église exigerait qu'elle
devienne toujours davantage une véritable fenêtre - quelque chose qui «
remplit d'autant mieux sa fonction qu'elle permet de voir à travers elle une
réalité plus grande »
(Idem, p. 31). Dans cette
perspective, il ne faudrait plus voir les fonctions ecclésiales avec un
regard profane, mais comme le service des « signes sacrés de Dieu »,
donc d'une manière beaucoup plus profonde et plus spirituelle.
J. Ratzinger consacra le reste de ses réflexions sur l'élaboration de
Lumen gentium à cinq points, qui devaient concerner cette seconde
session : les évêques et leur collégialité;
le diaconat; les laïcs;
différentes « questions pratiques » relatives
au gouvernement de l'Église; et, pour finir, le grand sujet de
la mariologie. Des trois degrés du ministère ordonné, celui du
presbytérat fut négligé par le concile ; sa sollicitude alla à l'épiscopat
et au diaconat. Concernant les évêques, le point délicat, la
véritable « pomme de terre brûlante », fut la question de la collégialité -
la plus âprement débattue de la deuxième session. La succession apostolique,
disait-on, ne s'effectue pas simplement par le lien individuel entre un
évêque et un apôtre, puis entre cet évêque et son successeur. C'est bien
plus l'ensemble des évêques, l'épiscopat universel, la « communauté
», Gemeinschaft, le « collège », Kollegium, qui succède
à celui des apôtres de l'Église primitive. Bischofsein, «
être évêque », ne
prend sens que si l'on est uni aux autres dans la même fonction.
Quoique J. Ratzinger montrât une légère hésitation quant au terme «
collège » - peut-être parce que certaines connotations évoquant la
législation romaine lui paraissaient quelque peu déplacées quand il
s'agissait de rendre compte de la communauté archétypique du Nouveau
Testament -, c'est avec un certain enthousiasme qu'il accueillit la
redécouverte de cette doctrine corporative de l'épiscopat. C'était un retour
à la véritable structure spirituelle de l'Église. Mais qu'allait-il en être
du pape, le détenteur de la charge « pétrinienne » ? D'un côté, la fonction
de Pierre est indépendante de la collégialité - il s'agit d'une place unique
qui lui est assignée personnellement par le Christ. D'un autre côté, cette
charge ne le retranche pas du cercle des Douze, dont il demeure l'un des
membres. Sans s'étendre sur ce point, Joseph Ratzinger donne l'impression
qu'il pressentait là, pour l'avenir, une certaine tension. Ce serait
pourtant un grand progrès que la « verticalité » catholique, tournée vers
Rome, soit tempérée par sa complémentaire « horizontale », tournée vers son
voisinage. Une communion d'évêques dans une communion d'églises : cette
perspective nouvelle, et pourtant si ancienne, nous permettrait d'établir
des ponts avec les Églises orientales où la « conscience d'être en communion
» est demeurée plus vive qu'en Occident
(Idem, p. 36).
Pour ce qui est du diaconat, J. Ratzinger/Benoît XVI vit dans sa restauration
sous forme de statut permanent pour des hommes éventuellement mariés un don
fait au concile par l'Église d'Amérique latine. Ce continent comptait
suffisamment de prêtres pour que s'y maintienne le fondement de la vie
sacramentelle. En revanche, la présence effective du ministère de la Parole
faisait défaut - la proclamation et le prêche sans lesquels il n'y a pas de
christianisation solide. Le concile était très conscient de l'analogie de la
situation avec celle des apôtres dans l'Église de Jérusalem, décrite dans
les Actes des apôtres
(6,1-6). Les Sept furent
ordonnés pour le «service des tables » afin que
les Douze puissent se consacrer sans réserve à la prière et au ministère de
la Parole. Joseph Ratzinger fut impressionné par la «
faim de la Parole » qui s'exprimait dans cet effort de restaurer
le diaconat, et il espérait que son rétablissement rende le ministère
spirituel « plus flexible et plus dynamique »
(Idem, p. 39).
En revanche, il fut plutôt désappointé par les
discours sur le laïcat, qu'il trouva ternes et ennuyeux. Même si
l'idée de sainteté laïque, qui témoigne que l'appel à la perfection n'est
pas réservé à la vie monastique, revêtait une valeur considérable, il sentit
que le texte proposé n'était pas suffisamment concret quant aux
potentialités ecclésiales positives du laïcat. On aurait pu en dire
davantage, sans préjudice pour Yindoles sœcularis
(Ensemble des dispositions et talents propres au monde
séculier [NdT] ) des laïcs, sur leur mission
d'enraciner l'Évangile dans le monde au delà du rayon d'action de l'Église
(Das Konzil auf dem Weg, p. 42-43).
La première
session (première partie) ►
Le pape a fait ses classes sur les bancs de Vatican II
La première session
(deuxième partie) ►
L'Écriture
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Sources : Introduction à la théologie de Joseph Ratzinger
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(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
14.10.2008 -
T/Théologie
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